SAINT JEAN-BAPTISTE

Il fut nommé "L’enfant promis" et naquit dans un lieu en Palestine qui porta, selon la tradition chrétienne le nom de Ein Karem, à l’ouest de Palestine.

L’Evangile n’est pas le seul à raconter l’histoire du précurseur du Messie, le Coran cite également la naissance et la vie de ce saint, connu dans la religion musulmane sous le nom de Yehia: "Récit de la miséricorde de ton Seigneur envers Zacharie, Son esclave. Lequel, quand il invoqua son Seigneur en une invocation secrète, dit: "O mon Seigneur, les os en moi sont affaiblis, oui, et ma tête s’allume de blancheur. Cependant, je n’ai jamais été malheureux dans mon appel à Toi, ô mon Seigneur. Je crains les frères d’adoption après moi, tandis que ma propre femme est stérile: fais-moi donc don, de Ta part, d’un héritier qui hérite de moi, et hérite en tant que descendant de la famille de Jacob. Et fais-le agréable, ô mon seigneur!" Surate 19, Marie.

Voici le récit du Saint Jean-Baptiste qui naquit et vit à Jerusalem jusqu’à l’âge de trente ans, annonça l’arrivée du Christ, baptisa et précha pénitence en Jordanie, fut emprisonné et tué par le roi Hérodite lors d’une fête traditionnelle où l’on liberait les détenus dans les prisons. La tête du Saint-Jean fut enterrée à Damas et l’on bâtit une Cathédrale portant son nom. Un véritable chef d’oeuvre qui fut transformé, après la conquête arabe et l’entrée des musulmans dans la ville de Damas, pour donner lieu à ce qu’on appelle aujourd’hui La Mosquée Omayad.

LA VIE DU SAINT

Saint Zacharie et sainte Elisabeth, déjà avancés en âge, n’avaient pas d’enfants. Un jour que Zacharie offrait de l’encens dans le Temple, un ange lui apparut et lui   dit: "Ne crains point, ta prière a été exaucée, ta femme te donnera un fils que tu appelleras Jean. Il sera pour toi un sujet d’allégresse, il sera grand devant le   seigneur. Il ne boira rien qui enivre et il sera rempli de l’Esprit - Saint dès le sein de sa mère. Il convertira beaucoup d’enfants d’Israël au seigneur, et lui même marchera devant lui dans l’esprit et la puissance d’Elie, pour ramener les coeurs des pères vers les enfants et les incrédules à la sagesse des justes afin de préparer au seigneur un peuple parfait".

Zacharie douta et fut puni: Il resta muet. Quelque temps après, la Sainte Vièrge, à qui l’ange Gabriel venait d’annoncer qu’elle serait la Mère de Dieu, visita sa cousine Elisabeth, dont l’enfant fut sanctifié dès avant sa naissance, et qui salua Marie par ces mots: "Vous êtes bénie entre les femmes et le fruit de vos entrailles est béni".

Six mois avant la naissance de Jésus, Elisabeth met au monde un fils, que l’on appelle Jean. Zacharie recouvre l’usage de sa langue et chante son cantique Benedictus aux gens étonnés. 

L’enfant grandit en son pays de montagnes. A l’âge adulte, il se retira dans le désert dans une solitude favorable aux grandes pensées. En Jordanie, il prêcha la nécessité de faire pénitence parce que le Royaume de Dieu était proche. Il baptisa ceux qui attendaient le Messie, il leur annonça pourtant un baptême plus parfait:   "Je vous baptise dans l’eau en signe de pénitence, mais un plus puissant que moi vous baptisera dans l’esprit-saint et dans le feu." 

Son autorité grandit jusqu’au jour où il baptisa Jesus et le présenta à ses disciples comme étant le Messie, "l’Agneau de Dieu, celui qui ôte le péché du monde" 

Jéus est manifesté au monde; la mission de Jean est terminé: il a frayé la voie, le Christ s’est avancé; il l’a présenté aux fidèles et maintenant il n’a plus qu’à s’éffacer: "Il faut qu’il croisse et que moi, je diminue". Il continua à prêcher la pénitence et à transmettre les enseignements du Messie. Il affronta hardiment tous ceux qui voulaient le faire taire. Il ne recula même pas devant le roi Hérode qui a épousé la femme de son frère encore vivant. Il va lui reprocher son crime et lui  crier son impitoyable Non Licet, (c’est défendu!), que répèteront souvent dans le cours des âges les chefs religieux chargés de rappeler à l’ordre et de contrer les vices.

