-PROFESSEUR ANTOINE MAKDISI
Copyright "Association Notre-Dame de
Soufanieh à Montréal" - Juin 1998.
Édité le 3 mai 2000.
Préface - Pères Raymond et Pierre Jaccard
Introduction - Père J.P. Devedeux
16 MÉDITATIONS
- 1. Le jour où nous avons rencontré la Vierge.
- 2. L'icône de Soufanieh, Notre Dame de Damas.
- 3. Seigneur, ne nous charge pas au-delà de nos forces.
- 4. Le Fils de l'Homme est venu pour servir, non pour être servi.
- 5. Myrna, la mère toute sainte t'appelle.
- 6. Lorsque le Ciel ouvre Ses portes.
- 7. Je vous donnerai ce qui est bien plus puissant que l'huile.
- 12. Sur le chemin de la Croix.
- 13. En toi J'éduquerai Ma génération.
- 15. Porter la croix est indispensable.
- 16. Le Message de Soufanieh.
II. Lettre au psychanalyste américain André Patsalidès: " Peux-t-on définir Soufanieh? " - Prof. Antoine Makdisi
IV. Remerciements
Les seize méditations que publie le professeur Makdisi, l'un des plus grands intellectuels du monde arabe, chrétien au cœur d'enfant, nous aident à prier et à vivre plus étroitement avec Marie, la Vierge et mère toute sainte. Mais ces pages de feu et de lumière, de vérité et d'humilité, de foi et d'engagement évangélique nous conduisent "par un sentier à pic" vers Nazareth jusqu'au cœur des Béatitudes.
Petitesse, humilité, détachement, pureté de cœur, prière, amour fraternel, Rédemption sont les exigences de la vie chrétienne et de l'idéal évangélique qui marquent chaque page de ce livre. Cet "espace spirituel vécu" nous oblige à être authentique avec nous-mêmes, avec les autres et avec le monde surnaturel.
Avec sa rigueur intellectuelle et son âme de pauvre, le professeur Makdisi analyse les événements de Soufanieh : extases, messages, stigmates et exsudation d'huile. Il nous propose ses analyses pour nourrir nos méditations et entrouvrir nos cœurs à une contemplation amoureuse de Jésus et de Marie.
Myrna nous est présentée comme un miroir limpide et transparent. Elle a été choisie pour refléter la lumière, imiter et vivre ce que Jésus et Marie lui demandent. Elle est pour chacun de nous comme une icône, un écho et un exemple. N'étant que la "servante" elle nous renvoie ce qui lui est confié. Tout ce qui nous est dit, nous le savions déjà. Mais la grande affaire, pour chacun de nous, est de faire passer les messages dans le quotidien de nos vies, dans l'humble Nazareth de nos journées, et dans la banalité humaine de la trame de nos relations.
Faire humblement la Volonté de Dieu, se laisser aimer par un Dieu Miséricordieux, garder, par Grâce, la simplicité du Cœur et l'abandon à notre Père du Ciel dans le renouvellement sans cesse du oui de notre Baptême, sont les forces vives qui font de Nazareth un point de référence, un état de vie et une plénitude de vie surnaturelle d'intimité avec Jésus et Marie.
La dimension missionnaire et l'évangélisation nous sont présentées comme des urgences qui dépassent rites, confessions et doctrines. Un souffle d'esprit nous conduit à Marie, mère de tous les hommes. L'unité des cœurs dans le respect mutuel et le service gratuit construit la Communauté familiale et ecclésiale à travers laquelle la prière, la réconciliation et l'ouverture à tout constituent les pierres angulaires.
Mais Soufanieh est avant tout un lieu privilégié où nous est montré l'Invisible. Et cette réalité qui nous transforme à mesure que nous la contemplons, nous invite à l'humilité et au service, au renoncement pour que notre voisin - le plus proche - devienne un frère avec lequel nous pouvons gravir le sentier qui nous conduit à l'unité et à l'Amour.
C'est ainsi que l'église grandira en acceptant le mouvement de Sainteté transmis par Jésus et fondé sur la prière, la patience envers les orgueilleux, le pardon et la compassion envers les derniers, les laissés-pour-compte et les méprisés.
A travers les messages de Jésus et de Marie, Myrna nous demande de faire le choix entre Dieu et le monde. Elle nous rappelle que notre place est de vivre au cœur du monde tout en refusant les lois de ce monde : la peur, l'égoïsme, l'argent et la puissance de domination. Enfin, dans ces méditations, Antoine Makdisi nous aide à réfléchir aux grands Mystères de la Croix, des plaies de Jésus et des souffrances des membres du Corps du Christ. Le regard contemplatif de la Rédemption est le "noyau de la spiritualité" de Soufanieh. Vos péchés sont remis parce que vous levez les yeux vers moi. Ce "noyau" est en quelque sorte l'espace propice et vital ouvert à la rencontre entre Dieu et l'homme.
Envoyés par l'Église auprès des lépreux du monde entier pour les opérer et les appareiller, sollicités par des Organismes internationaux pour diriger des stages auprès des enfants handicapés et des réfugiés parqués dans les grands camps du monde, Dieu nous a conduits un soir de 1990 à Soufanieh. Nous dirigions à Damas un stage de formation au Centre des Handicapés. Le Père Paul Sleiman, directeur de ce Centre nous invite à l'accompagner à Soufanieh où, depuis six ans déjà se manifestaient des signes de la Miséricorde Infinie de Dieu pour le monde d'aujourd'hui. Ce premier soir, nous avons simplement dit à Myrna: "Dis à Marie que nous l'aimons beaucoup et qu'elle est notre merveilleuse Maman". A l'instant même, l'huile exsuda des mains de la jeune femme. Marie, selon un proverbe arabe, "daignait se révéler à nous, les plus faibles de Ses créatures".
Chaque soir, après notre travail, nous retournions à Soufanieh pour nous joindre à la prière au foyer de Myrna et Nicolas et de leurs amis de tous milieux : catholiques, orthodoxes, et musulmans réunis. C'est là que nous avons fait la connaissance des Pères Malouli et Zahlaoui. L'année suivante, avec un groupe restreint d'amis de Soufanieh, autour du professeur Makdisi, du Recteur de l'Université de Münster et de Myrna et Nicolas, nous réfléchissions à toutes ces manifestations surnaturelles de Damas.
Bien sûr, nous avions entendu parler du professeur Makdisi, de renommée mondiale. Nos professeurs de philosophie nous avaient parlé de sa démarche intellectuelle. Nous admirions son esprit scientifique plein d'humilité devant le réel et la loyauté de son constat objectif des faits à l'état brut. Nous savions que ce grand intellectuel du monde arabe refusait, au nom de la science et de la foi, de nier toute interférence surnaturelle dans notre monde avant d'en avoir vérifié les fruits.
Chaque fois que nous sommes retournés au Proche-Orient pour notre travail, nous sommes allés à Soufanieh. Trente-deux fois nous avons été témoins de l'exsudation d'huile des mains de Myrna. Des dizaines de fois, à Soufanieh, à Alep, en France et en Allemagne, la petite icône de Marie et de Jésus a suinté de l'huile sous nos yeux. Souvent, nous avons célébré l'Eucharistie à Soufanieh. Une fois nous avons eu la joie de concélébrer avec l'ex-nonce Apostolique de Syrie, Monseigneur Luigi Accogli. La veille de son départ définitif de Syrie, il voulait encore une fois supplier Dieu de convertir les cœurs pour que l'unité des chrétiens se réalise enfin. Après la communion, l'huile coula des mains de Myrna. La conversion du cœur et l'esprit d'enfance - nous disent Jean de la Croix et Sainte Thérèse d'Avila - créent un espace favorable pour la rencontre de l'Homme avec Dieu." Nous avons aussi tenu à rencontrer l'archevêque maronite de Damas qui est président de la Commission Épiscopale chargée d'étudier les phénomènes dont nous avons été témoins.
La contemplation de la Rédemption constitue 'le noyau' de tous les événements de Soufanieh. Elle est, selon le professeur, 'l'espace propice et vital' à une vraie rencontre d'amour avec Jésus. D'elle dépend la véritable évangélisation : humble, respectueuse et pleine de délicatesse fraternelle.
Les méditations que nous livre Antoine
Makdisi nous rappellent à la suite de Pascal que les événements
de Soufanieh, par leurs messages évangéliques d'humilité,
de présence au monde, de prière, de respect fraternel, ne
"nous donnent rien de nouveau". Elles nous rappellent que notre
foi, pour être Vie en Vérité, doit s'enraciner - comme
à Nazareth - dans l'humilité de notre quotidien et la banalité
de nos journées. Elles nous aident à devenir, lentement "des
êtres qui tentent de ne faire qu'un avec Jésus" (Marthe
Robin).
En la Fête de Notre-Dame du Rosaire,
7 octobre 1995
Frères Raymond-Marie et Pierre-Marie Jaccard.
"Je suis convaincu qu'il est impossible à un homme, consciencieux et impartial, fut-il athée, de refuser d'admettre l'entité de Soufanieh comme la définissent les messages et comme elle apparaît dans la conduite des fidèles"...
"La Mère de Dieu élit une demeure"
Antoine Makdisi
Le travail, oui, d'envahissantes occupations, certes... mais pourquoi ce blocage, cette inexplicable inclination à remettre toujours? Finalement une seule explication: "Demain je serai plus à même d'appréhender une réalité tellement au-delà de ma portée", "demain, à la faveur des jours qui passent, un prétendu surcroît d'acuité fera merveille." Et il n'en est rien... ou presque. Alors, toujours en-deçà, il faut s'exécuter.
Outre cette obligation d'indifférence à laquelle s'en tiennent certains, lorsque l'infini fait irruption dans le fini, ce livre ne manquera pas de provoquer des réactions négatives: ironies, voire hostilité. Il est en effet grevé d'un maximum de handicaps: son auteur, laïc, arabe, syrien, exalte des événements susceptibles de déclencher ou de réactiver d'emblée la suspicion.
Cependant, lorsque le père Élias Zahlaoui m'a remis ces pages dont il m'avait abondamment parlé, je les ai reçues comme on le ferait d'un évangéliaire. Bien plus, je les ai lues et relues avec la gravité et le soin que l'on destine d'ordinaire aux enluminures. Une intense émotion s'en dégage. Ce livre a été écrit pour la jubilation de l'âme, Ce livre est une icône.
Au fil des mots l'on découvre, comme captive d'une pudique retenue, toute une histoire. Tout un peuple également, béni et suspecté, attachant et évité. Syrie de toutes les beautés, Syrie de toutes les amitiés, Syrie de tous les possibles, Syrie dont aucun pèlerin ou visiteur n'a jamais pu détacher son souvenir. De la Méditerranée à l'Euphrate, toute rencontre ne peut guère qu'être forte, riche, grisante. C'est à chaque pas, en effet, que l'on découvre la profonde originalité du peuple dont il va être question, peuple issu de la terre de la toute première Église, peuple capable de réunir en une seule chorale quatre cent cinquante de ses enfants et adolescents, peuple capable de remplir une vaste Église de sa capitale chaque soir du mois de mai pour fêter la mère toute sainte, peuple capable de l'irruption du divin, peuple enfin dont l'un des fils les plus en vue a écrit cet ouvrage bouleversant.
Antoine Makdisi est un intellectuel, il a enseigné la philosophie durant vingt-cinq ans à l'université de Damas. Ses condisciples furent Emmanuel Lévinas et Paul Ricoeur. Actuellement, il se rend encore chaque matin au Ministère de la Culture où il est chargé du département de traduction et de publication des livres étrangers en langue arabe. Ceux qui ont rencontré cet homme paisible et réservé n'ont pas manqué d'être impressionnés par l'étendue de son savoir et sa curiosité intellectuelle sans cesse en éveil, mais plus encore par la justesse de ses propos et la santé de son jugement. Pour ne rien dire d'une ouverture d'esprit à peu près sans équivalent sur cette terre de passion, et de la merveilleuse limpidité d'âme dont il ne manquera pas d'enchanter les lecteurs de ce livre. "Makdisi, ai-je entendu ici ou là, est un saint." Un prophète peut-être? Et c'est pour cela qu'il parle cru et dru, et c'est pour cela qu'il n'a jamais eu peur. Il est allé à Soufanieh voir les événements qu'il relate en témoin engagé, il n'a cure de flatter l'autorité ou de chercher à plaire.
Depuis quatorze ans, des milliers d'hommes, de femmes et de jeunes de partout ont été comme aspirés par l'escalier de cette modeste habitation. La plupart y voit l'exaucement d'un rêve: aller prier à Soufanieh. Dans cette pièce, dans cette maison, dans ce quartier, tels qu'on les aime et qu'on les désire. Parce que là, rien n'est comme ailleurs, parce que là, il se passe quelque chose d'indicible, parce que là, "la vraie vie avec toute sa chaleur semble nous être enfin rendue" ... tout s'immobilise et nul n'a plus envie de s'abstraire du mystérieux rayonnement de cette humble demeure. C'est cette maison que Dieu a élue pour que la Vierge s'y manifeste, puis Jésus. C'est là que l'huile a coulé, c'est de là qu'elle doit s'étendre sur les plaies de l'humanité dissipée et de l'Église blessée de ses divisions.
Bien plus, c'est Myrna que Dieu a choisie comme silencieuse porte-parole... plus pour ce qu'elle n'est pas semble-t-il, que pour ce qu'elle est. Mystère d'effacement. "N'y avait-il pas assez de religieuses dans les couvents?" s'exclamait un jour l'une d'entre elles "Pourquoi une Syrienne?" ai-je entendu au Liban. Dieu regarde le coeur, nous le savons, pourquoi nous est-il si difficile de l'admettre? Pour en finir avec les questions sans réponses: pourquoi une femme mariée, pourquoi une mère de famille dont le temps et l'affection sont déjà tellement sollicités?
"Dans les siècles précédents, écrit judicieusement Antoine Makdisi, le christianisme demandait aux fidèles de se retirer au maximum du monde pour vivre avec Dieu et pour Dieu. Aujourd'hui, il leur demande de vivre dans le monde et en Dieu, ou de vivre avec Dieu et pour lui dans le monde." C'est donc au sein du foyer qu'ils ont fondé en plein centre de la capitale, et dont ils n'avaient pas prévu l'embrasement, que Myrna et Nicolas Nazzour se livrent chaque jour davantage à 1'amour transformant qui, en un frileux mois de novembre, a envahi soudainement leur maison où l'on n'était pas indifférent au tournoiement de toutes sortes d'ambitions et de projets mondains. La promptitude et la façon dont ils ont accepté leur anéantissement, ne devraient-elles pas emporter l'adhésion de tous les sceptiques ? Mais le cœur humain ne se départit pas aussi facilement de ses raisons que la raison ne connaît pas! Jésus avait pourtant dit: "Si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres" (Jn 14, 11). L'on me permettra d'en évoquer une seule, suffisamment éloquente, dont quelques personnes seulement ont été les témoins privilégiés. C'était à Damas en Août 1994, nous étions chez l'épicier dont la boutique jouxte la maison des Nazzour. Des cris dans la rue, l'homme sort soudain furieux, invective des gamins dont le leur, puis rentre et nous sert. Une tête apparaît par la fenêtre grillagée: c'était Myrna qui s'attira aussitôt une salve de hurlements. Je la verrai longtemps vêtue d'une longue robe noire... elle a baissé la tête, serré les mains, et après un silence interminable, elle s'est retirée. Lorsque j'ai raconté cet incident au père Zahlaoui, il m'a répondu : "Dites-vous bien, père, qu'avant les événements, elle aurait crié plus fort que le bonhomme."
Oui, la mère toute sainte s'est manifestée à la jeune femme pour préparer, comme souvent, le chemin à Jésus. Myrna a fait ainsi une expérience dont elle est parfaitement incapable de rendre compte le moindrement et dont personne ne peut avoir idée. Expérience dont aucun d'entre nous ne peut s'approprier une seule seconde, même en échange de tout l'or du monde. Expérience qui a chamboulé sa vie, celle de sa famille et celle de beaucoup de cœurs prêts à se laisser enivrer de cette nouvelle vie "venue s'emparer de toute chose et lui donner un visage nouveau."
Enfin, comment ne pas être bouleversé par la touchante pédagogie de Jésus et de la Vierge Marie qui, d'étape en étape, vont amener Myrna - avouant parfois son incompréhension totale de tel ou tel message - de sa juvénile insouciance au plus haut niveau de la spiritualité. Là où refusent de se laisser entraîner les sages et les savants: ceux qui ne se donnent pas la peine d'aller et de voir, ceux dont la science consiste à nier les évidences, ceux qui en savent toujours plus long que tout le monde, ceux qui n'acceptent pas que le Dieu Souverain s'exprime de plus en plus par des voix "non-autorisées."
Sachant que Jésus et sa Mère
toute sainte ont exprimé à différentes reprises leur
volonté de former une nouvelle génération en Myrna,
et par elle, de plus en plus nombreux sont ceux qui demandent, à
genoux devant l'icône, "l'humilité et l'effacement, la
prière continue et la patience, la persévérance dans
l'épreuve, le grand amour du prochain et la générosité"dont
ne s'est jamais départie la frêle et impressionnante ménagère,
devenue bien malgré elle, le cœur palpitant du cœur de Damas.
Dijon, le 26 septembre 1996, en la fête
des saints Côme et Damien.
R.P. Jean-Paul Devedeux
Paroisse St-Bernard, France.
En reconnaissance à la mère
toute sainte pour Sa sollicitude et Son amour, je dédie cette traduction
à mon peuple et à tous ceux qui aiment la Vierge Marie !
- Sœur Afifa Gaïth
Ce livre fut écrit au mois d'août
1990, trois mois avant le dernier message de la Vierge du 26 novembre
1990 et durant cette période, Myrna était mère de
deux jeunes enfants.
L'auteur se réfère souvent
à des dates relatives à 1990.
Les mots en caractères gras
se réfèrent au texte du Message.
Le 27 novembre 1982, les habitants de Damas virent la Vierge parmi eux. Elle ouvrait les bras pour les serrer sur son cœur. Ils accoururent vers elle. Tout en elle était accueil : son sourire agréable, son regard doux, sa tête penchée sur leurs misères, la tendresse qui débordait de son être et leur rendait la chaleur de la vie. La nouvelle se répand aussi rapide que l'éclair, plus vite par les événements que par les hommes. La joie, aussitôt, illumine la ville jusqu'aux moindres recoins. La ville qui vivait alors un cauchemar, revient à la vie normale :
Le calme,
Le silence,
La paix enveloppent Damas !
C'est étrange ! Pas un iota n'a changé dans l'organisation millénaire de la ville : l'encombrement de ses marchés, le tumulte de son trafic, la vie de ses maisons cachées derrière de hautes murailles et les cris de ses vendeurs. Rien de tout cela n'a changé et pourtant tout est nouveau. Un printemps puissant, bourdonnant et tumultueux s'est répandu sur la cité. Un esprit jovial et ardent plane sur elle. Une nouvelle vie s'est emparée de toute chose et lui a donné un nouveau visage.
Les chefs des nations, sages et intelligents, ont dit : "Ce sont là des fables et des contes de fées à la portée des gens simples et crédules". Cependant, le peuple a cru en ce qu'il a vu et touché. Oui, nous avons connu cette sainte mère car elle s'est présentée à nous. Elle est venue avec ses signes.
Longtemps après la première apparition, les gens se sont demandés : " Comment était la Vierge ? Était-elle assise ou debout? Marchait-elle sur la terre ou bien passait-elle comme la brise et de façon bien plus douce qu'elle ? Quelle était la couleur de ses vêtements ? "
Ils ne se souviennent pas de leur conversation :
- Mère, votre absence a duré
trop longtemps.
- Je suis toujours avec vous ! J'étais
avec vous, suis avec vous et serai avec vous jusqu'à la fin des
temps. Je suis la présence perpétuelle.
- Est-ce nous qui étions absents
?
- Maintenant nous sommes ensemble. Priez,
mes enfants, afin que nous demeurions toujours ensemble, éternellement
ensemble.
Tard après ces événements, les hommes ont repris ces paroles. C'est alors qu'ils ont compris que la présence de la sainte mère était à l'origine de leur éveil. Ils ont compris que c'est elle qui les avait éveillés à sa présence si longtemps oubliée. Compris que nombreux, très nombreux même, étaient ceux qui avaient préféré l'oubli, s'étaient fermé les yeux et bouché les oreilles afin de ne rien voir et de ne rien entendre.
Les gens se rappellent qu'ils se sont agenouillés et ont prié, qu'ils se sont réjouis et ont pleuré. Ils ont longuement prié durant des jours et des nuits. Leur front a touché le sol, leur bouche a baisé les lieux foulés par ses pieds. Certains continuent à prier. Ils ne savent pas s'ils versent des larmes de bonheur de l'avoir parmi eux ou des larmes de tristesse et de regret sur leur vie d'errance dans le désert humain. Tout ce dont ils se rappellent c'est que leurs larmes ont arrosé la terre. Quant à la sainte mère, elle les étreignait individuellement et de son voile essuyait leurs larmes et elle leur pardonnait leur oubli.
Elle leur a apporté la bénédiction de Celui vers qui montent toute prière et toute louange. Elle leur a prodigué son pardon. Lui seul pardonne à ceux qui se repentent, lui seul le Miséricordieux et le Clément !
Ils étaient heureux, très heureux, infiniment heureux ! La sérénité de Dieu les inondait. Ils jouissaient de la paix du Très-Haut et de son bonheur. Ils ne s'inquiétaient plus ni de ce qui fut ni de ce qui sera.
"Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? "
"Le Puissant est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je?"
Le plus extraordinaire est la rapidité avec laquelle les enfants saisirent la vérité. Ils devancèrent leurs parents. Ils n'hésitèrent pas, ne craignirent rien et ne multiplièrent point les questions. Ils se dirigèrent immédiatement vers la mère toute sainte et se jetèrent dans ses bras pareils à l'abeille sur les fleurs et au papillon qui joue avec les rayons du soleil. La Vierge les prit sur ses genoux. Ils appuyèrent leurs têtes sur sa poitrine. Elle les embrassa, les bénit à tour de rôle et les introduisit dans la compagnie de ses privilégiés et de ses enfants bien-aimés. Quant à eux, ils se serraient contre elle et se cachaient sous son manteau. Elle les encourageait à lui caresser les cheveux. Elle était heureuse et ils étaient heureux! Ce bonheur sera leur force dans la tentation et dans leur combat contre le Malin.
C'est à ceux-là que le Père Céleste a révélé sa sagesse, sagesse qu'il a cachée aux sages, aux savants et aux orgueilleux.
Un jour, la Vierge Marie a disparu. Elle était apparue à l'improviste! A l'improviste elle a disparu. Immédiatement les hommes "intelligents" confirmèrent la nouvelle. "Ne vous avions-nous pas mis en garde ? Tout cela n'était que fantasmes, visions, fables et racontars que des gens simples ont colportés et répandus et qui ont fini par devenir une réalité effective"... Les plus "intelligents" élevèrent leurs voix pour implorer le secours du Très-Haut : "Seigneur, garde-nous de la perversité des hypocrites, des imposteurs, des charlatans et des sorciers. Car ils jettent leurs filets pour y prendre les ignorants et les stupides."
