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Message de l'Apparition du samedi 18 décembre 1982
Ce même dimanche, je vais le soir après la messe à Soufanieh. Mais auparavant, j'ai établi, au cours de l'homélie, un lien entre l'évangile du jour et ce qui arrive à Soufanieh. Je dis aux fidèles, à propos de la nuit du 12 décembre, où les bulles d'huile se formaient sur l'image, grossissaient, explosaient et retombaient dans l'assiette :
- Comme j'ai souhaité,
ô Damascènes, que vos yeux fussent dans les miens pour voir ce qu'il nous a été donné de voir, et glorifier le Seigneur !Après la messe donc, je gagne Soufanieh. Une foule indescriptible se masse à la porte. On la dirait en festival. J'ignore ce qui s'est passé. Certains me disent :
- Père, ah ! Si tu avais été là : les guérisons se succèdent !
Je me dis alors : «De la prudence ! L'hystérie collective commence. » Je ne suis pas du genre crédule. Et je me méfie instinctivement du comportement de masses Car nul n'ignore que l'individu seul diffère de beaucoup de l'individu plongé dans la foule.
J'entre dans la "chambre de la Vierge". Je participe à la prière commune.
Peu après, je vois un jeune homme, en tenue militaire, entrer dans la chambre. On lui ouvre le passage, comme on en a l'habitude, chaque fois qu'on voit arriver un malade porté à bout de bras. Il dépose le malade sur le lit. Celui-ci paraît avoir la soixantaine, au minimum. Myrna s'approche du jeune soldat qui lui parle du malade. Elle dit à ce dernier quelques mots et lui enduit les pieds d'huile.
Puis, l'ayant aidé à s'asseoir et à laisser pendre ses deux jambes au bord du lit, elle lui dit :
- Dis avec moi : ô Notre-Dame Marie ! (en arabe : ya Sitna Maryam).
L'homme essaie de prononcer le mot, mais il ne peut émettre qu'un son inintelligible. Myrna lui dit alors :
- Prie dans ton cœur. Dis : ô Notre-Dame Marie.
Puis, lui tenant les deux mains, elle l'invite à se lever. Elle l'y aide. Il se tient debout avec difficulté. Elle l'encourage à marcher, tout en répétant dans son cœur : «Ya Sitna Maryam. » Et l'homme, sous les yeux de tout le monde fait un premier pas, puis un second... Elle lui lâche les deux mains et le laisse avancer seul. Il sort de la chambre et marche seul dans le patio, au milieu des gens qui s'exclament : «0 Vierge ! Il marche ! Ô Vierge ! »
Nous apprendrons par la suite que cet homme s'appelait Mouhamad Kahwaji. Il avait été atteint d'hémiplégie à la nouvelle de la mort de son fils tué au Liban - celui-là même qui le portait -, mais quand ce dernier est revenu du Liban et a appris le malheur survenu à cause de lui, il a failli en perdre la raison. Mis au courant de Soufanieh, il y a porté son père. Depuis lors, et jusqu'à son voyage deux ans plus tard en Jordanie, il sera quasiment le permanent à Soufanieh, pour rendre service, ou porter les malades, ou prier.
Il ne cessera de dire à qui s'en étonnera :
- Sitna Maryam m'a fait l'honneur de guérir mon père, je suis ici pour la servir et la remercier.
Interrogé par les services secrets syriens, il confirmera la guérison de son père.
Ce même soir, je remarque parmi la foule mon cousin maternel, Jean Chiniara. Il n'a pas l'habitude de fréquenter les églises. Or, quelques jours plus tard -exactement la nuit même de Noël -, il me raconte une guérison qui avait eu lieu sous ses yeux. Cette même guérison, d'autres m'en avaient parlé, et j'avais cru, comme d'habitude, à de l'exagération. Or, cette nuit de Noël, Jean me dit qu'avant mon arrivée, il a vu transporter dans la "chambre de l'image" un jeune homme dont les jambes "ballottaient comme des ficelles". Jean dit cela en croisant les deux bras vers le bas, en un geste très flasque. Il précise :
- En voyant les gens porter ce malade dans la chambre, je me suis dit spontanément : «Mais, Seigneur, pardonne-moi, comment vas-tu pouvoir le guérir ? »
Puis il ajoute
- Mais lorsque je le vis sortir et marcher tout seul, il me sembla que j'allais perdre la raison. Étais-je halluciné ? Mais non, c'était bien lui qui marchait tout seul !
Ce jeune homme, Fadi Bahem, est d'un village musulman, Mnin, situé à 12 km au Nord de Damas. Au début de janvier 1983, je lui rendrai visite avec Nicolas et M. Chéhadé Khoury. Nous le verrons, ce jour-là aussi, marcher tout seul, dans sa chambre, durant une heure que durera notre visite, mais d'une marche, il est vrai, hésitante.
Volontiers, son père nous racontera l'histoire de son fils, depuis le début de sa maladie.
