TÉMOIGNAGE
Damas, le 9 Février 1983.
Nombreux sont les Occidentaux, ou même les Arabes Nord-Africains, qui crient
à l'antithèse en entendant la locution Arabes chrétiens. Pourtant, bien des pays du
Moyen-Orient abritent encore d'actifs et fervents foyers chrétiens, solidement implantés
dans leur milieu où ils exercent une influence indéniable.
Les chrétiens d'Egypte, par exemple, comptent près de dix millions, soit presque
la quart de la population totale. Ceux du Liban, en majorité des maronites catholiques,
constituent la moitié la plus influente de l'ensemble du pays.
En Syrie, les chrétiens, orthodoxes et catholiques notamment, représentent 15%
environ des dix millions que compte le pays, et sont profondément intégrés à leur
milieu.
Faut-il rappeler que la Syrie avait été l'un des plus féconds berceaux de la
chrétienté et qu'elleavait fourni à la jeune Eglise des premiers siècles, certaines de ses
plus émimentes personnalités: des Papes, des Saints et des Pères?
Damas, capitale de la Syrie, occupe une place prépondérante dans l'histoire de
la chrétienté. C'est en s'y rendant, en vue de persécuter les premiers chrétiens qui y
vivaient, que Saul a été aveuglé par la lumière du Christ. Converti à la religion de Jésus
qu'il persécutait, il a été baptisé, sous le nom de Paul, dans l'un des plus vieux quartiers
de Damas, à quelques pas de la fameuse Porte orientale qui porte jusqu'à nos jours le
nom du Saint qui lui administra le sacrement du baptême: Saint Ananie.
Sur les vestiges des anciens remparts de Damas, l'on peut encore admirer une
petite église, surmontée de la fenêtre par laquelle les premiers chrétiens syriens ont
descendu Paul, dans un grand panier, afin de lui épargner la vindicte des Juifs et de lui
permettre de se lancer vers sa nouvelle mission d'Apôtre des nations.
C'est dans cette ville que s'est ouverte récemment une fenêtre sur le Ciel.
En effet, au matin du 22 novembre 1982, une série de phénomènes surnaturels
s'est déclenchée dans une modeste maison d'un vieux quartier de Damas, nommé
'Soufanieh', situé dans la zone de Kassaa-Bab Touma (Porte de Thomas), habitée
principalement par des chrétiens.
La famille Nazzour, occupant cette maison, comme bien des foyers chrétiens,
voue une dévotion toute particulière à la Mère de Dieu, dont les icônes ornent les murs,
ou président à divers coins de la maison, entourées des plus touchants hommages.
L'un des habitants de la maison, Nicolas, 40 ans, avait rapporté, entre autres, d'un
voyage entrepris il y a deux ans, en Europe de l'Est, à titre de souvenirs et de cadeaux,
dix petites icônes de la Sainte Vierge tenant l'enfant Jésus, achetées à Sofia, en
Bulgarie. Il s'agit de petites images imprimées en couleurs, sur papier normal, mesurant
9x6 cm et enchassées dans des cadres en plastic, couleur nacre. L'une de ces images
est exposée dans la salle de séjour de la famille, une autre est posée, à côté d'autres
plus grandes et plus riches, sur une commode, dans la chambre nuptiale de Nicolas.
En effet, celui-ci, de rite orthodoxe, est marié depuis sept mois seulement à une
jeune fille catholique de 18 ans, baptisée Marie et répondant couramment au nom de
Myrna. Une fille bien simple, sans prétention, qui a obtenu son baccalauréat il y a
quelques mois, et qui ne s'est jamais distinguée par une piété extraordinaire. Son
bagage religieux est limité à la récitation du Pater et de l'Ave, et ses pratiques à la
messe dominicale, et, depuis son mariage, à sa participation hebdomadaire à une
confrérie de dames, dans une église toute proche de la maison.
