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Avril 1990
Lundi 2 avril
Téléphone d'Amman, capitale de la Jordanie : une petite fille de trois ans, du nom de Hanine - ce qui signifie "Nostalgie" -, est tombée dans un bassin d'eau et son état est jugé grave. Ses parents réclament Myrna, quel qu'en soit le prix. J'essaie de leur rappeler que c'est Dieu qui guérit et je leur envoie tout de suite un morceau de coton imbibé d'huile miraculeuse.
Mardi 3 avril
Je reçois une lettre de mon ami Simon Mangalo, de Paris. Y est joint un certificat rédigé par son frère Raymond, ancien chef de laboratoire à l'Institut Pasteur. Ce certificat, que je lui ai réclamé depuis quelque temps, déclare que le corps humain, dans l'état actuel de la science, ne peut en aucune manière sécréter de l'huile, même si on y injecte de l'huile.
Deuxième téléphone de Jordanie : les parents de la petite Hanine supplient de leur "envoyer" Myrna.
Mercredi 4 avril
Troisième téléphone, de Jordanie, des parents de la petite Hanine. Je m'excuse de nouveau au nom de Myrna et de Nicolas, et les invite à davantage de prière.
Un télégramme de Marseille : une jeune fille française recommande à Myrna de prier pour sa mère qui vient d'être hospitalisée.
Le soir, j'accueille, à l'aéroport de Damas, mon ami Jean-Claude Antakly et sa famille.
Jeudi 5 avril
Nicolas vient me voir, et nous parlons longtemps, surtout de leur vie de prière, lui et Myrna. Nous essayons de prévoir un plan d'organisation pour l'avenir, que nous comptons proposer à Myrna et au P. Malouli.
Dimanche 8 avril
Dimanche des Rameaux.
Le docteur Antoine Mansour et sa famille arrivent, tôt le matin, venant de Los Angeles.
Mardi 10 avril
Treize pèlerins français arrivent à Damas, le soir, conduits, par Guy et Mylène Fourmann. Parmi eux, un neurologue, le docteur Philippe Loron et deux psychologues : Bibiane Bucaille de la Roque et Brigitte Sauvegrain. Ce voyage à Damas a été préparé par eux de sorte qu'il soit un véritable pèlerinage, comme nous en avons convenu à Paris. Je les accueille à l'aéroport avec quelques amis qui se sont mis à notre disposition pour nous véhiculer et nous inviter à dîner.
D'autres pèlerins arrivent pour la Semaine sainte et la fête pascale d'Allemagne, de Belgique, du Burkina Faso, du Canada, d'Égypte, de Jordanie, du Liban.
Jeudi 12 avril
Jeudi saint. Les stigmates sont apparus sur le corps de Myrna. Tout d'abord au front, puis aux pieds, aux mains, au côté : cinq blessures se sont ouvertes sous les yeux des nombreuses personnes présentes, dont le docteur Antoine Mansour qui a sa caméra vidéo braquée sur Myrna depuis 9 heures du matin. Son ami, le chanteur Tony Hanna, le lui avait bien recommandé. Les blessures sont donc entièrement filmées depuis la première seconde jusqu'à la dernière, en passant par la distension, suivie de l'éclatement de la peau des mains de Myrna, puis de ses pieds.
Le docteur Philippe Loron peut lui aussi filmer cette scène unique. Il se fait aider par Guy Fourmann. D'aucuns pleurent, la caméra à la main.
L'atmosphère tout entière est à la prière, en dépit de l'affluence croissante et étonnante des gens.
Vendredi 13 avril
Vendredi saint. Récollection avec les jeunes de la paroisse universitaire. Antoine Makdisi fait une causerie sur la Rédemption. De nombreuses fois, il cite Soufanieh, comme étant une manifestation actuelle de la Rédemption.
Samedi 14 avril
Sa Sainteté le patriarche Zakka, patriarche des syriaques-orthodoxes, reçoit le groupe de pèlerins français. L'audience dure une heure. Il y est naturellement question de Soufanieh. Le patriarche n'a aucunement caché sa pensée profonde sur le Phénomène, y voyant une intervention divine évidente. Cependant cette partie de l'audience n'est pas filmée, pour éviter des tensions inutiles.
Myrna a une extase vers 15 heures, en présence de nombreux fidèles, arabes et étrangers, venus prier. Les différentes phases de cette extase sont filmées sur vidéocassette : l'huile qui lui coule du front, de la figure et des yeux, sa mise au lit, son absence croissante au monde extérieur, puis son retour et la dictée du message reçu.
Myrna réprime un sanglot quand je lui demande si elle a vu et entendu quelque chose. Elle me répond :
- J'ai vu une lumière et fai entendu une voix. - Qu'a-t-elle dit, cette voix?
- Quelque chose de regrettable, Père.
