Nous avons notre réunion de prêtres pradosiens. Nous ne sommes que trois : les PP. Jean Jamous d'Alep, Massoud Massoud de Homs, et moi-même. Avant l'arrivée de Massoud, le P. Jamous s'informe de l'arrivée du P. Laurentin. Je lui raconte alors ce qui s'est passé la veille à la nonciature. Nous consacrons une bonne partie de notre réunion à lire et à méditer un livre du théologien protestant Max Thurian, sur la Sainte Vierge. Les textes proposés par le P. Massoud m'étonnent par la beauté de leur théologie mariale, alors que les théologiens catholiques s'en désintéressent par complaisance pour la théologie protestante.

A un moment donné, profitant de l'absence du P. Massoud, je presse le P. Jamous de ne pas rentrer ce même jour en Alep, afin de rester prier avec nous à Soufanieh, et je lui dis :

Il hésite longtemps, puis finit par accepter.

Une fois la réunion terminée, je l'emmène chez mes parents, nous prenons le repas ensemble, puis je l'installe dans ma chambre au presbytère, d'où il téléphone en Alep pour prévenir ses parents de son retard.

Peu après 16 heures, nous nous rendons à Soufanieh. La maison est bondée de monde. On nous conduit aussitôt dans la chambre de Myrna. Elle est assise sur le bord de son lit et, de sa tête penchée en avant, l'huile tombe goutte à goutte, ainsi que de ses deux mains tendues. Le groupe de pèlerins français de M. Pierre Sorin remplit la chambre. La caméra est déjà braquée sur Myrna.

Je laisse le P. Jamous dans la chambre et sors le coeur en joie, pour diriger la prière dans le patio. J'ai demandé à mon ami Fadi Touma d'amener dans sa voiture Antoine Makdisi. Je remercie le Seigneur pour le téléviseur placé dans le patio. Les gens peuvent à la fois prier et suivre dans le calme l'évolution de l'extase.

Je commence la prière avec quelques-uns des membres de la chorale. Car j'ai insisté pour que les membres de la chorale viennent nombreux, pour servir la Vierge et se sanctifier, étant donné que nous sommes en face d'un Phénomène comme il s'en produit «toutes les quelques centaines d'années». En fait, je suis triste, car je m'attendais à les voir en plus grand nombre.

Durant la prière, je suis inquiet.

Le message du 7 septembre 1987 m'est continuellement présent à l'esprit. D'ailleurs, le Phénomène dans son ensemble m'est présent. Mais l'avertissement du 7 septembre m'obsède vraiment et j'attends avec impatience la fin de l'extase pour connaître le nouveau message.

Autour de 19 heures, le P. Malouli sort de la chambre en compagnie de plusieurs personnes, dont Myrna, qui se fraye un passage à travers la foule jusqu'à l'Icône sainte. Là, elle se tient debout, la tête penchée, la main sur la joue. Le P. Malouli lit le message. Myrna pleure doucement.

Je remarque que le P. Jamous n'arrive plus à se retenir et pleure lui aussi. J'en suis heureux parce que je connais la réputation du P. Jamous en Alep.

J'aurais voulu que le P. Massoud soit avec nous pour partager notre expérience et notre joie. Je regrette aussi l'absence des PP. Hikmat Haddadine (Jordanie) et Élias Yacoub de Tartous (Syrie). Je me réjouis de voir subitement, au milieu de la foule, les PP. Jean Naddaf (Liban), Halim Richa (Liban), Paul Fadel de Khabab (Syrie), Michel Farah (Damas) et Michel Tabara (Damas).

J'apprends alors que le P. Laurentin est arrivé au moment où nous commencions la prière. Il est accompagné du P. Joseph Ibrahim, des Pères lazaristes. Il a donc été témoin de toute l'extase.

Je vois aussi, parmi la foule, mon cousin Ibrahim et sa femme Gisèle.

Autour de 20 heures, nous sommes encore à prier dans toute la maison, avec une chaleur et une spontanéité étonnantes. Aucun signe de lassitude ne se fait sentir.

C'est alors que le P. Élias Baladi me dit qu'une foule énorme attend à l'extérieur depuis près de trois heures, sans pouvoir entrer dans la maison. Je prie donc les personnes en prière de se retirer pour permettre aux autres d'entrer. C'est alors que je peux converser avec mes amis, les PP. Jean Naddaf et Halim Richa. Je presse surtout le P. Halim de rédiger son témoignage. Il promet de me l'envoyer un jour du Liban. Mais j'insiste pour qu'il l'écrive cette nuit même, dut-il ne pas dormir.

Vers 21 heures, je vais au Mémorial Saint-Paul, maison d'accueil des pèlerins de M. Sorin. M'accompagnent: Fadi Touma, Rita Jarallah et le jeune médecin Malak Sarrouf. Nous passons avec nos amis français pas moins de deux heures. Je leur expose un peu dans le détail certains événements passés de Soufanieh. M. Sorin me remet un paquet contenant les cassettes sur Soufanieh que Christian Ravaz lui a confiées à Paris pour me les remettre. Il a failli les oublier.

Quand je retourne à ma chambre, il est près de 23 heures 30. Mais je passe encore une fois à Soufanieh pour prier Nicolas de me prévenir si jamais l'huile apparaîît sur l'Icône.

A 1 heures moins 10, la sonnerie du téléphone retentit. Nicolas me dit:

- Père, Mabrouk! (félicitations). L'huile est sur le point de remplir la coupelle.

Quelques minutes plus tard, arrive M. Emmanuel Khawam dans sa voiture, qui m'emmène à Soufanieh où déjà une foule nous a précédés, dont le chanteur libanais Tony Hanna et un groupe d'amis. Tous sont en prière et chantent. Emmanuel et moi, nous avons l'idée de prévenir nos amis français. Par deux fois, nous allons au Mémorial. Mais, voyant le couvent tout entier plongé dans les ténèbres, nous ne sonnons pas.

Cette nuit-là, je regagne ma chambre à 2 heures 30 du matin.

Au cours de l'extase, Myrna a vu Jésus sous une forme humaine lumineuse, à l'intérieur d'une lumière puissante. Et Jésus a donné ce message :

Ce jour-là seulement, nous prêtres, pensons le moment venu, de faire connaître aux gens le message que Myrna a reçu le 7 septembre 1987, et que nous avons tu jusque là:

«Marie (c'est le nom de baptême de Myrna), N'est-ce pas toi que j'ai choisie, la jeune fille calme au coeur plein d'amour et de compassion? Il est devenu évident pour Moi que tu es incapable de supporter quoi que ce soit pour Moi. Je te donne une chance pour choisir. Sois sûre, si tu Me perds, tu perdras la prière de tous ceux qui sont autour de toi. Et sache que le portement de la croix est inévitable. »