Or, le matin du 22 novembre, Myrna est attirée par une intense odeur d'encens,
de source inconnue, mais toute proche. Intriguée, elle accourt réveiller son mari, et
c'est alors qu'elle aperçoit la petite image déversant de l'huile en abondance. Nicolas,
à peine réveillé, demande à sa jeune épouse de lui donner un peu d'encens, tout en
sachant qu'ils n'en ont pas. Obéissant à un réflexe spontané, Myrna retire d'un vase une
grosse pièce d'encens, couleur bordeau noirâtre, qu'elle n'avait jamais aperçue. Nicolas
en brise une partie, qu'il met à brûler devant l'icône. Une odeur incomparable s'en
échappe. Le reste de cet encens miraculeux est jalousement partagé entre parents,
voisins et amis, pieusement brûlé, ou même avalé par certains, précieusement conservé
par d'autres.
Puis l'on apporte une assiette pour contenir l'huile déversée de l'icône. Elle est
vite remplie et remplacée par une autre, qui bientôt, déborde. Une troisième de même.
Parents et frères de Nicolas sont saisis en face de ce phénomène inoui. Certains
s'empressent de boire quelques gorgées de l'huile miraculeuse, puis l'idée leur vient d'y
tremper des bandes de coton qui seront par la suite distribuées, en petites miettes, à des
milliers de personnes, et grâce auxquelles, bien des malades obtiennent des guérisons
pour le moins extraordinaires.
Craignant les rumeurs, les attroupements et, qui sait, les accusations de
superstition, Nicolas préconise que le phénomène demeure strictement secret, confiné
au cercle de ses premiers témoins.
Le lendemain, 23 novembre, la soeur de Nicolas, souffrant depuis des mois d'un
mal au dos qui la rive au lit, demande à Myrna, sa jeune belle-soeur de venir prier pour
elle. La jeune dame s'agenouille, ouvre les mains, et prie avec ferveur. Subitement,
l'huile se met à couler de ses mains. Elle en oint le dos de la malade qui, aussitôt,
s'élance guérie.
La mère de Myrna, alitée, elle aussi, depuis des mois, par suite d'un douloureux
disque, demande à sa fille de prier également pour elle. Elle est, de même libérée de
ses maux, retrouve ses forces et, tout au long des 45 jours qui vont suivre, elle est là,
constamment debout, toute au service des malades qui viennent chercher guérisons
auprès de la Vierge.
Le secret est plus ou moins gardé durant cinq jours. Mais le 26 novembre,
Myrna entend une voix intérieure, lui signifiant que le phénomène n'est pas destiné à
eux en exclusivité, et lui enjoignant d'ouvrir largement les portes.
Des voisins, des proches, des amis, mis au courant, viennent voir, et bien vite,
la nouvelle se répand, et l'huile miraculeuse fait tâche. Des guérisons commencent à
se produire, des gens à affluer.
Un prêtre catholique, le Père Zahlaoui, qui jouit d'une très large et enthousiaste
popularité, notamment dans le milieu des jeunes, fondateur et animateur de la paroisse
universitaire, professeur d'université lui-mème, est pressenti de se rendre sur les lieux,
pour constater les faits et dire son mot. Craignant un piège de superstition, sa première
réaction est de refus. Mais deux jours plus tard, le 28 novembre, il finit par céder aux
insistances de quelques amis, et, en leur compagnie, il se rend à la maison de
Soufanieh, qui est bientôt baptisée "maison de la Vierge".
Avec beaucoup de circonspection, pesant attentivement chaque mot et geste de
ses interlocuteurs, le Père Zahlaoui fait la connaisance de Myrna, de son mari Nicolas,
et des parents des deux époux, tous présents. Leur simplicité et leur franchise lui
sautent aux yeux. Il demande à parler, en privé, à Myrna, "la médiatrice de la Vierge.
"
-"Je suis effrayée, lui confesse-t-elle. Je ne comprends rien à ce qui m'arrive.
J'obéis, en automate, à une force qui me dépasse. Je vous demande aide et conseil."
Tout cela dans un langage imprégné de candeur et d'innocence, sans nulle ombre
d'arrières-pensée.
Sur ces entrefaites, la soeur aînée de Myrna fait irruption pour leur apprendre que l'huile a cessé de couler de l'icône. Elle invite tous les gens présents dans la chambre à coucher, transformée en chapelle, à la quitter, pour y laisser Myrna et le Père Zahlaoui seuls. Ce dernier s'agenouille à quelque distance de la jeune dame, afin de mieux la surveiller.
