Juin 1990
Lundi 4 juin
Je termine à midi, avec mon jeune ami Rami Saba, la révision du livre du journaliste américain, Rick Salbato. Notre impression générale est que le contenu en est solide et qu'il relate fidèlement les faits. Cependant nous avons introduit de nombreux amendements et des corrections qui s'imposent. Nous en avons supprimé des pages entières qui nous paraissent soit inutiles, soit capables de provoquer des problèmes dont personne ne voudrait.
Mardi 5 juin
Le matin, je vais voir Mgr Boulos Bourkhoche à Khabab. Il est malade. Cependant, il se lève et nous passons un moment au salon, en compagnie du P. Ghafril Dick, curé de Khabab, qui a lu une partie du manuscrit de Rick Salbato et qui en est satisfait. J'explique à l'évêque le but de ma visite : M. Salbato insiste pour avoir une préface d'une haute autorité ecclésiastique ayant suivi le Phénomène et qui y croit. Il voudrait la placer en tête de son livre, pour lui valoir une crédibilité officielle, indispensable au lecteur américain. J'affirme à l'évêque que tel qu'il a été corrigé, le manuscrit est valable.
M. Salbato nous donne l'assurance qu'il respectera toutes les corrections et suppressions. Mgr Bourkhoche me promet d'écrire cette préface très prochainement.
Je reviens aussitôt à Damas, avec mon ami Georges Chaoui, dans sa voiture.
Samedi 9 juin
Un chercheur français, du nom de Bernard Heyberger vient me voir. Nous passons ensemble plus de trois heures. Il a fait un long séjour à Damas, qu'il est sur le point de quitter.
Il veut s'informer de la situation des chrétiens en Syrie, aux 17e et 18e siècles.
Conformément à mon habitude, je ne souffle mot de Soufanieh. C'est lui qui m'en parle. Je lui réponds par le langage des faits, le seul compréhensible pour les Occidentaux. Il m'écoute avec une attention soutenue. Il pose peu de questions. Finalement, il dit textuellement :
- Vous maniez parfaitement l'usage de la raison, et malgré cela vous me parlez de miracle. Je suis perplexe.
Je lui réponds : - Faites face au réel, et votre perplexité cessera peut-être.
Puis, avec infiniment de respect, je lui propose le livre de Christian Ravaz et la revue Famille chrétienne, ainsi que l'ensemble des messages dans leur traduction française. Il les prend volontiers.
Nous nous séparons en nous promettant de garder le contact.
Lundi 11 juin
M. Bernard Heyberger téléphone pour me remercier et me redire au revoir. Nous échangeons la promesse de maintenir le contact.
Mardi 12 juin
Téléphone de Paris, de mes amis Guy et Mylène Fourmann. Ils m'annoncent avec joie que le montage de la vidéocassette de Soufanieh a été mené à la perfection par Fadi Assafi, fils de notre grand chanteur. Fadi s'était offert gracieusement pour ce travail. La vidéocassette sera proposée à un prix modique pour la rendre accessible au plus grand nombre.
Alors que je préviens Guy et Mylène contre la tentation de l'argent, Guy me fait cette réponse :
- Si un jour je sens que nous glissons sur la pente de l'argent, je ferai ce que Jésus a fait au Temple !
Vendredi 15 juin
Je rends visite au secrétaire du nonce apostolique, Mgr Sérapion. Je lui remets la vidéocassette de Soufanieh, et le mets au courant de la déclaration du patriarche Zakka. Je lui en promets le texte en arabe et la traduction française. L'attitude de Mgr Sérapion par rapport à Soufanieh reste très positive.
Dimanche 17 juin
Lettre du P. Pierre Veau, de Mauritanie. Nombreuses allusions à Soufanieh. Entre autres, la colère qui l'a saisi quand il a entendu au Caire quelqu'un attaquer Soufanieh en l'accusant d'être une affaire d'argent ! Sa réponse ne s'est pas fait attendre.
Lundi 18 juin
Reçu aujourd'hui la préface de Mgr Boulos Bourkhoche,
tant désirée par Rick Salbato pour son livre :
Paix, bénédiction et vœux, accompagnés des grâces du salut à tous ceux qui lisent ce livre précieux sur les événements extraordinaires de Soufanieh, qui n'ont pas cessé de se prolonger depuis la fin de l'année 1982 jusqu'à présent. Moi-même, je fus témoin du suintement d'huile des mains et du visage de Mme Myrna Nazzour, ainsi que des reproductions de l'Icône de Soufanieh, plus d'une fois. Je félicite donc l'auteur pour avoir pris à cœur défaire connaître les événements de Soufanieh, afin de glorifier Dieu, d'honorer la Sainte Vierge et d'inciter les fidèles à la prière, à la pénitence et au travail urgent pour lUnité de l'Église, comme il est proclamé dans les messages de la Vierge à Myrna. Nous engageons les fidèles à lire ce livre précieux. Nous leur confirmons que tout ce qu'il contient en matière de miracles, de paroles et de messages concernant Soufanieh, est conforme à la réalité. Nous sollicitons de Dieu la bénédiction et le bien pour les lecteurs de ce livre et pour ceux qui ont aidé à sa diffusion. Boulos BOURKHOCHE t Évêque de Bosra, Hauran et la montagne des Arabes pour les grecs-catholiques» |
Le docteur Naji Saba et son frère Rami traduisent cette préface en anglais. Je porte aussitôt cette traduction à Mgr Bourkhoche à Khabab pour la lui faire signer.