Telle est sa réponse. J'insiste. Elle me dicte ceci :
«Mes enfants,
Vous, vous apprendrez aux générations le mot d'unité, d'amour et de foi. Je suis avec vous.
Mais, ma fille, tu n'entendras ma voix qu'une fois la Fête (de Pâques) unifiée. »
Ce message ne m'inquiète pas outre mesure. J'y vois un avertissement et l'attente d'une initiative urgente sur laquelle le Seigneur semble veiller.
J'exprime sur l'heure mon avis à ceux qui me posent des questions sur une explication possible du message. Je leur montre, ainsi qu'à Myrna elle-même, que le «silence de Jésus» ne signifie pas pour autant le silence de la Sainte Vierge. La preuve en est que Jésus a parlé à Myrna au cours des extases, durant quatre années consécutives, c'est-à-dire pendant le temps où la Sainte Vierge s'était éclipsée.
Dimanche 15 avril
Nicolas et Myrna se réveillent très tôt, pour participer à la liturgie de Pâques, à l'église Notre-Dame de Damas. Ils constatent que la coupelle de marbre sous l'Icône est remplie d'huile aux trois quarts. Ceci a eu lieu entre 4 heures et 4 heures 30 du matin.
Aujourd'hui, la sœur responsable du Mémorial Saint-Paul me demande une vidéocassette sur Soufanieh. Elle m'avoue qu'elle est restée, jusqu'à ces derniers jours, hésitante vis-à-vis de Soufanieh. S'est-elle laissé influencer par ce qu'elle a entendu des pèlerins français ? Ou bien est-ce le fait qu'ils soient venus de France, qui a suscité sa curiosité, puis sa foi ? «Ils viendront de l'Orient et de l'Occident», a dit Jésus. Je lui promets les vidéocassettes.
Lunch 16 avril
Lundi de Pâques. J'écris une lettre collective sur les événements de cette Semaine, je prie tout le groupe de la signer, et confie à Guy Fourmann le soin de l'expédier à tous nos correspondants français.
J'accompagne les pèlerins français à l'aéroport. Quatre amis de Damas nous y conduisent dans quatre voitures. Au moment des adieux, mes amis français sont tellement émus que certains d'entre eux pleurent contre mon épaule en m'embrassant. Le chef de la section de sûreté me prend à part et me pose la question de savoir si je suis proche parent de l'un ou l'autre. Je ris et lui réponds :
- Je suis arabe Syrien, et eux ils sont tous français !
Il me dit alors :
- Mais leurs adieux m'ont étonné. Moi, je sais que les étrangers sont des pierres qui se laissent rarement émouvoir.
J'ajoute :
- Tous s'imaginaient que la Syrie est un enfer dont jamais ne sort celui qui y entre. C'est ainsi que leurs médias leur représentent notre beau pays. Or, ils sont venus, ils nous ont connus, ils ont vécu avec nous cinq jours seulement. Ils nous ont aimés et ils ont aimé notre pays. Et tu as vu de tes propres yeux leurs adieux.
Je lui dis alors le but premier de ce voyage : Soufanieh, et lui en rappelle l'essentiel. Étonné, il dit :
- J'en ai entendu parler, mais je croyais que c'était fini depuis longtemps.
Le soir, Myrna, le P. Malouli, le P. Paul Fadel et moi-même présentons nos condoléances à la famille de notre ami, le général de police Georges Bdéoui, décédé le matin même. Georges s'était fait remarquer par sa fidélité étonnante à prier à Soufanieh et à en témoigner simplement, mais courageusement. Il n'a cessé, jusqu'à la dernière minute, d'en parler. Quelques heures avant qu'il rende l'âme, je lui ai porté la sainte Communion.
Avant de nous retirer, nous prions devant le cercueil, en présence de la famille, des proches et des amis. Myrna entonne un chant. Tout à coup, l'huile couvre ses deux mains. Je lui dis
- Oins le front de Georges.
D'un geste simple, elle lui oint les mains et le front, en disant d'une voix audible :
- Prie pour nous.
La stupeur a cloué les yeux de tous sur Myrna. Nous sortons en silence.
Mardi 17 avril
Le matin, j'accompagne Jean-Claude Antakly et sa famille à l'aéroport de Damas.
Le soir, j'accueille à l'aéroport un prêtre français venant de Paris, le P. Michel Bailly, que m'ont recommandé les Sœurs carmélites d'Alep. Nous dînons ensemble chez mon ami Samir Salomon. La veillée se prolonge. Les sujets de conversation ne manquent pas. Samir aborde le sujet de Soufanieh. Le P. Bailly, qui n'en a jamais entendu parler, manifeste, sans aucune affectation, une réserve, naturelle pour un Occidental. Mais il écoute avec respect. Finalement, il exprime le désir de visiter, dès demain, Soufanieh.