Agenouillée, elle aussi, les mains ouvertes, les bras tendus vers l'icône, elle
s'écrie: "Sainte Vierge, c'est vous la source qui coule, et que les gens viennent voir
couler. Je vous en supplie, n'arrêtez pas de couler". Puis elle se perd dans une
lointaine méditation, semble dialoguer avec des surnaturels, prononce des locutions
théologiques qui la dépassent, parle de l'Union des Églises... Et, tout à coup, tandis que
l'huile reprend à suinter de l'icône, les paumes de Myrna, elles, expriment l'huile
"comme une éponge pressée". Épouvantée elle-même, on doit la soutenir pour lui
permettre de sortir. Spontanément, tous les gens présents entonnent un grondant "Ave
Maria".
"Je suis effrayée, répète-t-elle au Père Zahlaoui. Mais de plus en plus, je sens
que la Vierge habite en moi."
Dès ce premier contact, le Père Zahlaoui a l'impression d'être en face de faits
transcendants, et perçoit un signe divin. Son évêque, à qui il présente une pièce de
coton embibée de l'huile miraculeuse, lui signale que cette huile semble présenter tous
les aspects de l'huile utilisée pour la confirmation du baptème, et qui, comme on le sait,
est un amalgame de multiples ingrédients. Et l'évêque le charge de suivre le
phénomêne de près. Ses visites à la "maison de la Vierge" se multiplient, et sa
conviction d'assister à quelque chose de surnaturel s'ancre chaque fois davantage.
Le dimanche suivant, dans son sermon dominical, qui, chaque semaine attire une
foule immense, il annonce: "une fenêtre de Foi, d'Espérance et de Lumière, nous est
ouverte sur le Ciel. La mère de Dieu nous fait signe. Elle nous adresse un message".
Il invite tous ceux qui désirent à l'accompagner, après la messe, pour remercier la
Sainte Vierge, la prier, l'écouter dans sa "maison".
Depuis lors, tous les soirs, avec des membres de son choeur, et de nombreux
croyants, et souvent avec des non-croyants et des musulmans, il chante un office de
Louanges dedié à la Mère de Dieu, louanges considérées parmi les plus belles jamais
écrites de main d'homme, et qui sont liturgiquement chantées pendant les cinq premiers
vendredis du carème, dans les églises de rite grec, orthodoxe et catholique également.
A part cet office, il passe 45 jous durant, de longues heures, et parfois des nuits entières
devant l'icône miraculeuse, plongé dans ses méditations et ses prières, ou dirigeant les
prières des croyants qui commencent à affluer. Certains de ses jours de prière -
notamment le vendredi 10 décembre - et des nuits de veille - telle la nuit du 12
décembre 1982 - sont recompensés par la vue de l'icône déverser une abondante huile
miraculeuse et parfois bouillonner littéralement de bulles d'huile, ainsi que par la
constatation de nombreuses et surprenantes guérisons.
Repondant au signe céleste, des croyants viennent prier, de jour en jour plus
nombreux. Puis le bruit des guérisons, largement répandu, attire des foules immenses
de malades et de leurs siens. Bien vite, la "maison de la Vierge" est littéralement
assiègée dès l'aube jusqu'à minuit. L'organisation se fait spontanée, sans aucun recours
à la police. Gens de la maison, parents, voisins et bénéficiaires des guérisons sont là,
à pied d'oeuvre pour accueillir les visiteurs, par petits groupes, priorité étant réservée
aux malades et impotents. La rue, face à la maison, grouille sans cessé de gens en
attente. Elle ne désemplit jamais. De temps en temps, elle se transforme en un théatre
d'enthousiasme et de manifestations joyeuses, lorsque des malades guéris sortent
raconter les miracles dont ils viennent de benéficier.
En voyant cette foule qui, dès les premières heures du matin, encore chargées du
froid glacial de décembre, se pressait devant la porte de la "maison de la Vierge",
formée de croyants venus prier, et surtout de malades, venus de toutes parts, portés,
poussés ou suspendus à leurs béquilles, on ressentait une ineffable impression de
revivre des scènes de l'Évangile, celles surtout ou l'on voit des malades apportés de tous
les alentours, déposés aux pieds de Jésus, qui s'apitoyait sur la foule, touchait les
malades et les guérissait.
