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Juillet 1990
Mardi 3 juillet
L'après-midi, mon ami Emmanuel Khawam m'apprend par téléphone qu'une journaliste doit venir le soir même à Soufanieh. Je décide aussitôt d'interrompre mon travail et de me rendre à Soufanieh. Après la prière, je fais la connaissance d'une jeune fille du nom de Colette Dergham, canadienne d'origine libanaise. Peu informée du Phénomène, elle veut en avoir une idée globale et détaillée à la fois. Elle a travaillé dans les médias au Liban : radio, télévision et journalisme. Son père l'accompagne. Le P. Malouli est absent. Je lui consacre plus de deux heures. Je lui raconte les principaux faits de Soufanieh et relève pour elle les points essentiels des messages.
Je me rends compte qu'elle a une foi profonde et consciente. Elle la veut plus efficace, d'autant plus qu'elle travaille alors dans les médias au Canada. Elle prépare une thèse de doctorat sur le mysticisme chrétien. Elle semble très heureuse de notre rencontre. Mais j'ose affirmer que je la dépasse en joie, à la seule pensée de ce qu'elle pourrait faire quand elle connaîtra l'ensemble des faits et méditera les messages avec le calme du chercheur et la prière du croyant reconnaissant.
Emmanuel nous conduit ensuite à l'église Notre-Dame de Damas. Je lui offre deux cassettes de Soufanieh - qu'on m'a rendues deux jours auparavant - et une bonne quantité d'images. Je lui conseille le livre du P. Herbert Thurston sur Les phénomènes physiques du mysticisme, que m'a recommandé André Patsalidès.
Mercredi 4 juillet
Je reçois la revue Chrétiens Magazine, numéro 32, pour les mois de juin et juillet. Le P. Laurentin y publie un article intitulé "Soufanieh", dans lequel il relate les derniers événements de la Semaine sainte et de Pâques 1990. Il y fait allusion à un article du docteur Philippe Loron qui serait publié dans la revue Feu et Lumière.
Je reçois aujourd'hui 500 exemplaires du livre de Christian Ravaz, réimprimé et distribué gratuitement par Maged Ghorayeb, à Beyrouth.
La veille de l'anniversaire de mon ordination sacerdotale, je reçois de mon ami Roger Kahil, du Canada, un nouveau paquet d'images, ainsi que quelques numéros de la revue Icônes, éditée par l'évêché grec-catholique au mois de juin dernier. On y a reproduit l'article de la journaliste Florence Brière-Loth paru dans la revue Famille chrétienne, du mois d'avril 1990.
Jeudi 5 juillet
Nous commençons aujourd'hui le camp d'été de la chorale des grands, dans le village de Kassab, à quelques centaines de mètres de la frontière turque. Une grande image de Notre-Dame de Soufanieh a été placée sur l'autel de la chapelle. Nous l'avons entourée de fleurs et avons allumé des bougies. Les membres de la chorale sont invités à venir prier devant Elle.
Jeudi 12 juillet
Le matin, comme d'habitude, je fais une méditation sur l'Évangile aux membres de la chorale. Je leur reproche leur relâchement par rapport à Soufanieh, alors qu'ils ont été les plus assidus à prier et à chanter, pendant longtemps, à la "maison de la Vierge". Je leur recommande de rompre une indifférence qui les empêche de vivre des événements uniques, alors que des étrangers viennent de si loin pour les vivre avec une joie et une foi indicibles.
Vendredi 13 juillet
Je rentre à midi à Damas, avec la chorale des grands. Un courrier volumineux m'attend, dont un numéro de la revue Stella Maris, qui publie un article intitulé : "Événements nouveaux à Soufanieh". J'y trouve aussi une lettre de Bibiane Bucaille de la Roque, accompagnée d'un long rapport sur "le comportement de Myrna". Elle y analyse le comportement de Myrna et de son mari Nicolas, avec la méthode de la psychologue sachant allier parfaitement l'étude scientifique objective et une foi profonde et sereine.
Samedi 14 juillet
Le matin, je vais à Soufanieh. Je suis surpris de voir le patio plein de monde. Un homme me salue familièrement et me rappelle qu'il est maire dans un des quartiers d'Alep. Il me demande pour tout le groupe qui l'accompagne le récit détaillé du Phénomène. Cela me prend près d'une heure et demie. Cet entretien se termine par des chants devant l'Icône miraculeuse.
