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Soufanieh connaît un nouveau départ

Depuis le 26 novembre 1986, l'interruption annoncée par Jésus, lors de l'extase du 26 novembre 1985, fait place à une continuité étonnante. En voici les principales étapes et manifestations :

l. La nuit de Noël 1986, l'huile coule de "l'Icône sainte" et remplit la cupule de marbre. Ce jour-là, à trois reprises, l'huile apparaît sur les mains de Myrna en prière avec des visiteurs.

2. Le 1er janvier 1987, l'huile se manifeste sur une image de Notre-Dame de Soufanieh, que tient en mains le général Ibrahim Bitar, directeur du Club des officiers de Damas, en présence des chanteurs libanais : Élie Chouery et Samir Hanna.

3. Dans la nuit du 5 au 6 janvier - veille de la fête de l``Épiphanie on me téléphone pour m'annoncer l'écoulement d'huile. J'y vais avec mon ami Adib Mousleh et sa fille Raghad. C'est la première fois qu'il voit suinter l'huile en dépit du fait qu'il a toujours prié à Soufanieh.

4. Dans la nuit du 1er au 2 février, veille de la fête de la Présentation de Jésus au temple, je suis appelé par téléphone à 0 heure 30. Je préviens aussitôt un jeune ami du nom de Fadi Tourna, qui m'a prié de le faire en cas d'écoulement d'huile. Il vient en compagnie de deux jeunes filles, Lamis Zelhof et sa soeur Naïla.

Je préviens aussi Riad Nejmé, qui arrive avec ses parents et des amis jordaniens, dont Mme Mouna Mouacher, femme du ministre jordanien de l'Économie.

5. Dans la nuit du 24 mars, veille de la fête de l'Annonciation, Nicolas me téléphone à 22 heures 55 exactement, articulant à peine les mots et me priant de venir aussitôt. Je préviens Fadi Touma et le général Bdéoui. En route, Fadi me dît :

- Tu sais, Père, je trouve que tous ces signes sont une preuve de notre incrédulité, car si le Seigneur s'obstine à nous les donner, c'est que notre foi est toujours trop faible.

Je trouve sa réflexion pertinente. Mais cela ne m'empêche pas de l'inviter à en remercier Dieu, car Lui seul est juge de ce qui convient ou ne convient pas à notre foi. Myrna et son père sont manifestement troublés. Myrna est assise à côté de l'Icône mais comme affalée. Je remarque que l'Icône n'est pas à sa place : elle est déplacée.

Le père de Myrna est le seul à même de me dire ce qui s'est passé. Il priait le chapelet tout seul, dans le patio, quand il a remarqué en regardant l'Icône de loin, que quelque chose de blanc barrait le bas de l'Icône, qu'il n'avait jamais remarqué auparavant Il s'est approché et a vu l'image placée sur l'appui supérieur. Il s'est mis à crier pour appeler Nicolas, et tous deux ont crié d'émotion.

Sur ce, Myrna est arrivée, et, toute troublée, elle a essayé de prévenir le P. Malouli par téléphone, mais elle s'est si mal exprimée, que le Père, occupé à cette heure tardive à tirer les polycopies du dossier, croyant au phénomène habituel de l'écoulement d'huile, n'a pas jugé nécessaire de venir.

Je trouve Nicolas assis au salon, tout pâle. Contrairement à son habitude, il ne se lève pas quand je lui serre la main.

- Père, excuse-moi : mes genoux ne me portent plus.

Je lui demande à nouveau de me dire ce qui s'est passé. Sa réponse est très brève : en quelques mots, il me redit ce que Myrna et son père viennent de me raconter, et il ajoute :

- Je t'en prie, Père, mais qu'est-ce qui arrive ?

En fait, il s'agit d'un phénomène de lévitation, bien connu dans l'Église. J'explique en ce qui concerne Soufanieh:

L'Icône, placée toujours dans sa niche, hermétiquement fermée et dont le P. Malouli seul a la clef, avait été juchée, quelques mois auparavant, sur un appui à l'intérieur de la niche, qui me semblait trop élevé pour permettre une photographie complète de l'Image. J'avais alors demandé au père de Myrna, marbrier, qui avait fait lui-même cette niche et le nouvel appui, de faire un autre appui moins élevé. Il l'avait fait, et l'Image avait été placée sur cet appui inférieur.

Or voici que l'Icône a quitté, seule, son appui inférieur et s'est placée d'elle-même sur l'appui supérieur.

Bien sûr, les mauvaises langues se donneront toute liberté pour expliquer ce nouveau fait, plus que surprenant.