En cette fin de XXème siècle, qui se targue de ne plus croire aux miracles, les
miracles se produisent, quand même, nombreux et indéniables. Justement dans cette
modeste maison de "Soufanieh" ou la Sainte Vierge a fait couler une huile miraculeuse,
les miracles se sont multipliés durant une quarantaine de jours.
Bien sûr, théologiquement parlant, il est encore prématuré de parler de
"miracles". Mais, sur le plan de la foi simple et spontanée, sur le plan du bon sens, les
faits sont là, évidents, criants même.
Ceux et celles qui ont bénéficé de guérisons de toutes sortes, ne sont pas rares,
et n'hésitent point à témoigner, avec fierté et reconnaissance des bienfaits surnaturels
qui les ont libérés, en quelques instants, de maux devant lesquels toutes les tentatives
de la science s'étaient avérées inéfficaces.
Tel ce jeune homme musulman de 25 ans, ateint des sa plus tendre enfance, d'un
désordre glandulaire, qui à entrainé l'hypertrophie de sa tête, et l'atropie de ses autres
membres, et particulièrement de ses jambes, devenues "Comme des ficelles". Jamais
de sa vie, il n'a fait un seul pas. Son père a vainement tenté de la faire soigner à
l'hopital de l'Université américaine à Beyrouth, et ailleurs, et a fini par se résigner à son
triste sort. Mis au courant des miracles de la "Vierge de Soufanieh", ses frères et ses
proches le portent et le déposent devant l'icône, prient à leur façon. Myrna se joint à
leurs prières, et oint de l'huile miraculeuse le jeune homme, qui, pour la première fois
de sa vie, se tient debout, et se met à marcher, pas à pas, comme un bébé d'un an.
Quelques heures plus tard, Son père, qui avait refusé de l'accompagner, après tous les
déboires subis, lors de ses tentatives antérieurs auprès des médecins, est ahuri en le
voyant arriver à la maison, à la tête d'une manifestation bruyante, marchant tout seul,
d'une démarche encore chancelante, mais jamais imaginée.
Des cas similaires sont assez nombreux: un garçon d'une dizaine d'années,
paralytique de naissance, sort de la "maison de la Vierge" en courant; des hommes
alités depuis de longues années, sont portés jusqu'à l'icône, et rentrent à pied. Des cas
quotidiens de gens de tous âges qui arrivent avec leurs béquilles pour les laisser à
jamais, dans "la maison de la Vierge" et repartir de leur propre force, sans autre aide
que celle de la grâce qui vient de leur être accordée.
Ma fille de 22 ans, étudiante en 4ème année de Génie Civil à Lyon, qui nous
avait rejoint pour Noël, et qui s'est porté, pendant quelques jours, volontaire dans la
"Maison de la Vierge" a assisté, en une demi journée, à trois cas de guérisons de ce
genre. Elle a surtout été témoin en cette matinée d'une scène des plus touchantes: un
homme et sa femme portant leur bébé de deux ans étaient parvenus, après une
épouvante bousculade jusqu'au seuil de la maison, mais avaient, en vain, tenté
d'approcher de l'icône ou de Myrna, par suite d'une cohue sans pareille ce jour-là.
Désespérés, après une attente sans fin, ils avaient lâché à ma fille le nom de leur
garçon, Haisam, paralytique de naissance, et étaint repartis, tous en larmes. Émue, ma
fille s'est rendue près d'une fenètre donnant sur la rue, pour les voir partir, lorsqu'une
scène inoubliable et unique s'est offerte à ses yeux. Le père qui tenait l'enfant, l'a
dépose tout allongé, sur le devant de sa voiture, pour en ouvrir la porte, et voici que
l'enfant se redresse, et se pose sur ses jambes. N'en croyant pas ses yeux, le père le
rassied. Il se relève aussitôt, et le manège se répète plusieurs fois de suite. Les larmes
de désespoir se transforment en larmes de joie. Les parents crient au miracle. La foule
immense qui les entoure fait echo à leur transport d'allégresse, et une véritable
manifestation en l'honneur de la Vierge se met à gronder.
Autres genres de guérison: des militaires atteints d'obus lors d'évènements divers,
et ayant perdu l'usage de certains de leurs membres, recouvrent cet usage grâce à la
"Vierge de Soufanieh" et se portent volontaires dans sa maison.