Je discute à nouveau avec Myrna et Nicolas au sujet de leur projet de voyage en Belgique. Pour ma part, je pense qu'il faut s'en tenir à la condition adoptée lorsqu'ils ont été invités en Égypte. Nous nous entendons sur le principe qu'ils n'accepteront d'invitation que si elle est patronnée par un évêque. Quand le P. Malouli arrive, nous lui faisons part de notre accord. Il approuve aussitôt. Il est décidé que j'écrirai au P. Franz Van der Voort, qui a lancé l'invitation, pour lui dire nos conditions.
Je rends visite au patriarche Zakka. Conversation à bâtons rompus. Nous en venons à parler de Soufanieh. Sa Sainteté me demande un peu d'huile. Je lui promets de lui en donner très rapidement
Durant la sieste, je reçois une communication téléphonique d'une Française, à Damas. Elle souhaite me voir, bien que rentrant le lendemain en France. J'hésite, puis je lui dis de venir dans une heure. Elle vient
C'est une cinéaste qui connaît bien la Syrie pour y être venue de nombreuses fois. Elle souhaite entreprendre une nouvelle œuvre cinématographique, pour laquelle elle voudrait me demander quelques informations.
Au moment de partir, je la prie d'emporter quelques lettres à poster en France. L'une d'elles contient 200 francs français que je rends à' mon correspondant français qui avait souhaité recevoir un coton imbibé d'huile et des images, et a glissé en conséquence cette somme dans sa lettre. Je dois donner à la cinéaste quelques mots d'explication, pour qu'elle ne soit pas surprise lors de la fouille à l'aéroport de Damas. Sa surprise est grande en entendant parler de Soufanieh. Elle souhaite en savoir plus. Elle m'écoute avec un étonnement manifeste. Enfin, elle a le courage de me dire :
- Ce que vous racontez est étonnant, et je n'en ai pas entendu parler jusqu'à présent. J'aimerais être mise au courant, bien que je ne sois pas pratiquante.
Dimanche 15 juillet
J'apprends "par hasard" la publication de l'article du P. Boulos Fadel dans la revue Al-Maçarrat, numéro de janvier-février 1989. Cela me réjouit, tant pour le P. Fadel que pour la revue elle-même.
Lundi 16 juillet
Le facteur m'apporte aujourd'hui la revue Feu et Lumière. Elle contient deux articles sur Soufanieh : l'un du docteur Philippe Loron, intitulé "Soufanieh : une mystique sous Scialytique", l'autre d'André Valenta, portant un titre curieux : "El-Oum Betloum" deux mots arabes qui signifient "la Mère rassemble", dont il m'a demandé par téléphone, de Paris, la façon de les prononcer et de les écrire.
Mardi 17 juillet
Le soir, téléphone de Soufanieh : Colette Dehouck vient d'arriver de Belgique, pour préparer le voyage de Myrna et Nicolas dans son pays. Je m'excuse de ne pas pouvoir les rejoindre à Damas, et leur promets de venir dès mon retour d'Alep, dans deux jours.
Samedi 21 juillet
Je rencontre à Soufanieh le P. Malouli, Myrna, Nicolas et Colette. Nous parlons longuement de leur voyage en Belgique et reprenons les mêmes décisions que précédemment. L'Europe nous paraît être un labyrinthe, et Soufanieh est trop précieuse pour l'exposer à quelque risque. Ces décisions se réduisent à ceci : n'accepter aucune invitation qui ne soit patronnée par un évêque ; consacrer la majeure partie de la visite à des temps de prière; avoir la possibilité de donner une ou deux causeries sur l'ensemble du Phénomène. Nous pensons aussi que le moment le plus indiqué pour ce voyage se situerait entre le 15 octobre et le 15 novembre 1990.
Dimanche 22 juillet
Je montre au P. Malouli, à Myrna, Nicolas et Colette la lettre que j'ai écrite au P. Van der Voort, au nom de ceux-ci et de moi-même. Nous signons la lettre et je la confie à mon neveu Fadi Oska pour la poster deux jours après à Paris.
Myrna me remet une lettre qu'elle vient de recevoir du journaliste américain, Rick Salbato. Il y dit sa joie profonde et sa foi à travailler avec Mgr Féghali et le chanteur Tony Hanna, à Detroit, dans leur souci d'œuvrer pour le mieux au service de Notre-Dame de Soufanieh. Sa lettre n'est pas datée. Mais l'enveloppe porte la date du 3 juillet 1990 avec le tampon de Detroit.
Lundi 23 juillet
Nous commençons aujourd'hui le camp de la chorale des moyens, à Kassab, tout près de la frontière turque. Comme au camp des grands de la chorale, je pose sur l'autel de la chapelle une grande Icône de Notre-Dame de Soufanieh. Je recommande à tous les participants d'avoir à cœur d'entourer la Sainte Vierge de fleurs et... de prières. Puis nous plaçons notre camp sous le regard de Marie.
