[Étampe de l'Archevêché]
[Signature du père Mouaffaq AL-IDE]

CHRONIQUE DE LA VISITE EFFECTUÉE PAR LE PERE ÉLIAS ZAHLAOUI A
L'EVÉCHÉ DE KHABAB, ACCOMPAGNÉ DE MADAME MYRNA ET DE SON MARI
MONSIEUR NICOLAS NAZZOUR, RÉDIGÉE PAR LE PERE MOUAFFAQ AL-'IDE
PROTOPRESVYTÉROS DE L'ÉVÊCHÉ DU HAURAN (SYRIE).

Le 25 février 1985, le père Élias Zahlaoui, curé de paroisse à Damas, rendit visite à l’Évêché de Khabab, de rite grec catholique (Syrie), en compagnie de Mr. Nicolas Nazzour et de son épouse, Mme Myrna Al-Akhra. Arrivés à l'Évêché vers 14h, ils y furent chaleureusement accueillis. Ils y participèrent à toutes les activités, notamment à toutes les prières, s'entretenant avec les autres sur des thèmes spirituels, et s'adonnant à des échanges de points de vue et de souvenirs sur ce qu'on appelle "LE Phénomène de Soufanieh", dont il est souvent question, dans les milieux chrétiens et populaires de Damas, voire dans les villages du Hauran. Signalons qu'aucun des membres de cet Évêché n'avait jamais visité la maison des Nazzour à Soufanieh; cette rencontre fut donc la première pour Mgr. Paul BOURKHOCHE, Évêque du Hauran, ainsi que pour les pères Mouaffaq AL-'IDE, son Protopresvytéros (vicaire épiscopal), Siméan SIDAOUI, Pauliste, curé de KHABAB, et Jean KANAKRI, Pauliste responsable de l'activité religieuse et de développement des chorales de villages.

Le père Zahlaoui passa l'après-midi du 25 février 1985 avec Mr. Nazzour et Mme Myrna, épouse de celui-ci, dans leurs chambres, à l'étage supérieur, s'occupant de la coordination de leurs mémoires sur les événements de Soufanieh. Souffrant d'un grand accès de rhume, le père Zahlaoui ne put accompagner Mgr l’Évêque et les autres pères, à la Cathédrale de KHABAB, pour les grandes complies. Par contre, Mr. Nazzour et Mme Myrna y participèrent. Il pleuvait alors et faisait froid. La Cathédrale était, pourtant, comble, bondée de fidèles en prière. Tous les membres de l'Évêché prirent place à table pour le dîner, dans une ambiance toute ordinaire. Sur différents sujets se déroulaient les conversations. Le dîner fini, l'on se mit debout pour réciter "Déo gratias"; et voici que Myrna regarde son mari et le père Zahlaoui esquissant un geste de gêne, de pudeur, de piété et d'étonnement. "Regardez", leur dit-elle. Ses deux mains étaient trempées d'une matière huileuse. Tous ceux qui étaient présents, prêtres et sœurs, sentirent cette matière, remarquant qu'elle exhalait l'odeur de l'huile d'olive, mêlée à celle d'un parfum étrange. Personnellement, ayant déjà une idée des événements de Soufanieh, je ressentis un frisson empreint de respect, de peur et de recueillement. Tous, excepté Mgr Paul, se rendirent ensuite à la chapelle, sise à l'étage inférieur de l’Évêché. On y chanta le cantique à la Sainte Vierge "l'Ange Gabriel", entamé par le père Zahlaoui. Le flux de l'huile, des deux mains de Myrna se poursuivant, l'on récite le chapelet, puis chanta le cantique; "Nous sommes vos esclaves, Mère de Dieu". On se réunit, ensuite, dans la salle de séjour, où l'on a l'habitude de se retrouver après le repas du soir. Il convient de signaler ici, que cette matière huileuse s'évapore et sèche toute seule, sans que Myrna soit obligée de se laver les mains. En effet, je ne la vis pas se sécher les mains. De surcroît, cette huile ne salit pas, ne tache pas. Pour m'en assurer, je l’essuyais avec la manche de ma soutane, qui n'en fut ni salie ni tachée.

