Première rencontre avec la Presse
erreur grave, mais involontaire
Le 11 décembre 1982, je viens d'arriver à Soufanieh, quand Nicolas me dit que M. Aouni Kaaké, propriétaire du journal Al-Chark et de la revue Nadine - journaux tous deux libanais lui a été présenté par Mme Colette Khoury, femme de lettres syrienne. Ils étaient accompagnés de M. Fayez Nassar et de Mme Tamara. Nicolas et Myrna viennent de leur accorder une interview.
Je me fâche, reprochant à Nicolas sa précipitation et lui affirmant que la Presse fera grand tort au phénomène et l'exploitera commercialement. D'autant plus que ce phénomène n'en est encore qu'à ses débuts et que nous ignorons parfaitement ce qu'il pourrait en être à l'avenir.
Avec Nicolas, nous décidons alors de refuser toute nouvelle interview, avec n'importe quel journaliste, quelle que soit la personnalité dont il pourrait se recommander.
Les choses se passeront comme prévu.
Les premières publications seront celles, bien sûr, du journal Al-Chark et de la revue Nadine, en date du 17 décembre 1982 (#139). Elles feront un tort immense au phénomène. Les ajouts et les affabulations n'en seront pas les moindres fautes.
De l'attitude de la presse locale et étrangère à l'égard du phénomène en ses débuts, nous gardons un document d'importance. Il s'agit d'une page entière contenant la dépêche envoyée de Damas par l'Agence France-Presse en date du 1er janvier 1983. Je la reproduis intégralement et sans commentaire.
«
"Miracle" à Damas…
Damas
1er Janvier (AFP) Des milliers de chrétiens ont défilé
pendant plusieurs semaines à Damas devant une petite icône
de la Vierge Marie laissant échapper de l'huile : ce "miracle" fait
l'objet d'interminables controverses.
Début décembre, une jeune mariée affirme à ses mari, parents et amis qu'elle a vu de l'huile couler d'une petite image de la Vierge. Le quotidien libanais Al-Chark (proche de la Syrie) consacre une page entière à l'affaire, énumérant même plusieurs cas de guérisons de malades ayant approché l'image. Et les pèlerins affluent par milliers à Soufanieh, le vieux quartier chrétien de Damas. Finalement, le patriarcat grec-orthodoxe d'Antioche et de tout l'Orient estime nécessaire de mettre fin aux "rumeurs" et invite vendredi les "croyants à ne pas dépasser la mesure dans leurs paroles et leurs actes". Certes, "les miracles sont des événements ordinaires pour Dieu". Mais, rappelle-t-il, il faut remplir de "nombreuses conditions objectives" pour prouver qu'il y a eu miracle. Il annonce que l'icône sera bientôt transférée dans une église, "lieu adéquat pour prier le Sauveur et la Vierge". Les quotidiens de Damas, qui s'étaient abstenus jusqu'ici de tout commentaire, ont publié samedi le communiqué du Patriarcat en page intérieure, estimant qu'il "réfute les allégations et les rumeurs sur un miracle". » (AC/ES/BN) |
Quant à notre attitude vis-à-vis de la presse, nous la maintiendrons inébranlablement jusqu'au mois de novembre 1986. J'y reviendrai.