Les responsables politiques et sociaux furent plus intelligents et plus sages. Ils respectèrent le recueillement du peuple et sa piété. Certains participèrent à la prière, d'autres proposèrent leurs services. Mais les pédants s'empressèrent de répliquer : "Certes, il est de l'intérêt de l'autorité de voir le peuple se divertir avec ses statues et ses poupées afin qu'il oublie ses misères et les déficiences de ses gouvernants." Toutefois ces "pédants" ont oublié que les responsables politiques sont fils de ce peuple, que le peuple se dévoile lui-même et que l'homme révèle son essence et sa vérité - ses droits et ses devoirs - lorsqu'il se présente sans artifice devant Dieu. Lorsque avec le publicain il se frappe la poitrine, toutes les cellules de son corps murmurent : "Seigneur, prends pitié de moi pécheur."
La foi est une responsabilité. "Lorsque tu vas présenter ton offrande à l'autel et que là tu te souviens que tu as péché contre ton prochain, il vaudrait mieux pour toi laisser ton offrande et aller te réconcilier avec ton frère. Lorsqu'il t'aura pardonné, tu reviendras présenter ton offrande. "
Dès lors, les gens simples ont vécu auprès de la sainte mère. Marie pleura avec eux et se réjouit de leur joie.
C'est là qu'elle était, n'est-ce pas ? Car, elle est toujours là. En ce lieu se répand son parfum céleste. Une partie de sa lumière emplit la chambre dans laquelle, pour la première fois, ses signes se sont manifestés. Elle la rendit aussi spacieuse que le ciel et l'embellit de la beauté des saints et des justes ! Et son doux sourire ne parcourt-il pas ce lieu d'un bout à l'autre pour le transformer en tendresse et en affection ? Oui, c'est là qu'elle a établi sa demeure. C'est de là qu'elle nous a bénis. Grâce à elle, le Père nous a bénis. Ce jour-là, subitement, l'huile a coulé de la petite icône. Nous l'avons recueillie avec respect. Nous nous en sommes oints, nous nous sommes sanctifiés et nous avons sanctifié nos enfants, nos proches, notre ville, notre pays et le monde entier. La bénédiction du Tout-Puissant plane sur l'univers et se pose sur celui qui ouvre son cœur pour l'accueillir et s'en pénétrer.
Ses paroles continuent à résonner dans nos oreilles et à s'incruster dans nos cœurs : "Je suis avec vous, j'étais avec vous et je serai éternellement avec vous. Est-il possible qu'une mère abandonne ses enfants ? Le Père Céleste vous a confiés à mon cœur et je ne trahirai jamais sa confiance. "
- C'est donc nous qui vous avons abandonnée ?
Ce jour-là, nous avons compris une vérité bien amère : le jour où nous ne voyons pas la mère toute sainte, le jour où nous ne la sentons pas avec nous, en nous, parmi nous, cela signifie que nous l'avons abandonnée ou mise dans le tiroir pour aller vaquer à nos occupations quotidiennes. On dirait qu'elle est étrangère à nos soucis, à nos occupations et à tout ce qui fait la trame de notre vie alors qu'en réalité c'est elle qui veille sur nous et nous guide.
En vérité, ô Mère toute sainte, nous nous sommes laissés entraîner par notre égoïsme et notre orgueil.
Le Maître divin a dit : "N'adorez pas deux seigneurs, Dieu et l'argent" et "Celui qui regarde une femme pour la désirer commet l'adultère ". Les sources du mal sont dans le cœur: l'orgueil, l'égoïsme, la volonté de dominer les autres et de les humilier. Tout cela constitue d'épaisses cloisons que nous dressons entre nous et la sainte mère. Il nous devient impossible de la voir.
Mes enfants, le péché vous prive de la lumière. Vous ne voyez plus le soleil en plein jour, vos jours et vos nuits deviennent ténèbres. Et qu'elles sont nombreuses les chutes de celui qui marche dans les ténèbres...
Et nous voici prosternés, nos fronts touchent la terre et collent à la poussière.
- Priez, mes enfants, priez sans vous lasser !
- Mère, je suis faible, très faible. Je suis au bord de l'anéantissement et de la mort. Vous savez comme je suis prompt à obéir à la chair. Et la chair c'est l'amour du pouvoir, l'ambition des titres et la puissance de l'argent qui foulent aux pieds l'honneur des hommes et souillent leur dignité. La chair c'est la vengeance. Elle est pareille au feu qui se consume en consumant ce qu'il brûle.
Du milieu de la foule une voix s'élève :
- Devant toi Seigneur, je répands ma supplication.
Une autre voix lui fait écho :
- Mère, ayez pitié de la misère de nos corps et guérissez les maladies de nos âmes.
Puis une troisième poursuit :
- Je confesse à Dieu Tout-Puissant et à vous mes frères que j'ai beaucoup péché.
La foule reprend alors avec elle :
- Oui, nous avons beaucoup péché, priez pour nous ô toute sainte, O Marie !
La prière se prolonge durant de nombreuses heures sans lassitude ni fatigue. L'horloge annonce minuit mais nous sommes totalement absents. Le temps n'existe plus pour nous. L'espace aussi a disparu. La terre et le ciel sont devenus une seule et même réalité, grâce à la puissance de la mère toute sainte qui est revenue nous accompagner de ses signes. L'univers entier s'est transformé en hymne qui glorifie Celui qui nous a tous créés pour l'adorer. L'inspiration s'empare de plusieurs croyants. Des hommes et des femmes improvisent des cantiques et nous les reprenons d'un seul cœur et d'une seule voix. Car quiconque parlait, commentait ou expliquait quelque chose, le faisait au nom de tous et pour tous.
Oh ! Qu'il est bon et beau de voir les enfants réunis autour de leur Mère pour lui confier leurs soucis, leurs durs labeurs, leurs souffrances et lui demander de les porter devant Celui qui les a créés et l'a créée puis élevée au-dessus de toutes les créatures afin qu'elle intercède auprès de lui pour tous ceux qui recourent à elle.
Du milieu de la foule s'élève une voix grave et mélodieuse. Elle entonne :
Toutes les créatures se réjouissent
en vous, pleine de grâce !
Tous les chœurs des anges et toutes
les races humaines Vous glorifient,
O vous le temple saint, le paradis
vivant
Et l'honneur de la virginité
!
Gloire et louange à Celui qui
a fait de vos entrailles un trône
et a rendu votre sein plus spacieux
que les cieux !
J'ai dit "que tes œuvres sont admirables, Seigneur ! Tu les as toutes faites avec sagesse! "
Hier, cette maison n'était connue que de ses habitants, leurs proches et leurs connaissances. La voilà qui devient un point de mire et un lieu d'attractions. Vers elle se dirigent les regards et les pas d'un nombre de personnes qui grandit de jour en jour. On dirait qu'un oiseau de bon augure a entendu la Bonne Nouvelle et vu les signes qui l'accompagnent puis s'est mis à survoler les différentes régions du monde, à commencer par Damas et la Syrie, pour poursuivre sa mission au Liban, en Palestine, en Jordanie et dans de nombreux pays. Sept ans se sont déjà écoulés depuis que ce messager a entrepris de réveiller les hommes. Et il continue à donner des coups de bec aux portes des maisons pour dire : "Réveillez-vous, vous qui dormez. Levez-vous, vous les paresseux, les nonchalants et les sceptiques. Levez-vous, la mère toute sainte vous attend. C'est l'heure du rendez-vous !".
Telle était la Bonne Nouvelle que les bergers de Bethlehem avaient reçue puis propagée, il y a deux mille ans et que le Très-Haut ne cesse d'annoncer à l'humanité par de nombreuses voix et de diverses manières. Car cette Bonne Nouvelle est pour tous les habitants de la planète, pour ceux qui la peupleront après nous et jusqu'à la fin des temps. Le Seigneur avait promis cette Bonne Nouvelle depuis le commencement de la création. Et lorsque les temps furent accomplis, il réalisa sa promesse. Il choisit ses messagers selon son bon plaisir: le prophète, le saint, la sainte, l'homme simple et ordinaire plutôt que le sage, le savant et l'érudit. Chaque nation l'a reçue dans sa langue et conformément à ses traditions. Aussi ne dites pas : "Celui-ci est dans le péché, celui-là en état de grâce ". Car devant Dieu, nous sommes tous des pécheurs. Jésus n'a-t-il pas dit aux juifs qui lui avaient amené une femme adultère : "Que celui qui parmi vous est sans péché lui jette la première pierre ? " Et lorsque le Seigneur se choisit un messager, il le purifie de son péché et le rend apte à assumer sa mission.
Il est le Tout-Puissant et rien ne lui est impossible !
Tout au début, il s'agissait d'un petit signe à peine perceptible. Mais bien vite, le peuple l'a saisi et compris. Il est accouru pour prier, pleurer et supplier, se réjouir et proclamer :
"Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre.
Nous te louons, nous te bénissons, nous te rendons grâce. "
Le peuple ne s'est pas demandé : "Pourquoi cette maison et non pas une autre", alors qu'à quelques pas de là se trouvent des maisons bien plus jolies. Il n'a pas partagé le doute des sceptiques : "Pourquoi ces personnes ont-elles été choisies et non pas d'autres", alors qu'à quelques pas de là, se trouvent des personnes bien plus pieuses ? "Pourquoi cette icône dont, annuellement, des milliers d'exemplaires sont imprimés et distribués gratuitement ?" Pourquoi? …alors qu'il y a des icônes dessinées en l'honneur de la sainte mère par des artistes inspirés, des prêtres pieux et des peintres professionnels ? …
Le peuple n'a pas fouillé l'histoire du jeune couple, ni déliré, ni ergoté sur tout ce que son orgueil pourrait lui inspirer ! ...Oh ! Qu'elles sont nombreuses les rancœurs nourries et éveillées par de simples petits différends ! ...
Il suffit au peuple de savoir que, par ses signes et ses miracles, la sainte mère a inauguré, dans le quartier de Soufanieh et dans cette maison même, une ère nouvelle. Pensez-vous que le Très-Haut a parlé une seule et unique fois, puis s'est retiré définitivement? Non, il a dit lui-même qu'il était Celui qui vient. Puis : "Chaque fois que deux ou trois se réunissent en mon nom, je suis au milieu d'eux. " Que dire alors lorsque dans la cour de la maison, dès le coucher du soleil, la foule se regroupe spontanément pour prier ? L'étranger et l'inconnu, l'arabe et l'européen, le grand et le petit, le docte et l'illettré prient d'une seule voix : "Notre Père qui es aux cieux, que Ton nom soit sanctifié, que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. "
Certes, le peuple s'est bouché les oreilles aux rumeurs et aux propos tendancieux que tiennent des personnes mal intentionnées, en vue de parvenir à de hauts grades religieux. Car l'imagination malade transforme les récits et les contes en réalités.
Le peuple a cru. La Mère toute sainte a été attentive à sa foi et l'a exaucé en multipliant la goutte d'huile.
La sainte mère avait demandé de placer l'icône miraculeuse dans le mur qui entoure la maison, près de la porte d'entrée, afin que tous les passants puissent la voir et la prier. Car le Créateur des peuples et des nations n'appartient exclusivement à aucun groupe. Il est le Seigneur de tous. Et la préférence de Celui à qui s'adressent toutes les communautés et toutes les confessions, va à la plus pieuse, la plus magnanime et la plus charitable. Il en est de même pour ses prophètes et ses saints. A leurs regards, tous les hommes sont égaux par principe.
Mais le plus proche d'eux c'est celui qui purifie son intention et s'adonne au bien. Et le Seigneur, gloire et louange à lui, choisit celui qui trouve grâce à ses yeux pour porter sa miséricorde aux hommes. Il révèle parfois son mystère aux plus faibles de ses créatures, comme le dit un proverbe arabe.
L'icône miraculeuse a été placée dans une petite niche creusée dans le mur extérieur. Aux pieds de la Vierge, un bassinet recueille l'huile sainte lorsqu'elle coule de l'icône. Devant celle-ci une petite veilleuse électrique guide tous ceux qui cherchent la Vierge de Soufanieh. Dès le début des apparitions, deux reproductions de l'icône miraculeuse furent mises de côté. La première a pris la place de l'originale là où l'huile sainte a coulé la première fois. La deuxième occupe la place d'honneur dans la cour intérieure de la maison. L'icône, dans son cadre, est fixée au mur. C'est autour d'elle que les gens se retrouvent, au coucher du soleil, pour prier.
Dès la première minute des événements de Soufanieh, les gens ont tenu à ne perdre aucune goutte de l'huile miraculeuse. Ils la recueillent dans de petits morceaux de coton stérilisé. Ils en oignent, particulièrement, le front de leurs enfants. Et lorsqu'un membre du corps est malade, ils l'en oignent à plusieurs reprises. Nombreux sont les croyants qui enroulent ce morceau de coton et l'emportent précieusement. D'autres, aussi nombreux, l'emballent dans un sachet de nylon, préparé à cet effet, et l'accrochent sur leur poitrine ou celle de leurs enfants. Beaucoup ont témoigné de l'efficacité miraculeuse de cette huile.
Un éditeur, ami de Soufanieh, se propose d'imprimer dix mille exemplaires de l'icône miraculeuse qui seront distribués gratuitement à tous ceux qui les demandent. Les nombreuses éditions se succèdent et les images se distribuent gratuitement en Syrie et dans d'autres pays arabes, en France, aux États-Unis, au Canada, en Amérique du Sud et autres pays.
" Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. "
Le plus étrange et le plus étonnant est que le phénomène de l'huile sainte déclenché à Soufanieh s'est transporté avec les images de l'icône miraculeuse dans certains quartiers de Damas et dans d'autres villes et villages syriens, arabes et européens, là où l'icône est vénérée avec foi et amour. Ce phénomène adhère étroitement à la prière. Il l'accompagne, lui succède et parfois la précède.
"L'Esprit souffle où il veut et comme il veut."
Mes visites à Soufanieh sont très nombreuses et variées. Je l'ai visitée à l'aube, vers midi et peu avant le coucher du soleil, les jours ordinaires et les jours de la célébration des mystères de la Rédemption, tels que le Vendredi et Samedi Saint ainsi que le 15 août, jour où l'on célèbre la solennité de l'Assomption de la Vierge, et le 27 novembre, anniversaire de sa première apparition en 1982.
A chaque visite j'ai trouvé la maison pleine de gens rassemblés pour prier. Leur prière commençait peu après midi pour se poursuivre jusque tard dans la nuit, parfois jusqu'à l'aube. Un jour, j'ai vu dans la rue autant de personnes que dans la maison.
Les proches parents, les voisins et les amis ont rivalisé avec les habitants de la maison pour orner les murs du préau et son plafond. Ils ont agrandi et encadré l'icône miraculeuse avant de la suspendre au mur, avec d'autres icônes de la Vierge et de Jésus. Entre les icônes, ils ont transcrit des paroles de la Vierge et de la Sainte Écriture. Ils ont également orné le plafond de nombreuses lampes électriques et de rubans en soie multicolores.
Devant tout cela, je me suis demandé: "D'où ce lieu puise-t-il sa beauté, sa magnificence et sa splendeur ? " En effet, si un homme ordinaire, ignorant tous les prodiges que le Seigneur y accomplit, passait par-là, il trouverait toute cette décoration bizarre et mal placée d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un sanctuaire chrétien. Il pourrait également reprocher aux habitants de Soufanieh, cette accumulation d'ornementation improvisée et de mauvais goût. Cependant, s'il s'arrêtait quelques minutes pour contempler ce lieu, il serait profondément saisi. C'est comme si quelque chose d'extraordinaire remplissait cette maison et transparaissait dans les gestes de ses habitants, dans leurs relations avec les voisins et avec ceux qui viennent prier, qu'ils soient des visiteurs curieux ou des proches bien intentionnés. Nul ne remarque dans les conversations des gens de la maison, dans leurs occupations journalières et leurs soucis, ce qui, au premier abord, pourrait attirer l'attention. On y reconnaît les conversations quotidiennes des gens du quartier, leurs occupations habituelles et leurs soucis. Et lorsqu'on les interroge sur les prodiges de la Vierge Marie, sur ses apparitions miraculeuses et sur ses paroles, leurs réponses gratuites et simples transforment l'extraordinaire en quelque chose de tout à fait naturel. Cependant, dans leurs paroles et dans leur simplicité qui frôlent parfois la naïveté, on entrevoit un je ne sais quoi, qui perce les voiles intérieurs et brise les frontières sociales derrière lesquelles l'homme se réfugie, et le révèle à lui-même. A ce moment, il jette bas ses armes et se rend... La prière du Christ pourrait alors venir à sa mémoire : "Père, Maître du ciel et de la terre, je te remercie d'avoir caché ta sagesse aux savants et aux sages, et de l'avoir révélé à ces petits qui sont tes enfants."
Je me suis dit : "Quel être étrange que l'homme !" Comme il s'ingénie à se cacher la vérité et à la cacher aux autres ! Les vêtements en couleur, le maquillage, les produits de beauté, les titres et les décorations, les habits amples, les chapeaux brodés, le langage fleuri, les rôles qu'il joue chaque jour et parfois chaque heure, les convenances, les sentiments, les impressions et les émotions, tout cela s'associe pour faire de l'homme un acteur dans une pièce de théâtre, dont il ignore s'il s'agit d'une tragédie ou d'une comédie, tout comme il ignore s'il est devenu cet acteur de bon gré ou contre sa volonté... L'essentiel est qu'il s'identifie aux nombreux rôles qu'il joue, s'en acquitte à merveille et se prend réellement au sérieux. Mais un jour, l'heure viendra, le rideau s'abaissera et on lui dira très simplement : "Ton rôle est fini! " Il pourra être en train de donner un discours enthousiaste et prenant, il devra s'arrêter et se retirer.
Oh ! Qu'elle est profonde et parlante l'interrogation de Pascal: "Est-il possible que le roi se considère comme tel lorsqu'il se voit tout nu ? " Une autre parole aussi forte fait écho à celle de Pascal, bien que Job l'ait dite dans un autre contexte et une autre finalité : "Nu je suis sorti du sein de ma Mère, nu je retournerai dans le sein de la terre. " Cette parole du livre de Job est très probablement une très ancienne maxime populaire que les hommes de notre pays particulièrement dans les milieux islamiques, répètent sans se lasser, sous des formes plus ou moins variées : " L'homme vient au monde nu, et nu il le quitte. " A vrai dire, si l'homme faisait tomber tous les voiles derrière lesquels il se cache, il se verrait constamment nu. Et là réside le sens le plus profond de la prière. En effet, lorsque Jésus nous demande de faire nôtre la prière du publicain "Seigneur, aie pitié de moi qui suis pécheur" ou lorsqu'il nous demande de reconnaître nos fautes devant Dieu :
"Je confesse à Dieu Tout-Puissant que j'ai beaucoup péché ", ce n'est pas pour que nous scrutions en permanence notre présent, mais pour que nous assumions nos responsabilités passées, présentes et futures.
A vrai dire, ce qui fait que les prières coraniques - et elles sont nombreuses - ont un impact aussi profond et aussi puissant sur l'âme des croyants, c'est le fait qu'elles sont bâties sur deux lignes complémentaires : d'une part l'anéantissement absolu devant le Très-Haut, et d'autre part l'imploration d'un supplément de miséricorde. Or, je ne connais pas dans la langue arabe une prière qui réunit l'éloquence de l'expression et l'humiliation de l'âme devant la Puissance divine en dehors de la conclusion de la Sourate II de la Vache : (Coran, p.59 - traduction de D. Masson - folio classique)
Notre Seigneur !
Ne nous punis pas pour des fautes commises
par oubli ou par erreur!
Notre Seigneur !
Ne nous charge pas d'un fardeau semblable
à celui dont Tu chargeas ceux qui ont vécu avant nous !
Notre Seigneur !
Ne nous charge pas de ce que nous ne
pouvons porter !
Efface nos fautes !
Pardonne-nous !
Fais-nous miséricorde !
Tu es notre Maître !
Donne-nous la victoire sur le peuple
incrédule.
POURQUOI CE REMOUS ENTRE LES NATIONS ET LES PEUPLES ? ...
De nouveau je me suis demandé : "Est-il possible que l'homme se présente devant Dieu absolument débarrassé de tous ces masques ? Est-il possible qu'il imagine une limite pour affronter son âme, dépourvue de toutes les représentations et de toutes les impressions que son attitude et ses positions à l'égard des hommes lui ont attribuées ? Est-il possible qu'il devienne capable de lire son histoire, comme si elle était l'histoire d'une personne qui lui soit complètement étrangère et indifférente ? "
La réponse n'est pas aussi simple qu'elle paraît être de prime abord. Elle n'est pas aussi simple que la psychanalyse semble l'imaginer. Car bien vite l'erreur devient péché et le péché devient déséquilibre, celui-ci accompagne l'individu et le groupe et devient une partie inséparable de leur existence et inhérente à leur nature. Or, la nature humaine n'est rien d'autre que l'histoire de l'homme en tant qu'individu et en tant que groupe. Cette histoire précède chacun de nous et nous fixe, dans une grande mesure, l'itinéraire à suivre et l'avenir. Lisez, à titre d'exemple, l'histoire des dissensions entre les différentes confessions religieuses et les partis politiques ou encore l'histoire de ceux qui professent une seule et même idéologie. Ils se sont tellement éloignés de leur première constitution, qu'ils se sont engagés dans une guerre verbale qui s'est transformée en échauffourée pour finir en guerre armée.
Lorsqu'on se penche sur les événements, on remarque que le premier désaccord est né de la lecture d'un mot ou de la compréhension d'une expression devenue confuse et équivoque à cause du temps écoulé depuis son premier emploi. Chaque groupe l'explique à sa manière, selon ses idées et ses penchants, ses passions et ses instincts. Et lorsque la discussion s'envenime, chaque partie s'ingénie à ajouter aux significations logiques et raisonnables, des impressions propres à amplifier le désaccord et à le transformer en malentendu pour finir par signer la rupture totale. Avec le temps, les différentes lectures et les nombreuses théories s'amoncellent, appuyées par les preuves qui soutiennent des points de vue opposés. Cette rupture accorde à chaque groupe son esprit de faction, sa partialité, son idéologie, sa confession religieuse et dès lors sa force, son influence sociale, ses intérêts économiques, et par conséquent son histoire, car celle-ci n'est rien d'autre que le produit de tous ces éléments. Ainsi le rapprochement entre deux groupes ou deux partis devient quasiment impossible. En effet, par quel moyen, si extraordinaire soit-il, l'homme peut-il affronter cette histoire et l'inscrire dans les archives du groupe - ou des groupes - auquel il appartient, dont il tire sa gloire, pour lequel il se bat et dont il tire son existence sociale et historique ? Comment peut-il reconnaître que tous ces groupes sont nés de divers malentendus ?
Le dépassement de cette longue série de querelles, de rancœur et de ressentiments ne peut se faire sans une inspiration divine, une intervention céleste, des oreilles attentives, une intention pure et une volonté d'acier.
Mais si cela est impossible aux hommes, il ne l'est pas à Dieu, le Tout-Puissant.