LE MARDI 26.02.1985

Le matin, je me rendis à Damas avec Mr. Georges ZARA'AH, pour deux raisons: D'abord, pour rencontrer Mr. Abdel-CHDIDE, et acheter un terrain, à Dérea en vue de la construction d'une église. Ensuite, pour rendre visite au Général de brigade, Mr. Rasmi Thâni AL-IDE, du village de TEBNEH; le général étant absent, je ne pus le rencontrer... quant à Mme Myrna, je ne vis rien la concernant, et personne ne signala non plus, en ma présence, quoi que ce fût, à son sujet.

LE MERCREDI 27.02.1985

Dans l'intention d'acheter du fer, afin de restaurer l'église d'Al-Douérah, je me rendis à Souêdah et ne pus regagner l’Évêché que vers 14h. A 16h30 environ, Mr. Dahige AL-THIDI, professeur de littérature arabe, vint à l'Évêché, accompagné de sa belle-sœur, femme de son frère Zyâde, et du fils de celui-ci, Târeq. Il demanda une entrevue avec Mme Myrna, qui ne tarda pas à se présenter. Quelques conversations très ordinaires eurent lieu; après quoi, on demanda Myrna de prier à l'intention de l'enfant Târeq. "Pourrions-nous descendre à l'Église?", interrogea-t-elle le père Mouaffaq; "Aucun inconvénient", lui répondit-il. Tandis qu'on gagnait la chapelle de l'Évêché, on vit dans le couloir le père Zahlaoui, qui descendit avec eux au rez-de-chaussée, où se trouve la chapelle. Je me rappelle que Myrna fit d'abord une prière silencieuse, tenant une petite image de Notre-Dame de Kazan. Le père Zahlaoui entonna le cantique "l'Ange Gabriel". Et, subitement, l'huile sainte apparaît sur la main gauche de Mme Myrna. Myrna saisit l'enfant Târeq et lui enduit le visage de cette huile. Entre-temps, de nombreuses gens affluent: élèves, étudiants, membres de la Confrérie de Marie (La Légion). Tout le monde s'étant assis sur les bancs de l'église, le père Zahlaoui se mit à expliquer - pendant 45 minutes - le Phénomène et les événements de Soufanieh, mettant en relief celui de l'huile qui suinte souvent de la première image de la Sainte Vierge, ainsi que des deux mains de Mme Myrna, quelques guérisons - comme celle d'Alice Benlian -, certains cas d'extases subis par Myrna, et l'apparition des cicatrices dans les mains, le côté et les pieds de celle-ci. Ensuite, on récite le chapelet; les cinq dizaines furent successivement récitées par Mme Myrna, père Mouaffaq, sœur Élisabeth KEROUZE (Jébbouléh), Samireh SIMEON et Marie KHOURI RA'D. Au cours de la prière, Myrna se tenait debout à la droite du père Mouaffaq. Tous ceux qui se tenaient près d'elle virent l'huile exsuder de ses mains, ce qui excitait la curiosité de certaines personnes parmi l'assistance. Myrna ne leur permit, cependant, quoi que ce fût, en cours de prière. Il paraît aussi que dans l'avant-midi du 27.02.1985, une matière huileuse se mit également à exsuder d'une image de la Sainte Vierge, exposée à la dévotion du public - offerte à l'Évêché, il y a plus d'une année, par Mr. Nazih Élias RA'D, et précédemment suspendue dans le corridor, face à la porte du salon. Ce phénomène fut attesté "de visu" par quelques témoins dont Mgr Paul et le père Siméon SIDAOUI, Pauliste. L'huile suinta de cette image; et l'assistance s'est ruée pour pouvoir l'essuyer. Quant à moi, m'étant assis au fond de l'église, je ne vis rien. Quelques cantiques à la Sainte Vierge, ayant été chantés, le père Zahlaoui demanda aux fidèles -une centaine- de s'approcher de l'image et de la baiser, afin que Myrna pût faire le signe de la Croix sur le front de chacun d'eux, avec l'huile miraculeuse qui exsudait de ses mains. Vers 18h15, les Grandes Complies étant à 18h30, j’intervint, demandai aux fidèles de se rendre à la Cathédrale; ce qu'ils firent.