Une jeunes dame d'une vingtaine d'années, employée au ministère des affaires
étrangères, et fille de l'interprète du Ministre des affaires étrangères, perd subitement
la vue. Differents spécialistes consultés avouent leur incapacité. Finalement, son père
décide de l'emmener aux Etats-Uis. La veille de son départ, une amie l'amène à la
"maison de la Vierge", accompagnée de ses parents et de son mari. Après treize
minutes de prière devant l'icône, elle recouvre complètement la vue. Aux sécialistes
qui lui demandent ce qui lui est advenu, elle se contente de répéter: "J'ai été chez la
Vierge, et de nouveau je vois". Au Père Zahlaoui, elle déclare: "Peut-être que Dieu
veut être glorifé par mon entremise! " Ne revit-on pas l'Évangile?
Une autre jeune fille, soeur d'un fameux chanteur arabe, est atteinte d'une grave
lésion abdominale nécessitant une intervention chirurgicale. À Beyrouth (Liban), où
elle devait la subir, on ne lui cache pas l'issue aléatoire et dangereuse. Elle préfère
donc être opérée à Damas, au milieu de ses parents. La veille de l'opération, elle se
rend à la "maison de la Vierge". Myrna prie pour elle, l'oint d'huile, et, en lui faisant
ses adieux, la prie de se faire radiographier le lendemain avant l'intervention. "Inutile,
lui répond la malade, cette radiographie, je l'ai faite hier". "Refais-la demain, quand
même", sollicite Myrna. En fait, le lendemain, la radiographie ne reflète aucune lésion,
et jette le praticien dans une perplexité sans bornes. La malade est inexplicablement
guérie.
Ce ne sont que des spécimens. Des guérisons sans nombre, et dont la plupart
n'ont fait l'objet d'aucune publicité, ont eu lieu et se poursuivent encore.
Un fait à noter: une large part de ceux qui venaient prier devant l'icône, et qui ont
bénéficié des guérisons étaient des musulmans, accourus, non seulement de tous les
quartiers de Damas, mais aussi de tous les coins de la Syrie, et même de pays voisins:
Jordanie, Liban, etc. Il convient également de signaler que les musulmans, eux
aussi, honorent la Sainte Vierge. Le Coran la considère comme l'unique femme au
monde, qui, sans nul contact ou intermédiaire humains, et grâce au Saint-Esprit,
a donné naissance à un prophète.
En fait, pour une large partie de la foule, dans ses différentes couches, la foi s'est
déclaré instantanée, enthousiaste, entière, se moquant des prétentions des incroyants,
tout aussi bien que des reserves d'une partie du clergé.
Cette foi a touché certains hauts dignitaires, comme le Ministre de la Défense,
qui s'est rendu auprès de l'icône miraculeuse, à plusieurs reprise, accompagneé par son
épouse et des membres de sa famille. La nuit de Noël, il y est revenu, en compagnie
d'une haute personnalité du Parti au pouvoir, un ex-previer ministre, et c'est en
tremblant qu'ils ont vu l'huile céleste couler de la petite icône.
Les Autorités, intrigués, d'abord, par l'afluence extraordinaire et craignant une
supercherie, ont dépêché sur les lieux, des agents, en vue de mettre les choses au clair.
La petite icône a été méticuleusement démontée. Mais dès qu'elle fut remise en ordre,
l'huile a repris à en suinter. De même, les mains de Myrna ont été soigneusement
lavées et séchées, pour être à nouveau inondées d'huile au vu des agents ahuris.
De hauts gradés de la police se sont rendus en personne pour faire des constats,
et n'en n'ont pas manqué: en leur présence, des guérisons ont eu lieu, et des guéris ont
franchement témoignés. Par la suite, leur intervention s'est limitée à l'organisation
disciplinée de l'entrée et de la sortie des foules.
Quant au clergé, sa position a été beaucoup plus nuancée. En haut lieu, on s'est
cantonné dans une réserve excusable. Les prêtres, eux, ont pris des positions bien
divergentes. D'aucuns, peu nombreux, s'infiltraient avec la foule pour voir et prier.
Mais, la plupart sont demeurés à l'écart, par respect humain, ou crainte de ridicule.