La différence dans ce domaine entre l'histoire individuelle et l'histoire collective n'est pas énorme. Aussi, pouvons-nous rencontrer deux amis intimes qui ont vécu de longues années dans la concorde la plus parfaite, brusquement nous les voyons pareils à des ennemis qui sont constamment à couteaux tirés, à cause d'une haute fonction que chacun ambitionne ou à cause d'un point de vue personnel à l'intérieur d'un même parti, d'une attitude modérée chez l'un, extrémiste chez l'autre, ou encore à cause de l'amour d'une femme que chacun désire pour lui seul. Les raisons de leur inimitié peuvent être au point de départ insignifiantes et minimes... Ils commencent par ne plus se parler, puis ils se tiennent à distance et se méfient l'un de l'autre. A ce moment-là leur entourage intervient pour nuire à leur réputation respective et élargir le fossé qui les sépare. Le premier rapporte un mot en l'accentuant, le deuxième déforme les événements d'une histoire qu'il raconte, un troisième innove un fait et le relate en laissant libre cours à son imagination… Ainsi la rupture entre les deux anciens amis devient absolue ou presque.
De manière plus générale, la controverse, la vantardise, l'ostentation, l'âpreté au gain et la course aux avantages sont des attitudes qui peuvent provoquer des hostilités mortelles que rien ne peut justifier entre des personnes qui s'ignoraient auparavant.
Le pire serait que l'homme mente à son frère, tel ce politicien qui hait son collègue pour la simple raison qu'il le trouve plus capable que lui de séduire les foules et d'exercer de l'influence sur elles. Il lui tend un piège après l'autre, tout en se voyant dans l'obligation de lui témoigner de l'affection et de rechercher son amitié.
Oh ! Toi qui agis de la sorte, qui penses-tu tromper ? Les autres? Toi-même ? Ou le Seigneur ?
Telles sont certaines sources du mal, ce sont les plus répandues parmi les hommes. Mais la principale source reste l'orgueil personnel et individuel. En effet, il est très difficile à l'être humain, surtout s'il occupe un poste clé dans la société, de reconnaître sa faute ou son erreur. C'est pourquoi il recourt à la tromperie et au mensonge. Or le mensonge appelle le mensonge et la solution devient sans issue.
Le mal se multiplie par sa seule force. Le péché devient péchés et le vice devient vices. Un jour, l'heure de la vérité sonnera. La voici. Voici le Seigneur Très-Haut, il t'appelle, il nous appelle tous directement par l'intermédiaire des saints ses élus ou par l'intermédiaire d'un événement. Pourquoi feindre d'ignorer, pourquoi? Tu sais, comme nous savons tous, que nous sommes constamment en présence de Dieu, aujourd'hui et demain, hier, avant hier et à tout instant de notre vie. Pourquoi l'ignorer ? Ou bien veux-tu être de ceux dont le Livre Sacré dit : " Ils ont des oreilles mais ils n'entendent pas, ils ont des yeux mais ils ne voient pas? "
Le peuple a dit : "Nous avons vu la mère toute sainte." Vous avez dit : "C'est une supercherie." Le peuple a persisté dans son affirmation et dans sa foi. La Mère toute sainte a multiplié ses signes et ses prodiges. Et vous avez intensifié votre refus de croire. Nous avons dit : " Sept ans! ". Sept ans de prière ininterrompue ne suffisent-ils pas à vous convaincre ? Et l'abondance de l'huile sainte qui n'apparaît plus uniquement à Damas, mais à Alep et dans d'autres régions du pays et du monde !.
Le peuple a dit : "Laissez-nous nous asseoir auprès de notre Mère, lui ouvrir notre cœur, lui confier notre douleur, l'entretenir de nos peines et de nos joies. Laissez-nous pleurer à ses pieds. Elle nous consolera et essuiera nos larmes de son voile très pur. Nous lui exprimerons alors notre reconnaissance et notre allégresse de l'avoir avec nous. Car nous étions égarés dans les labyrinthes du monde, elle nous a remis dans le bon chemin et ramenés dans le lieu préparé pour nous. "
Le plus grand parmi le peuple est son serviteur. Le serviteur du Seigneur reçoit ses prodiges là où ils se manifestent et de quelque manière qu'ils lui parviennent. Il ne les juge pas, n'en refuse pas certains pour en accepter d'autres. Il prête l'oreille, écoute et commente. Le peuple écoute avec lui. Car le jugement appartient au seul juge, au Dieu unique et Tout-Puissant.
Lorsque les autorités civiles chargées d'examiner l'icône miraculeuse l'ont sortie, devant toute la foule, de son cadre, elles ne trouvèrent rien d'extraordinaire : une feuille de papier, grande comme la paume de la main, un peu plus épaisse que le papier habituel. Sur cette feuille, une icône de la Vierge Marie était imprimée. Cette icône avait été dessinée sur le modèle des Vierges byzantines ou si vous préférez sur le modèle oriental. Pour la protéger, elle avait été encadrée avec du carton, du plastique et une vitre comme c'est l'habitude chez nous et dans le monde. C'est pourquoi, ceux qui l'ont démontée l'ont ré-encadrée avec beaucoup de respect et l'ont remise à sa place d'où elle se présente ainsi que l'huile miraculeuse à la vue et à la prière de tous ceux qui le désirent.
Cependant de nombreuses questions continuent à se poser : D'où vient cette huile ? Quand apparaît-elle ? Pourquoi disparaît-elle comme si de rien n'était, alors qu'habituellement une goutte d'huile sur une feuille de papier ou sur un morceau de bois laisse des traces pour des mois si ce n'est pour des années ? L'huile apparaît parfois à des moments ordinaires et non nécessairement durant la prière. Elle apparaît également durant la prière, mais pourquoi durant telle prière et non pas telle autre? Pourquoi à telle occasion et non pas à telle autre ?
Les autorités ont surveillé, publiquement et en secret, la maison choisie par la Vierge Marie, les maisons avoisinantes et sans aucun doute tout le quartier. Combien de temps cette surveillance a-t-elle duré ? Nul ne le sait. Les policiers qui en étaient chargés écoutèrent les cantiques, les prières et les invocations, connus ou improvisés, ils ne trouvèrent rien de compromettant. A vrai dire, les forces de sécurité ont été extrêmement correctes, polies et bienséantes. La foule venue en grand nombre pour prier n'a remarqué leur présence que les jours de grande affluence. Ces jours-là, elles aidaient les jeunes des Confréries Mariales et des Œuvres de bienfaisance à organiser les entrées et sorties pour permettre à tout le monde de visiter la Vierge et de participer à la prière qui s'y déroulait sans interruption. Or le désordre inhérent à de telles circonstances et le dérangement causé aux priants étaient, sont encore et resteront toujours, avec l'aide de Dieu, minimes et insignifiants. De quoi les autorités pourraient-elles douter ? Qui pourraient-elles suspecter ? Cette maison est tout simplement un lieu de prière. Tous ceux qui y viennent n'ont qu'un seul but: la prière. Et leur prière s'adresse au Très-Haut pour implorer sa compassion et lui demander la paix, non pas comme le monde la donne, mais Sa Paix à Lui. Quant aux gens de la maison, à savoir les deux époux et leurs proches parents, ils se sont mis de bon cœur, gratuitement et à tout instant du jour et de la nuit, au service de la Vierge et de ses enfants. A plusieurs reprises et en présence de toute la foule, ils ont proclamé leur volonté de n'accepter aucun cadeau, aucune participation, aucune contribution en argent ou en nature, de quelque provenance que ce soit. De nombreux écriteaux placés à divers endroits de la maison et sur le mur qui donne sur la rue, rappellent le caractère purement gratuit de ce service. "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement." Les réparations de la maison, sa décoration, son éclairage électrique qui transforme les nuits en jour, son nettoyage, le changement des meubles, bref sa mise en état pour accueillir les enfants de la sainte mère, sont à la charge du père de famille qui s'est offert lui-même, avec son argent et ses revenus, à la Vierge. Elle peut en disposer suivant son bon plaisir pour la grande famille des visiteurs dont les habitants de la maison sont devenus les serviteurs. A ma connaissance, les gens de la maison n'ont jamais rien accepté des visiteurs, si ce n'est un exemplaire agrandi de l'icône miraculeuse. Cette grande icône a été suspendue en face de l'originale. De temps en temps, la famille accepte un petit bouquet de fleurs qu'elle dépose immédiatement près de l'icône de la Sainte Vierge.
J'ai appris, dernièrement, qu'un chrétien a offert aux responsables d'une imprimerie à Damas le papier nécessaire pour imprimer plusieurs milliers d'exemplaires de l'icône sainte et les offrir aux habitants de la maison. Lorsque le père de famille l'apprit, il insista pour que l'impression de ces icônes soit une offrande à la mère toute sainte. Le donateur et l'éditeur acquiescèrent. Les icônes furent distribuées à tous ceux qui le désiraient. L'huile sainte a coulé de plusieurs d'entre elles, comme elle continue, à couler de la première. Personnellement, je témoigne devant Dieu, devant la Vierge Sainte et devant les hommes, avoir visité la maison à différentes heures de la journée, et particulièrement aux moments des principales fêtes chrétiennes. J'ai toujours vu le mari souriant et accueillant. Dans son sourire, je lisais l'affabilité et la chaleur humaine inhérentes à sa nature. Une force extraordinaire à laquelle il s'est pleinement livré, s'est emparé de lui, de son épouse et de toute sa maison.
Beaucoup de choses extraordinaires se passent dans cette maison, devenue un instrument docile aux mains de la Vierge Marie. Car toutes les merveilles que la sainte mère accomplit, proviennent du Seigneur et sont toutes pour son service et sa plus grande gloire. Quant à l'épouse, je l'ai toujours vue la tête penchée. Elle semblait répéter spontanément, non pas en paroles mais par son comportement et ses gestes, les paroles de la Vierge à l'Ange : "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. "
L'huile sainte a été souvent analysée, à des moments bien espacés et dans de nombreux laboratoires, certains étatiques et d'autres privés, les uns arabes, les autres étrangers. Le résultat était toujours le même : il s'agit là d'huile d'olive pure à cent pour cent. Les hommes de religion, experts en la matière, ont dit qu'elle a l'odeur du saint chrême, cette huile consacrée et destinée à oindre la tête et les membres de l'enfant ou de l'adulte au baptême et à la confirmation. Celle-ci est un sacrement de l'Église, tout comme le baptême, le mariage et le sacerdoce. Le saint chrême est préparé par le patriarche ou l'évêque au cours d'une cérémonie religieuse particulière. A l'huile d'olive, le célébrant ajoute certaines plantes qui lui confèrent une odeur agréable et vivifiante, puis la bénit. Il la conserve précieusement, étant donné qu'elle est sainte et sacrée.
Que pourraient-ils trouver dans l'huile lorsqu'ils l'analysent, dans l'icône lorsqu'ils la démontent, ou bien dans les autres objets saints lorsqu'ils les émiettent et les traitent par les moyens naturels ou chimiques bien connus, et même lorsqu'ils les soumettent au microscope électronique ? Que pourraient-ils trouver, sinon des éléments naturels provenant de l'ensemble des choses existantes dans la création ? Or, même si les signes célestes se manifestent dans le temps et l'espace, ils les transcendent de la même manière que l'infini surpasse le fini, que le poète plane au-delà du commerçant, et celui qui donne gratuitement et aimablement s'élève au-delà du mercenaire.
Dirons-nous que cette huile est immatérielle ? Mais comment cela pourrait-il être alors qu'elle n'existe pour l'homme que lorsqu'elle s'unit au sensible et au palpable que nous appelons "la matière" ? Et dans l'Évangile de saint Jean, ne lisons-nous pas: " Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous "? En vérité, les mots matière, matériel, esprit, âme, spirituel et même corps et corporel... tous ces mots ont perdu leur sens. On dirait une monnaie sans couverture. L'essentiel, le primordial et l'indubitable, c'est que le monde dans lequel nous évoluons constamment est habité par une autre existence que nous connaissons par ses effets. Leibnitz disait : " Les choses inférieures se trouvent dans les choses supérieures, meilleures qu'en elles-mêmes. "
Un jour, des personnalités politiques visitèrent la maison de la Vierge à Soufanieh. C'était au cours de la première année de l'apparition de l'huile sainte. Les signes de la mère toute sainte s'étaient répandus parmi les gens. Un grand nombre de croyants s'étaient réunis pour prier. Certains d'entre eux, témoins oculaires, me racontèrent les événements : les hommes politiques se tinrent, avec énormément de respect, debout devant l'icône sainte. Ils la contemplèrent. Chacun pria à sa manière, puis ils s'avancèrent ensemble vers les gens de la maison et se présentèrent. Ensuite, ils leur demandèrent de leur parler de l'huile sainte, des apparitions de la Sainte Vierge et de ses signes. Ils s'adressèrent également aux croyants réunis pour la prière et les interrogèrent sur leurs sentiments et leurs impressions à propos de ce qui se passe dans ces lieux au vu et au su de tout le monde. Enfin, ils saluèrent la foule, lui firent leurs adieux et s'en allèrent. Dans leurs yeux, on lisait l'étonnement; dans leur âme, l'admiration et dans leur cœur, une profonde vénération pour la mère toute sainte, la Vierge Marie. Ils quittèrent les lieux pleins de reconnaissance au Dieu Très-Haut, d'avoir gratifié de ses grâces la ville de Damas et toutes les régions de Syrie.
Ce que la foule des croyants estima le plus dans la visite de ces responsables politiques à la maison de la Vierge, c'est leur souci à se mettre au nombre des simples citoyens et à agir tout naturellement comme agirait tout être humain dans une semblable situation. Car, devant le Seigneur Dieu, peut-on parler de grands et de petits, de riches et de pauvres, de gouvernants et de gouvernés ? Ne sommes-nous pas tous des pauvres devant lui ? N'avons-nous pas tous besoin de sa miséricorde ?
J'ai entendu certains chrétiens dire : " Plût à Dieu que les autorités religieuses eussent agi comme les autorités civiles, qu'elles soient de la sûreté nationale ou qu'elles représentent les hauts dignitaires de l'État." Celles-ci ont été et demeurent encore objectives puisqu'elles laissent les événements suivre leurs cours. Quant à celles-là, elles ont essayé, à plusieurs reprises, d'empêcher de visiter la maison de la Vierge. Ce qui retient effectivement l'attention, c'est que la plupart de ceux qui les ont suivies étaient des notables de la communauté. Tandis que ceux qui ont suivi la Vierge étaient des gens du peuple, simples et croyants. En dépit de cela, il ne nous appartient pas d'accuser quiconque, quel qu'il soit et quel que soit le rang social qu'il occupe. Il est cependant de notre droit de nous interroger sur la différence flagrante entre les deux réactions, civile et religieuse, bien que la réponse à une telle question soit difficile, pour ne pas dire impossible. Car Dieu seul "scrute les cœurs et en connaît les secrets. "
La réponse est impossible puisque ce qui guide spontanément l'homme dans le domaine de la foi, c'est son cœur ou encore sa capacité à accueillir, positivement ou négativement, les circonstances et les événements qui constituent son univers, que ces événements viennent de la terre ou du ciel. Or, parmi toutes les forces et les facultés de l'homme, le cœur est celle qui résiste le plus aux analyses.
Je ne crois pas pouvoir donner raison à ceux qui ont prétendu qu'il était de l'intérêt de l'autorité civile de recourir à tous les moyens pour occuper le peuple et le détourner de ses malheurs quotidiens. Car le moyen le plus efficace et le plus indubitable pour orienter le peuple et l'influencer, demeure l'information bien utilisée.
Dès lors, les autorités civiles, en tant que telles, ne se considèrent responsables des affaires religieuses que dans le cadre de la sécurité nationale et de la quiétude des citoyens. Tandis que les autorités religieuses se sentent directement responsables de toute initiative, grande ou petite, en relation avec la religion et les questions religieuses. Elles ne peuvent pas se permettre d'admettre pour vrai et exact ce qu'un individu pourrait prétendre ou ce que les autres pourraient raconter sur lui à savoir qu'il est l'objet de grâces extraordinaires et le témoin de prodiges et de miracles. Car il se pourrait que cet individu soit un imposteur, un illuminé, la victime de ses illusions ou la proie d'une maladie nerveuse. Et le peuple en sa qualité de "peuple" croit facilement tout ce qui excite son imagination et enflamme ses émotions. Cette promptitude à donner sa foi se manifeste spécialement les jours difficiles, aux moments des crises sociales ou durant les tournants historiques. En effet, durant ces périodes, les changements et les renversements fondamentaux s'opèrent rapidement dans tous les domaines de la vie, que ces changements soient politiques ou économiques. Les idéologies, même athées, prennent la forme de vérités religieuses ou de vérités absolues qui s'imposent par la force. De fait, l'opinion populaire croit que la fin du monde est imminente.
Si nous considérons les événements de Soufanieh de ce point de vue, nous comprendrons la méfiance des autorités, qu'elles soient religieuses ou politiques, de tout ce qui pourrait offrir un terrain favorable aux innovations et laisser libre cours aux aventuriers. Ceux-ci pourraient prétendre au statut de réformateurs sociaux ou religieux, et il n'est pas impossible de trouver des illuminés prêts à revendiquer la prophétie ou la connaissance de l'au-delà. Effectivement, l'histoire est riche en expériences malheureuses qui ont conduit au démantèlement de nations aux racines bien solides, à des hérésies religieuses et à des guerres meurtrières entre différentes confessions. Les conséquences désastreuses de ces dernières sont toujours à l'œuvre dans notre monde.
Toutefois, l'histoire abonde en témoignages heureux ! En effet, nombreux sont les réformateurs sociaux et religieux, les rénovateurs et même les prophètes qui ont été atrocement persécutés par les autorités ! Les mobiles de ces persécutions étaient divers. Pour les uns c'était la volonté de défendre des traditions qu'ils considéraient sacrées et immuables. Pour d'autres, la volonté de défendre leur poste, leur mission et leur fonction dans la société. Pour une troisième catégorie c'était peut-être leur refus catégorique de se laisser corrompre... ou bien d'autres mobiles cachés dans les profondeurs de l'être et que la personne elle-même ignore ! Là, une parole du Christ me vient à l'esprit : "Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et les messagers de Dieu ! "
Le pire qui puisse arriver aux autorités religieuses, et qui arrive effectivement, c'est leur recours aux forces de l'ordre et de la sûreté nationale, tantôt pour combattre le renouveau et les rénovateurs et tantôt pour les délivrer de ceux qui leur résistent, quels que soient les mobiles de cette résistance. C'est alors que l'aspect social et organisateur de l'autorité religieuse prend le dessus sur son aspect religieux et spirituel et le tue. Là réside le plus grand danger auquel s'expose la vie religieuse et spirituelle de toutes les religions et à toutes les époques.
Lorsque l'aspect social et organisateur accapare l'institution religieuse, l'aspect spirituel et religieux s'atrophie et se réduit à de simples rites, que les croyants ainsi que le clergé répètent machinalement. Autrement dit, l'aspect spirituel de la religion devient un simple squelette, qui doit sa pérennité à l'habitude et à la routine. Avec le temps, il devient une entité sociale, semblable à tous les éléments qui constituent l'identité ou les identités sociales.
De fait, les deux aspects doivent se compléter car ils sont indispensables l'un à l'autre: l'aspect social est ce qui permet à l'aspect spirituel de prendre corps. C'est lui qui organise la vie spirituelle des croyants. Il est au spirituel ce qu'est le corps à l'esprit. L'un ne peut exister sans l'autre : le spirituel est là où sont le progrès et le renouveau, et le corps est là où se déroule la vie quotidienne, individuelle et sociale. Malheureusement, il est rare que ces deux aspects se complètent ou s'équilibrent. Car l'aspect social domine le spirituel, l'accapare et finit par l'absorber. Ainsi, l'institution devient un but en elle-même, semblable en cela à toutes les autres institutions, tels que les partis, les syndicats et les municipalités. Et, à l'instar de toutes les institutions, elle assure sa défense par les moyens bien connus, que ceux-ci soient légitimes ou pas. C'est pourquoi elle devient incapable de renouveau, pareille à un squelette à la recherche d'un esprit qui le vivifie, mais ses recherches restent vaines, l'esprit s'en éloigne en permanence. Et sans esprit, la religion devient une confession exposée à tous les vices confessionnels et à toutes les luttes intestines, inextinguibles et meurtrières. Quant à la vie spirituelle, elle devient l'apanage d'une minorité qui, jour et nuit, supplie le Seigneur de guider les hommes dans la voie droite. Et le Seigneur exauce la prière de ceux qui l'implorent.
L'Apôtre Paul dit : "là où le péché abonde, la grâce surabonde." Et Le Christ dit : " Celui qui a des oreilles pour entendre qu'il entende ! Et celui qui a des yeux pour voir, qu'il voie! "
Le renouveau de la vie religieuse et spirituelle a un troisième aspect que nous remarquons rarement : c'est son aspect conflictuel. Celui-ci est constamment exposé aux plus grandes déviations. Car il ne s'agit pas uniquement de conflit spirituel et religieux, mais de conflits plus généralisés inhérents à tous les domaines de la vie humaine, qu'ils soient sociaux, culturels, politiques ou économiques. Cette inhérence n'est guère étonnante. Car l'être humain, pris individuellement ou communautairement est une unité indivisible à tel point que le spirituel appelle le politique, le religieux nécessite l'économique et tous les deux, à leur tour, sont intimement rattachés au culturel et au social.
Il se pourrait qu'un certain renouveau demeure conflictuel durant de nombreux siècles. En effet, dans toute l'histoire de l'humanité, je ne connais pas de doctrine religieuse, - ou politique - universelle ou à tendance universelle, qui soit demeurée longtemps unifiée. Rien d'étonnant à cela puisqu'elle est l'image de l'existence humaine. Celle-ci, unifiée à l'origine, comme elle le sera dans l'éternité, est une existence extrêmement diversifiée, étant donné la multiplicité des milieux de vie, des langues, des chroniques historiques, des coutumes et des traditions...
Chaque communauté humaine, nationale ou culturelle, comprend la doctrine à sa manière, et la pratique différemment des autres communautés. Autrement dit, chaque texte fondamental a deux significations, deux explications et parfois davantage. Dès lors, chaque doctrine se présente sous deux ou plusieurs aspects. Chaque aspect s'incarne dans une communauté et adopte ses diverses manifestations culturelles, politiques, sociales et économiques... Ainsi, au fil des années, chaque point de la doctrine acquiert sa propre histoire, les deux ou plusieurs histoires deviennent diamétralement opposées et inconciliables. Chacun prétend détenir la vérité et être le plus près des origines. Et lorsque la question de la doctrine authentique est posée, une autre se greffe sur elle : la question de la présence du passé dans le présent : qu'est-il ? Comment peut-il être? Comment doit-il être ? Tout le monde oublie que l'origine est projetée dans l'avenir, que la source jaillit pour aller de l'avant et que Dieu Très-Haut, le Seigneur de l'espace et du temps, l'origine absolue de tout, n'est pas dans le temps et dans l'espace, mais qu'il est Celui qui vient constamment, comme je l'ai déjà rappelé. Cf. L'Apocalypse. Parallèlement à cette attitude, l'autorité religieuse - et politique - devient, à l'instar de toute autre société, une structure rigide, hermétiquement fermée, conservatrice et vénérant le passé. Car c'est dans ce passé que Dieu a envoyé ses prophètes et ses saints. C'est dans ce passé que les gens étaient bons et droits. Mais aujourd'hui, les valeurs morales se sont perverties, le vice s'est répandu et Dieu Lui-même nous a retiré sa miséricorde. On dirait que le Seigneur du temps et de l'espace, ainsi que sa miséricorde, sont attachés au passé, à savoir à un temps et un lieu bien déterminés. Là encore, ils oublient que Celui qui est "La Miséricorde" n'a jamais refusé ses signes à personne et qu'il "fait lever quotidiennement son soleil sur les bons et sur les méchants." Pourquoi ne nous interrogeons-nous pas sur notre attitude ? Au lieu d'accuser Dieu, demandons-nous : "N'est-ce pas nous qui avons fermé les yeux, puis les oreilles, pour ne pas voir et ne pas entendre ? "
Il est du devoir de l'homme de suspendre son jugement, lorsqu'il s'agit de la manifestation d'un signe du Seigneur ! Il a le droit de douter, d'attendre et de chercher à comprendre. Mais il n'a pas le droit de condamner quelqu'un, de le juger ou même de le troubler dans ses convictions. S'il a le droit de ne pas rassembler, il n'a pas le droit de disperser et de diviser, car "celui qui n'est pas contre Moi est avec Moi" dit le Christ.