Mme Myrna manifesta quelque crainte de les accompagner, ne voulant pas que les fidèles en prière fussent distrait par sa présence, au lieu de s'adonner entièrement à la prière et au culte de la Vierge. Le père Mouaffaq lui proposa donc de l'accompagner, avec le père Jean KANAKRI, jusqu'au village de Bacîr, pour prier les Grandes Complies qui avaient lieu à 19h00. Mme Myrna accepta. Nous nous rendîmes à Bacîr, dans la voiture de Mr. N. Nazzour -à 18h30- suivis de Messieurs Samir AL-MOUSLEH, et Hassân AL-NEJM, chauffeurs de l'évêché, dans la voiture Peugeot. A notre arrivée au village, on trouva l'église encore fermée. Le père Jean KANAKRI descendit pour sonner la cloche et préparer la prière. Entre-temps, le père Mouaffaq pria Mme Myrna de rendre visite à sa mère, malade et infirme. Pour deux raisons différentes, il souhaita cette visite. Tout d'abord, c'est dans une pareille journée qu'avait eu lieu le décès de son frère 'Attâf. Le père désirait donc offrir à sa mère une certaine consolation. Mais, il n'en souffla mot que plus tard. Il voulait, ensuite, épargner à Mme Myrna toute fatigue d'attente. On atteignit donc la maison à 18h45. Voici les noms de ceux qui y étaient présents: Le père Mouaffaq, sa mère, sa sœur 'Aouâtef, Myrna et son mari, et Mr. Samir AL-MOUSLEH. En cours de route, Mr. N. Nazzour avait donné au père Mouaffaq deux photos représentant l'icône de la Sainte Vierge dimensions -10x12cm- que le père garda jusqu'au moment de la prière. Tout au début, Myrna tint l'une des deux photos entre ses deux paumes; le père a déposé l'autre sur le lit, en face de sa mère alitée.

Mme Myrna se mit à réciter les prières suivantes: "Veni Créator", et autres prières du début de la messe, "Dieu Très Saint", Pater, Ave Maria (3 fois), puis, la prière que Myrna dit avoir apprise de Jésus-Christ. Elle clôtura cette série par la prière: "Vous qui êtes à tout instant et toute heure, au ciel et sur terre...". Puis, soudain, nous voyons que les mains de Myrna et la photo tenue entre ses paumes sont trempées de la matière huileuse. Le père Mouaffaq prend alors la photo des mains de Myrna et la présente à sa mère qui enduit son visage de cette huile. Mr. Samir AL-MOUSLEH essuie l'huile suintant des mains de Myrna avec un mouchoir de papier. Saisissant la photo déposée sur le lit, le père Mouaffaq la regarde de près: elle est mouillée d'une matière huileuse ayant l'odeur et la couleur de l'huile d'olive. Après avoir rendu grâce à Dieu, nous nous rendons à l'église pour prier les Grandes Complies. A la suite de la prière de Saint Ephrem et avant que le père Mouaffaq récite "Dei Mater", il se met - l'accent les mouvements et le comportement dévoilant une grande émotion - à expliquer succinctement le "Phénomène de Soufanieh" et ce qu'il vient de voir lui-même, dans la maison de sa mère. Il promet à l'assistance de prier le père Zahlaoui de se rendre à Bacîr afin de prononcer une allocution sur ce "Phénomène". La prière terminée, tout le monde se rend à l'évêché de Khabab.

LE JEUDI 28.02.1985

Huit heures du matin. On sonne à la porte de l'évêché. C'était Mme 'Aouatef AL-HARITHI, femme de Mr. Soubhi AL-RIZQ, de Khabab, accompagnée de son fils Ouacîm, atteint de paralysie dès l'âge de dix-huit mois. La mère sollicitait une entrevue avec Mme Myrna. Celle-ci y répondit favorablement, demandant à ceux qui étaient présents de prier ensemble à la chapelle de l'évêché. S'y trouvaient alors: Mgr. Paul, les pères Zahlaoui et Mouaffaq, les soeurs du Bon Service, Mr. Nazzour et son épouse, Mme Myrna, Mme 'Aouatef AL-HARITHI et son fils Ouacîm, et Hayât AL-FREJAT. Mme Myrna prit dans sa main une image de Notre-Dame de Kazan et se mit à réciter "Veni Creator" et les prières qui suivent dans l'ouverture de la messe, puis Pater et Ave - trois fois-, la prière de Jésus-Christ, et enfin "O, Vous, qui êtes à tout moment, et à toute heure...". Elle chanta ensuite quelques cantiques du rite byzantin et maronite. C'est alors qu'on remarque que les mains de Myrna ainsi que l'image qu'elle tenait en main exsudent de l'huile. Myrna saisit alors l'enfant Ouacîm et lui enduit les membres paralysés de cette huile; puis elle chanta le cantique "Toi, Tu es la plus honorable patronne auprès de Ton fils, O Marie!". L'enfant Ouacîm est confié à la Providence Divine par tout le monde. Le père Zahlaoui l'embrasse, lui demandant de prier la Sainte Vierge de le guérir. La maman de l'enfant, Mme 'Aouatef, prend l'image qui vient de suinter, dans l'espoir de poursuivre, chez elle, la prière, à l'intention de son fils, Ouacîm.