Hérode, noyé dans la fange, ne convertit pas et prit le reproche du saint Jean très à coeur. Il l’emprisonna et le tua un soir de fête à la suite d’un voeu que Salomé, fille d’Hérodiate, lui avait demandé.

LA MORT DU SAINT

Salomé, la fille d’Hérodiate, dansa avec éclat et capta l’admiration d’Hérodite qui promit le cadeau qu’elle voudrait, fût-ce la moitié du royaume. Hérodiate, fatiguée des promesses de jean, conseilla à sa fille de demander non des perles ou une couronne, mais la tête du précurseur.

Troublé par ce voeu, Hérodite n’a pas voulu revenir sur sa promesse et accorda à salome la tête du saint jean qui fut apportée sur un plat et lui fut remise.

Deux légendes nous tracent le sort de cette tête: Le crime était consommé, Jean fut martyr de sa haine du vice, ses disciples prirent la tête et fuirent à Damas où ils l’ensevelirent. Le deuxième récit dit que Salome prit la tête et l’enterra dans un coin du palais de crainte que personne ne s’empare de ce trésor. La tête du saint Jean resta ainsi enseveli à Jérusalem jusqu’au 4ème siècle après Jésus-Christ. Elle fut retrouvée au temps des grandes guerres et des invasions; dès lors se multiplièrent les églises qui ont reçu une partie de la tête.




LA CATHÉDRALE DE SAINT-JEAN

La ville de Damas fut, à l’exemple de tous les pays à cette époque, une ville paienne et resta ainsi  jusqu’à l’arrivée de L’empereur Théodos au pouvoir, c’est-à-dire jusqu’à 379 (d’après l’historien syrien Mallas), qui décida de mettre fin à ces pratiques d’adoration des dieux   transformant ainsi tous les temples de la ville en églises.

Parmi les lieux de culte les plus réputés dans la ville de Damas retrouva-t-on le temple Jupiter, connu à l’époque des aramiens par le nom du dieux "houdod", dieu des tempêtes aramien. Ce temple se constituait d’une place centrale entourée par deux murailles réctangulaires qui séparaient le sacré du profane comme le faisaient toutes les religions suprêmes. La muraille extérieure contenait un double passage carré dont l’axe principale allait de l’est vers l’ouest.
Quant à la muraille intérieure, elle donnait à une place sacrée nommée le TIMONOS à laquelle ne pouvaient avoir accès que les prêtres, les croyants et les saints.

La légende nous raconte que ce grand temple de Damas fut transformé en église après avoir été l’objet de multiples travaux exécutés lors de la dynastie de l’empéreur Théodos. Comment ce temple s’est-il transformé en église? on l’ignore d’autant plus que les récits disponibles ne nous
informent pas s’il s’agissait d’une nouvelle église qui a remplacé le temple ou si l’on a gardé cet ancien lieu de culte en y apportant quelques améliorations pour qu’il devienne un endroit sacré chrétien, à l’image de ce qui s’est passé dans d’autres temples jusqu’alors paiens et qui furent transformés en églises chrétiennes.

Ainsi, quant le saint Jean-Batispte fut tué, et que sa tête fut transportée à Damas, on consacra  cette église, connue auparavant sous le nom du Grand Temple de Damas, à ce saint qui a offert  sa vie pour la rémission des péchês et la survie de l’humanité. Dès lors l’église devint la  Cathédrale du Saint Jean-Baptiste.