Et si sept années de prière ininterrompue à Soufanieh, accompagnée de signes extraordinaires, ne constituent pas une preuve convaincante et une argumentation suffisante, l'homme a-t-il pour autant le droit de généraliser son refus et d'en faire quelque chose d'absolu?
Messieurs, laissez, je vous prie, les gens ouvrir leur cœur à leur Mère toute sainte et lui confier leurs peines. Ils ont cru et croient toujours à sa présence au milieu d'eux. Ils ont la conviction qu'elle est venue prendre leurs prières et les porter au Très-Haut. Vous avez vos propres convictions, ne troublez pas les croyants dans les leurs, car vous connaissez la terrible parole du Christ "Malheur à celui qui scandalise l'un de ces petits. " Je vous donne Ma paix, non pas la paix du monde.
Je n'oublierai jamais le jour où je me suis réfugié dans la maison de la mère toute sainte, à la recherche de la paix. La veille, nous avions vu aux nouvelles télévisées, des milliers de japonais, grands et petits, hommes et femmes, gouvernants et sujets, s'avancer vers Hiroshima, vers le lieu même sur lequel la première bombe atomique avait été larguée. Là, d'un seul cœur et d'une seule âme, ils se sont prosternés humblement et en silence. Ils ont longuement médité et prié devant les victimes d'un massacre qui a dépassé en cruauté tous ceux de l'histoire de l'humanité. La présence dans ce cortège, de rescapés défigurés et mutilés n'a fait que le rendre plus impressionnant et plus redoutable... La vue de ce spectacle remémorant les événements du 6 août 1945 me rappela de manière très intense toutes les images que, dans le monde entier, et durant plus de dix ans, les écrans de télévision n'avaient cessé de diffuser. Cette journée fut la plus terrible de ma vie. Je n'en avais jamais connu de semblable. Tous mes efforts pour oublier ces images et les éloigner de moi furent vains. Ma nuit fut un véritable cauchemar. On aurait dit que tous les malheurs de ma vie s'étaient rassemblés pour s'emparer de mon être dans sa partie consciente et inconsciente, dans mon corps, dans mon âme et dans mon esprit. Des vagues d'angoisse plus suffocantes que la chaleur torride du mois d'août me submergeaient.
Je me suis dit : " Est-il possible que le fauve tapi en chacun de nous puisse s'emparer de l'un d'entre nous au point de l'inciter à détruire une grande ville en quelques instants ? Est-il possible de massacrer des millions de personnes et d'en condamner des milliers d'autres à de terrifiantes infirmités corporelles et psychiques, qui ne les quitteront plus jusqu'au dernier souffle de leur vie? "
Le pire est que, quelques jours plus tard, ce même fauve a ordonné de larguer une autre bombe atomique sur une autre région du Japon, à savoir l'île de Nagasaki. Heureusement que le nombre d'habitants de cette ville est inférieur à celui d'Hiroshima. Le fauve a fait cela en connaissance de cause. Effectivement, tous les enregistrements lui avaient montré les affreux et horribles résultats de son action. Il savait aussi que la pollution allait toucher le milieu naturel, s'étendre à des kilomètres pour englober la ville et l'île. Leurs enfants et leurs petits-enfants auraient à en souffrir durant de nombreuses générations.
Durant deux jours consécutifs, les images de la catastrophe ne me quittèrent pas. J'étais hanté par l'idée qu'un seul homme avait pu, par un seul mouvement et en l'espace d'une minute, rayer une grande ville de la carte, et de l'existence une région avec ses habitants. En effet, beaucoup sont morts asphyxiés. Et ceux qui ont échappé étaient tellement défigurés qu'ils ressemblaient à des morts-vivants. Leur vie était devenue une mort lente et continue. C'est pourquoi ils regrettaient de n'être pas morts avec les autres.
Le plus atroce est que cette condamnation à mort des animaux et des plantes, des corps et des âmes, va durer de très nombreuses années encore et Dieu seul sait quand elle prendra fin. Imaginons, à Dieu ne plaise, une autre catastrophe de ce genre dans une région très peuplée, ne pensez-vous pas que les dégâts humains et naturels seraient à eux seuls équivalents à tous les dégâts causés par toutes les guerres que l'histoire a connues depuis le début de l'humanité ? Dites: " Ils seront pires encore. "
Pourquoi cet étonnement qui m'habite ? Il est possible que des milliers de personnes trouvent normal qu'après avoir largué la terrible bombe atomique, l'aviateur soit devenu la proie de crises hystériques jusqu'à la fin de ses jours. Certes, il est réellement complice des fauteurs de ce crime, mais il reste le moins responsable. Que dire alors de celui qui a donné l'ordre de larguer la bombe et qui s'est retranché derrière le droit que lui confère la constitution de son pays? Que dire de lui alors qu'il est le premier responsable de ce crime ?
Lorsqu'on a vu que le Japon ne capitulait pas, il n'a pas hésité à donner l'ordre de larguer la deuxième bombe. Il était - et reste toujours - soutenu par son peuple qui le place au nombre de ses grands hommes politiques.
L'arrogance humaine ne veut pas seulement la capitulation de la partie adverse, mais elle exige de manière catégorique que le vaincu reconnaisse sa défaite et se rende sans conditions ni réserves. Telle est la volonté du fort lorsqu'elle est mue par l'orgueil. Elle veut écraser l'autre et le dévorer de manière sadique à la différence de l'animal qui ignore le sadisme. En effet, lorsqu'il veut dévorer un autre animal plus faible que lui, il se jette sur lui et l'achève. Tandis que l'homme se délecte de garder son frère en vie, afin d'exercer sur lui son autorité, de l'asservir et de l'humilier à tout instant de jour et de nuit jusqu'à la fin de sa vie. De cette manière, il assouvit sa convoitise et son avidité pour le pouvoir et la domination. On dirait que l'autre n'existe pas pour lui-même, comme le Créateur l'a voulu, mais pour la satisfaction d'un autre.
Et le remords ? Et la conscience ? L'aviateur serait-il le seul à souffrir des remontrances de la conscience au point de perdre la raison ? Serait-il le seul parmi des millions de citoyens à ressentir dans sa chair le crime abominable qu'il a commis contre l'Homme et contre l'humanité ?
Certainement pas ! Mais la grande majorité croit avoir agi de manière légitime : n'a-t-elle pas arrêté la guerre et ses atrocités qui auraient pu durer des années encore ? C'est du moins ce que les responsables ont laissé croire aux foules et au monde.
- C'est de la pure logomachie ! C'est une contradiction horrible ! Car la bombe atomique a causé beaucoup plus de dégâts qu'elle n'en a évité ! ...
Qui sait ! ...Certains pourraient être heureux et satisfaits de ce qu'ils viennent de faire!
- Pourquoi l'homme fait-il le mal, tout en s'imaginant faire le bien ? Que chacun de nous s'examine lui-même, qu'il examine ses actions, les grandes comme les petites, les personnelles comme les communautaires, qu'il s'interroge sur leurs mobiles, sans mensonges ni supercheries, sans excuses ni justifications. Ne trouve-t-il pas que l'orgueil est le mobile caché de tout ce qu'il fait ? Et lorsque l'orgueil atteint son paroxysme, c'est que le fauve qui est en nous a dévoré toute la partie humaine de notre être, et se prépare à dévorer ses frères. Puisions-nous condamner toutes les catégories d'orgueil sans exception ! ... Car tout orgueil est une forme de violence. Or la violence n'a pas de mesure. Elle impose le silence à la raison et à la conscience, pour ouvrir la porte toute grande à la méchanceté, au mal et à l'agression contre les droits des autres.
- La révolution pour l'indépendance, le port d'armes pour la défense de la patrie, la guerre pour le recouvrement de ses droits!...
-Ce sont là, sans doute, des situations légitimes et légales, ce qui n'est toutefois pas le cas de la bombe atomique qui a été larguée pour manifester la puissance d'une nation et étendre sa domination aux dépens d'une autre nation. Une puissante et vaste propagande a fortement aidé à endormir la conscience des gens, à soumettre leur raison à leurs instincts et à leur faire prendre le mal pour un bien.
Toutes ces pensées me revenaient en mémoire et peuplaient mon monde intérieur, au moment où je me présentais devant la mère toute sainte. Alors je lui ai dit : "Mère, est-il possible que je sois, d'une manière ou d'une autre, responsable de la bombe d'Hiroshima?" La Vierge Marie pencha la tête. Sur son visage tout rayonnant, se dessinèrent des marques de tristesse et de compassion comme si Elle voulait me dire : "Interroge-toi toi-même."
Alors je me dis : "Pourquoi pas ? " La volonté de dominer les autres ne se glisse-t-elle pas dans les paroles, les attitudes et la pensée au moment de leur formation ? Ne se glisse-t-elle pas dans le désir lorsqu'il est encore au stade de l'embryon, dans l'image lors de son émergence et avant son épanouissement et sa croissance ? Le glissement de cette volonté de domination dans les différentes composantes de la pensée humaine est semblable à l'action de la fièvre qui pénètre l'organisme humain par tous ses pores, puis l'envahit à la vitesse de l'éclair, pour finir par s'installer là où elle ne trouve aucune résistance. L'organisme alors cerne les microbes et leur livre une guerre sans merci, car il s'agit là d'un combat de vie ou de mort.
Quant à moi, ai-je combattu de mon mieux l'image étrangère et intruse et tout son lot d'imaginations, de gestes, d'attitudes et de soupirs, ou bien me suis-je livré à l'instinct de domination ? Dans quelle mesure m'y suis-je livré ? Me suis-je opposé, par exemple, au désir de me venger - même par la pensée et l'imagination -de celui qui m'a gêné ou nui ? L'ai-je considéré comme mon prochain et lui ai-je pardonné ? - Oh! que ce pardon est rare ! - Ai-je rougi de moi-même pour n'avoir pu répondre à une ironie blessante que par une ironie semblable ou plus blessante encore ? ...
Le mal naît, croît, foisonne et pullule par une force inhérente à sa nature, et avec une rapidité stupéfiante qui n'a d'égale que la prolifération des microbes et la multiplication de la mousse sur un corps vivant, en vue de le dévorer progressivement.
Mais quelle est la relation entre tout cela et la bombe d'Hiroshima, étant donné les milliers de kilomètres qui nous séparent de cette ville, et l'ignorance absolue de ce qui s'y passait alors et de ce qui s'y passe encore ?
L'individu est le produit de toutes ses actions, gestes, raisonnements, dispositions, dires et intentions - mêmes nuisibles. C'est tout cela qui le façonne et le fait exister physiquement et spirituellement et se dessine en premier lieu sur sa physionomie. Ce sont ces composantes qui apparaissent dans ses relations avec ses semblables ; et passent des uns aux autres d'une manière ou d'une autre. Par conséquent, à chaque minute de sa vie, l'individu commet un péché.
Pourquoi donc ne se repent-il pas, ne fût-ce qu'une seule fois par semaine ?
Durant la vie publique du Christ, un homme s'était approché de lui pour lui demander quelque chose : "Bon Maître", dit-il. Immédiatement Jésus lui avait répondu : "Comment m'appelles-tu bon, alors que Dieu seul est bon ? "
Toutefois, lorsque les Juifs l'entourèrent pour le tuer, Jésus leur demanda : "Pour quelle faute voulez-vous me tuer ?", signifiant par-là qu'il n'a jamais enfreint aucune tradition ni porté atteinte à une loi morale. C'est pourquoi il peut demander compte à l'homme pour ses fautes, y compris pour le regard qui, bien souvent, dresse une barrière entre lui et son âme. Il est bien évident que plus la personne humaine occupe une haute position dans les fonctions religieuses et sociales, plus son influence sera profonde et à plus longue portée sur ceux qui l'approcheront, écouteront ses paroles ou liront ses écrits. De même, grande sera la responsabilité de tout ce qu'il dit ou écrit, de sa conduite et de son comportement. Car le mal se transmet par contagion tout comme le bien, puisque, sous ce rapport, l'humanité constitue un tout bien cohérent dans la guerre comme dans la paix, dans la haine violente comme dans l'amour... Ce tout, bien cohérent, constitue un climat très favorable pour la croissance du mal qui se propage de la même manière que la maladie. En effet, la jalousie et l'égoïsme, la vanité, la prétention et l'orgueil constituent un terrain propice à la violence, au meurtre, aux multiples agressions et, en fin de parcours, à la guerre. Celle-ci, si limitée soit-elle dans le temps et dans l'espace, ne peut laisser indifférentes les forces internationales qui, de l'irritation passent à l'affrontement.
- Alors, pouvons-nous dire que les habitants d'Hiroshima et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, leur sont unis, sont responsables de la bombe atomique ?
- Sans aucun doute, ils sont tous responsables car ils ont combattu avec leur pays, ils ont attaqué, tué, assassiné des innocents. Ils ont cherché à étendre leur hégémonie aux dépens des autres. Le crime du responsable qui a ordonné de larguer la bombe et celui du peuple qui l'a soutenu dépassent des dizaines de fois tous les crimes communautaires commis jusqu'à nos jours. Car ils savaient à l'avance ce qui allait en résulter. Ils ont vu par la suite les résultats immédiats et ultérieurs de la catastrophe… Et malgré cela, ils ont décidé de larguer une seconde bombe.
- Quiconque porte atteinte à la réputation d'autrui lance sur lui une bombe ou participe à son lancement.
- Même s'il est convaincu de dire la vérité et d'agir selon le droit?
- Quelle est l'autorité légale qui lui a demandé - ou nous a demandé - à toi et à moi - de dire la vérité ? Que chacun de nous se limite à sa vérité, qu'il la dise devant Dieu, se repente de ses fautes et laisser les autres tranquilles.
- Voulez-vous dire que notre sort dans l'au-delà....sera pire que celui que nous vivons ici-bas ?
- Pourquoi ne prenez-vous pas au sérieux la promesse du Seigneur Très-Haut d'être "La Miséricorde ?" N'a-t-il pas dit : "Que rien ne lui était impossible ? " et "qu'il ne charge personne au-delà de ses forces ?"
- Examine-toi, demande des comptes à ton âme, avant d'en demander à d'autres. Accomplis tes devoirs avec une intention pure et pour l'amour de Dieu... puis confie-lui tout le reste.
Rejoins les foules qui se recueillent devant la mère toute sainte et répète avec elles : " ô Marie, notre Mère, priez pour nous." Car parmi les saints de Dieu, Elle est la plus proche et la plus aimée de Lui.
L'humanité constitue un seul corps. Cela n'est pas uniquement vrai pour le passé, le présent et l'avenir, mais pour ici et là-bas, dans le temps et l'éternité.
Le spectacle d'Hiroshima m'obséda durant tout le temps que j'ai passé devant la mère toute sainte. Avec la foule je répétais des prières, les unes connues et habituelles, les autres improvisées... Brusquement, ce spectacle ne tarda pas à laisser la place à un autre plus apaisant. Le changement se fit à mon insu au moment où je me demandais : "Parmi les victimes de ce terrible génocide, n'y avait-il pas des personnes sincères, loyales et fidèles qui aient offert leurs souffrances et leur vie pour leurs frères?"
Certes, chaque nation doit avoir son dieu, mais en vérité il n'y a qu'un Dieu unique pour toutes les nations. Chaque peuple a ses martyrs et ses saints. Mais le martyre et la sainteté sont un et à la portée de tout le monde.
Gloire et louange à Celui qui, du mal, tire le bien, tout comme il redonne la vie à ce qui est mort.
On a dit : " Quand, où et comment avez-vous vu la Vierge Marie? " Une chose est certaine : nous l'avons vue. Cette certitude est le point de départ du séjour de la mère de Dieu parmi nous, à Damas. Ce séjour, en dépit de tout raisonnement, dure depuis sept ans et, si Dieu veut, durera jusqu'à la fin des temps. Les manifestations de la Vierge sont au-delà de toute imagination et de toute logique humaine. Nul ne peut dire comment nous l'avons vue…
C'était le 27 novembre 1982 dans une maison de Soufanieh. Depuis, nous appelons cette maison : " La maison de la Vierge, de la mère toute sainte. " Toutefois, la Vierge Marie n'est pas dans un temps et un lieu définis. Celui qui l'a créée et l'a élevée au-dessus de toute créature, l'a rendue, comme lui, au-dessus du temps et de l'espace. C'est pourquoi, elle est pour tous les temps et tous les lieux.
La Vierge n'est ni ma sœur ni ma cousine. Elle n'est ni ma voisine ni mon amie. Elle n'est pas l'une de ces personnes que je vois et avec lesquelles je parle habituellement. Elle n'est pas ma mère selon la chair… Pourtant, je la sens plus proche de moi que tous les miens. Chaque fois que je l'invoque ou l'appelle au secours, mon cœur sent sa présence et s'en réjouit. Il s'abandonne à elle comme un enfant dans les bras de sa mère. Je la sens tout près de moi. Sa paix m'inonde et illumine ma vie. Sa sérénité règne dans les profondeurs de mon être. Il se peut que rien ne change dans ma situation matérielle ou psychique. Mes succès et mes souffrances, mes peines et mes joies, mes préoccupations et mes soucis, ma connaissance et mon ignorance sont toujours les mêmes. Cependant, je me sens plus fort pour les affronter. Grâce à la présence de la Vierge Marie, je me sens différent. Et ce sentiment n'est pas uniquement d'ordre spirituel. Mes sens et mes sensations y participent fortement. Comment ? Je ne le sais pas. Je suis tout entier sous l'emprise de cette sensation, je la vis dans toutes les fibres de mon être…
Lorsque j'appelle la mère toute sainte et qu'elle ne me répond pas, je me dis : " Tu l'as appelée des lèvres, ton cœur est ailleurs. Il marchande en vue d'obtenir quelque chose. "
Au fil des jours j'ai compris que c'est Marie qui venait toujours à moi. Elle me prévenait et me stimulait sans se lasser. Et lorsque je me tournais vers elle, elle me disait calmement et sur un ton de reproche : " Tu es mon fils, je t'aime. Pourquoi me fuis-tu ? " Ses visites à Soufanieh revêtent le même aspect de reproches maternels, adressés avec insistance et amour à tous ses enfants.
Tels sont les enfants, ô Mère ! Ils veulent mesurer leurs forces. Et dans cette tentative, leurs parents sont la première cible. Ils se révoltent contre eux. Certains affirment parfois leur liberté en les insultant. Chacun veut être un monde totalement autonome dans lequel il serait le commandant en chef et le maître absolu. Les premiers propos calomnieux sont adressés à la mère, car elle est la plus proche de ses enfants.
- Mon fils, quand t'ai-je demandé d'être assujetti à une créature ? Celui qui nous a créés, toi et moi, t'a fait à son image et à sa ressemblance. Il t'a créé libre et indépendant. il t'a doté d'un capital d'intelligence, de raison et d'amour de charité à la mesure de ta liberté. Toutefois, dans chaque être humain il existe une part du "fils prodigue" dont parle Jésus, mon fils, mon Seigneur et le Seigneur de toute créature. Ce "fils prodigue" a pensé que son autonomie consistait à dilapider la fortune que son père lui avait donnée. Finalement, il s'est trouvé gardien de pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des caroubes que mangeaient les cochons mais personne ne lui en donnait.
- Mère, pardonnez-nous.
- Mon enfant, le Père Céleste seul remet les péchés. Et voici, je Le vois les bras ouverts. Il appelle tous ses enfants : "ô vous tous qui êtes fatigués, venez à moi et je vous soulagerai." Il appelle chacun par son nom, et à chacun Il prépare le veau gras. Ma présence parmi vous, aujourd'hui, est l'un des moyens qu'il utilise pour vous ramener à lui. Une seule expression, un mot, un geste, un signe, un regard nouveau sur l'existence, une bonne relation avec tes frères... et te voilà dans le giron du Père... Il t'enlace dans ses bras et te serre chaleureusement contre son cœur.
En vain tu fixes la terre, tu n'y trouveras rien... Affamé tu y cherches ta nourriture, assoiffé tu lui demandes l'eau, nu tu lui réclames la chaleur... Mais tes démarches restent sans résultat ! Malgré cela, tu affirmes ta domination sur elle face à ton frère. As-tu oublié, qu'à l'origine, cette terre a été créée pour toi -et pour ton frère- afin qu'ensemble vous montiez vers le Ciel ? Cependant, lorsque tu l'as considérée comme une demeure durable, une finalité suprême et que tu as utilisé ton frère comme moyen pour parvenir à cette finalité, tu as fait fausse route. Ton Père Céleste te met en garde : "Insensé, cette nuit même, on te demandera ton âme. A qui laisseras-tu tous les biens que tu as assemblés ?"
- La nécessité, ô Mère, est l'instinct de conservation. La jalousie a vite fait de se transformer en rancœur et en convoitise... Et que dire de l'égoïsme, de la vantardise et de l'agression contre autrui, contre sa fortune, sa terre, ses ressources, son honneur et sa personne?
- Acceptes-tu, mon fils, que l'autre porte atteinte à ta personne et à tes biens ? As-tu oublié la sagesse divino-humaine qui dit "Faites aux hommes ce que vous voulez qu'ils fassent pour vous ?'' Écoute, mon fils : l'autre, c'est ton prochain, ton frère. Ensemble vous vous entraidez pour parcourir la longue et difficile route de la vie.
- L'autre n'est pas un objet que tu possèdes, ni un esclave à ton service. Mais comme toi, Dieu l'a créé libre. Il a son monde, comme tu as le tien. Tous les mondes humains s'associent pour glorifier le Créateur. Vous tous, vous formez la grande famille de Dieu.
- Rappelle-toi, mon enfant, les paroles de Jésus à ses disciples: "Que le plus grand parmi vous soit votre serviteur " et "Regardez les lys des champs. Ils ne filent ni ne tissent. Or, votre Père Céleste les revêt avec magnificence. Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. " cf. Math. (6,28-30)
Ces paroles et bien d'autres, la mère toute sainte nous les redit chaque fois que nous nous présentons à elle et disons : " Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. "
Elle poursuit : "La voie que mon fils Jésus-Christ a empruntée, est une voie de service: Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir. " C'est la voie que nous devons suivre à notre tour selon l'affirmation du Sauveur à l'apôtre Pierre : "Tu dois pardonner à ton frère soixante-dix fois sept fois ".
