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Visite imprévue à Sa Sainteté

le patriarche syriaque-orthodoxe

Par tempérament, j'évite les "autorités" quelles qu'elles soient.

Sa Sainteté Zakka I, que j'avais rencontré très rarement, m'a toujours laissé l'impression d'un homme honnête, droit et profondément croyant. Cependant, j'évitais d'aller le voir, sauf pour nécessité. Le Phénomène de Soufanieh me poussa à plus de distance aussi bien par rapport à lui que par rapport aux autres hiérarques.

Or, Sa Sainteté passe en voiture devant l'église Notre-Dame de Damas, le jeudi 13 août, dans l'après-midi. Je le salue en inclinant ma tête. La voiture me dépasse, puis s'arrête et revient vers moi. Et Sa Sainteté me dit en souriant:

- Père Élias, tu me manques, il y a longtemps que je ne t'ai pas vu.

Son accent et son regard me touchent. Je me permets aussitôt de lui dire que j'ai pour lui les mêmes sentiments et que je serais heureux de lui rendre visite le plus tôt possible. Et nous convenons du lundi 17 août à 9 heures 30.

Le lundi 17 août, à 9 heures 30, je me présente au patriarcat syriaque-orthodoxe, non sans avoir demandé à Myrna et au P. Malouli de prier pour cette visite.

L'accueil du patriarche est toujours le même : direct, simple, sans détour. Il m'accueille à la porte de l'ascenseur, et s'assied dans un fauteuil à côté de moi, quitte à se lever péniblement, car il souffre du dos, chaque fois que le téléphone le réclame. La franchise avec laquelle il me parle me désarme : langage d'un père souffrant à un fils très cher. Je le lui fais remarquer. Il me répond:

- Il est vrai que tu viens très rarement chez moi, mais je te connais beaucoup plus que tu ne crois, et je suis toujours tes différentes activités. Tu fais réellement un travail d'apôtre...

C'est le patriarche surtout qui parle, j'écoute avec émotion et respect.

Durant toute l'entrevue, je me demande si je dois évoquer Soufanieh. Je prie la Vierge de m'éclairer. Mais je suis toujours hésitant.

A 10 heures 30, je juge que je dois me retirer. Mais je sens la nécessité de justifier cet "éloignement" que je marque par rapport au patriarche. Finalement, je m'explique franchement, car, comme je l'ai dit, par tempérament j'évite toute autorité, sauf les contacts indispensables, constatant que toute approche de l'autorité est inévitablement marquée par la flatterie et l'arrivisme. D'autre part, cette tendance naturelle à éviter l'autorité, se trouve renforcée par le fait de Soufanieh. Je risque le mot, mais c'est vrai et honnête de ma part.

Sa Sainteté se tait un moment, puis me dit:

- Tu sais, Soufanieh, j'en ai beaucoup entendu parler, mais je n'ai jamais su les faits exacts. J'aimerais en savoir quelque chose, et je sais que tu y es impliqué.

Cela me réjouit. Aussitôt, je demande à Sa Sainteté la possibilité d'une nouvelle rencontre. Sa Sainteté doit partir pour la Tchécoslovaquie le jeudi 20 août pour des soins médicaux. Mais il hésite pour des raisons qu'il me confie très simplement. Nous convenons alors que je lui téléphonerai le mercredi 19 au soir, pour savoir ce qu'il aura décidé.

De cette visite, je rends compte aussitôt au P. Malouli qui s'en réjouit profondément pour Soufanieh, car il est d'autres points soulevés par le patriarche, et dont je fais part au P. Malouli, qui ne manquent pas de causer une peine profonde sur le plan de la situation intérieure des Eglises.

Pour Myrna et Nicolas, je me contente de leur dire de prier pour remercier la Vierge de ce petit pas fait avec le patriarche syriaque-orthodoxe.

Je ne manque pas d'en parler le soir au P. Boulos Fadel. A son tour, celui-ci me raconte un "petit " fait qui me réjouit beaucoup pour le Père lui-même:

La veille au soir, il priait seul avec Myrna dans la chambre. L'huile a fait son apparition sur l'image que Myrna tenait en main et qu'elle voulait offrir au P. Boulos. Ce "signe" donné au P. Boulos me réjouit car je ne cesse pas depuis plusieurs mois de dire à ce jeune prêtre ma conviction qu'il aura à faire un long chemin avec Soufanieh. Car le P. Malouli en est déjà à sa 74e année. Quant à moi, je sens depuis des mois que mon corps s'épuise rapidement. Et je réclame au P. Boulos un témoignage écrit sur ce "signe" de la veille.