Le père Mouaffaq avait promis aux Sœurs de Besançon de réciter le chapelet à 17h00, avec les membres de la chorale de Khabab. A cette heure même, dans la chapelle. Le chœur chanta quelques cantiques. On récita le chapelet, le père Mouaffaq présentait chaque dizaine à l'intention de quelqu'un. Les dizaines furent successivement récitées par Myrna, père Mouaffaq, Ouacîm, Rouâge, Oualide MARDINI et Jihâd MOUSLEH.. Au cours de la prière, je me tenais à côté de Mme Myrna; de l'huile exsudait de ses mains; ce phénomène fut remarqué par toute personne proche d'elle. Tout le monde tenta de se presser autour d'elle; mais le père Mouaffaq y a rapidement mis fin. Le chapelet récité, Myrna lut le cantique "Toi, Tu es la joie des attristés". Le père Mouaffaq demanda à deux étudiants de porter l'image de la Sainte Vierge pour la vénération populaire. C'est alors que Myrna et le père Mouaffaq se retirèrent pour se rendre dans le bureau de celui-ci. Myrna paraissait visiblement fatiguée. Elle s'accorda quelque temps de repos. Puis, Messieurs Ghâzi AL-KHOURI, Louis RIZQ et Châker AL-DHEIM demandèrent de rencontrer Mme Myrna. La veille, Mr. Louis AL-RIZQ, professeur, s'était amené à l'évêché et avait rencontré Myrna. En sa qualité de professeur de catéchisme à l'école secondaire de Khabab, il exprima le désir de voir un phénomène quelconque, demandant au père Mouaffaq d'avoir une entrevue avec Mme Myrna, qui se trouvait alors dans le bureau de celui-ci. On lui dit que l'huile avait commencé à sécher, mais que l'odeur n'avait pas encore complètement disparu. Le professeur entra dans l'évêché, accompagné de ses collègues, Ghâzi AL-KHOURI et Châker AL-DHEIM. C'était vers 17h30. "Je veux voir l'huile", dit-il, tout ému. Tandis que Myrna leur montrait ses mains, l'huile recommence à exsuder abondamment. Je dois citer les noms des professeurs et les instituteurs qui virent ce phénomène. Il y avait Messieurs Louis RIZQ, Ghezi AL-KHOURI, Châker AL-DHEIM, Charif AL-KHOURY, Georges AL-ZARA'NEH, Mounir AL-KHOURI et Monsieur le général de brigade Georges BDEOUI. Il y eut alors une sorte de manifestation pieuse de professeurs, d'étudiants, d'élèves et d'autres gens. Obéissant à un geste de la part du Professeur Louis, les élèves se mirent en rang pour que Mme Myrna pût leur enduire les fronts de l'huile qui exsudait de ses mains. C'est alors qu'intervint le père Mouaffaq pour prier tout le monde de se rendre à la Cathédrale afin de prier les Grandes Complies; c'était 18h30.

Vers 18h20, Mgr Paul BOURKHOCHE se rendit à la Cathédrale, avec quelques pères, le Général Georges EDEOUI, Georges ZARA'NEH, afin de prier. Mme Myrna très émue, et son mari, demeurèrent à l'évêché. Elle désirait aider les Sœurs du Bon Service - Sœur Elizabeth KEROUZE, Claude CHOUFANI, Justine KHOURI - à remettre en ordre la chapelle de l'évêché. Y restèrent également, Mr. Samir AL-MOUSLEH, chauffeur de Monseigneur, et l'étudiant Ouacîm ROUAGE. A la porte de l'évêché, Monseigneur et sa suite rencontrèrent Messieurs Georges RIZQ, Naouâf AL-MARDINI, venant d'y arriver.