Certes, nous avons entendu. Mais comment, quand et où avons-nous vu et entendu la mère toute sainte ?
- Comment l'homme voit-il l'invisible ?
- En esprit, par la foi et grâce
à la pensée qui est une lumière de Dieu en nous.
- Oh ! Ce sont là des réponses
classiques ! a-t-on répliqué. Elles convainquent ceux qui
croient déjà. Quant aux incroyants, ils les méprisent,
car ils n'y voient qu'imagination, légendes, fables et illusions.
- En quoi croyez-vous alors ? avons-nous
demandé.
- On a répondu : - Nous croyons
dans les vérités scientifiques que l'expérience confirme
et que la raison démontre.
Nous aussi, nous nous appuyons sur l'expérience, mais sur une expérience vivante qui naît et grandit dans le cœur et la conscience des hommes. Quant à votre expérience, elle est factice, fabriquée dans les laboratoires et les éprouvettes. La raison découvre ses déficiences et doute de sa véracité, elle la transforme et la change contre une expérience plus plausible. Cette expérience empirique est l'instrument du progrès humain. Quant à notre expérience elle est éternelle. Car dès le premier instant de sa création, l'homme s'est tourné vers l'Absolu, il L'a interrogé sur sa vérité, la vérité première, totale et immuable, dont découlent toutes les vérités partielles. En elles, les vérités scientifiques prennent leur source, et sur elle elles s'appuient. Grâce à elles, l'homme évolue non seulement dans sa raison, mais dans son intégralité, corps et cœur, âme et esprit. Il s'affranchit de toutes les servitudes, naturelles et humaines, comme nous l'enseigne le Sauveur "vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre."
On a dit :
- Votre expérience est dictée par la faiblesse humaine. Car dans les moments d'inquiétude et de crainte, de frustration et de défaillance, d'abattement et de faiblesse, de famine et de malheur, de guerre et d'invasion, l'homme se sent menacé. La mort plane au-dessus de sa tête. Il éprouve un vide intérieur, étouffant et semblable au néant. Il cherche alors une compensation et la trouve dans un Absolu qu'il imagine, présuppose puis transforme en une réalité concrète. Ce n'est là qu'une des nombreuses astuces de la vie humaine, pour essayer de repousser la mort qui la menace.
Ce sont là des expressions toutes faites par lesquelles l'homme se convainc lui-même et tente de convaincre les autres de la véracité de son attitude.
- C'est là un monde partiel et présumé qui appauvrit l'homme et en fait un corps inerte sans hypocrisie ni mal, sans amour ni esprit. Il en fait un squelette, un monde borné et pauvre, tellement pauvre qu'il suscite compassion et miséricorde. Mon Dieu, est-il possible que ce monde attire des hommes ? Est-il possible qu'il trouve des partisans qui le défendent ?
- Le monde de la raison et de la science c'est celui des âmes fortes, émancipées et à l'œuvre, pour libérer l'homme de l'ignorance, des illusions et de la crainte. Car la science découvre, en permanence, les mystères de la nature, les analyse et les met au service des hommes.
- La raison qui fait la science est une composante de l'homme et non l'homme dans sa totalité. Certes, cette raison a permis à l'homme de dominer la nature, et par là d'accomplir la volonté de Dieu. Mais en même temps elle a fait jaillir en lui ses instincts les plus vils, et affaibli ainsi sa maîtrise de lui-même. Et tout en scindant l'atome, elle a multiplié les virus qui dévorent le corps de l'homme d'une manière jusque-là inconnue.
Dans le monde de la science et de la raison, il n'y a guère de place pour la musique, le dessin, le chant, les arts et la beauté. Dans le meilleur des cas, ce monde observe la neutralité à l'égard de l'amour de charité et de la Rédemption. Toutefois il pourrait les considérer ainsi que l'esprit dans son aspiration vers le Créateur comme des superstitions trompeuses.
Frère, la science est pour l'homme et non l'homme pour la science.
- La science a élargi l'espace vital de l'homme, au point que celui-ci le considère aussi grand que l'espace et le temps. Grâce aux réalisations scientifiques, l'homme a marché sur la lune et y a construit des stations spatiales. Actuellement il est en route vers Mars et les autres planètes. La planification minutieuse, le progrès dans le calcul des probabilités, des statistiques et des différentes procédures l'aident à étendre son hégémonie sur l'avenir.
Ce regard porté vers l'avenir, dans l'espace et le temps, offre à l'imagination, à la poésie et à tous les arts, un champ d'action illimité.
- Il l'offre également aux mythes et aux illusions.
- C'est une vision de la vérité qui se fonde sur la confiance aveugle en la raison, et la ferme conviction qu'elle est constamment apte à se dépasser.
- Alors, pourquoi avez-vous refusé l'affirmation que notre vision de la mère toute sainte est fondée à la fois sur la raison et sur la foi ? Le différend entre vous et nous réside simplement dans la manière d'orienter notre vue... Le Très-Haut exauce la prière du pauvre au moment opportun et lui permet de voir, d'une manière ou d'une autre, l'un de ses saints et de lui parler. Pourquoi refusez-vous d'admettre que le Tout-Puissant puisse exaucer notre prière, et nous permettre de voir, dans un espace raisonnable et spirituel, l'un de ses saints ? ... Oui, cela s'est passé, se passe encore et se passera...
- Nous préparons à nos enfants un avenir meilleur que notre présent, tout comme notre présent est bien meilleur que le passé de nos ancêtres. Ce qui était un simple rêve est devenu une réalité.
- Nous voici donc revenus à notre point de départ. L'homme s'est affranchi d'un mythe pour se trouver face à un autre qu'il considère comme une autre réalité. Il résistera dans sa croyance jusqu'au moment où quelqu'un l'éclairera et le conduira à une autre vision du monde et des choses. Dites-moi, que signifie "meilleur " que nos ancêtres ? Sur quels critères vous basez-vous pour distinguer le "meilleur" du pire ? Sommes-nous, par exemple, plus heureux que nos frères ? La réponse n'est pas évidente. Toutefois elle mérite qu'on s'y arrête. Lorsque l'homme a pris conscience de sa pauvreté, il s'est révolté, ajoutant ainsi à sa pauvreté matérielle une pauvreté spirituelle bien plus crucifiante. Car l'arrogance du plus fort s'est intensifiée et l'a rendu apte à anéantir les autres.
Nous avons dit : Pourquoi la Vierge nous visite-t-elle aujourd'hui ? Pourquoi a-t-elle visité, avant nous, des villes, des peuples et des nations ? Vivant dans un siècle d'arrogance et de puissance, de dispersion, d'émigration forcée et de massacre, la Vierge vient nous rappeler le chemin tracé par son fils dans son Évangile d'amour et de Rédemption. Ce chemin est celui de l'effacement devant le prochain, pour lui permettre de s'ouvrir à la vie et d'atteindre, avec l'aide divine, le plein épanouissement et la plénitude de l'existence.
Le Christ a dit : "Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. " A la parole, il joint l'exemple : "Le soir où il devait s'offrir à ses bourreaux pour leur salut et celui de ses apôtres et disciples, celui de sa mère et de nous tous, Jésus prit le tablier du serviteur, s'en ceignit, se baissa et lava les pieds de ses apôtres." Telle fut l'ultime leçon et l'enseignement le plus éloquent que le fils de Dieu nous ait donné et qui resteront gravés dans la mémoire des hommes jusqu'à la fin des temps.
Voici un peu plus de sept ans que la mère toute sainte nous répète, de multiples manières, au vu et au su du monde, un Évangile qu'elle a vécu dans son corps et dans son âme. Elle le vivait dans la prière et le silence. Elle souffrait l'oppression avec les opprimés, la faim avec les affamés, la maladie avec les malades et le crucifiement avec les crucifiés. Oui, la Vierge Marie priait pour les apôtres et les disciples. Aujourd'hui encore, elle ne cesse de prier pour eux et pour tous les hommes, sans aucune exception. Ne sont-ils pas les frères de son fils et ses enfants ?
"Et toi-même, un glaive te transpercera l'âme." Luc (2,35) Telle fut la prophétie prononcée par le vieillard Siméon, au moment où la Vierge présentait son enfant au temple. Puis il avait ajouté "cet enfant sera un signe en butte à la contradiction ". Les hommes se diviseront à son sujet, les uns seront pour lui, les autres contre lui. Lui-même a dit : "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi. " Cette division des hommes à son sujet, le Christ l'a connue au cours de sa vie publique et ne cesse de la connaître au fil des jours, des ans et des siècles.
Grâce à cet Évangile d'amour et de Rédemption, l'intelligence humaine œuvre à transformer les réalisations scientifiques en un instrument de bonheur pour l'humanité et non de destruction et d'anéantissement comme c'est le cas aujourd'hui. De fait, tant que nous confierons la science à la volonté de puissance, nous ne récolterons que la mort.
On a dit : Toi qui médites l'Évangile de l'amour et de la Rédemption, pourquoi m'opprimes-tu ? Pourquoi me portes-tu préjudice ? Ne remarques-tu pas que tes propos calomnieux sont autant de poignards que tu plantes dans mon cœur ? Qui t'a octroyé le droit de m'agresser, d'attenter à mes biens, à ma fortune et à mon honneur ? Même si tu m'as surpris en train de commettre un crime, qui t'autorise à me dénigrer ? Si, au lieu de me rabaisser devant les hommes, tu gardais le silence, fermais les yeux et poursuivais ton chemin en attendant l'occasion propice pour me réprimander calmement et aimablement, tu me donnerais une leçon que je ne pourrais jamais oublier. As-tu oublié que, matin et soir, tu récites la prière enseignée par le Seigneur : "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés " ? Hélas ! Telle est la condition de la nature humaine. L'homme veut s'affirmer aux dépens de l'autre, oubliant ou faisant semblant d'oublier qu'il est son prochain et qu'il est responsable de lui. Or la mère toute sainte n'ouvre son cœur qu'à celui qui marche sur la voie tracée par son fils Jésus, pour Lui-même et pour ses frères. Après lui avoir ouvert son cœur, elle le gratifie, à son insu parfois, de nombreuses grâces.
On a dit encore : Pourquoi te renfrognes-tu ? Pourquoi te mets-tu en colère et me malmènes-tu ? Pourquoi me juges-tu parce que je t'ai contredit à propos des apparitions de la mère toute sainte? Est-elle ici, là-bas, ou ailleurs ? Quand t'a-t-elle chargé de la défendre? Ou bien t'a-t-elle choisi pour la représenter ? N'est-ce pas plus efficace et plus profitable pour nous deux de lui demander, dans ta prière, de nous éclairer ? Elle est la plus proche du cœur du Père Céleste et nous obtient de son infinie miséricorde d'innombrables grâces qu'elle répand sur toi, sur moi et sur toute l'humanité.
J'ai dit : Seigneur aie pitié de nous. Pardonne-nous nos offenses quotidiennes envers nos frères et tes enfants.
On a ajouté : Si chacun de nous a son chemin, si nos chemins sont diamétralement opposés et si chacun de nous est convaincu que le sien est le plus sûr, pourquoi t'octroies-tu le droit de me juger ? Pourquoi sembles-tu vouloir m'imposer ton chemin ? Si par toute ta vie tu es fidèle à ta mission, ton comportement sera un meilleur témoin de la vérité que tes actes.
Par ta vie, tu toucheras mon cœur et je croirai. Quant à tes paroles auxquelles tu joins tes impressions et tes émotions, elles ne font que creuser le fossé qui nous sépare. Sais-tu pourquoi beaucoup de jeunes aujourd'hui remplacent la foi par toutes sortes d'idéologies? C'est parce qu'ils voient l'énorme différence, parfois la contradiction entre les paroles des croyants et leurs actions. Et lorsque le croyant occupe une haute responsabilité, cette contradiction devient flagrante. Je dis : n'est-ce pas là la raison des nombreuses visites de la mère toute sainte à notre monde ? Oui, ses visites se multiplient généralement au moment des crises, des tournants historiques et des périodes de troubles idéologiques. C'est pourquoi, le peuple continue à trouver un refuge dans sa maison. Lorsqu'il l'a vue ouvrant tout grands ses bras pour accueillir le fils prodigue, il s'est réjoui et a rendu grâce au Seigneur. Sa joie est d'autant plus grande que la Vierge accueille encore tous ceux qui viennent à elle, quels que soient leur appartenance et leur race, leur patrie et leur âge. Il garde gravé dans son cœur la date du 27 novembre 1982, date choisie par la mère de Jésus pour élire sa demeure au milieu de nous. Ce jour-là restera immortel à Damas, cette ville éternelle, qui voyait le salut venir à elle à l'heure qu'elle n'attendait pas.
Oui. Oui, nous avons tous vu la mère de Dieu, l'un de ses yeux, l'autre avec son cœur et un troisième avec sa raison. Nous l'avons tous entendu à travers ses messages.
Dieu seul peut montrer à l'homme l'invisible, au moment qu'il choisit et de la manière qui lui plaît.
Nous avons dit : il nous faut davantage d'humilité et de service, d'amour, de rédemption et de renoncement à soi, pour permettre à l'autre de devenir un prochain et un frère avec lequel nous pourrons parcourir le chemin qui conduit à Dieu. Une première personne a demandé :
-"Qu'est-ce que la Vierge a dit à Myrna ?"
Une autre a ajouté :
-"Quand, où et comment Myrna a-t-elle vu la Vierge ?" Est-elle seule à l'avoir vue et entendue ? L'a-t-elle vue et entendue à notre place ? L'avons-nous crue par la suite ? Ou bien certains d'entre nous l'ont-ils vue et entendue chacun à sa manière ?"
Une troisième personne a poursuivi :
-"Quels sont les signes donnés par la Vierge pour prouver sa présence parmi nous ?"
Une autre personne a déclaré toute étonnée :
- "Nous croyons tous que le Christ Rédempteur est avec nous et nous le prions. Or, Myrna assure qu'Il lui est apparu et qu'elle a vu sa sainte face… Est-ce possible ? Si oui, quand, où et comment ? Comment lui a-t-Il parlé ? Que lui a-t-il dit ? "
Une cinquième personne a poursuivi sur un ton interrogateur et provocateur :
-"Lorsque la sainte face du Christ est parmi nous, elle opère des changements, provisoires ou durables, dans nos vies. Quelles sont, les transformations opérées dans la vie des jeunes époux, Myrna et Nicolas ? Où est la différence avec leur mode de vie d'avant Soufanieh ?"
Toutes ces questions et bien d'autres se posent toujours à Soufanieh. Elles nous accompagnent au moment de quitter la maison de la Vierge et jettent le doute dans le cœur de certains d'entre nous. Toutefois, elles ne diminuent en rien notre confiance en la mère toute sainte. Bien souvent, lorsque nous retournons auprès d'elle, ces mêmes questions se transforment en certitudes.
Nous avons dit : Entre notre demeure et celle du Tout-Puissant, il y a une distance illimitée qui sépare l'infini du fini. Seul le Seigneur peut la franchir pour venir à nous et s'adresser personnellement à chacun et à tous. Il nous parle dans la langue que nous comprenons. Oui. Oui, il nous parle par la couleur, le signe, la parole éloquente et le symbole expressif. A chaque fois, il nous trace la voie que nous devons suivre et nous indique les principes sur lesquels nous devons fonder notre vie.
Cette distance entre l'infini et le fini, réside dans l'espace de liberté donné par Dieu à l'homme. Grâce à cette liberté, celui-ci hésite, doute, analyse et compare... puis accepte ou rejette, avance ou recule, confirme ou nie, croit ou devient hérétique... compose et innove... Car il est le souverain maître de sa vie, et cette souveraineté s'exerce là où il peut exercer sa responsabilité.
Dans cet espace de liberté, l'homme peut s'abandonner à la volonté de Dieu. Celui-ci l'élève à son niveau et entame le dialogue avec lui. La prière est la charpente de ce dialogue. Elle en est l'alpha et l'oméga. Et à tous ceux qu'il élève à lui, le Seigneur révèle son nom et sa volonté. Aussitôt ils se prosternent en sa présence pour dire : " Nous voici Seigneur. Que ta volonté soit faite et non la nôtre. "
Le Seigneur nous parle en permanence par ses créatures merveilleusement constituées. Il nous parle par notre conscience qui veille à notre bon cheminement. Et lorsque nous dévions du droit chemin, il nous réprimande par l'intermédiaire de ses élus et de ses amis les plus proches. Or, qui est plus proche de lui et plus aimée que sa sainte mère ? Cette mère toute sainte a éliminé de sa vie tout penchant, toute passion et toute volonté. Elle s'est éclipsée tout au long de sa vie terrestre, afin qu'apparaisse son fils Unique, le Saint de Dieu. A l'exemple de sa Mère, le fils s'est livré à la mort sur la Croix, afin de manifester aux hommes la gloire de son Père Céleste.
L'homme est attentif à sa chair, son compagnon de toujours. Que tu l'écoutes et elle se fait plus insistante à tel point qu'elle te prive de sommeil. Le monde aussi charme l'homme et le fascine. Il stimule ses instincts et excite ses passions les plus basses par des moyens divers et des appels semblables aux gémissements de sa chair. L'homme oublie ou feint d'oublier que tout cela est passager, et aura vite fait de laisser la place à la déception et parfois au désespoir. Mais le monde ne désespère jamais. Il poursuit ses inventions pour dresser une barrière entre Dieu et nous et nous priver de sa lumière.
Aujourd'hui, le monde semble avoir atteint l'apogée de sa domination, de son despotisme et de sa tyrannie, à tel point que l'homme ne peut plus lui faire face. Aussi était-il indispensable que le Très-Haut nous envoie sa Mère toute sainte en personne avec son amour infini et son humilité absolue, afin que le peuple de Dieu revienne à son Seigneur. Damas sera l'une de ses principales demeures. Elle sera comblée d'une surabondance de signes rarement vus dans les autres apparitions de la Vierge. Le premier signe de Soufanieh est l'huile sainte que nous avons recueillie dans des circonstances et des lieux très divers. En plus de Soufanieh où rarement l'huile fait défaut, elle a coulé dans des églises, des hôpitaux et des maisons privées. Elle a coulé également à Homs, à Hassaké et Hama en Syrie, puis à Amman en Jordanie, à Beit Sahour en Palestine occupée, à Beyrouth, Zahlé et Jourat-al-Ballout au Liban, en Irak et en France, en Allemagne Fédérale, aux U.S.A. et au Canada. Aujourd'hui encore, l'huile sainte coule dans divers endroits du monde, qui n'ont aucune relation avec Soufanieh et son icône sainte.
A coté de l'huile sainte et des cinq premières apparitions, il y a les trente trois extases. La majorité de celles-ci sont accompagnées de l'apparition de la mère toute sainte ou de celle de son fils bien-aimé. Dans la plupart des apparitions et des extases, la Vierge et son fils confient un message à Myrna. Jusqu'à ce jour, 15 août 1990, nous avons reçu quatorze messages de la Vierge et quinze de notre Seigneur Jésus-Christ. Chaque message nous révèle un aspect de la volonté du Père Céleste.
A tout cela, ajoutons les nombreuses guérisons miraculeuses dont plusieurs médecins spécialistes ont été témoins. Certains avaient accompagné le malade avant sa guérison et l'avaient examiné plusieurs fois après celle-ci. Leurs témoignages sont conservés dans les archives de Soufanieh, à côté des nombreux autres témoignages émanant de prêtres et de laïcs. Ceux-ci ont vu l'huile sainte couler des images de l'icône sainte, dans des lieux loins de Damas.
Cependant, le plus grand miracle, celui vers lequel s'orientent tous les signes et prodiges de Soufanieh demeure la conversion de l'homme qui s'opère au plus profond de son cœur et y prépare un espace favorable à la rencontre entre le Seigneur et l'homme. Le Seigneur a toujours l'initiative de cette rencontre, et l'homme a toujours la possibilité de répondre à son Seigneur ou de refuser son appel. Les premiers bénéficiaires de ce miracle ont été Myrna et son époux Nicolas.
- Dieu mettrait-il des conditions préalables à sa venue dans un cœur humain ?
- Il n'existe pas de réponse définitive à cette question. Car seul Celui qui guide vers la vérité ceux qu'il veut, "scrute les cœurs et les reins. "
Qui aurait pu imaginer que Saül, le persécuteur des chrétiens, deviendrait, du jour au lendemain, Paul l'apôtre des gentils ? Jésus lui-même lui avait tracé la voie à suivre et appris l'Évangile qu'il devait prêcher.
Il n'est pas nécessaire que le cœur pieux et fervent appartienne à l'une ou l'autre religion. Ce que notre propre expérience nous a appris, c'est que les conversions de Soufanieh étaient très nombreuses et continuent à l'être. La plus grande preuve en est l'empressement de plus en plus intense, dès les premiers jours, à participer à la prière. La foi de certains était faible et leur ferveur tiède. D'autres avaient abandonné, depuis longtemps, toute pratique religieuse. Une troisième catégorie doutait de tout et de rien. Une quatrième professait ostensiblement son athéisme et le prêchait. A la vue des guérisons miraculeuses, ils se sont convertis et ont cru. Un médecin, athée de longue date, a cru à la vue de l'huile qui jaillissait d'une image de l'icône miraculeuse. Quant aux milieux populaires, leur muse s'est brusquement manifestée. Ce fut alors une floraison de poèmes récités et chantés, qui sont devenus partie intégrante des prières récitées tous les soirs devant les icônes de la Vierge Marie.
Une jeune femme de dix-huit ans ! ... Telle était Myrna à son retour de sa lune de miel passée en Italie. Parmi les nombreux cadeaux qu'elle en rapportait figurait une icône de la Vierge Marie que Nicolas avait achetée deux ans avant leur mariage. Cette icône ornait leur chambre à coucher.
A cet âge, Myrna n'était guère différente - du moins en apparence - des dizaines de jeunes filles et jeunes femmes de Damas. Elle aimait la beauté. Elle recherchait les robes belles et rares, ainsi que les écharpes de grande valeur, pour faire la concurrence à ses compagnes et amies. Elle était à l'affût de la dernière mode et aimait les soirées. Elle se maria peu avant son baccalauréat. Elle fit alors ses adieux au lycée et aux études, la science n'étant plus pour elle un but en soi, ni les diplômes une voie vers la culture. En effet, la science et les diplômes sont devenus de simples moyens au service de nombreux intérêts. Et pour une jeune fille, ils pourraient faire partie de ses atouts, tout comme la fortune et la beauté.
Après le jaillissement de l'huile de l'icône et d'autres prodiges, on a remarqué que la jeune épouse ne connaissait des prières chrétiennes que le "Notre Père", le "Je vous salue Marie" et le "signe de la Croix". Quant à la religion chrétienne, elle n'en connaissait que certaines croyances populaires et quelques coutumes bien répandues dans son milieu. Et là, Dieu seul sait où s'arrête la foi et ou commencent les fables et les superstitions ! Myrna n'assistait à la Messe que pour parader en élégance devant les jeunes filles de son âge.