Mercredi 18 avril
A 17 heures, je suis à Soufanieh avec le P. Bailly. Il passe un bon moment à discuter avec le P. Malouli, à poser des questions et à observer Myrna et Nicolas.
Jeudi 19 avril
Avant de partir pour Alep, le P. Michel Bailly me demande les adresses des Français qui se sont occupés et continuent de s'occuper de Soufanieh, comme les PP. Laurentin, Darrigaud, Boz, le docteur Philippe Loron et le professeur Henri Joyeux.
Vendredi 20 avril
Je me rends l'après-midi à Soufanieh, à la suite d'un téléphone de Myrna. Il y a là le scolastique franciscain, Jamil Boloyan, en compagnie d'un prêtre italien du nom de Nicolas Bu. Celui-ci est théologien, il a déjà publié plusieurs ouvrages. Il m'en présente un. Jamil me remet la cassette des messages de Soufanieh, sur fond d'accompagnement musical. Il m'assure avoir mis des mois, avec le P. Bu, pour en faire le montage.
Ils me demandent ensuite une interview, qu'ils prennent soin d'enregistrer, sur les principaux faits de Soufanieh.
Le P. Bu m'assure avoir bien étudié, du point de vue théologique, les messages, et qu'il les a trouvés en conformité étonnante avec l'Évangile et l'enseignement de l'Église. Nous nous séparons après avoir échangé nos adresses.
Samedi 21 avril
Ce soir, arrivent à Damas le P. Pierre Veau et le P. Paul Grasser. Tous deux viennent de Mauritanie. Je devine le désir du P. Veau de passer à Soufanieh avant même d'aller au patriarcat grec-catholique, où lui et le P. Grasser sont attendus. Nous nous rendons directement de l'aéroport à la "maison de la Vierge". Joie des retrouvailles. Joie de prier dans cette maison où il s'est habitué à prier durant une année entière, du temps où il faisait ses cours d'arabe à Damas, en 1986.
Dimanche 22 avril
Le soir, après la prière commune, nous profitons d'un moment de répit pour visionner les trois vidéocassettes que le "cameraman de la Vierge", Nabil Choukair, a montées à Los Angeles, où il a émigré depuis près de deux ans, pour couvrir l'ensemble du Phénomène. Toute "l'équipe" de Soufanieh est au complet. Le P. Pierre Veau et le P. Paul Grasser, vicaire de l'évêque de Mauritanie, sont également présents. Nous visionnons les trois vidéocassettes et sommes unanimes à y voir une réussite qui servira efficacement Notre-Dame de Soufanieh, et qui réalisera un vieux rêve qui s'est avéré jusqu'ici irréalisable.
Je trouve qu'il est de mon devoir de signaler que ce montage a été rendu possible grâce aux moyens techniques très coûteux qui ont été mis bénévolement au service de Notre-Dame de Soufanieh, par un arménien-orthodoxe, dont j'ai déjà parlé, Vatché Hovsepian, et dont la vie a été transformée du jour au lendemain par la Sainte Vierge.
Lundi 23 avril
Myrna et Nicolas rendent visite au patriarche syriaque-orthodoxe. Je les accompagne, ainsi que Nabil Choukair et Armen Hovsepian, son ami, venu de Los Angeles pour vivre avec nous la Semaine sainte et Pâques. Armen a vécu, grâce à Soufanieh, une conversion radicale.
Le patriarche Zakka, au cours de l'audience, appelle au salon de nombreux prêtres et scolastiques. Des photos sont prises avec tout ce groupe entourant le patriarche. Il ne manque pas l'occasion de me réclamer un article sur Soufanieh, pour la revue du patriarcat.
Il souhaite aussi avoir une grande quantité d'images de la Vierge, pour les envoyer à son ancien vicaire, Mgr Isaac Saka, devenu depuis évêque de Mossoul en Irak.
Mardi 24 avril
Le patriarche Zakka reçoit les PP. Pierre Veau et Paul Grasser durant une heure. Je les accompagne. Un échange très franc et positif a lieu sur Soufanieh, où le patriarche voit une intervention divine indubitable.
Nous allons ensuite à Khabab, à 60 kms au sud de Damas. L'évêque du Hauran, Mgr Boulos Bourkhoche est, à son habitude, à ses travaux champêtres. Nous passons un bon moment avec son vicaire, le P. Mouaffak Al-Id. Il nous conduit à la chapelle où se trouve la grande icône qui a pleuré de l'huile, le jeudi 28 février 1985. Il leur raconte comment s'est passé, à l'époque, le séjour de Myrna dans l'archevêché.
Puis Monseigneur arrive et nous passons avec lui un long moment au salon. Il expose aux Pères la situation de son diocèse, l'apostolat que l'Église y pratique. Il en vient tout naturellement à parler de Soufanieh, citant longuement les événements qui s'y sont produits lors du séjour de Myrna, soulignant leur influence profonde et durable sur de nombreuses personnes.