Comme d'habitude, rapidement le bruit court et une foule nombreuse vient prier. Il faut signaler que l'huile coule lentement de l'Image placée sur son nouvel appui.

Parmi les personnes présentes, quatre méritent spécialement d'être signalées : le professeur de langue arabe, M. I.A., communiste connu et qui accourt avec toute sa famille. Le voyant, je dis à Nicolas

- Tu vois, Nicolas, celui-là ?

- Eh comment ! C'est lui qui m'avait, le premier, appris à l'école ce qu'était le communisme.

Les trois autres sont prêtres : les deux jeunes Pères, Boulos Fadel et Rizkallah Simaan, plus le vieux P. Élias Sargi, qui ne cesse de pleurer depuis le moment où il est entré dans la maison, jusqu'au moment où nous la quittons à une heure de matin. Il se tient tout le temps devant l'image, priant et pleurant en silence.

Avant de quitter la maison, j'entre dire au revoir à Nicolas. Il me dit :

- Père, je ne serais plus étonné de voir l'image disparaître d'elle-même.

Je lui réponds :

- Ne crains rien, Nicolas, le Seigneur n'a pas l'habitude de lâcher un travail qu'il a commencé.

Cependant, je ne puis clore ce chapitre sans mentionner les nombreuses interrogations que cet auto-déplacement ne manque pas de poser : et tout «abord, quelle peut en être la signification ?

Beaucoup pensent au fait que le frère aîné de Nicolas, Awad, qui habite la chambre en face de la terrasse et qui est devenu comme le poète de la Vierge, est gravement malade du cancer et semble à toute extrémité. Certains croient y voir un signe qui le concerne. Mais nul ne peut prétendre avoir la moindre assurance de ce genre.

Le fait est qu'Awad restera jusqu'à la dernière minute de sa vie en état de prière, écoutant les chants de la Vierge, dont il a composé une partie avec Mme Carmen Bitar, dont la voix, depuis bien des années, est toujours présente lors de la prière à Soufanieh. L'un de ces chants est depuis bien longtemps devenu comme l'hymne même de Soufanieh, c'est lui qui clôture tous les jours la prière à la "maison de la Vierge". En voici le premier couplet :

«La Vierge à Soufanieh nous rassemble tous les soirs, Nous prions pour la paix et pour l'unité chrétienne».

Nous décidons, avec le P. Malouli, de respecter la place que l'Image S'est choisie.

Mais tout n'est pas fini : l'Icône se penche d'elle-même et prend appui sur le verre de la niche. Elle se maintient deux jours dans cette position. Le troisième jour, elle tombe dans la cupule de marbre pleine d'huile. Le quatrième jour, Awad rend l'âme. C'est alors que le P. Malouli replace l'icône sur son appui inférieur.

Nous ne cherchons à donner à ce phénomène de lévitation aucune interprétation. Qui d'ailleurs peut y prétendre ? Cependant, je voudrais signaler deux choses remarquables au cours des funérailles du frère aîné de Nicolas :

La première : pendant des heures, avant l'enterrement, sa fille Alice, âgée de 9 ans, et Myrna chantent auprès du cercueil, des chants auxquels répondent les femmes qui remplissent le salon où se trouve la dépouille, chants entrecoupés de dizaines de chapelets.

La deuxième : le cercueil est porté à bout de bras, de la maison jusqu'à l'église de la Croix, par des jeunes chrétiens et musulmans du quartier ou familiers de la maison. Au moment de sortir de la maison, avec la dépouille, ils crient d'une seule voix

«0 Vierge, ouvre tes portes, Awad est le préféré de tes aimés. »

Ce cri, ils le répètent tout le long de la route, mais surtout aux carrefours et à l'entrée de l'église.

La mort d'Awad ne change absolument rien aux habitudes d'accueil des visiteurs et des fidèles venus prier. Et l'on n'entend aucune plainte à ce propos. Même sa vieille maman ne cesse de dire en larmes

- Comme le Seigneur et la Vierge veulent !

Même l'ironie stupide de certaines personnes qui osent rappeler les guérisons "prétendues", ne provoquent de leur part aucune réaction.

Dès le troisième jour après la mort d'Awad, il arrive que les personnes présentes se mettent à prier, avec les gens de la maison, à l'intention des défunts, sans jamais oublier l'unité des chrétiens.

Nicolas, pour sa part, ne cesse de dire, très ému :

- C'est vrai que nous avons ouvert notre maison pour la prière, mais les gens nous l'ont rendu au centuple par l'affection dont ils nous entourent, et par l'aide matérielle qu'ils nous apportent pour faire le ménage, comme s'il s'agissait de leur propre maison.