Toutefois, sa coquetterie n'a pas complètement terni ses qualités. La jeune fille était d'une douceur innée et toute naturelle. Cette douceur transparaissait dans son regard et enveloppait tout son être. Elle était également d'une timidité presque maladive. Le Seigneur Jésus Lui-même a rendu témoignage à sa douceur et à la délicatesse de son cœur plein d'amour, de bienveillance et d'affection (Cf. le message du 7/9/1987 adressé à Myrna et celui du 26/11/1987). Cependant, une question s'impose : ces qualités étaient-elles toujours suffisamment pures et visibles pour faire de son cœur un espace favorable à la manifestation du ciel ? Ou bien la contagion du milieu s'était-elle glissée furtivement dans son cœur, et l'avait-elle terni au point qu'une intervention de la mère toute sainte devenait nécessaire pour le ramener à sa nature ?
Seul le Seigneur Très-Haut et Tout-Puissant peut répondre à une telle question, car lui seul peut pénétrer au plus profond des cœurs. Lui seul aussi, au moment voulu, prépare le cœur qu'il se choisit, pour lui envoyer ses messagers et ses saints.
Quant à Nicolas, sa pratique religieuse était encore plus superficielle que celle de sa jeune épouse. Il n'entrait dans une église que lorsqu'il y était socialement contraint. Par contre, c'était un jeune mari relativement aisé. Il rivalisait avec ses amis dans l'organisation des soirées bachiques qui s'étendaient jusqu'à l'aube. L'argent ne lui faisait pas défaut.
Leur train de vie ne semblait pas commettre d'excès de piété, de dévotion ou de ferveur religieuse. On allait à la messe pour les grandes fêtes et lors de certaines cérémonies, auxquelles il était impossible d'échapper, tel que les mariages et les funérailles. Ces cérémonies offraient aux adultes l'occasion de rencontrer leurs amis et aux jeunes gens et jeunes filles l'occasion de se connaître et de rencontrer l'âme sœur.
Voilà donc Myrna et Nicolas engagés dans une nouvelle étape de leur vie. Ils assistent - en spectateurs - à un bouleversement soudain et radical dans leur être respectif, dans leur vie, leurs projets et leur existence. Ce changement leur a été imposé par une force inconnue, invisible, inaudible et surnaturelle.
Et voici les gens qui viennent chez eux. Ils viennent en grand nombre, tout au long de la journée et de façon toute particulière le soir avant le coucher du soleil. Ils viennent prier avec des cœurs humbles et soumis. Dans leur cœur règnent la confiance et la joie. Les jeunes époux prient avec eux. Et ils sont tout heureux de leur ouvrir, de jour comme de nuit, leur maison et leur chambre à coucher où se trouve l'icône qui suinte de l'huile sainte. Cette disponibilité envers tous ceux qui désirent visiter la Vierge Miraculeuse, est permanente.
Dès le premier jour des événements de Soufanieh, les jeunes époux refusèrent toute offrande, tout cadeau ou donation de quelque nature que ce soit. Était-ce une inspiration divine ou un geste noble et magnanime ? Nul ne le sait car qui peut distinguer entre le naturel et le surnaturel, dans n'importe quelle action humaine, que celui qui agit soit un saint ou pas ? La réponse importe peu, la réalité est là, les jeunes époux appliquent toujours à la lettre le principe évangélique "vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement." Leur gratuité est spontanée et leur a évité beaucoup de tracasseries et de bavardage.
De toute façon, tout ce qu'on vient de dire était facile à admettre et à mettre en pratique devant la question vraiment critique qui s'est imposée à eux dès les premiers jours de l'apparition de l'huile: Qu'allait devenir leur vie conjugale ? Ils étaient mariés depuis six mois environ. Là encore, la solution apportée allait être spontanée : ils renonceront à toute relation physique intime. Puisque la sainte mère a pris possession de leur maison et de tout ce qui s'y trouve, y compris leurs personnes. Myrna et Nicolas vivront dans la chasteté. La Mère toute sainte continuait à réunir quotidiennement ses enfants pour écouter leurs plaintes, essuyer leurs larmes et leur rendre la gaieté de l'existence et la joie de vivre.
Lorsque l'huile apparut pour la première fois, la crainte s'empara des époux. Aussitôt, Nicolas téléphona au patriarcat orthodoxe. Immédiatement, celui-ci leur dépêcha un de ses prélats accompagnés de deux prêtres. Mais... que pouvaient-ils dire ou faire? La Mère toute sainte n'est pas un problème théologique, éthique ou philosophique. La prière dans sa maison ne fait pas partie des nombreux rites religieux bien connus... Devant ces événements, l'homme de religion, à quelque échelon de la hiérarchie religieuse soit-il, peut hésiter, douter, craindre et multiplier les hypothèses. Il peut soit prendre la fuite soit ouvrir son livre et se joindre à la foule pour prier.
Je me dis : lorsque le Ciel ouvre ses portes devant tous les humains, l'homme aussi saint qu'il soit, le prélat aussi haut placé dans la hiérarchie sacerdotale et si profondes et étendues que soient sa connaissance et sa science, se trouve complètement démuni. Que peut-il faire si ce n'est ouvrir les yeux, regarder et prier ; ouvrir les oreilles, écouter, se prosterner et adorer. Ou bien, fermer les yeux, se boucher les oreilles, cadenasser les portes de son cœur et prendre la fuite. Il peut revenir par la suite, comme il peut renoncer définitivement à se diriger vers ce lieu.
La réponse à la question de Myrna et Nicolas à propos de leur vie conjugale ne se trouvait pas chez les hommes. Aussi ont-ils répondu à leur manière et renoncèrent à toutes relations physiques intimes.
Cependant, il semble que la mère toute sainte avait une autre réponse.
Lorsque quelqu'un se trouve dans une situation moins critique que la leur, il doit prier et attende la lumière du Très-Haut. Que dire alors des deux époux ?
Un prêtre avait dit à Myrna : "Les jeunes filles et les religieuses sont très nombreuses. Si Dieu avait voulu se choisir l'une d'elles il l'aurait fait. Mais il ne l'a pas fait. Il t'a choisie, toi, personnellement. Car dans sa sagesse éternelle, il veut nous rappeler la sainteté du Sacrement de mariage, cet état de vie que Jésus, son fils, a béni au cours des noces de Cana. "
Myrna et Nicolas priaient. Ils priaient seuls et ils priaient avec la foule. Un jour, un homme gravement malade demande l'Eucharistie. Puis il ajoute : "Je souhaite que Marie vienne me voir." On lui dit : "Qui est Marie ? " Il répond : "C'est la jeune femme à qui la Vierge apparaît. " Cet homme était atteint de lésions au cœur et au cerveau. Il était également hémiplégique. Il était totalement inconscient et les médecins attendaient son décès d'un moment à l'autre. Or, un de ses amis lui introduit de force dans sa bouche un coton imbibé de l'huile de Soufanieh. Le malade l'a avalé et quelques minutes plus tard il ouvrait les yeux et demandait la communion en présence de Marie. Myrna arrive avec son mari Nicolas, et le prêtre qui portait le Saint-Sacrement. Aussitôt, le malade quitte le lit, seul et sans aucune aide. Il se prosterne et baise longuement le sol. Le prêtre s'écrie : "Samir ! Fais attention ! " Sans lever la tête, le malade répond : "Père, Dieu est présent." Ensuite, il participe à l'Eucharistie, communie et demande à rester seul avec le prêtre et Myrna. Lorsque tout le monde fut sorti, Samir dit à Myrna en présence du prêtre : "Myrna, tu veux quitter ton mari, la Vierge te demande de demeurer avec lui". Étonnée et stupéfaite, Myrna se retourne vers le prêtre et dit : "Je n'ai jamais rien dit à personne de ce qui se passe en moi. " Le prêtre garda le silence par respect de la volonté de Dieu et des sentiments de la jeune femme.
Ce même prêtre me dit qu'une semaine après cet événement, l'homme guéri visita la maison de la Vierge à Soufanieh. Il participa au saint sacrifice de la Messe, communia et pria avec la foule. Son médecin le mettait constamment en garde contre l'abus des mouvements, mais il ne prêtait aucune attention à ses paroles. Sa guérison miraculeuse dure maintenant depuis sept ans et huit mois. Il mène une vie tout à fait normale.
Les paroles prononcées par "le miraculé de la Vierge" ne firent qu'augmenter la perplexité des époux. Habituellement, les merveilles de Dieu se manifestent à ses saints et à ceux qui ont voué leur vie à son service… et qui sont purs ! ...
Mais qui a dit que les relations conjugales étaient impures ? Jésus Lui-même ne les a-t-Il pas bénies lorsqu'il a participé, en compagnie de sa Mère, aux noces de Cana en Galilée? N'a-t-Il pas inauguré sa Vie Publique au cours de ces noces en accomplissant son premier miracle ? De fait, à la demande de sa Mère, il a béni l'eau, l'a transformée en vin, puis il a multiplié ce vin pour la joie des époux et des invités, comme nous le relate l'apôtre Jean dans son Évangile.
Après avoir entendu les paroles du malade guéri par la Vierge, Myrna et son époux se trouvèrent tiraillés entre deux forces qui, bien qu'inégales, essayaient de les attirer. Ces deux forces étaient représentées par la Vierge Marie d'une part et l'opinion publique d'autre part. Un jour, Nicolas confessa dans une entrevue à la télévision française : "J'ai passé trois mois sans oser porter sur Myrna le regard du mari sur son épouse. "
Certes, le "sacré" constitue une force isolatrice qui sépare "l'être choisi" du commun des mortels. Dès lors, l'huile et la prière permanente ainsi que les apparitions qui se sont succédées depuis le mois de décembre 1982, rappelaient à Myrna la présence de Marie à ses côtés comme si la mère toute sainte était devenue une partie intégrante et indispensable de sa vie. Toutefois, durant toute une année, Myrna regardait sa Mère du Ciel avec les yeux de l'opinion populaire. Celle-ci considérait la Vierge Marie comme un écran entre la jeune femme, la foule et son mari. Autrement dit, l'opinion populaire est responsable de la séparation que nous dressons, de manière inconsciente, entre le ciel et la terre, entre les hommes et les saints de Dieu, entre tous ceux qui sont en relation avec les saints et le reste des hommes.
Cependant, beaucoup de visiteurs de Soufanieh ont remarqué que l'attitude de Myrna durant la prière n'a pas changé. Ses relations avec les gens restaient toujours spontanées et naturelles. Son attitude à l'égard de l'étranger était différente de celle qu'elle avait avec le visiteur arabe, qu'il soit syrien ou pas. L'accueil qu'elle réservait à ses proches était différent de celui réservé à ceux qu'elle voyait pour la première fois… surtout si le mobile de leur visite était la curiosité et non la prière. Myrna était, demeure encore et restera toujours, dans son comportement et dans ses réactions spontanées, une jeune femme de la classe moyenne, plus proche du petit peuple que de la bourgeoisie.
Longtemps, la jeune épouse demeura hésitante et perplexe. "La Vierge de l'opinion populaire" l'attirait et la convainquait davantage que "la Vierge elle-même". Cette perplexité la tirailla jusqu'à la deuxième extase survenue le 25 novembre 1983 au cours de laquelle, la Vierge lui dit textuellement :
"Je ne suis pas venue pour séparer. Ta vie conjugale restera comme elle est." Et le 7 septembre 1984, la Vierge lui di: "Vis ta vie, cependant que la vie ne t'empêche pas de continuer à prier. " Le 26 novembre 1987 Jésus lui dit : "Persévère dans ta vie d'épouse, de mère et de sœur. "
En méditant ces saintes paroles, je me suis demandé : ces paroles et les apparitions à Myrna, jeune femme récemment mariée, ne constituent-elles pas un nouveau tournant quant au regard que le Christianisme doit porter aux légitimes relations corporelles entre l'homme et la femme ? Ne constituent-elles pas un appel à reconsidérer l'attachement trop exagéré à la pureté dans ces relations? Certes, cette attitude trop puritaine n'est pas propre aux arabes. Elle est la résultante des nombreux siècles de réflexion et de vérifications pour distinguer le sacré du profane, le pur de l'impur. Elle a pris une forme tellement générale et absolue que certains sociologues modernes y voient la définition scientifique la plus exacte de la religion.
Or, ceci est une erreur énorme. Car celui qui a assisté aux noces de Cana en compagnie de sa sainte mère et y a fait son premier miracle, a béni par Sa présence et Son prodige le mariage et par conséquent la procréation. Mais comment peut-il y avoir mariage et procréation sans relations physiques et intimes entre l'homme et la femme ?
Jésus a été plus loin encore. Lorsqu'il a choisi ses apôtres, il n'a fait aucune différence entre les célibataires et les hommes mariés. Bien plus, il a placé à la tête de son église qu'il venait de fonder, un homme marié : Saint Pierre. Ainsi il a abattu la barrière dressée entre les hommes, le ciel et la terre, entre le sacré et le profane, entre l'homme et son frère. Oui le Seigneur Très-Haut a abattu toutes les barrières entre lui et nous, puisqu'il a voulu que son fils s'incarne dans notre chair et devienne l'un de nous. Par ses prophètes et ses messagers, il a adressé sa parole à l'humanité entière. Et lui seul connaît la manière dont il est présent ici et là, chez nous et ailleurs.
Le 15 décembre 1982, Myrna participait à la prière communautaire du soir devant l'icône. Elle s'était adossée au mur. Brusquement, elle sentit une main la pousser avec force vers une direction inconnue. La jeune femme se troubla et perdit le sens de ses mouvements. La main ne cessait de la pousser de plus en plus fort. Elle communiqua à sa compagne ce qu'elle ressentait. Sa compagne lui dit : "Cours vite, sors, c'est peut-être Jésus qui t'appelle. " Myrna lui répondit : "Ce n'est pas le moment de plaisanter. " Quelques instants plus tard, Myrna se vit entraînée de manière irrésistible vers la terrasse de la maison. Là, elle se prosterna pendant un quart d'heure environ. Ensuite elle releva la tête et aperçut un corps lumineux et radieux. On aurait dit des pierres précieuses qui flamboyaient au soleil. Effrayée, Myrna alla se réfugier auprès de sa belle-sœur qui dormait dans la chambre voisine. Elle la réveilla et lui dit : " La Vierge ! ... La Vierge ! ... Hélène ! " Celle-ci pensa que Myrna était en proie à une crise d'hystérie. Aussi lui administra-t-elle quelques gifles. Puis son mari, Awad, la prit dans ses bras et la fit descendre au salon. La prière se poursuivait dans la chambre à coucher. Il était environ minuit.
Après la prière, le père Elias Zahlaoui entra au salon où se trouvait Myrna. Il la vit affalée dans un fauteuil, sans force, abattue et épuisée. Il l'interrogea : " Qu'y a-t-il Myrna ? Que s'est-il passé? " Elle répondit : " La Vierge ! ... La Vierge ! ..." Ensuite, elle lui expliqua ce qu'elle venait de vivre. Le Père lui dit : " La Mère toute sainte voulait te dire quelque chose et te confier peut-être un message pour nous. Néanmoins, quand elle t'a vue troublée, embarrassée et agitée, alors, elle a souri et s'est éclipsée. Prépare-toi à une autre vision en répétant la prière suivante : "ô Mère toute sainte, préparez-moi pour vous accueillir et pour comprendre ce que vous aimeriez me dire. "
Après cela, Myrna consacra la plus grande partie de son temps à la prière. Elle implorait la mère toute sainte et la suppliait de lui pardonner sa faiblesse. Les apparitions s'étaient succédées. Chacune d'elles était accompagnée d'un message.
La première eut lieu le 18 décembre 1982, et la dernière le 24 mars 1983, jour anniversaire de l'Annonciation de la naissance du Sauveur. Dans l'ensemble on compte quatre apparitions puisque lors de la première, Myrna fut incapable de regarder la Vierge et de l'écouter.
A la dernière apparition, la mère toute sainte annonça la fin de sa mission et exprima sa joie d'être au milieu des priants à Soufanieh.
Les extases remplacèrent les apparitions à partir du 28 octobre 1983. La Vierge confia à la jeune femme quatorze messages, le dernier fut donné le 15 août 1990 en Belgique. Jésus lui en confia quinze, deux furent dictés au Liban, dans le village de Maad, respectivement en 1987 et 1988, deux autres à Los Angeles les 14 août 1988 et 18 août 1989, tous les autres à Soufanieh. Jusqu'à ce jour (août 1990), Jésus et Marie, le fils et sa Mère, ont gratifié Myrna de vingt-neuf messages.
Nous avons la ferme confiance que, si Dieu veut, Jésus et sa Mère Marie, ne nous priveront pas de leurs messages.
Il est bien évident que ces messages sont des paroles de Dieu. Or, toute parole qui nous vient de Dieu est sacrée. Elle est au-delà du temps et de l'espace, tout en étant valable pour tous les temps et tous les lieux. Nous devons demander au Seigneur de nous éclairer afin de comprendre sa parole à la lumière de notre époque caractérisée par sa mouvance rapide. Et si le Seigneur nous éclaire, nous pourrons suivre la route qu'il nous indique. Dieu, loué soit-il, est présent dans tout ce qui émane de lui : parole, mouvement, geste et signe. Souvent, il nous explique une parole mystérieuse ou ambiguë, par une autre qui l'éclaire et la complète. C'est pourquoi, nous attendons de lui d'autres messages qui compléteront les précédents et formeront un tout harmonieux.
La présence de la mère toute sainte à Soufanieh, est plus éloquente que toutes les paroles. Par sa présence, dès le premier instant de sa manifestation, elle nous aide à comprendre les messages célestes.
Et voici le message de la mère toute sainte à tous ses enfants de Soufanieh, en tout temps et en tout lieu : "N'ayez pas peur. Je suis là. Par la volonté de Dieu je suis là pour vous encourager et vous soutenir. N'ayez pas peur, Dieu est avec vous." Oui, si vos cœurs sont avec Dieu et non avec le monde, Dieu sera avec vous.
La prière est une invocation de Dieu, une voie vers lui, un dialogue avec lui. Par la prière vous ouvrez votre cœur à Dieu et lui y lit votre faiblesse, votre pauvreté, votre misère et vos fautes. Par la prière, vous vous repentez de vos péchés et Dieu vous pardonne. Il vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, tout comme fait un père envers son fils qui revient vers lui.
Aux prières que vous connaissez, ajoutez celle-ci : "Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, le Saint-Esprit est ma vie, c'est pourquoi je ne crains rien."
Dans leurs messages, la Vierge toute Sainte et son fils bien-aimé, insistent beaucoup sur la prière : "Priez, priez, priez. Dieu vous donne rendez-vous dans la prière. Lorsque vous priez, Dieu est toujours avec vous, il est avec vous là où vous êtes."
Après avoir insisté sur la nécessité de la prière, Jésus et Marie indiquent son lieu privilégié : l'Église, demeure de Dieu, son Royaume sur la terre.
La Mère toute sainte dit encore : "Fondez une église." Puis elle explique : " Je ne dis pas : construisez une église : mais fondez une église !" L'Église commence dans le cœur soumis et humble, car Dieu habite un tel cœur. Cette église s'acheminera vers son aboutissement lorsque tous les cœurs s'uniront de manière harmonieuse. Telle est l'Église fondée par Jésus-Christ. En lui, elle est toujours une !
Certes, l'Église est un temple spirituel, un temple vivant ! Ce temple s'achèvera au moment de son incarnation plénière dans le monde humain. A ce moment, elle deviendra visible à tous. La fondation d'une telle église n'est jamais achevée, elle est à rebâtir constamment. L'unité n'est pas donnée une fois pour toutes. Nous devons la mériter. Et nous la méritons par nos paroles et nos bonnes actions qui constituent la meilleure annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Au moment de sa fondation, l'Église de Jésus-Christ était un acte d'amour, un don, un sacrifice et une prière ininterrompue. C'est pourquoi, elle a grandi, elle s'est répandue, s'est approfondie et s'est enracinée très rapidement. Pour renouveler sa fondation, il faut revenir à l'acte initial de son fondateur.
Les hommes ont divisé l'Église pour satisfaire leurs penchants et servir leurs intérêts. Quant à l'argent donné aux pauvres ou offert à titre de donations ou de contributions pour la construction des églises et leur embellissement, sa valeur est secondaire.
L'amour est la source de toutes les vertus. La Mère toute sainte insiste sur l'humilité, la tolérance, le respect d'autrui et la patience envers les orgueilleux. Puis elle ajoute :" Ne faites du mal à personne. Rendez le bien pour le mal. Donnez. Secourez ceux qui sont dans la détresse... "
La Mère toute sainte et son fils bien-aimé se conforment à cette conduite. Ils ne jugent jamais personne. Souvent, en parlant de l'Église, ils disent : "Celui qui la divise commet une faute. Celui qui se rejouit de sa division commet une faute." Et la faute n'est pas le péché... Dieu seul scrute les cœurs et distingue la faute du péché. Il est le seul juge équitable.
La prière en commun réjouit le cœur de la mère toute sainte, car elle est le commencement de l'Église mais non pas une Église. La veille de la fête de son élévation au ciel, le 14 août 1985, la Vierge Marie dit :
"Bonne fête.
Voici Ma fête, quand Je vous
vois tous réunis ensemble.
Votre prière est Ma fête.
Votre foi est Ma fête.
L'union de vos cœurs est Ma fête.
"
Ensuite elle demande à la foule de lui construire un petit sanctuaire.
A son tour, Jésus poursuit le même enseignement, il va encore plus loin et demande le maximum. Dans les messages confiés à Myrna au cours de ses extases commencés le 28 octobre 1983, le Christ parle avec autorité, comme en témoignaient ses apôtres et ses auditeurs dans l'Évangile :
"Je suis le Commencement et la Fin.
Je suis la Vérité, la
Liberté et la Paix.
Je vous donne Ma paix…"
Ainsi commence son premier message du 31 mai 1984, jour de l'Ascension.
Comme sa Mère, Jésus insiste, dans ses autres messages, sur l'endurance, le pardon des offenses, la confiance absolue en Dieu et l'abandon total à sa volonté. Là est l'essentiel de la foi. Il met également l'accent sur la prière permanente et sur l'humilité. Celle-ci doit aller jusqu'à l'effacement total devant autrui, afin de le gagner à soi et d'en faire un prochain. Là est l'une des plus hautes expressions de la charité.
Jésus rappelle aussi le devoir de rendre le bien pour le mal, le don pour le refus et le sacrifice de soi pour la haine. Il n'oublie pas l'unité de l'Église qu'il a fondée. Parfois, il répète textuellement ce qu'à plusieurs reprises sa Mère avait dit. Après cet enseignement, Jésus demande à Myrna de communiquer ses paroles à la foule rassemblée en Son nom pour la prière :
"Comme il est beau ce lieu !
J'y construirai Mon Royaume et Ma paix
!
Je vous donnerai Mon cœur, pour posséder
votre (pluriel) cœur. "
Ensuite, il prononce les paroles que sa Mère toute sainte avait avoué n'être pas habilitée à prononcer :
"Vos péchés vous sont
remis parce que vous Me regardez.
Et en celui qui Me regarde, Je peindrai
Mon image. "
Pour la première fois, Jésus prononce des mots durs sur une catégorie de personnes représentant Son image :
"Car malheur à celui qui représente Mon image alors qu'il a vendu Mon sang ! "
Et Il poursuit sur son ton habituel :
"Priez pour les pécheurs.
Car pour chaque parole de prière,
Je verserai une goutte de Mon sang
sur l'un des pécheurs."