A notre retour de la prière, à la Cathédrale, on remarqua quelque chose d'étrange, dans l'évêché; on n'y prêta pas grande attention, car depuis trois jours les gens ne cessaient d'y venir pour voir Mme Myrna. Et, voici Mr. Samir AL-MOUSLEH qui dit au père Mouaffaq: "L'image, que Mr. Nazih RA'D avait offerte à l'évêché, a versé des larmes. On la garde dans votre chambre". Le père Mouaffaq en informe de suite Mgr Paul. Tous les deux, en compagnie - à ce que je me rappelle - du Général Georges BDEOUI, et de Messieurs Ghâzi AL-KHOURY et Georges ZARA'NEH entrent dans la chambre, et l'on y voit ce qui suit: Il y avait deux larmes, la première étant descendue de l'oeil droit s'est arrêtée sur la main de l'Enfant-Jésus; la deuxième larme avait coulé de l'oeil gauche; elle s'est arrêtée au pli du coude de l'Enfant-Jésus. Les deux yeux de la Sainte Vierge étaient rougeâtres, bien visiblement troublés, ce qui est remarqué par tous. Les gens demeurent quelques minutes bien coits, regardant l'image, échangeant des regards d'étonnement. Soudain, je ne sais qui entonne la prière: "Seigneur, sauve ton peuple...". Puis d'autres prières se sont succédées. Les gens affluent et l'image demeure exposée à la dévotion des fidèles jusqu'à 23 heures. On évalue le nombre de ceux qui ont vu cette image à plus d'un millier de personnes. Tout le monde a remarqué, alors, que les yeux étaient visiblement troublés et rougeâtres. A 23h00, la famille du Général 'Adib JBARAH est venue des immeubles militaires sis à AL-SANAMÊNE. En voici les noms: 'Inchirâh AL-HOCHE, Samirah AL-DEB'I, Majidah DABBOUS, Ranâ et Raou'ah et Firâs et Fadi JBARAH' 'Ismail et Sanâ AL-KHOURI, et Ghassâne AL-KHOURI..On leur avait porté les nouvelles pendant la nuit; les voici qui s'amènent, les yeux pleins de larmes d'émotion. La situation, étant redevenue normale, à l'évêché, le père Mouaffaq demanda à Mme Myrna ce qui s'était exactement passé; elle répondit ce qui suit: "Avec Sœur Élisabeth, je m'efforçai de remettre en ordre la chapelle, et je regardais l'image. L'ayant fixée de près, nous avons vu deux larmes. Voilà donc Sœur Élisabeth qui se met à crier, prier, implorer, ululer, à la fois. Les jeunes gens qui se trouvent à l'évêché et dans le bureau du père Mouaffaq, se précipitent vers l'endroit d'où sortirent les cris et voient ce phénomène. Ils se mettent à prier et chacun d'eux en informe ses proches et ses amis. Intervient alors Mr. Samir AL-MOUSLEH et demande que l'image soit déposée dans la chambre à coucher du père Mouaffaq, jusqu'au retour de Monseigneur Paul et des pères, de la prière des Grandes Complies. C'est alors qu'a lieu une manifestation de joie, de recueillement, de prière, de foi et de prosternation.

LE VENDREDI 1er MARS 1985

A 10h30, l'évêché reçoit la visite du Général de brigade Daif Allah AL-KHOURI, du village de Nâmer, et du colonel 'Abdallah JBEIL, et de sa famille, du village de AL-Hîte, demeurant actuellement dans les immeubles militaires de Al-Sanamêne. On reçoit également la visite d'une délégation du village de Al-Hîte, présente à Khabab pour les funérailles de feu Georges WEHBE. Faisaient partie de cette délégation: Jadallah AL-NEHMEH, Géryés AL-SAMARAH et Dakhlallah SIM'ANE.

Rien qui soit digne d'être mentionné ne s'est passé, sinon que les visiteurs et les fidèles qui viennent prier, se succèdent tout au long de la journée, en provenance de Khabab et des villages voisins, Bacîr, Tebneh, 'Izra'. Bien des gens impotents et malades viennent pour obtenir l'intervention de Mme Myrna et lui demander de prier avec eux, pour certaines guérisons et grâces de la Vierge.