Là, j'apprends "par hasard" u' e religieuse des Sœurs de Besançon doit partir demain pour l'Égypte. Or, depuis quelques jours, je suis en quête de quelqu'un qui pourrait porter des documents sur Soufanieh ainsi qu'un morceau de coton imbibé d'huile et des images à une Égyptienne qui les a sollicités auprès d'une Syrienne rencontrée "par hasard" lors d'un récent voyage en Égypte. La religieuse se charge avec joie de ce colis.
Aujourd'hui, je rencontre "par hasard" également le P. Eugène Amar, l'un des conseillers du patriarche latin de Jérusalem. Il m'aborde avec ces mots :
- Nous avons vu les vidéocassettes de Soufanieh, au patriarcat de Jérusalem.
Je suis étonné de la liberté avec laquelle il me parle de Soufanieh. Je préfère ne pas lui demander son avis. Mais sa manière spontanée de m'en parler me plonge dans la perplexité, car je sais que la plupart des prêtres de sa congrégation, en Syrie, sont soit indifférents soit hostiles. Quel mystère que l'homme !
Mercredi 20 juin
Je prie ce soir à Soufanieh, après une longue interruption due à mon apostolat auprès des jeunes. A la fin de la prière, un fait significatif se produit. Myrna tient dans sa main, pendant la prière, une image encadrée, absolument identique à l'Icône miraculeuse. Subitement, l'huile remplit l'image derrière le verre.
Armen Hovsepian se tenait au salon. Il en est bouleversé et pleure. Je sais qu'Armen avait des crises de larmes, ces derniers jours, toutes les fois qu'il pensait à son retour aux États-Unis. Mais ses larmes, alors, ont une autre explication.
Armen vient d'acquérir cette image d'un jeune homme qui l'avait depuis onze ans, et qui refusait aussi bien de la vendre, comme de l'offrir à Armen. Or, Armen refusait de rentrer aux États-Unis, tant qu'il ne se serait pas procuré une image identique à celle de Soufanieh. Il va revoir ce jeune homme, dont le refus est catégorique. Il s'assied alors dans la boutique de ce jeune homme, profondément triste, et il se met à prier. Subitement, il a voit le jeune homme se diriger vers l'image accrochée au mur, la prendre et la lui présenter, en lui disant :
Prends-la et va-t'en avant que je ne te la reprenne !
Il refuse d'être payé. Armen la prend et sort précipitamment, sans trop y croire. Quand il arrive à la "maison de la Vierge", il raconte à Myrna ce qui vient de lui arriver. Puis, il lui remet l'image en disant :
- Prie, Myrna, pour que la Vierge me fasse savoir qu'elle est contente de moi. Alors seulement, je partirai le cœur en paix.
Myrna prend l'image et s'assied pour prier. Armen monte sur la terrasse, pour prier devant la statue de Marie. Soudain, il a le sentiment que quelque chose vient de se produire, sans pouvoir le définir. Il descend aussitôt et demande à Myrna s'il y a du nouveau. Myrna lui répond :
- Tiens, vois ton image, elle vient de se couvrir d'huile !
Armen pleure alors de joie, assuré d'avoir eu le signe qu'il demandait. E décide aussitôt de rentrer aux États-Unis. Il a le cœur parfaitement tranquille. Il me dit :
- Maintenant, je sais que ma mission à Damas est accomplie. Je rentre dans la joie, en remerciant avec jubilation et action de grâce.
Le soir même se produit une autre surprise qui mérite d'être relatée. Je venais d'en finir avec Armen, et j'étais sur le point de partir, quand j'entends quelqu'un dire :
- Ça y est, un nouveau prêtre !
Je vois entrer au salon un prêtre de grande taille, dans la tenue officielle des prêtres byzantins : manteau ample et noir, chapeau qu'on appelle "kallous". Il salue et s'assied en demandant ce qui se passe dans cette maison. Il avoue qu'il visite la maison pour la première fois. Je lui présente Myrna et Nicolas, et veux commencer à lui parler un peu des événements de Soufanieh, quand quelqu'un s'avance et m'interrompt pour lui dire :
- Abouna - Père -je vous présente le Père Élias Zahlaoui.
Je suis en tenue civile. Il me regarde et s'exclame - Le Père Zahlaoui... le dramaturge et l'écrivain? - Lui-même.
Il ajoute :
- C'est le Seigneur qui permet cette rencontre. Il y a quelques jours, je discutais avec le Père X et il se référait à toi, pour croire à Soufanieh. Raconte-moi donc ce qui arrive ici.
Je sens que je n'ai pas le droit de négliger l'occasion et je me mets à lui raconter les événements depuis le début. Au bout d'un moment, il place sa main sur sa poitrine et dit :
- J'étais Saül et je suis converti. Est-il raisonnable que de tels événements aient lieu et qu'ils me restent inconnus, à moi et à beaucoup d'autres?
Il réclame davantage d'informations. Tout à coup, il m'interrompt en disant :
- Abouna, ordonne-moi ce que je dois faire. Il faut que je répare ce manque. Il faut que j'annonce la bonne nouvelle.
Notre rencontre se prolonge deux heures et demie.
Enfin, toutes les personnes se mettent debout devant l'Icône miraculeuse, et le Père chante à la Vierge d'une voix belle, mais éprouvée par les cigarettes.
Il part en promettant de revenir bientôt. Il est 21 heures 30.
Jeudi 21 juin
Je téléphone à Soufanieh pour souhaiter encore une fois bon voyage à Armen. De nouveau, il pleure.
Vendredi 22 juin
Téléphone de Sœur Fiorina de l'Hôpital Italien, pour m'annoncer que le nonce apostolique a célébré la messe hier à la nonciature. Il avait invité Myrna et Nicolas, en même temps que quelques ambassadeurs et leurs épouses. L'huile a couvert les mains de Myrna à la fin de la messe.