Le Samedi Saint, 18 avril 1987, le Christ reprend son entretien avec Ses enfants réunis à Soufanieh pour la prière :
"Je vous ai donné un signe pour
Ma glorification.
Poursuivez votre route et Je suis avec
vous.
...Sinon..."
Et le 28 Mai 1987, en la fête de l'Ascension, le Christ dit : "Aimez-vous les uns les autres et Priez avec foi."
Le 26 novembre 1988, à l'occasion du sixième anniversaire des événements de Soufanieh, Jésus adresse un message à caractère directif. Celui-ci complète les messages précédents et s'harmonise avec eux :
"Mes enfants,
Est-ce que tout ce que vous faites
est fait par amour pour Moi ?
Ne dites pas : "Qu'est-ce que je fais",
parce que ceci est Mon œuvre.
Vous devez jeûner et prier,
car c'est par la prière que
vous ferez face à Ma vérité et que vous affrontez
tous les coups.
Priez pour ceux qui ont oublié
la promesse qu'ils M'ont faite, car ils diront :
"Pourquoi n'ai-je pas senti Ta présence
Seigneur, alors que Tu étais avec moi ? "
Tout ce que Je veux c'est que vous
vous rassembliez tous en Moi, comme Je suis en chacun de vous.
Quand à toi Ma fille, Je vais
te quitter.
Ne crains pas si tu tardes à
entendre Ma voix,
mais plutôt sois forte, et que
ta langue soit un glaive qui parle en Mon nom.
Sois sûre que Je suis avec toi
et avec vous tous. "
Toutefois, le message le plus direct et le plus global fut celui de Los Angeles. Le Christ le communiqua à Myrna le 14 août 1988. Sans doute, choisit-il une ville américaine pour proclamer que ses paroles ne s'adressent pas uniquement à ses enfants de Damas et de la Syrie, mais qu'elles étaient destinées à tous ses enfants du monde entier. Et qui sont ses enfants ? Ce sont tous ceux qui font la volonté du Père Céleste, du Dieu Tout-Puissant "à qui rien n'est impossible."
Ce message commence par des reproches :
"Je vous ai donné Ma paix, mais vous, que M'avez-vous donné ? "
Puis le Christ atteste son pouvoir sur le cœur de ses enfants :
" Vous êtes Mon Église et votre cœur M'appartient, à moins que ce cœur ne possède un autre dieu que Moi. "
Ensuite, Jésus insiste sur l'unité de l'Église et l'erreur que commettent ceux qui la divisent. Il redit les mêmes paroles que sa Mère toute sainte avait souvent répétées, puis il ajoute : " il est moins difficile pour moi qu'un incroyant croit en moi que ceux qui prétendent avoir la foi et l'amour ". Après cela, Jésus généralise son enseignement : " Vous devez vous glorifier de Dieu seul. "
Et après avoir invité une nouvelle fois à la prière, le Christ conclut : "Je vous ai donné tout mon temps, donnez-moi une partie du vôtre." Les messages les plus longs, les plus profonds et les plus détaillés, sont ceux que le Christ adresse personnellement à Myrna. Parfois, il donne l'impression d'intervenir directement dans sa vie privée. Il exprime clairement sa volonté et le but de ses interventions, en reprenant mot à mot l'expression de sa mère: "En toi, J'éduquerai ma génération". (message du 22 juillet 1987, Màad, Liban)
Myrna est un membre priviligié de cette grande famille humaine. En même temps, elle représente la génération de Soufanieh par son humilité, sa persévérance dans la prière et son abandon total à la volonté de Dieu. Cette génération, c'est encore une Église selon les paroles mêmes du Christ : "Là où deux ou trois se réunissent en mon nom je suis au milieu d'eux". Cela ne signifie nullement que le Christ vise à isoler cette génération de l'Église une, catholique et apostolique. Aucun texte de Soufanieh, aucune manifestation naturelle ou merveilleuse ne le laissent entendre. D'ailleurs, la prière chrétienne par excellence, celle de laquelle toutes les prières prennent leur source et à laquelle elles aboutissent, c'est le sacrifice divin, le saint sacrifice de la messe.
Soufanieh s'est multipliée. En effet, chaque fois que Myrna répond à l'invitation des amis de la famille de la Vierge et se rend dans une maison, les gens accourent et se rassemblent pour la prière. Celle-ci se déroule devant une icône de la Vierge. Cette icône est une reproduction fidèle de l'icône bénie. Sans tarder, l'huile commence à couler. Après le départ de Myrna, la prière communautaire se poursuit... Une extase, accompagnée d'un message, peut se produire comme cela se passa à Màad au Liban et à Los Angeles en Amérique du Nord. Ou bien, les prodiges se limitent à l'huile sainte et à la prière communautaire, comme ce fut le cas à Khabab dans le Hauran en Syrie et à Amman en Jordanie. Ou encore, les gens se réunissent autour de l'icône miraculeuse, ils prient et reçoivent l'huile sainte. La prière devient une activité permanente, comme cela se fait à Beit Sahour en Palestine occupée. Enfin, il y a des Soufanieh en relation plus ou moins solide et soutenue avec celle de Damas. On en connaît deux à Alep en Syrie.
Au fait, les lieux de prière en l'honneur de la Vierge Marie se multiplient un peu partout dans le monde, ce qui veut dire que la génération dont parlent Marie et son fils bien-aimé, s'accroît très rapidement dans diverses régions de la planète.
Mais ce ne sont pas seulement les lieux de prière qui se multiplient, la prière elle-même s'intensifie. Un simple signe de la mère toute sainte suffit pour rassembler un grand nombre de personnes. Cette promptitude à se réunir pour la prière, révèle la soif d'absolu cachée dans le cœur humain, et longtemps refoulée par la violence du monde. L'aspect le plus frappant et le plus influent de cette violence c'est la société de consommation. Cependant, la persistance dans les jouissances de la chair finit, tôt ou tard, par réveiller cette soif d'absolu cachée dans les profondeurs de l'âme, dans l'attente de la brise qui la ramène à la vie, sa vie initiale toute éclatante de beauté. Cette vie spirituelle puise sa force et sa cohésion de l'humilité, de l'effacement devant la puissance divine et de l'abandon à Dieu. Or, parmi les nombreuses générations de vie spirituelle que connaît l'histoire de l'humanité, la Vierge s'en est choisie une. Elle l'a prise sous sa protection et s'est chargée de la former.
Faut-il dire que les hommes d'aujourd'hui adorent l'argent beaucoup plus qu'ils ne l'ont fait au cours des siècles passés ? Malheureusement, ils oublient que ce dieu argent est un rival du Dieu unique, qu'il cherche à s'approprier leur cœur et à le détourner de la vraie vie. Cet amour de l'argent devient une véritable tragédie sociale, lorsqu'il prend possession du cœur des chefs spirituels. Car il devient quasiment impossible de savoir où sont leur cœur et leur raison, au moment où ils accomplissent leur devoir de guide spirituel. Sont-ils avec le Seigneur ou avec leur fortune ? Prient-ils réellement ou étudient-ils les meilleurs moyens de faire fructifier leurs richesses? Ont-ils oublié l'avertissement du Seigneur, le Très-Haut: "N'adorez pas deux Maîtres : Dieu et l'argent" et "Celui qui scandalise l'un de ces petits qui sont mes frères, il vaut mieux lui suspendre au cou une meule de moulin et le jeter dans la mer! "
La vie spirituelle a ses caractéristiques. Elle a son charme et sa beauté, son attrait et sa cohésion. Authentiquement vécue, elle devient contagieuse. N'avons-nous pas dit qu'elle répond à un penchant fondamental de l'âme humaine ? Elle connaît, de nos jours, un réel développement. Les nouvelles communautés de formation à cette vie naissent et s'épanouissent un peu partout dans le monde. Soufanieh n'est pas une des moindres. Puisque la sainte mère et son fils, le Saint de Dieu, l'ont choisie pour éduquer directement leur génération. Celle-ci est choisie du milieu du peuple, là où il n'y a ni chefs ni sujets. Et comme le prêtre est un fils de ce peuple, son rôle se limite à organiser la prière et à l'animer aux moments voulus. Il doit laisser aux croyants leur spontanéité et encourager leurs initiatives. Or, Myrna est le modèle le plus éloquent de la vie spirituelle "du peuple" aujourd'hui, comme du temps de Jésus et de ses apôtres. Le Très-Haut l'a choisie alors qu'elle était "une terre vierge" jusqu'à un certain degré, et le voilà à l'œuvre pour la former progressivement.
Le plus frappant chez cette jeune femme et ce qui, dans son comportement, retient le plus l'attention, c'est son effacement total devant la volonté du Seigneur et celle de son peuple. Celui-ci, à l'exemple de l'Élu du Seigneur et de sa Mère, a mis toute sa confiance en Dieu. Il est accouru prier devant l'icône que, dans sa sagesse éternelle, le Père a voulu sanctifier.
Toute formation se fait par étapes. Et celle de Myrna a suivi le même processus, elle s'est faite en quatre étapes, comme cela se dégage des messages que nous possédons.
La première s'étend approximativement de décembre 1982 à Octobre 1983, soit la première année de Soufanieh. Tout au long de cette étape, les messages s'adressaient à Myrna et à la foule réunie pour la prière. Grâce à la conversion et à la prière, ils visaient à rassurer les croyants et à cultiver en eux la confiance en l'action de Dieu qui se manifestait dans ce lieu.
La deuxième étape va de janvier 1983 à août 1985. Les messages s'adressent de plus en plus expressément à Myrna. La Vierge et son fils décrivaient à la jeune femme - et à travers elle à nous aussi - l'ambiance générale de la vie spirituelle. Ils lui enseignaient progressivement les vrais fondements de cette vie, qui doivent s'enraciner dans le cœur de Jésus-Christ, source de toute vie spirituelle vraie et authentique.
Quand à la troisième étape, elle couvre deux années entières, de septembre 1985 à décembre 1987. Au cours de ces deux années, Myrna nous représentait auprès de la Vierge et de son fils, bien plus qu'elle ne l'avait fait auparavant. Cette étape est celle du choix décisif, ce choix que nous devons tous faire d'une manière ou d'une autre à chaque jour de notre vie. Oui, nous devons choisir Dieu ou le monde.
Enfin, la quatrième étape débute au mois d'août 1988 à Los Angeles et se poursuit de nos jours. C'est l'étape de la confirmation de Myrna et des croyants de Soufanieh sur l'un des sommets de la vie spirituelle où la mère toute sainte et son fils bien-aimé les ont conduits. De fait, sur ce sommet, les séductions du monde et ses supercheries se multiplient. C'est pourquoi l'invitation à la prière et les mises en garde contre les calomnies s'intensifient. Et bien que ces calomnies blessent l'homme au plus profond de lui-même, celui-ci doit pardonner. Car au regard du vrai chrétien et à fortiori de celui que Dieu a choisi, "l'autre" n'est pas "un étranger", mais "le prochain". Au cours de l'extase survenue à Los Angeles le 18 août 1989, la Vierge dit textuellement :
"Ne crains pas, Ma fille.
Tout cela arrive pour que le nom de
Dieu soit glorifié.
Réjouis-toi plutôt,
parce que Dieu t'a permis de venir
à Moi pour que Je te dise :
'ne t'inquiète pas de ce
qui se dit de toi,
mais sois toujours en paix',
parce que la créature Me regarde
à travers toi.
Dis à tous de multiplier la
prière parce qu'ils ont besoin de la prière pour plaire au
Père.
Que la bénédiction de
Dieu descende sur toi et sur tous ceux qui ont collaboré avec toi
par amour pour Lui. "
7. Je vous donnerai ce qui est bien plus puissant que l'huile
Lorsqu'on examine les messages de la première étape de Soufanieh et médite les directives générales de Marie et de son fils (la patience, l'humilité, la prière permanente, la confiance absolue en Dieu, la générosité...), on est fortement impressionné par les promesses de la Sainte Vierge : " Je vous ai donné de l'huile plus que vous n'en avez demandé, et je vous donnerai quelque chose de bien plus fort que l'huile. "
Que signifie cette dernière expression ? A quoi la Vierge fait-elle allusion ? Veut-elle parler des extases ? Ou bien des plaies du Christ Crucifié que Myrna devra vivre dans son corps ? En effet, au cours de la semaine de la passion et à trois reprises, la jeune femme devra, à nouveau connaître dans son corps les plaies du Sauveur. Mais cela ne se produira que lorsque les deux Églises sœurs, l'Église Catholique et l'Église Orthodoxe, célébreront la fête de Pâques le même jour.
Que peut encore signifier ce "plus puissant que l'huile ?" Est-ce les apparitions et les messages de Jésus, le Saint du Père, qui alterneront avec ceux de sa mère ? Ceux-ci revêtiront un accent particulier : le Christ sera plus ferme et plus résolu avec Myrna et avec la foule des priants que ne l'est sa Mère toute sainte. La Vierge dit : "Je visiterai davantage les maisons car ceux qui vont à l'église, quelquefois n'y vont pas pour prier."
Pour ramener les hommes à lui, le Seigneur recourt à de multiples moyens, parmi lesquels Soufanieh occupe une place de choix. De fait, la présence de la mère toute sainte et l'huile qui coule des dizaines d'images de l'icône miraculeuse répandues à Damas et dans d'autres régions de la Syrie et du monde, ramènent de plus en plus de personnes à Dieu. Mais je suis convaincu que la prière ininterrompue depuis plus de sept ans reste le moyen le plus puissant et le plus efficace. Car c'est elle qui touche les cœurs. Effectivement, il suffit que quelqu'un participe du fond de son coeur à la prière, ou plus exactement se livre à cette prière et à celui à qui elle s'adresse, pour en avoir la conviction.
Une autre expression, unique en son genre, retient l'attention du lecteur. La Vierge et son fils l'ont prononcée en parlant de l'unité de l'Église : "Ne vous divisez pas comme le sont les grands. Vous, vous apprendrez aux générations, le Mot d'Unité, d'amour et de foi."
Il est bien évident que la Vierge et son fils ne parlent pas des personnes âgées. Celles-ci sont souvent auprès d'eux, à Soufanieh, pour la prière. Les personnes concernées par cet avertissement sont les dignitaires religieux. Car ils sont responsables des séparations d'hier et ils le seront pour celles d'aujourd'hui et de demain. Cela paraît clairement dans les paroles du Christ et de sa mère qui, tous les deux, visent à former une nouvelle génération de chrétiens. Cette génération aura pour mission d'acheminer progressivement les baptisés vers l'unité, la charité et la foi, trois vertus qui forment une seule réalité.
Cette première étape de Soufanieh s'achève par l'invitation de Myrna à vivre naturellement sa vie conjugale.
En méditant les messages de la deuxième étape (novembre 1983 - août 1985), je leur découvre deux buts complémentaires :
Tout d'abord, approfondir la vie spirituelle de la jeune femme et de la foule des croyants, en mettant l'accent, sur certaines finalités fondamentales.
Ensuite, préparer Myrna à la troisième étape de Soufanieh au cours de laquelle Jésus la mettra face au choix difficile et décisif qu'elle devra faire. De fait, le Seigneur et sa Mère tiennent à lui faire voir le chemin difficile qu'ils lui préparent et qu'elle devra suivre tout au long de sa vie.
Le premier but est clairement exprimé dès le premier message de la seconde étape (Jeudi de l'Ascension, 31 Mai 1984). Ce message, assez impressionnant par sa longueur et sa teneur, Jésus l'adresse à Myrna qu'il vient d'adopter en l'appelant intimement : "Ma fille". Par l'intermédiaire de la jeune épouse, le Christ s'adresse à nous pour nous révéler sa nature divine : "Je suis le commencement et la fin", et nous donner sa paix céleste : " Je vous donne ma paix."
Puis, le Sauveur nous invite à faire l'unité entre les deux points essentiels du message, à savoir la réalité de la paix divine et la nature de la prière par laquelle nous nous remettons, corps et âme, à la volonté de Dieu.
Dieu offre sa paix à toute la communauté des croyants en prière. Il pourrait également l'offrir à toute l'humanité. Cependant, cette paix demeure une grâce intérieure, personnelle et intime. Chacun l'accueille à sa manière et la vit dans le silence le plus profond de son coeur. Lorsque cette paix s'empare d'une personne, elle l'isole du monde vers lequel elle tend, par sa constitution psychique, physiologique et physique, et dans lequel elle mène son combat pour une vie meilleure. Ce retrait du monde est semblable à celui dont parle Jésus dans l'Évangile : -"Ils ne sont pas du monde comme moi je ne suis pas du monde. "- Jean (17,16). Et quand Dieu retire quelqu'un du monde, il crée en lui un espace clair et transparent, où il se plaît à habiter. Cette présence divine dans le coeur humain le comble au point qu'elle fait oublier son désir du monde. Jésus lui-même explique cette relation entre Dieu et l'homme par ces paroles:
"Celui qui ne cherche pas l'approbation des gens, et qui ne craint pas leur désapprobation, jouit de la vraie paix. Et cela se réalise en Moi. "
Un choix décisif s'impose : Dieu ou le monde. En réalité, nous savons d'avance que l'homme a choisi le monde puisqu'il doit y vivre. Or la mission du chrétien consiste à œuvrer, selon ses possibilités, pour redonner à Dieu toute sa place dans ce monde. Jésus nous en a donné l'exemple durant sa vie terrestre. Depuis son Ascension, il poursuit cette mission par ses apôtres, ses prophètes, ses saints et tous ceux qui marchent à sa suite.
"Celui qui demeure en moi, je demeure en lui" dit le Christ dans l'Évangile.
Par nos péchés nous éloignons constamment Dieu de notre monde. Mais dans sa miséricorde, le Seigneur n'abandonne pas le monde qu'il a créé. Il continue à vouloir le sauver. Il ne cesse de l'appeler et de l'attirer à lui. De même, Dieu n'abandonne pas l'homme à son sort. Bien qu'il se livre parfois au monde et se détourne de son créateur, celui-ci l'attire toujours à lui. Et aussi longtemps que l'homme est vivant et libre, il peut choisir Dieu comme il peut choisir le monde.
Lorsque nous faisons le bon choix, nous pouvons devenir des médiateurs entre le monde et Dieu. Nous faisons ce bon choix au moment où nous acceptons la croix de Jésus-Christ dans notre vie et essayons de vivre comme lui "le premier et unique Médiateur entre Dieu et les hommes" Timothé (2,5). Par notre vie semblable à la sienne, nous devenons ses mandataires auprès de nos frères. Et plus nous avancerons dans la sainteté, plus notre mission de médiateurs ressemblera à la sienne.
La vie du chrétien authentique est un paradoxe. Celui-ci a été défini par Jésus dans son discours d'adieux à ses apôtres : "C'est moi qui vous ai choisis, et mon choix vous a tirés du monde." Cf. Jean (15,16 et 19). Et un peu plus loin il ajoute : "Comme le Père m'a envoyé dans le monde, je vous ai envoyés dans le monde." Jean (17,18). Effectivement, la raison d'être de la mission des disciples du Christ - et de la création même de l'homme - c'est d'être présent DANS le monde, ce lieu de séduction et d'épreuve, du choix difficile et décisif.
Après avoir choisi Myrna, Jésus et sa mère la rendent à sa vie conjugale avec ses exigences et ses impératifs. Bientôt, elle sera l'heureuse mère de deux enfants. C'est Jésus lui-même qui le laisse entendre en lui disant : "Vis ta vie sereine et indépendante... "
Toutefois, nous trouvons dans ce même message une expression ambiguë qui nous laisse perplexes : " Que ta paix ne repose pas sur la langue des gens, que ce soit en bien ou en mal, et pense du mal de toi-même. "
Cette expression est d'autant plus incompréhensible qu'elle est sans relation avec les autres messages et que Jésus l'adresse à Myrna un an et demi après l'avoir gratifiée de l'huile sainte, de la prière permanente, des apparitions et des extases. Ce même Jésus a fait participer la jeune femme, et la fera participer encore, à ses souffrances. Or, cette participation aux plaies du Crucifié est une grâce extrêmement rare.
Cependant, ceux qui ont longuement expérimenté la vie spirituelle savent que plus la prière devient intense et profonde, plus le monde s'acharne contre celui qui prie. Dans ce domaine, le monde n'est jamais à court de moyens pour détourner le croyant de cette intimité avec son Seigneur. Il présente à son imagination une série de tableaux, d'images, de souvenirs, de propos, de sensations et de séductions en étroite interférence avec les événements de sa vie. Le doute s'installe en lui comme en nous et les hypothèses se multiplient: avons-nous réussi notre vie ? Ne sommes-nous pas plus près de l'échec que de la réussite ? L'incertitude s'empare de nous et devient d'autant plus forte qu'elle prend sa source dans l'immense réserve de notre mémoire. L'expérience de certains saints, dont Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, constitue la preuve la plus parlante et la plus puissante de l'acharnement du monde contre les âmes de prière. Souvent cet acharnement redouble d'intensité durant les derniers jours de la vie des saints. Ceux-ci deviennent la proie du doute sur l'existence de Dieu et tentent de se révolter contre lui!...
Le remède à ce mal est la prière, une prière humble et intense.
A la fin de la première partie de ce message, Jésus dit à Myrna : "Que les fatigues entreprises pour Moi ne te brisent pas. Réjouis-toi plutôt. Je suis capable de te récompenser car tes fatigues ne se prolongeront pas, et tes douleurs ne dureront pas."
Que signifient ces paroles ? Il est possible que Jésus ait voulu préparer la jeune femme aux difficultés qui l'attendent et qui sont inhérentes à toute vie spirituelle authentique. Néanmoins, les deux expressions "se prolonger" et "durer", demeurent vagues et imprécises. Car toute la vie de l'homme est pareille au "jour éphémère d'hier ", comme le dit le Livre des Psaumes.
Certes, la douleur et les souffrances humaines peuvent se prolonger toute la vie. Mais que signifie une vie qui dure un, cent ou mille ans, comparée à l'éternité ? Les hommes mesurent leur vie au moyen des années. Le Christ la mesure au moyen de l'éternité. Or il n'y a pas de commune mesure entre ces deux moyens. Et Jésus demande à Myrna comme à nous aussi, de nous élever au niveau de la vie éternelle. C'est pourquoi, le jour anniversaire de son Ascension au ciel, le 31 Mai 1984, il commence son message, comme nous l'avons déjà souligné, par affirmer sa divinité :
"Je suis le Commencement et la Fin.
Je suis la Vérité, la
Liberté et la Paix.
Je vous donne Ma paix. "
Puis le Christ annonce à Myrna la bonne nouvelle de la Vie Éternelle et lui apprend à prier :
Bien-aimé Jésus,
accorde-moi de me reposer en Toi,
par-dessus toute chose,
par-dessus toute créature,
par-dessus tous Tes anges,
par-dessus tout éloge,
par-dessus toute joie et exultation,
par-dessus toute gloire et dignité,
par-dessus toute l'armée
céleste.
Car Toi seul es le Très-Haut,
Toi seul es Puissant et Bon par-dessus
tout,
Viens à moi et console-moi
et délie mes chaînes,
et accorde-moi la liberté,
Car sans Toi ma joie est incomplète,
sans Toi ma table est vide.
