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Voyage en France et en Allemagne fédérale
(15 octobre - 18 novembre 1987)
En France:
1. Parmi les jeunes Arabes, dont des médecins surtout, que je connais, la première question est presque toujours centrée sur Soufanieh. Par exemple, ce un jeune médecin qui m'accueille à Roissy, Nouha Garbi, femme du docteur Issam Semaan. A peine sommes-nous en voiture qu'elle m'interroge sur Soufanieh. Bien sûr, d'aucuns diront: «C'est pour vous faire plaisir». J'exclus ce motif : l'amitié qui s'est nouée entre ces jeunes et moi depuis tant d'années, est empreinte d'une franchise et d'une affection telles qu'elle ne peut connaître une pareille complaisance. D'ailleurs, ils vivent avec une si grande nostalgie du pays, que mon arrivée avive en eux cette double flamme et du pays et de la foi.
2. A Paris, je loge toujours chez les Pères Blancs, rue Friant. Les prêtres y sont tous occidentaux, sauf quelques Africains. Je me suis habitué à ne jamais parler de Soufanieh, à moins d'être interrogé, car chez les Occidentaux il y a un a priori tenace contre toute manifestation religieuse plus ou moins inexplicable.
Or, deux jours après mon arrivée, se produit cette anecdote que je note aussitôt dans mon carnet de voyage :
«Ce matin, après le petit déjeuner, le P. Bernard Ugeux me dit, au moment où nous sortions de table, qu'il n'avait pas reçu l'image de Notre-Dame de Soufanieh que je lui avais promise lors de mon dernier passage. Cela me surprit et je l'assurai lui avoir envoyé au moins cent images. Il me dit textuellement: «Je n'aurais su qu'en faire, si je les avais reçues." Puis il ajouta : "Je n'ai pas voulu vous demander l'image devant mes confrères pour vous éviter d'entendre des remarques peut-être désagréables." Je l'ai donc conduit à ma chambre et lui donnai quelques images. Il en choisit une toute petite. Il s'enquit aussi de la permanence du Phénomène>
3. A propos de ce séjour chez les Pères Blancs, je dois signaler encore deux faits, le premier survenu lors de l'arrivée de l'évêque africain de Kibého, village du Rwanda (Afrique centrale), l'autre à propos de mon ami, le P. Pierre Poupart.
Je résume très brièvement ce qui concerne l'évêque de Kibého. Cet évêque ne passe que deux nuits à la rue Friant. Les Pères lui demandent une causerie sur les apparitions de la Sainte Vierge à Kibého. Je suis du petit nombre de prêtres qui l'ont écouté. Aussitôt après, je demande à le voir et lui dis brièvement ce qui se passe à Soufanieh. Je lui donne quelques images de la Vierge, en même temps qu'un dossier complet, dont j'ai toujours quelques exemplaires avec moi. Il ne refuse pas, en outre, d'être régulièrement informé.
Puis, je rencontre l'un des Pères responsables et lui dis ceci
- Je trouve triste de constater qu'un évêque, qui n'est ici que pour un très court passage, vous l'invitiez quand même à vous parler de Kibého, alors que moi qui séjourne ici presque tous les ans, vous n'avez jamais eu l'idée de me demander la moindre causerie sur Soufanieh.
Quelques minutes plus tard, on me fixe un moment pour une causerie aux Pères sur Soufanieh. Cela se passe deux jours avant mon retour à Damas. L'accueil qui est fait à ma causerie me remplit de joie. Certains Pères semblent même avides d'en savoir davantage, ce qui ne paraissait pas du tout évident auparavant. Un bon nombre parmi eux me réclame des images. Le P. Bazot, responsable de la Lettre aux Pères, me demande un résumé de la causerie. L'ensemble des Pères est étonné de la rectitude évangélique des messages, ainsi que de leur densité théologique.
Certains des Pères, qui n'ont pas pu m'écouter, m'en demandent le soir même un bref compte rendu. D'autres qui sont de passage pour tel ou tel pays d'Afrique, me demandent aussi bien des images que du coton imbibé d'huile miraculeuse. Deux me réclament le livre sur Soufanieh, le jour où il sera imprimé. Ils sont en mission au Zaïre.
Mon ami, le Père Blanc Pierre Poupart, a été le premier à qui j'en ai parlé, dès 1983. Notre amitié est connue de tous. Je suis à peine arrivé à Paris, qu'il prend à plusieurs reprises l'initiative de m'interroger sur Soufanieh, en présence des autres. Il provoque ainsi leur curiosité, en dépit de leur mentalité très cartésienne. Je remarque que ce qui les intrigue le plus, c'est à la fois la persistance de l'huile à S'écouler de l'Icône, et la permanence de la prière dans une gratuité et une disponibilité capables de défier des couvents entiers.