Vers 17h00, on demanda à Mme Myrna de réciter le chapelet avec les membres de la Confrérie, la Légion; elle accepta. Ces membres déclarèrent qu'au cours de la prière, les deux mains de Myrna suintaient d'huile. Sœur Justine KHOURI (Les Sœurs du Bon Service) déclara également qu'on avait demandé a Mme Myrna, vers 17h30, de prier à l'intention d'un malade; et l'huile n'a pas exsudé; elle voulait lui oindre les membres avec un coton imbibé d'huile, et même lui donner de ce coton; elle était gênée et inquiète. Elle ne savait que faire, étant donné que le coton était trop petit. Elle ne voulait pas le donner tout entier. Alors qu'elle dépliait le morceau de gélatine qui recouvrait le coton imbibé d'huile, soudain, l'huile exsude. Myrna demande à Sœur Justine de lui donner du coton pour l'imbiber de l'huile qui suinta avec abondance. C'est le récit de Sœur Justine.

A 18h15 précises, un grand nombre de fidèles se trouvait dans la cour de l'évêché. On s'était donné rendez-vous pour transférer, en procession, de l'évêché jusqu'à la Cathédrale, l'image sur laquelle avaient apparu des larmes. Une foule nombreuse était déjà là, du village de Khabab, de Bacîr, de 'Izra'. Le cortège se mit en marche comme suit: La Croix, les porteurs de bougies, les membres des chorales des villages précités, l'image portée par deux jeunes gens, les prêtres, les Sœurs avec Monseigneur Paul et la foule des fidèles. La Cathédrale était comble; les coins les plus reculés étaient bondés de fidèles. Mgr Paul improvise une petite allocution sur les gloires de la Sainte-Vierge, sur la promptitude du secours qu'elle offre à tous ceux qui le lui demandent, ainsi que sur son intercession rapide. L'an dernier, comme à ce jour, au cours de l'Acathiste, on avait sollicité de la pluie pour les récoltes; la prière fut rapidement exaucée. La voici, aujourd'hui, versant deux larmes: Une larme de joie, à voir ses enfants se retrouver dans une fervente prière, à genoux, demandant, se repentant, remerciant; et, une deuxième larme, déplorant notre infidélité, à ne pas satisfaire l'appel de Dieu, ni notre vocation chrétienne à la perfection.

A 18h30 précises, eut lieu la prière de l'Acathiste récitée avec piété et recueillement, empreignant les visages de tous les fidèles. Vers 20h00, rendent visite à l'évêché le colonel Kamâl JARADEH, de l'aéroport de KHALKHALEH, Élias ZYADEH, Élias AL-KHOURY et Mme Sihâme KHERALLAH. Ils avaient entendu les récits des événements susmentionnés; ils s'amenaient donc pour la prière et la visite.

LE SAMEDI 2 MARS 1985

Mme Myrna assista à la Messe, dans la chapelle de l'évêché. Puis, après le petit déjeuner, elle regagna Damas, en compagnie de son mari et du père Mouaffaq, qui rendit visite, pour la première fois, à la maison de Mr. Nazzour. En sa présence, celui-ci téléphona aux père Zahlaoui et Malouli. Le premier s'excusa tandis que le deuxième les rejoignit, quelques minutes après. On parla de la visite rendue par Mme Myrna à Khabab, et des derniers événements qui s'y étaient déroulés, et de la procession effectuée avec l'image de la Sainte Vierge, de l'évêché jusqu'à la Cathédrale. A tous ceux qui étaient présents, le père Mouaffaq proposa de participer, le lendemain, à la Messe qui allait être célébrée par Mgr Paul; et après laquelle, l'image devait être rapportée en cérémonie de la Cathédrale à l'évêché; ils acceptèrent la proposition.

LE DIMANCHE 3 MARS 1985

A 8h00 précises, le père Zahlaoui arriva à l'évêché, accompagné du photographe Nabil CHKEIR. A 9h30, la Messe de dimanche fut célébrée par Mgr Paul, assisté, à l'autel, des père Siméon SIDAOUI, Pauliste, et Élias Zahlaoui. Quant au père Malouli, avec Mme Myrna et Mr. Nazzour, mari de celle-ci, et les membres de leur famille, ils n'arrivèrent que vers 9h45, au cours de la Messe. Après la lecture du Saint Évangile (2e dimanche du carême: la guérison du perclus de Capharnaüm), Mgr Paul prononça une brève homélie sur le thème de l’Évangile, le reliant au phénomène de Soufanieh (Homélie enregistrée par Mr. Nabil CHKEIR), la Messe achevée, l'image fut rapportée à l'évêché, en grande cérémonie. Dans la cour de l'évêché, on récite le chapelet; quelques cantiques religieux furent chantés. Mgr Paul bénit la foule avec l'image; puis, elle fut déposée, avec faste et respect dans la chapelle. Elle y est encore, et l'on y vient nombreux, pour la prière et le culte.

