Chrétiens Magazine, No 58, 15 février 1993.

 

DERNIERES NOUVELLES DES APPARITIONS

10 ème année d'effusions à Soufanieh

A Soufanieh (quartier de Damas, Syrie), on a fêté, le 26 novembre dernier, le 10ème anniversaire de la première effusion de l'icône, qui ne répandra plus d'huile, jusqu'à ce que la date de Pâques soit unifiée entre les chrétiens.

On dit souvent que les apparitions sont pour les chrétiens une évasion stérile en marge du labeur et des engagements de l'Église. Ce n'est pas le cas à Soufanieh. Sous l'inspiration de Myrna, un Centre Pour l'apprentissage gratuit de la couture et de l'impression sur toile a été inauguré à Al-Kraya.

Cet apprentissage est donné à des Druzes et à des chrétiennes sans distinction. Le village étant sans curé, le Centre assure aussi l'enseignement religieux des enfants chrétiens. Des professeurs bénévoles ont offert leurs services pour aider les élèves du secondaire et du complémentaire. Un médecin s'est présenté pour ouvrir un dispensaire gratuit, rattaché au Centre afin d'assurer les premiers soins aux gens du village.

L'inauguration a eu lieu 13 jours avant le 10ème anniversaire, le vendredi 13 novembre 1992, précédée d'une grand-messe célébrée par Mgr Boulos Bourkhoche. La Chorale de la joie, venue de Damas, a assuré les chants. Dans son allocution, l'évêque appela l'œuvre: "Centre de Notre-Dame de Soufanieh". Le nonce apostolique de Damas Mgr Accogli prit aussi la parole. Des Druzes ont assisté à la messe. Des musulmans ont largement contribué à meubler le Centre. Ils ont immolé trois moutons à l'arrivée du nonce.

Le Centre, né dans un esprit œcuménique, a déjà commencé à promouvoir l'union des cœurs par-delà les frontières communautaires.

"Le jeudi 26, m'écrit le père Joseph Malouli, un des deux responsables de la pastorale de Soufanieh, la Vierge elle-même a pris l'initiative de souhaiter une bonne fête: dès le matin, l'icône a commencé à exhaler un parfum. Le samedi soir 28, j'enlève le globe qui protège l'icône, pour la faire embrasser à une religieuse, et à une femme médecin, venue de Roumanie. Le parfum s'est répandu dans toute la cour intérieure de la maison. Cela a continué pendant plusieurs jours, jusqu'au dimanche.

Le 26, jour anniversaire, la prière a commencé à 16 heures 30 pour se terminer à 1 heure du matin avec quelques moments de répit. A 21 heures, l'huile a coulé des yeux, de la figure et des mains de Myrna. A 0 h 15, pour la première fois, l'huile a coulé des mains de Myrna tandis qu'elle serrait la main du nonce, Mgr Accogli, qui venait de terminer sa messe dans la cour intérieure de la maison devant une nombreuse assistance.

Vendredi 27, le ministre de la Défense, Moustapha Tlass, a envoyé un magnifique bouquet. Un appel téléphonique de San José (USA) annonça qu'une réplique agrandie de la Vierge de Soufanieh avait exsudé de l'huile devant plus de 50 personnes en prière, qui fêtaient l'anniversaire.

A 12 h 32, à la fin de la messe célébrée par Mgr Isidore Battikha, Grec catholique, en l'église des Pères Lazaristes de Bab Touma, l'huile a coulé des mains de Myrna sur le banc et sur le sol. Elle en a fait onction sur toutes les personnes présentes. Douze prêtres de différents rites assistaient à cette messe catholique. Le nonce y participait.

Le dimanche 29 novembre, le nonce s'est rendu à Soufanieh. Madame Salwa Naassan Farah a téléphoné à Myrna que son icône exsudait de l'huile. Sur-le-champ, Myrna et le nonce se sont rendus chez elle. Le nonce l'examina attentivement pendant 3 minutes: l'huile coulait goutte à goutte. Il était environ 22 heures.

Certains jours nous sentons la présence physique de la Vierge parmi nous, précise le Père Joseph Malouli. Vu notre faiblesse, Dieu nous donne, à Soufanieh, plus que nous ne méritons. Depuis 10 ans, la prière n'a jamais été interrompue, et Myrna, chaque soir avant de se coucher, passe 1 à 2 heures à prier. C'est son genre de prière préféré. Elle mûrit de plus en plus, et elle est de moins en moins maîtresse de son temps. Le Centre d'apprentissage d'Al-Kraya, au sud de Damas, est une source de joie pour elle, malgré les soucis qu'il cause. Des musulmans et des chrétiens ont contribué à son financement: ameublement, chauffage, etc. Puisse cette collaboration présente s'épanouir dans une entente fructueuse pour le bien de tous. La foi de Myrna en la Providence est solide et Dieu ne manque pas de la récompenser. L'amour du pauvre est ancré en elle, et c'est cet amour qui est à l'origine de la fondation du Centre en milieu druzo-chrétien. Seraient-ce des signes avant-coureurs de la réalisation de la troisième dimension du phénomène? La première était la revalorisation du mariage; la seconde, la dimension œcuménique. L'avenir le dira. D'autres projets mijotent. Si c'est Dieu qui les inspire, ils verront le jour en leur temps.

Nous sommes toujours combattus. C'est normal et même nécessaire. Cependant les paroles peuvent-elles tenir longtemps devant les faits? Dieu est avec nous, qui sera contre nous?"

Joseph Malouli, 12 décembre 1992.

Cette lettre est accompagnée d'un relevé des effusions d'huile des mains de Myrna depuis janvier 1992. Il y en a eu chaque mois: 5 en janvier, 2 en février et en mars... 2 en septembre, 6 en octobre et 4 en novembre.

Apparitions et œcuménisme

(partiel)

Le docteur Mansour, professeur de chirurgie en deux universités de Californie, d'origine libanaise, a organisé, le 17 janvier dernier, à Los Angeles pour la Semaine de l'Unité, un grand meeting d'information et de prière sur les apparitions et l'œcuménisme avec le concours de plusieurs voyants. Il m'a fait venir, pour dégager les leçons de l'Histoire et de la théologie qui tiennent en ceci, à l'heure du schisme entre Orient et Occident, qui eût déjà éclaté au II siècle sans l'intervention de Saint Irénée, et fut consommé en 1054. Le Concile Vatican II a tout fait pour le réparer. Non seulement Paul VI a rencontré fraternellement le Patriarche Athénagoras 1er et réalisé avec lui la levée des anathèmes du passé, non seulement il le rencontra sur un pied d'égalité honorifique (sur deux trônes semblables, à Constantinople comme à Rome, sous le baldaquin de Saint Pierre), mais, à la fin de son pontificat, quoique perclus de rhumatismes, il fit réparation du passé, par un geste bouleversant: il alla se prosterner devant le Métropolite, représentant du Patriarche, et lui baisa les pieds, abaissement impensable pour la fierté romaine.

L'union au sommet était donc faite dans les cœurs, mais l'unité ne progresse plus. Les dialogues s'essoufflent. L'Orient refuse les invitations de Rome, au Synode européen comme à la réunion d'Assise.