4. Auprès des mass-médias :
Je visite le P. Jean-Claude Darrigaud, en compagnie du docteur Jean-Claude Antakly. Durant deux bonnes heures, nous revoyons nos souvenirs et dégageons plusieurs points. Le P. Darrigaud affirme :
- Soufanieh échappe à toute localisation étriquée et ne peut être accaparée par personne.
- Son impact commence à se faire sentir un peu partout dans le monde.
- Il incombe à quiconque y croit de faire preuve de courage et d'en répandre les messages.
Je présentai au Père un petit flacon d'huile miraculeuse. Il en prend quelques gouttes et me le rend.
Le docteur Antakly interroge le P. Darrigaud sur son attitude à la télévision, lui suggérant quelques initiatives en vue de servir à son tour Soufanieh.
Ensuite, je rends visite, également avec Jean-Claude Antakly, à Christian Ravaz, dans son bureau de Chrétiens Magazine. Nous discutons pendant plus d'une heure et demie. Il nous présente son article sur Soufanieh, publié dans sa revue. Le titre et l'introduction laissent pointer un point de vue occidental qui ne manque pas de me gêner, et je le lui dis. Mais l'article, dans son ensemble, dénote un regard à la fois critique et aimant
Il nous fait ensuite écouter une partie seulement d'une cassette sur Soufanieh, qu'il dit être achevée. Par la suite, je pourrai constater qu'elle est excellente.
5. Une rencontre d'importance : le P. René Laurentin.
Déjà en 1984, j'avais vainement essayé de le contacter. Finalement, j'ai réussi à le voir en 1986. Je l'ai invité à venir pour le quatrième anniversaire, le 26 novembre. Il s'est excusé, car il devait être à cette époque à Kibého, en Afrique. L'anniversaire des apparitions de la Vierge dans ce village du Rwanda coïncidait à un jour près avec celui de Soufanieh. Le P. Laurentin m'assure qu'il sera à Damas pour le cinquième anniversaire. De fait, il viendra le soir du 25 novembre 1987 et repartira dans l'après-midi du 27.
6. Une rencontre providentielle : Pierre Sorin est un Français qui organise des voyages de pèlerinage aux grands sanctuaires, un peu partout à travers le monde. Il était venu peu de temps auparavant à Damas, sur le conseil de Christian Ravaz, pour organiser un pèlerinage à Soufanieh à l'occasion du cinquième anniversaire. Après trois jours à Damas, avec sa femme, il était rentré quelque peu déçu de ses contacts.
Je le rencontre "Par hasard" rue du Bac à Paris, le dimanche 18 octobre. Nous convenons d'un programme en vue de son pèlerinage, et le jour même je téléphone à mon ami Fadi Touma à Damas, le chargeant des démarches nécessaires. De fait, M. Pierre Sorin arrivera à Damas avec vingt pèlerins français pour le cinquième anniversaire.
7. Séjour à Espalion.
J'y passe dix jours chez mon ami Jean-Claude Antakly et sa famille. Je constate dans leur entourage un appétit étonnant pour Soufanieh, aussi bien chez les deux curés du village, les PP Castanié et Barnabé, qu'auprès de la direction et des élèves de l'école. Les Antakly ont tellement bien préparé le terrain par leur propre témoignage qu'on me réclame des images de tous côtés. J'ai même la joie de constater que Notre-Dame de Soufanieh occupe dans certaines maisons des places de choix pour la prière personnelle ou familiale, comme c'est le cas chez les Antakly et chez Mlle Marie-Andrée Blanc, institutrice.
8. Jean-Claude Antakly prend l'initiative de téléphoner au professeur Henri Joyeux pour lui expliquer ce qu'est Soufanieh et ce qu'en pense le P. Laurentin.
Celui-ci exprime le désir d'une rencontre. Chose dite, chose faite
Jean-Claude Antakly et sa femme me conduisent un soir dans leur voiture à Montpellier, chez le professeur Henri Joyeux. Nous prenons le repas en compagnie du professeur, de sa femme, et du docteur Charles Astruc.
Nous parlons durant trois heures sur Soufanieh. Ils sont tous sensibles aux messages. A les écouter, le professeur Joyeux nous dit (J'ai noté ses paroles dans mon journal) :
- Ce sont les phrases de la Sainte Vierge. On y voit son style. Eh oui! elle a son style, comme tout écrivain a le sien! Il est vite reconnaissable. Certaines phrases me rappellent les messages de Medjugorje.