A 14h00, les visiteurs damascains quittèrent l'évêché, après avoir pris le repas de midi à la table de l'évêché. Le père Zahlaoui souhaita que le père KANAKRI, Pauliste, l'accompagnât au cimetière pour visiter la tombe de feu Monseigneur Nicholas NEHMANE. Le père Mouaffaq avait raccompagné les visiteurs et commençait à recevoir d'autres, en provenance de Bacîr, qui désiraient prier devant l'image de la Sainte Vierge. Tandis qu'il était occupé à les recevoir, Sœur Claude CHOUFANI lui demanda de l'accompagner au pavillon des sœurs. "Dans un instant", lui répondit-il. "C'est pour une affaire importante", insista-t-elle. Alors, prenant congé des visiteurs, il demanda à la sœur ce dont il s'agissait exactement. "Mme Myrna est chez nous, dans le dortoir, en état d'extase", lui répond-elle. Le père Mouaffaq entre dans le dortoir où se trouve déjà Mgr Paul, les pères SIDAOUI, KANAKRI, Zahlaoui et Malouli, et l'ensemble des Sœurs du Bon Service, Mr. Georges ZARA'NEH avec la famille et les proches parents de Mme Myrna. Celle-ci est étendue sur un lit, et tout le monde récite le chapelet. Le père Malouli tient en main un crayon et un carnet de notes, où il enregistre chaque mot suivant sa chronologie.

J'arrivai, moi-même, aux deux dernières minutes de ce phénomène; Mme Myrna commençait déjà à reprendre conscience du monde extérieur. S'étant signée de la Croix, elle dit: "Sainte Vierge!". A la suite d'une petite pause d'une dizaine de minutes, le père Zahlaoui lui demande: "Qu'as-tu vu, Myrna ?". "J'ai vu la Vierge, répond-elle. Elle me souriait; elle était accompagnée d'un prêtre de petite taille; il souriait, lui aussi". -" Portait-il une Croix?", demanda le père. - "Je ne l'ai pas remarqué; et ce prêtre, je ne l'ai jamais vu." Alors le père Mouaffaq sortit, puis revint, rapportant plusieurs photos de feu Monseigneur Nicolas NEHMANE. Après quelque temps d'examen méticuleux, Myrna dit :"Oui, le voilà" .. indiquant une photo de feu Mgr NEHMANE, le représentant nu tête. J'entendis le père Malouli dire que cette extase n'avait duré que huit minutes. Peu après cet événement, les visiteurs, y compris Mme Myrna et son mari quittèrent l'évêché regagnant Damas.

Je déclare avoir enregistré dans ces récits tout ce que j'ai vu et entendu sans rien y ajouter, sans rien retrancher, m'efforçant d'être aussi précis et fidèle à la réalité que possible. C'est avec humilité que j'appose ma signature sur ces récits quotidiens, que j'ai consignés, priant la Sainte Vierge Marie de me pardonner toute faute ou erreur, et d'être pour moi refuge sûr, mère tendre et bonne consolatrice. Je mets toute ma vie sous Sa protection et Sa tutelle, en dépit de tout ce qui s'y trouve comme défauts; et cela au service du Corps Mystique de son Fils, au sein de l'ÉGLISE.
 
 

Père Mouaffaq AL-'IDE
PROTOPRESVYTÉROS DE L'ÉVÉCHÉ DU HAURAN

TRADUCTION EFFECTUÉE PAR MAURICE JALAL
Licencié es Lettres,
Chargé de la section Française à l'Union Interparlementaire Arabe DAMAS, SYRIE.

Au début et au bas de chaque page, on y trouve le sceau de l'Archevêché, avec la signature du Père Mouaffaq AL-'IDE.

*Édité par l'Association Notre-Dame-de-Soufanieh à Montréal - 14 juillet 2000.

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