Jeudi 26 avril
Le P. Malouli et moi-même tenons une réunion dans ma chambre, avec Nabil Choukair et Armen Hovsepian. Nous avons à étudier les meilleures conditions de travail pour servir Notre-Dame de Soufanieh. Pour nous, il ne fait aucun doute que le danger le plus grave est la séduction du dollar dans la distribution et la vente des vidéocassettes aux États-Unis.
Il est aussi question d'un autre danger non moins grave : celui de se tailler une certaine gloire personnelle aux dépens du Seigneur et de la Vierge. Nous en venons à bien préciser, d'une façon très claire, ces conditions de travail. L'une des plus importantes est la nécessité d'une prière mutuelle.
Lundi 30 avril
Je termine ce soir avec Antoine Makdisi la révision de son texte. Cette révision se fait avec lui personnellement, au cours de longues séances de lecture commune, après la lecture personnelle que j'en ai faite. Nous complétons le tout par la relation des événements de la Semaine sainte et de Pâques 1990.
Au cours de cette dernière séance, le fils d'Antoine, Michel, archéologue, passe avec nous quelques minutes. Son père lui expose son opinion globale sur Soufanieh, et particulièrement sur ce qu'il appelle l'enchaînement étonnant de continuité et de complémentarité des messages. Il n'hésite pas à dire que l'élévation de ces messages, leur enchaînement et la supériorité de leur contenu dépassent tout ce qui serait construction théologique humaine. Ce n'est pas la première fois que je l'entends émettre un tel jugement.
Je reçois une lettre de Jacques et Marie-Louise Bousquet, qui sont venus avec les pèlerins français pour la Semaine sainte et Pâques 1990. La lettre est datée du 19 avril 1990. Toute cette missive mérite d'être transcrite. Que l'on me permette tout au moins d'en reproduire ces lignes :
«Tout doucement nous émergeons de cet état de choc où nous ont plongés les grands miracles de la Semaine sainte. Nous ne réalisons pas encore pleinement le don de Dieu. En venant à Soufanieh, nous avons accepté délibérément une grande mission. Bien sûr, nous en sommes indignes et nous ne savons par où commencer. Tout d'abord, se mettre à genoux et prier ; laisser Dieu prier en nous ; nous abandonner à sa Volonté, afin que ce soit Lui qui agisse. J'ai fait mienne la devise du P. Malouli
"Elle nous mène par le bout du nez." Avec une telle certitude, un tel guide, nous n'avons rien à craindre.
De tout cœur, nous nous mettons au service de Marie. Quel honneur pour nous d'être ses messagers ! Déjà nous savons que ce ne sera pas facile. Le Seigneur m'a envoyé une première épreuve : le refus catégorique de croire de la part de proches. En cela Dieu nous laisse libres. Ce que je ne supporte pas, c'est qu'on se moque de Dieu, qu'on le tourne en dérision. J'ai réalisé la souffrance du Seigneur, compris les larmes de sang de Marie... Priez pour moi, Abouna, afin que Jésus me donne un vrai cœur missionnaire. Toute rose a des épines. Heureusement, il y a aussi la beauté de la fleur et le parfum. Les amis du groupe de prière seront, eux, suspendus à nos lèvres lorsque nous leur raconterons. Je compte beaucoup sur eux aussi pour propager le message. Ils sont tellement plus capables que moi.
Déjà des grâces. La Sainte Vierge vient de me faire cadeau de l'amitié d'un jeune séminariste zaïrois : Jean-Marie. En juillet dernier, il s'était approché de notre voiture par curiosité. En quelques minutes, je lui ai parlé de Kibého et de Soufanieh, lui faisant une synthèse des messages. Avec le recul du temps, je réalise que c'était l'Esprit-Saint qui me faisait parler. Il a désiré mon adresse, et après 9 mois, voilà qu'il m'écrit. Je suis heureuse de commencer ma mission par l'Afrique et tout particulièrement par le Zaïre. Je ne doute pas que la Sainte Vierge a des projets qu'elle va réaliser en Afrique grâce à ce jeune séminariste. Nous ne pouvons rien, mais Dieu peut tout.
Il n'y a pas de mot pour vous témoigner notre reconnaissance pour le pèlerinage sublime que vous nous avez donné de vivre. Tout cela est dans notre cœur comme un trésor.
Je vous renouvelle la Joie que nous avons eue à nous trouver parmi vous tous. Que Jésus et Notre-Dame daignent accorder leur sainte protection aux pauvres pécheurs que nous sommes ! . Notre cœur est plein de reconnaissance pour les Bontés de Dieu. Que la Paix et l'Unité habitent enfin tous les cœurs ! Nous sommes vos amis, unis par la prière.