Cette nuit-là, j'invite le professeur Joyeux à venir à Damas, pour le cinquième anniversaire. Il s'excuse, après avoir jeté un coup d'oeil sur son agenda. Le lendemain matin, en me conduisant à la gare, il me dit sa joie d'avoir connu Soufanieh, et me conseille d'inviter son collègue, le professeur Charles Mion, de renommée mondiale, et dont la spécialité pourrait mieux servir Soufanieh. Il va de soi que je tiendrai compte de ce conseil.
Quelques jours plus tard, étant en Allemagne, j'écris au professeur Joyeux pour le remercier de son accueil, et au professeur Mion pour l'inviter. Je lui dis en bref ce que représente Soufanieh et le conseil que M> a donné son confrère. La réponse du professeur Mion ne se fait pas attendre : au cours d'un appel téléphonique, il exprime son regret de ne pouvoir venir cette année, mais il dit être disponible pour l'année suivante. Il m'assurera d'autre part avoir été intéressé par les faits présentés dans ma lettre, les trouvant dignes d'être étudiés.
9. Au cours de mon séjour en France, je porte de nombreuses lettres, de la part des carmélites françaises d'Alep, à leurs communautés respectives d'Angers, de Nantes et de Luçon. Je m'étais promis de les leur porter moi-même, me donnant ainsi la possibilité de leur parler de Soufanieh et de solliciter leurs prières. Me trouvant toutefois dans l'impossibilité de le faire, je dois me contenter d'envoyer les lettres, en y joignant un petit mot pour demander leurs prières en faveur de Myrna surtout et de la "communauté" de Soufanieh. Je suis heureux de contribuer de la sorte à la création de ce réseau d'amitié et de prière. Les réponses ne se font pas attendre. Toutes sont pleines d'espérance et de regret. On m'y assure de la prière de toutes ces communautés.
Séjour en Allemagne:
Il dure une semaine.
1. Je suis accueilli par mon ami le docteur Riad Hanna et sa famille, à Schlangen. C'est une semaine de rencontres interminables avec des Arabes et des Allemands. Sans l'avoir cherché ni voulu, je suis sollicité pour raconter Soufanieh. Les personnes sont heureuses de recevoir les grandes images de Notre-Dame de Soufanieh que j'ai apportées. D'autre part, la vidéocassette faite au Liban par le P. Joseph Mouwannès - lors de la visite que fit Myrna entre le 17 juillet et le 2 août 1987 - est visionnée de nombreuses fois et achève d'emporter l'adhésion des derniers récalcitrants, dont certains avaient été bernés par un prêtre arabe qui avait répandu le bruit que Myrna avait été emprisonnée et que la maison était désormais sous scellés! Riad me dit le nom de ce prêtre. Je le prie de lui conseiller un peu plus de prudence dans ses propos, car il est indigne d'un prêtre de mentir.
2. Je rencontre le P. Adel Khoury, ancien doyen de la Faculté de Théologie de Munster. J'en ai déjà parlé. Il me consacre toute une journée que nous passons ensemble chez Riad Hanna. Le P. Adel Khoury pose de nombreuses questions. Il visionne le film du P. Mowannès. Je lui remets une photocopie de l'intégralité de mes mémoires, car il a précédemment émis le désir de faire connaître Soufanieh en Allemagne. Ensemble, nous convenons de plusieurs points en cas de publication et, essentiellement, de bien mettre en valeur le message de prière, de conversion, d'amour et d'unité de Soufanieh.
Quelques jours après, de retour à Paris, je reçois du P. Adel Khoury un appel téléphonique dans lequel il me dit avoir lu la plus grande partie de ces mémoires et sa conviction de la nécessité de les publier en allemand.
Le jeudi 13 octobre, je me trouve à Paris, rue Friant, en compagnie de mon ami, le P. Aziz Hallak, jésuite de Syrie. Nous échangeons des propos en toute franchise sur le texte révisé à publier.
Tout à coup, on m'appelle au téléphone de Damas. Mon jeune ami, Fadi Tourna, m'apprend d'une voix émue que l'huile a jailli de la terrasse à Soufanieh, à l'endroit même où la Sainte Vierge était apparue à Myrna. On venait d'y opérer quelques aménagements en vue du cinquième anniversaire. Il était exactement 18 heures 30 à Paris. J'apprends par Fadi que le premier à avoir vu l'huile a été le P. Malouli et un ouvrier. Fadi ajoute que l'huile a jailli aux yeux du père de Myrna, quand il s'est mis à genoux pour voir de ses propres yeux.
Je rapporte cela au P. Aziz Hallak. Il en est stupéfait. Il est très sensible aux messages surtout, mais les manifestations physiques ne le laissent pas indifférent. Je suis heureux de cette "coïncidence" entre sa visite et cette communication téléphonique.