Certains, même, se sont déclarés hostiles au phénomène, nageant ainsi, sans le vouloir,
dans le sillage de certains intellectuels incroyants, niant, à priori, la possibilité des
miracles à notre époque.
A quoi le Père Zahlaoui, dans un de ses sermons, a riposté que le malheur des
hommes découle du fait qu'ils imposent à Dieu les limites et les impuissances dont ils
sont eux-mêmes frappés, et s'imaginent qu'en se bandant les yeux, ils peuvent éteindre
le soleil divin.
En fait, presque seul ecclésiastique, le Père Zahlaoui, atteint, des les premiers
jours, du "coup de foudre" de la Vierge de Soufanieh, n'a nullement hésité à prendre
une position franche, inébranlable, hautement déclarée, et s'est fait le témoin constant
et inlassable, le porte-parole intrépide, le serviteur à toute épreuve, du phénomène
surnaturel.
Quant aux prétentieux, Dieu s'est, lui-même, chargé, parfois, de briser leur
masque aveuglant. Comme dans le cas de ce médecin qui s'était rendu à la "maison de
la Vierge", pour mettre terme, pensait-il, à la propagation des superstitions. Pendant
qu'il était là, débitant ses savants discours, une femme musulmane, accompagnée de son
fils, et atteinte d'une paralysie au bras, était dans une pièce voisine, en face de la petite
icône, arrosant ses prières de ses larmes.
Elle essayait de se jeter sur l'icône, et comme on cherchait à l'en retenir, son bras
paralysé s'est détendu subitement, dans un mouvement instinctif vers l'icône, retrouvant,
après de longues années, son libre mouvement. Surprise, effrayée, elle pert sur le coup,
la parole, et demeura muette, battant des bras, tandis que son fils expliquait aux
assistants le fait extraordinaire qui venait de se produire. Le savant médecin est
accouru avec les autres pour se rendre compte de ce qui se passait. Après avoir bien
contrôlé les rapports médicaux que le jeune homme, par chance, portait sur lui, et qui
attestaient incontestablement la maladie de sa mère, et après avoir ausculté
attentivement le bras géri, il n'a pas hésité à déclarer que le phénomène le dépassait, et
qu'il jetait ses armes.
Un autre exemple: un groupe d'étudiants universitaires de tendance communiste
avait ourdi un infâme complot, visant à s'opposer au phénomène par la diffamation.
Une jeune fille, du groupe, avait été chargée de prétendre avoir le bras malade, et de
demander à Nicolas le mari de Myrna de le lui traiter avec l'huile miraculeuse et à ce
moment, de prétendre, tout haut, en choeur avec ses collègues, qu'il lui faisait la cour.
Arrivée sur place, elle avait du attendre que Nicolas soit disponible, car il était tout
occupé à porter des enfants malades devant l'icône, et à en approcher des adultes
impotents. Lorsque, enfin, son tour est venu pour passer à l'execution de son plan
perfide, et qu'elle tendit le bras, elle le sentit subitement se raidir, et, instantanément,
elle fondit en larmes, en criant: "Sainte Vierge, pardonnez-moi". Et, tandis que ses
collègues atterrés s'esquivaient en toute hâte, elle s'est mise à confesser le complot dans
lequel elle avait trempé, et qui avait été divinement déjoué.
Des transformations spirituelles, de même genre, n'ont pas manqué: comme
advenu à ce professeur dénommé "la brute" par ses élèves, en raison, justement, de son
comportement toujours brutal envers eux. A la suite d'une visite rendue, par pure
curiosité, à la "maison de la Vierge", il a été, pour ainsi dire, métamorphosé, tout d'un
coup, devenu tout douceur et amabilité. À un prêtre qui lui en demandait l'explication,
il a raconté "J'ai participé à deux guerres et assisté à d'horribles carnages; j'ai vu
mourir mes parents et des amis, sans jamais verser une larme. Mais lorsque, en
curieux, j'étais à "Soufanieh", j'ai vu un homme d'un certain âge, impotent depuis des
mois, que ses proches avaient porté et déposé sur le grand lit près de l'icône; j'ai vu
avec quelle douceur la jeune dâme a prié pour lui, et l'a enduit d'huile, et j'ai assisté
à la surprise et à l'allégresse qui ont saisi tous les assistants lorsque l'homme s'est
aussitôt relevé, et s'est remis à marcher. Et, pour la première fois, j'ai pleuré comme
un bébé; et je suis ressorti, tout une autre personne".