Fadi naquit en 1958. Quelques mois plus tard, il tomba gravement malade. On conseilla à ses parents l'Hôpital américain à Beyrouth. En chemin, un train heurta leur voiture et faillit les tuer tous. Le père se dit alors : «Laisse-le à son sort et advienne que pourra ! » Il l'emmena à Bikfaya, au Liban, où il avait des propriétés et connaissait bien les Joumayel. Il y demeura, soignant son fils tant bien que mal, et le nourrissant d'une sauce de viande et de carottes. Il y eut une petite amélioration. Les glandes avaient repris une partie de leurs fonctions. Mais la croissance de l'enfant demeura anormale. Et depuis lors, il n'a pas appris à marcher. A le voir, il était évident que sa croissance - ou plutôt son état général - demeurait anormal. Ce qui faisait dire à son père :
- Je donnerais tout ce que je possède, pour qu'en échange mon fils pût marcher. Car moi-même et sa mère nous disparaîtrons un jour, et ses frères et sœurs ne pourront jamais s'occuper de lui.
C'était la principale préoccupation du père.
Lorsque celui-ci apprit de l'un de ses fils, militaire, «l'histoire de Sitna Maryam» à Soufanieh, il crut qu'il s'agissait d'une supercherie et refusa de les y accompagner. Il resta chez lui à Mnin. Mais quelle ne fut pas sa surprise, le soir, en voyant son fils Fadi rentrer à la maison en marchant tout seul, tandis que son fils militaire le suivait en tirant en l'air des coups de feu, en signe de réjouissance. Et une foule en liesse les suivait.
Encore un mot à propos de Fadi : Quelque temps après, nous rendrons visite à cette famille à Mnin. Et encore une fois, le père reconnaîtra explicitement la guérison de son fils Fadi «grâce à Sitna Maryam».
Revenons à cette inoubliable soirée du 19 décembre 1982.
Dès que le calme est rétabli dans la maison, les parents de Myrna notamment sa mère - me disent :
- Pourquoi n'es-tu pas resté hier soir ? -Pourquoi ? Que s'est-il passé ?
- La Vierge est apparue à Myrna, peu après ton départ.
- A coup sûr, lui dis-je de façon aussi prompte que spontanée, je ne mérite pas d'assister à l'apparition. Autrement la Vierge m'aurait retenu parmi vous. Pour moi, j'avais cru que Myrna avait réellement sommeil et je suis parti.
- Non, dit Myrna. Comme la nuit du 15, je me sentais comme tirée par une force et je résistais. Tout à coup, je me suis trouvée montant à la terrasse. Mes parents m'y suivirent, et j'ai vu la Vierge. Elle me souriait et me dit...
Myrna me répète les paroles de la Vierge et me demande : - Mais que signifie le mot Emmanuel ?
Je le lui explique, ajoutant que c'est l'évangile du jour.
La question de Myrna me surprend. Mais je me rappelle aussitôt qu'elle m'avait déjà dit, dès notre première rencontre, le 28 novembre, qu'elle ignorait tout de la religion.
Je prends connaissance du message que la Vierge lui a communiqué, et leur recommande à tous, avec insistance, de n'en point parler à qui que ce soit. Toute chose viendra en son temps.
En effet, je crains que la nouvelle des apparitions ne provoque un refus prématuré de la part des responsables religieux, ainsi que la raillerie amère des gens, qui pourrait à son tour peser davantage sur l'attitude de ces responsables.
En tout cas, ce que nous disons et faisons, nous est dicté par l'intuition de l'heure. Souvent même, à la suite de paroles ou d'actes, je me demande quel peut en être le motif rationnel. Je n'en trouve pas.
Quant au message, le voici intégralement :
"Mes enfants,
Souvenez-vous de Dieu : Dieu est avec nous.
Vous connaissez toutes choses et vous ne connaissez rien. Votre connaissance est une connaissance imparfaite.
Mais viendra le jour où vous connaîtrez toutes choses comme Dieu me connaît.
Faites le bien à ceux qui font le mal. Et ne faites du tort à personne.
Je vous ai donné de l'huile plus que vous n'en avez demandé,
Et je vais vous donner quelque chose de bien plus fort que l'huile.
Repentez-vous et croyez,
Et souvenez-vous de moi dans votre joie. Annoncez mon Fils l'Emmanuel.
Qui l'annonce est sauvé,
Et qui ne l'annonce pas, sa foi est vaine.
Aimez-vous les uns les autres. Je ne demande pas de l'argent à donner aux églises, ni de l'argent à distribuer aux pauvres. Je demande l'Amour
(en arabe: al-mahabba).
Ceux qui distribuent leur argent aux pauvres et aux églises sans qu'ils aient l'Amour, Ceux-là ne sont rien. Je visiterai davantage les foyers, Car ceux qui vont à l'église n'y vont pas toujours pour prier. Je ne demande pas que vous me construisiez une église, mais un lieu de pèlerinage (en arabe : mazaran'). Donnez. Ne privez personne de ceux qui demandent secours"