Plusieurs années se sont écoulées avant l’arrivée des arabes en Syrie. Ce n’est qu’en septembre  635 que les conquêteurs se sont acaparés de la ville de Damas après avoir imposé un siège de  plusieurs jours. Un traité fut alors signé entre Khaled ben ElWalid et Almansour qui fut le grand père du Saint Jean le Damascain. Ce traité tenait les conquêteurs à garder quinze églises pour les  chrétiens qui habitaient encore la ville de Damas. Parmi ces églises, fut-ce la Cathédrale du Saint  Jean-Baptiste. Les musulmans se sont emparés d’une partie de cette cathédrale et y ont construit  une mosquée nommée La mosquée des amis "Masjid Al-Roufakaa" . Cette mosquée se situait au  sud ouest de la place sacrée "le Timonos" .

Un des historiens arabes décrit cette période où musulmans et chrétiens entrèrent ensemble dans   ce lieu sacré par l’ancienne porte du temple; les chrétiens se dirigèrent vers l’ouest où se trouvrait  le restant de leur cathédrale et les musulmans vers leur mosquée.

Depuis cette époque, les liens d’amitié, de respect et de fraternité entre les chrétiens et les  musulmans se développèrent et connurent un essor remarquable. L’époque du calife Mo’awia fut  témoin de ces relations. Les chrétiens y accédèrent à des postes rémunérés dans l’armée, la  marine et toutes les strates administratifs de l’Etat musulman. De plus, on comptait parmi eux  plusieurs médecins réputés dont Abi Al-Hakam, Bin Al-Hakam et Bin Atal qui fut le médecin privé du Calife.

Ceux-derniers furent toujours encouragés et reconnus par le pouvoir qui leur accordait des  bourses financières. De sa vie privée, on retint que la femme de Mo’awia fut chrétienne,  Maissoun de la Tribu de Bin Kalb, et que tous les membres de la famille au pouvoir se comportèrent à l’exemple de leur chef et préservèrent les liens solides entre chrétiens et  musulmans.

L’ancien rêve de transformer la cathédrale en mosquée s’est réanimé au début du huitième siècle   avec l’arrivée de Walid Bin Abdel Malek au pouvoir (705 - 715). Celui-ci était épris par la   volonté de réaliser ce que fut le rêve de son père, or la transformation de la cathédrale du saint   Jean Baptiste en mosquée qui porterait son nom. Après plusieurs pressions exercées auprès des   pouvoirs religieux chrétiens et de vaines promesses concernant la remise de quelques églises qui   ne furent pas incluses dans le traité de l’année six cent trente cinq, le nouveau calife Walid Bin   Abdel Malek obtint l’accord de mettre la main sur la cathédrale et la transforma en mosquée.   Depuis, la cathédrale du Saint Jean Baptiste donna lieu à ce que nous connaissons aujourd’hui   sous le nom de La Mosquée Omayad.

Du moment où vous mettiez le pied à l’intérieur de cette mosquée, vous seriez épris par un  espèce de grandeur, de luxe et de somptuosité. Vous retenez le souffle devant son architecture   splendide et vous errez sournoisement, l’esprit fugitif, au milieu de ses arabesques et ses  ornements harmonieux. 

Les avis des historiens divèrgent quant à la construction de la Mosquée Omayad. Certains  reconnaissent que le Calife Walid Bin Abdel Malek reprit de rechef la construction de la mosquée après avoir détruit toute l’oeuvre des chrétiens ne laissant ainsi de la cathédrale que des murs  abandonnés. D’autres affirment que la Mosquée Omayad n’est, à l’origine, que l’ancienne église  bizantine qui avait remplacé, à l’époque de l’empereur Théodos Le Grand, le temple païen. Dans  son livre intitulé Al-Rawda Al Ghann’a (le jardin des merveilles), No’oman Alkasatili souligne la  présence de quelques parties de la porte de la cathédrale qui fut également celle du temple  jupiter. Malgré le passage du temps, cette porte a conservé les traces de quelques paroles saintes écrites en grècque: Votre règne, seigneur, est une règne éternelle et votre puissance s’étendra jusqu’à la fin des siècles"

Les plumes des écrivains les plus habiles ne sauraient pas rendre justice à ce chef d’oeuvres qui a  coûté, selon les données des historiens, et les faits rapportés dans le livre de Rihawi sur l’histoire  de la Mosquée Omayad, vingt deux millions et huit cent mille livres syriennes.