Quant aux familles respectives de Nicolas et de Myrna, elles ont formé une
équipe de 22 personnes, constamment disponible, et vouée, sans réserve de la Vierge,
des croyants et des malades, dont le flot ne cessait de se déverser sur leur maison
bénie. Durant 45 jours, ils ont, tous, abandonné travaux et occupations, pour se
consacrer entièrement à la noble tâche qui s'est offerte à eux.
La chambre nuptiale des jeunes époux était constamment à la disposition des
malades, qui, nuit et jour, gisaient sur le lit matrimonial.
Bien des malades insistaient pour que Myrna prie personnellement pour eux, et
les frotte d'huile miraculeurse. Elle le faisait, et le refaisait, volontiers, des centaines
de fois par jour, jusqu'à l'épuisement. Mais elle, et les siens, veillaient toujours à faire
observer qu'elle n'était qu'un instrument humain, et que la Sainte Vierge seule, et la foi
en elle et en Dieu, pouvaient opérer des guérisons.
Dès les premiers jours, des affiches appliquées sur la porte de la maison, et à
l'intérieur, sur les murs, rejetaient tout genre d'ex-votos, de dons, etc. Cierges, encens,
cotons, tout était mis, gracieusement, à la disposition des visiteurs.
Au Ministre de la Défense qui leur proposait l'allocation d'un confortable
appartement, quite à faire de leur maison un lieu de pélerinage public, ils ont
catégoriquement répondu qu'ils n'échangeraient jamais l'humble maison bénie par la
Vierge, contre tous les palais du monde.
Le phénomène a fini par prendre une telle ampleur et par agiter un tel
mouvement de foules et d'opinions que les autorités religieuses ne pouvaient plus
garder le silence, ni demeurer, plus longtemps, à l'écart.
Après concertation avec le Vicaire Patriarcal Grec Catholique, le Patriarcat Grec
Orthodoxe a publié le 31/12/82 un communiqué par lequel il a reconnu que des faits
extraordinaires ont eu lieu, dans une maison chrétienne dont les membres, nommément
Marie et Nicolas, sont les fils fidèles et bénis de l'Église. Le communuqué a signalé
que les miracles ne sont pas étrangers à la tradition de l'Église, et que Dieu s'est souvent
manifesté, et continue à le faire, par eux. Le Patriarcat s'est réservé de prononcer
ultérieurement sur le caractère miraculeux des guérisons survenues, après les avoir
méticuleusement étudiées, et suivies un temps suffisant. Entre-temps, il a décidé de
transférer l'icône miraculeuse à l'église la plus proche, permettent ainsi au plus grand
nombre de croyants d'y honorer la Mère de Dieu, et en même temps, libérant la famille
dont la maison a été le théâtre du phénomène surnaturel, de pressions dépassant les
forces humaines.
En fait, Nicolas et Myrna, ainsi que les leurs, tout en se soumettant à la volonté
de l'Église, avaient le coeur fendu à l'idée de devoir se séparer d'un trésor inestimable,
en compagnie duquel ils ont passé des jours inoubliables.
Le 9 janvier 1983, à neuf heures et demie du matin, l'icône a été transportée,
dans une procession de foi incomparable, au milieu de louanges à la Mère de Dieu,
chantés alternativement par des choeurs orthodoxes et catholiques. Sur le court trajet
séparant la maison de l'église, près de 70,000 personnes s'étaient rassemblées pour
bénir, remercier et honorer la Sainte Vierge qui a voulu bénir leur ville.
Quelques jours plus tard, à l'occasion de la semaine de l'Unité des Églises, et
pour la première fois en Syrie, Orthodoxes et Catholiques, représentés au plus haut
niveau, ont célébré des prières communes, imprégnées d'une atmosphère de fraternité
sans pareille.
Etait-ce là l'un des messages de la Vierge de Soufanieh? Souhaitons que son
plus grand miracle soit la réunification de nos Églises.
Adib Mousleh, écrivain
Damas, Syrie, le 9/2/1983