Lundi 30 juillet
Aujourd'hui, je me permets d'avoir une initiative qui peut paraître enfantine. J'escalade, avec un bon groupe de jeunes, la couine la plus élevée de Kassab; elle surplombe la mer au loin, à l'ouest, et est ceinturée de tous les autres côtés par des chaînes de montagnes entièrement boisées. Avec les jeunes de la chorale, j'aménage un petit sanctuaire de pierres, au centre duquel nous plaçons l'image de NotreDame de Soufanieh, bien protégée par un flacon de verre hermétiquement fermé. J'ai auparavant écrit derrière l'image ces quelques mots :
«Notre-Dame de Soufanieh Source d'huile sainte, Choeur-Joie te salue du fond de son histoire, Te confie ses enfants, Te recommande certains de ses projets, Te glorifie et glorifie Ton Fils bien-aimé, Jésus. »
Puis nous allumons une bougie, récitons quelques dizaines de chapelet entrecoupées de nombreuses intentions, égrenées spontanément par les jeunes, et nous chantons. C'est l'heure du coucher du soleil. La mer étincelle de mille couleurs.
Mardi 31 juillet
Je rentre aujourd'hui à Damas. Une lettre du P. Adel Khoury, d'Allemagne, datée du 22 juillet m'attend. Il m'annonce son arrivée à Damas, le 12 septembre prochain. Il me rappelle aussi mes mémoires, m'exprimant l'espoir qu'elles seront imprimées. Cela lui faciliterait, dit-il, son travail de traduction, de disposer du texte définitif relatant les événements des derniers mois. De surcroît, le post-scriptum de cette lettre est remarquable:
«Ici le Phénomène trouve un accueil encourageant de la part d'individus, de groupes de prière, de paroisses et d'un bon nombre de prêtres. J'aurai l'occasion, en décembre prochain, de donner une conférence durant une session de prêtres, sur le thème : Soufanieh et l'Unité de l'Église.
Que votre prière nous accompagne.
L'Évêque de Munster a témoigné de l'intérêt pour Soufanieh, et a exprimé le désir d'en connaître un peu plus. Je lui ai donné la vidéocassette réalisée l'automne dernier à Damas par André Rostworowsky, le reporter canadien.
Le nonce apostolique à Bonn s'est aussi intéressé au Phénomène. Il m'a fait venir à la nonciature et m'a interrogé à ce sujet. Je lui ai envoyé parla suite des exemplaires du livret que j'ai publié.»
Il m'est impossible de dire autre chose que : Merci, Seigneur !
Je rends visite à Sa Sainteté le patriarche Zakka, sans avoir pris de rendez-vous. Fidèle à ses habitudes, il est aussi affectueux que simple. Cette visite a un but précis : lui demander son avis pour la publication de mes mémoires. Faut-il supprimer, avec les pages concernant les positions négatives de certains hommes d'Église, les pages reflétant l'attitude positive d'autres ? Faut-il maintenir ce côté positif et dans quelles limites ? Le patriarche Zakka y est impliqué pour une part aussi vaste que fondamentale.
Sa Sainteté me répond le plus clairement du monde et sans la moindre hésitation :
- Garde plutôt toutes les attitudes positives. Ce côté constitue une partie importante de ton témoignage.
Puis le patriarche me fait part de «la tristesse qu'il éprouve devant la dureté de cœur de certains dans leur refus de la grâce».
A Soufanieh, j'apprends que le voyage de Myrna et de Nicolas en Belgique est fixé au 9 août prochain. J'en discute avec les PP. Malouli et Fadel, ainsi qu'avec Myrna et Nicolas. Mon avis est qu'il faut s'en tenir à ce que nous avons décidé et dont nous avons prévenu le P. Franz Van der Voort. Je le leur dis nettement. Mais ce n'est que mon avis, et ils peuvent bien entendu voir autrement. Il est décidé que le P. Paul Fadel les accompagnera. Je leur souhaite bon voyage et les assure de ma prière.
Par la même occasion, Myrna me raconte son voyage, dimanche dernier, à Marmarita, village situé à 230 kms au nord-ouest de Damas. Elle y avait été invitée par les Pères de cette Mission. L'huile a coulé de ses mains avec abondance, à la fin de la sainte messe, tandis qu'elle levait de ses deux mains l'Icône de Notre-Dame de Soufanieh devant la foule qui remplissait l'église.
Je confie au docteur Aïda Daoud, venue du Canada, une lettre, un petit flacon d'huile et le livre de Christian Ravaz, pour les remettre à une religieuse canadienne qui m'a écrit et qui voudrait avoir quelque chose de Soufanieh.