Avant de commencer cette prière, Jésus avait encouragé Myrna à la prière : " Prie, pour que la volonté de Dieu se fasse en toi ". Et après la prière, il conclut : " Alors Je viendrai pour dire: Me voici venu, car tu M'as invité. "
Jésus-Christ réaffirme sa nature divine dans son message du 7 septembre 1985, la veille de la fête de la Nativité de la Vierge Marie : " Je suis le Créateur ! Je L'ai créée pour qu'Elle me crée ".
Ce message introduit la troisième étape de la vie de Myrna et de l'histoire de Soufanieh. C'est l'étape que nous vivons de nos jours.
" Je l'ai créée pour qu'Elle me crée ! " Cette expression de Jésus constitue un paradoxe selon les normes humaines. Mais elle exprime la réalité de l'existence divine dans l'homme et sa relation avec Lui. Elle exprime également la réalité de tout homme qui vit selon la volonté de Dieu et mérite sa bénédiction, que cet homme soit chrétien ou non. En effet, chaque personne humaine reproduit l'image du Très-Haut en elle et pour elle. Cette image se rapproche de l'originale dans la mesure où l'homme peut supporter les épreuves de cette vie pour la gloire du Tout-Puissant et dans la mesure où il peut se donner à lui et se sacrifier pour lui. Ainsi, on pourrait penser que chaque personne, chaque peuple et chaque époque a son dieu. Mais prenons garde à ne pas adorer deux Maîtres : "Dieu et l'argent" comme dit le Christ.
A vrai dire, je ne connais pas de parole dite par Jésus à sa Mère, à ses apôtres ou à Myrna, ou bien une parole dite par Dieu à l'un de ses amis, ses saints ou ses prophètes, directement ou indirectement, sans qu'elle ait été adressée ou qu'elle le soit à tout homme sur la terre. Car Jésus déclare : "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas".
Le Christ poursuit ses propos à l'égard de sa Mère :
"Réjouissez-vous de la joie du
ciel,
car la Fille du Père et la Mère
de Dieu,
et l'Épouse de l'Esprit est
née.
Exultez de l'exultation de la terre,
car votre salut est réalisé."
Ce salut englobe tous les hommes, ceux d'avant Jésus-Christ, ceux de son temps et tous ceux qui naîtront par la suite.
Il me semble que l'argument incontestable et décisif dans l'histoire de Soufanieh est l'extase de Myrna. Celle-ci eut lieu la veille du troisième anniversaire de l'apparition de la mère toute sainte dans ce lieu (26 novembre 1985).
Au cours de cette première extase, le Christ a surpris la jeune épouse par un dialogue avec elle. Ce dialogue a revêtu la forme de questions et de réponses, grâce auxquelles le Sauveur lui a décrit la voie qu'il a empruntée vers le Père. Cette voie, chaque homme doit la suivre, selon ses possibilités, pour parvenir à la vie éternelle.
Au cours de l'extase du 16 avril 1987, le Christ surprend Myrna par un message très particulier. Il lui imprime ses cinq plaies dans son corps, aux endroits même où elles étaient sur le sien. Cela se passe en présence de prêtres, de médecins spécialisés et d'un grand nombre de croyants réunis pour la prière. C'était la troisième fois que Myrna vivait dans son corps la passion du Sauveur.
Au moment où les plaies s'ouvraient, il n'y avait que deux témoins : les pères Joseph Malouli et Elias Zahlaoui. Et ce sont ces deux témoins qui, généralement, relatent les événements et les messages. Jésus demande :
"Ma fille,
Veux-tu être crucifiée
ou glorifiée ?
Myrna répond : Glorifiée(1).
Jésus a souri et a dit :
"Préfères-tu être
glorifiée par la créature ou par le Créateur ? "
Myrna lui répond : Par
le Créateur.
Alors Jésus lui dit :
Cela se fait par la Crucifixion,
car toutes les fois que tu regardes
les créatures,
le regard du Créateur s'éloigne
de toi. "
Les deux questions posées par le Christ demandaient une réponse. Et cette réponse était claire, étant donné l'atmosphère spirituelle qui règne à Soufanieh et l'intensité des extases. Malgré cela, le Christ tient à entendre la réponse de la bouche même de Myrna. Celle-ci se trouve devant un choix décisif. Car le monde n'a pas rendu ses armes et ne les rendra jamais. Les jeunes le savent bien. Le monde leur offre énormément de divertissements: il y a les longues promenades, les concours d'élégance, les soirées avec les amis des deux sexes jusqu'à une heure bien tardive de la nuit et les rencontres affectives. Tout cela n'est pas mauvais puisque toute jeune fille, en âge de se marier, a le droit d'aimer un jeune homme. De fait, le mariage est quelque chose de très légitime. Bien plus, il est le premier et l'ultime but de la vie de toute jeune fille.
Telle est la vie terrestre avec ses félicités, son parfum, ses séductions et ses passions légitimes. Mais tout cela pourrait finir par devenir illégitime... Qui peut, dans ce domaine, définir la limite entre le légitime et l'illégitime ?
Oh ! Qu'ils sont nombreux ceux qui ont parcouru une longue étape de la vie spirituelle et ont fini par revenir sur leurs pas vaincus et battus ! ... Car l'homme reste toujours libre. Il peut, à tout instant, changer de chemin. N'est-il pas le Maître de sa vie et de son avenir? N'a-t-il pas le pouvoir de changer de comportement même durant les dernières heures de sa vie ? ...
Oh ! Que ce monde est redoutable !
Jésus dit dans l'Évangile : "N'adorez pas deux maîtres : Dieu et l'argent". Cet argent dont parle le Christ est l'un des nombreux symboles de ce monde. C'est le symbole le plus présomptueux et le plus puissant à dominer l'homme et à le posséder puisqu'il lui ouvre, en principe, toutes les portes de ce monde magique. Cependant, il n'est pas le seul à jouer ce rôle. De fait, le véritable combat est entre Dieu et le monde. Ce combat intense et effroyable se déroule dans l'âme humaine. Tant que nous sommes dans cette vie, nous sommes profondément et intimement liés à ce monde et à ses combats.
Je me suis dit : la question et la réponse sont complémentaires et évidentes. Pourquoi donc Myrna ne les a-t-elle pas comprises ? Voilà trois ans qu'elle vit dans une atmosphère de prière permanente, une prière qui ne cesse ni de jour ni de nuit. Trois ans de vie auprès de la mère toute sainte et de son fils bien-aimé. Trois ans d'écoute attentive des messages de Jésus et de Marie. Trois ans de contact avec des prêtres et des croyants fervents dont certains sont plus âgés qu'elle et plus expérimentés dans les affaires religieuses et la vie spirituelle. Malgré toutes ces grâces et toutes ces relations, Myrna serait-elle restée naïve et ignorante au point de ne pas comprendre les choses les plus naturelles et les plus évidentes ? Je ne crois pas. Car Myrna possède un sens naturel très sain, une nature candide, une innocence innée et une vraie vie spirituelle. Tout cela l'aide à saisir les vérités non pas par un raisonnement logique, mais grâce à l'intuition et au sentiment général purement spontanés. Par rapport à elle, l'étape de sa vie d'avant Soufanieh est terminée. Une nouvelle étape a commencé. La science humaine et la connaissance du monde ont laissé la place à la connaissance de la mère toute sainte qui a choisi la jeune femme et l'a confirmée dans son choix. Et la voilà à l'œuvre pour la préparer à un avenir qu'elle aime et redoute à la fois. Certes, elle est encore au début du chemin... Mais qui peut prétendre avoir dépassé les tout premiers pas dans la vie spirituelle?
Maintenant, prêtons l'oreille, soyons attentifs ! De la présence du Christ, le Saint de Dieu, nous ne voyons que des marques extérieures. De la présence de sa Mère toute sainte au milieu de nous, nous ne voyons que des signes passagers. Or la présence du Christ, même si elle ne se produit qu'une fois tous les mille ans, n'est pas une simple affaire. Car en l'espace d'un clin d'œil, Jésus s'empare de la personne. Il règne sur ses facultés à tel point qu'elle oublie son père, sa mère, ses frères et ses sœurs. Elle s'oublie tellement qu'il lui semble avoir perdu la raison, l'imagination et la mémoire. Les Anciens étaient convaincus, et avec raison, que celui qui voit Dieu est foudroyé sur-le-champ. Les saints affirment, chacun à sa manière et dans sa langue, que la présence divine les arrache à eux-mêmes. C'est pourquoi il est vraiment surprenant que Myrna ait gardé une certaine capacité de converser avec les gens, de sorte qu'elle interroge, écoute, répond, même si elle le fait machinalement.
Une autre question se présente à moi : après s'être longuement familiarisé avec les textes religieux grâce à la prière, la méditation et la lecture, Myrna est-elle devenue capable de comprendre les messages célestes qu'elle nous a transmis et nous transmet encore immédiatement après les avoir reçus ? Elle les transmet aux prêtres qui prient auprès d'elle et ceux-ci nous les transmettent à leur tour.
Une question en entraîne une autre : Nous, les spécialistes de la culture, comment considérons-nous les textes sacrés que nous prétendons expliquer, commenter et éclairer ? Les comprenons-nous mieux que Myrna ? L'humanité, comment les comprend-elle après vingt siècles de profondes discussions et controverses théologiques, tantôt calmes, tantôt houleuses, après de nombreuses recherches au moyen des méthodes scientifiques les plus modernes, après les méditations, la contemplation, les longues retraites spirituelles, le jeûne et la prière? L'humanité comprend-elle mieux les textes religieux inspirés ou révélés par le Seigneur aux prophètes et aux saints ? Les comprend-elle mieux que ne les comprenaient nos ancêtres proches ou lointains ?
Immédiatement une parole du Christ se présente à mon esprit: "Père, Maître du ciel et de la terre, je te remercie d'avoir caché ta sagesse aux sages et aux savants, et de l'avoir révélée aux enfants, à ces petits qui sont tes fils."
Lorsque le ciel parle, l'homme se tait, se prosterne, baise la terre et crie avec le publicain : "Mon Dieu, pardonne-moi, pauvre serviteur pécheur. Mon Dieu, pardonne-moi, pauvre serviteur pécheur". Après avoir imploré le pardon du Seigneur, l'homme attend sa volonté, car lui seul connaît les cœurs et peut établir une frontière entre le vrai et le faux, la vérité et l'hypocrisie.
Jésus savait, incontestablement, que l'acceptation de la croix par Myrna comme moyen de glorifier le nom du Très-Haut, n'était pas inébranlable et décisive... bien que la jeune femme l'ait souvent renouvelée. Car, tout en étant pleinement libre et lié par ses promesses devant Dieu et devant ses semblables, l'homme se trouve parfois dans des conditions contraignantes qui l'obligent à faire ce qu'il ne voulait pas. Or Jésus sait cela, pourquoi donc poursuit-il son message de crucifixion et de glorification ?
Jésus poursuit son message pour mettre Myrna - et chacun de nous - devant la sublime vérité divine dont nous sommes responsables individuellement et communautairement. Il poursuit ce message pour nous décrire, dans les moindres détails, la voie qui conduit à Dieu.
"Je veux, Ma fille,
que tu t'appliques à la prière
et que tu te méprises.
Car celui qui se méprise augmente
en force et en élévation de la part de Dieu.
Moi J'ai été crucifié
par amour pour vous.
Et Je veux que vous portiez et supportiez
votre croix pour Moi, volontairement,
avec amour et patience,
et que vous attendiez Ma venue.
Car celui qui participe avec Moi à
la souffrance,
Je le ferai participer à la
gloire.
Et il n'est de salut que par la Croix.
Ne crains pas, Ma fille,
Je te donnerai de Mes blessures de
quoi payer les dettes des pécheurs.
C'est la source à laquelle se
désaltère toute âme.
Et si Mon absence se prolonge et que
la lumière s'éclipse pour toi, ne crains pas, ce sera pour
Ma glorification.
Va à la terre où la corruption
s'est généralisée,
et sois dans la paix de Dieu. "
Oh ! Que ce discours est redoutable ! Qu'il est dur à entendre! Qui peut l'accueillir et en vivre ?
Notre monde est un chemin de souffrances pour tous, pour les individus et pour les communautés. Celui qui porte sa croix délibérément, de bon cœur , en l'honneur du Sauveur qui en a fait la voie du salut pour l'humanité, et en union avec lui, celui-là est près de Dieu et le glorifie. Tandis que celui qui porte la croix à la place de ses frères et en rémission de leurs péchés, celui-là est sur la voie de la sainteté.
Avec les saints de Dieu et ses élus, les frontières disparaissent entre Dieu et l'homme. Telle est l'existence chrétienne, l'existence - en - Christ, ou le renoncement de l'homme à lui-même.
O chrétien, tu ne vis pas pour toi-même, mais pour le prochain. Tu dois être à son service. A tout instant, il peut t'appeler à son secours : dans la maladie, dans la pauvreté de l'âme et du corps, ainsi que dans n'importe quelle autre difficulté.
- Le Christianisme est-il en désaccord avec toutes les coutumes humaines qui donnent la priorité à l'intérêt personnel aux dépens de l'intérêt d'autrui ?
- Oui, dans le Christianisme on sacrifie l'intérêt personnel au service du prochain, ce prochain qui est pour chacun l'image du Christ sur la terre.
- C'est une vie difficile et impossible !
- Disons-le encore une fois : oui ! Cependant, il y a la force de Dieu à l'œuvre. Autrement, que signifierait son affirmation que "rien ne lui est impossible" ?
Lorsque Jésus dit à Myrna : " Ne crains cas, Ma fille, Je te donnerai de Mes blessures de quoi payer les dettes des pécheurs", il répète de manière différente ce qu'il avait dit à Saint Paul : "Ma grâce te suffit ! C'est dans la faiblesse que s'exerce ma puissance."
Poursuivant son message, Jésus ajoute
: "Et si Mon absence se prolonge et que la lumière s'éclipse
pour toi, ne crains pas" il dit cela pour éprouver sa persévérance
sur le chemin de la croix, et la persévérance de tout homme
dans le service de son prochain.
Le Jeudi Saint, 16 avril 1987,veille du Vendredi Saint, Myrna entre dans une longue extase. Le message qu'elle reçoit, ce sont les plaies du Sauveur Crucifié. Ces plaies imprimées sur le front de la jeune épouse, dans ses mains, ses pieds et son côté, s'adressaient sans paroles à la foule réunie pour la prière. Hommes et femmes, petits et grands, prêtres et médecins spécialistes, étaient là. Tous regardaient humblement et respectueusement l'élue de la Vierge. Leur nombre allait grandissant au point que la chambre à coucher et le hall de la maison ne pouvaient plus les contenir. D'un seul cœur et d'une seule voix ils chantaient devant l'icône de la mère toute sainte : "Aujourd'hui, il a été suspendu au bois, Celui qui a suspendu le monde sur les eaux... Nous adorons ta passion, ô Christ..."
Les plaies du Christ renouvelées dans le corps de Myrna nous parlaient. Que disaient-elles ? Qu'avons-nous lu, nous qui sommes arrivés en foule, d'ici et de là, pour voir le Christ fils de Dieu crucifié au milieu de nous et pour nous, pauvres pécheurs ? Ce Christ a grandi parmi nous et a vécu avec nous, il a mangé et bu comme nous, enfin il nous a annoncé la Bonne Nouvelle.
"Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous." Et nous, pécheurs, qu'avons-nous fait de lui ? Nous l'avons élevé sur la croix. Quant à lui, il s'est offert, librement et de bon gré, à son père céleste, en rémission de nos péchés.
Quotidiennement et plusieurs fois par jour nous répétons : "pardonne-nous nos offenses." Mais est-ce que "nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ?" Telle est la question que, devant Dieu, nous devons nous poser chaque jour, chaque heure et chaque minute. En me frayant un chemin vers la chambre, je me dis : "C'est ici, dans cette demeure damascène, qu'a commencé la marche de Notre Dame de Soufanieh vers le monde. C'est dans cette chambre que, pour la première fois, l'huile est apparue sur l'icône sainte, c'était le 27 novembre 1982. Aujourd'hui, dans cette même chambre, la Vierge atteint l'un des plus hauts sommets de son itinéraire.
Une simple chambre à coucher pour deux jeunes mariés, rangée et ornée selon le goût local. Ses deux principaux meubles sont le lit conjugal, et un grand miroir. Le lit marron foncé, est en bois de noyer et d'un grand prix. Le miroir, en trois parties triangulaires, repose sur un socle en bois de noyer comme le lit. Le jeune femme y range tous ses produits de beauté : poudre, parfums et fards. Devant le miroir trône l'icône sainte que la Vierge Marie a sanctifiée en y laissant une partie de son âme toute immaculée. A l'origine, elle était posée au milieu d'un tas de produits de beauté et de garniture. Les deux époux l'avaient déposée là où ils lui avaient trouvé une place. J'ignore s'il y a un tapis dans cette chambre. J'ai aperçu une banquette près du mur. Je m'y suis perché avec deux ou trois personnes qui m'avaient devancé afin de mieux contempler les plaies sacrées.
Dès l'apparition des premières gouttes d'huile, les deux époux installèrent l'icône à la place centrale. Au fur et à mesure que les apparitions se succédaient, l'huile devenait de plus en plus abondante. Bientôt elle devint le pôle d'attraction des gens de Damas et d'ailleurs. Ensuite, l'icône miraculeuse quitta la chambre conjugale pour entreprendre un petit voyage raconté dans les mémoires du Père Elias Zahlaoui. Ce voyage se termina dans la petite niche construite dans le mur extérieur de la maison, à la demande de la mère toute sainte. Cependant, tout en sachant que l'icône sainte n'est plus à sa place initiale, notre regard se dirige spontanément vers ce lieu. Puis il va à sa recherche dans cette chambre choisie par Marie. Car nous avons la conviction que la mère de Jésus a laissé des traces de son passage. Et je ne crois pas me tromper dans cette conviction parce que "tout lieu foulé par le Seigneur ou l'un de ses saints est béni."
Cette chambre est le premier pied-à-terre de la Vierge Immaculée chez nous à Damas. Elle est sa demeure. Même si depuis la fête de l'Ascension, mai 1984, elle est devenue plus spacieuse pour accueillir Celui que le monde ne peut contenir, elle restera toujours consacrée à la mère toute sainte qui bénit de là notre capitale, notre pays et le monde entier. Elle les bénira aujourd'hui, toujours et pour les siècles des siècles. Une fois de plus j'ai redit avec le psalmiste :
"O Seigneur, que tes œuvres sont merveilleuses ! Elles sont toutes faites avec sagesse et amour ! Que sont les siècles pour toi ? Ne sont-ils pas comme le jour d'hier ? Il est bien vite passé ! Et les espaces ? En un instant, tu peux ramener toute ta création au néant d'où tu l'as tirée ! En vain nous mesurons tes œuvres avec nos critères humains. En vain nous évaluons tes merveilles. Ce qui est petit pour nous peut être grand pour toi. Au savant, tu préfères parfois l'homme simple et ignorant. Tu n'habites ni dans le temps ni dans l'espace. Ta demeure préférée est le cœur de l'homme, un cœur contrit, humilié et aimant. "
"Ta venue chez nous a débuté dans un petit village ignoré des multiples villes et villages de l'empire Romain. Les bergers de Bethléhem étaient les premiers à recevoir la Bonne Nouvelle de ta naissance et à te voir. Ils t'ont adoré. Ils y ont chanté les louanges du Très-Haut. Les palais somptueux disparurent alors avec leur richesse et leur opulence pour laisser place à la grotte de Bethléhem, devenue symbole de la libération de l'homme et de son salut. Car tu en as fait un ciel et tu as transformé sa mangeoire en un trône céleste comme nous le chantons dans la liturgie de la Nativité."
En ces jours la mère toute sainte vient sanctifier la chambre conjugale des jeunes époux. Jusque-là ils passaient inaperçus. Et les voilà, du jour au lendemain, le centre d'intérêt d'une foule de plus en plus nombreuse. Leur vieille maison, perdue parmi des dizaines d'autres de ce quartier de Damas, devient le point de mire des hommes venant des quatre coins du monde.
Jusqu'au 27 novembre 1982, les jeunes époux menaient une vie sereine et paisible. Leurs regards se tournaient vers un avenir qu'ils voulaient réussi et heureux, comme le leur souhaitaient leurs parents et voisins. Le mari est un commerçant habile et ingénieux. De nombreux projets, prospères et lucratifs, meublaient son imagination. Pourquoi n'amasserait-il pas une grande fortune qui lui permettrait, en compagnie de sa femme, de voyager au loin, beaucoup plus loin que la Bulgarie ? Son épouse en reviendrait avec les plus belles robes et les plus beaux manteaux de fourrure. Ils pourraient remplacer leur vieille maison par un palais somptueux. Pourquoi pas? On pouvait alors amasser de grandes fortunes en très peu de temps ! L'aventure était d'autant plus alléchante qu'elle était légitime devant Dieu et devant les hommes.
Mais voilà tous leurs plans anéantis.
Seigneur, qu'as-tu fait de tes deux enfants ? Pourquoi as-tu dispersé tous leurs rêves et ramené leurs projets à néant ? Veux-tu séparer ces deux époux ? Pourtant tu n'as pas dit: "Je suis venu séparer l'épouse de son époux , ni la mère de sa fille ou le frère de sa sœur." Si tu ne veux pas les séparer, veux-tu resserrer leurs liens ?
Rien de tout cela... Car ce ne sont là que des questions et des paroles humaines, nées de la poussière et destinées au néant... Le monde les nourrit et les vents les dispersent. De même le monde aveugle nos cœurs et nous empêche de voir le ciel ouvert et d'entendre ses appels.
Que sont les fortunes et les fonctions, les palais et les ameublements luxueux ? Que sont les sciences, les littératures et les philosophies, les titres, les grades et les décorations ? Ce sont de simples instruments au service de l'homme. Mais celui-ci les a transformés en idoles et les a adorés. Ce ne sont que "des noms donnés par vous et par vos pères à des objets sans aucun pouvoir. " Là, la sentence de l'Ecclésiaste prend tout son sens: "Vanité des vanités, tout est vanité et souffle de vents !" Du jour au lendemain tout se dissipe. Il ne reste que la poussière dont le Créateur a façonné l'homme et à laquelle il le rendra : "Tu es poussière et à la poussière tu retourneras. "
Toi seul Seigneur tu demeures éternellement. A l'homme tu demandes : "Qu'as-tu fait des talents que je t'ai donnés ? Comment as-tu oublié les paroles de mon fils : 'Je suis la Vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra.' " ?
Ces deux époux se préparaient à un avenir bien défini. Et voilà, Seigneur, que tu les destines ainsi que leur petite maison à une autre mission. Avec eux, tu as commencé Soufanieh et par eux tu la continueras. Là, tous ceux qui viennent prier entendent l'appel de la mère toute sainte. Avec eux et dans leur petite demeure, Tu as commencé une nouvelle histoire d'amour, l'histoire de l'un de tes nombreux et interminables voyages à notre monde et pour notre monde. "Frères, prosternons-nous et chantons : Saint ! Saint ! Saint est le Seigneur, le Dieu de l'univers. Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire ! " En ces jours commence chez nous un chemin de salut! Il commence pour nous et avec nous, même si nous n'y prêtons aucune attention. Prions mes frères, et disons :
"Seigneur, prends pitié de notre faiblesse. " Le cœur de l'homme est fait de poussière, ses pensées sont inspirées par la poussière. Dans cette poussière naissent et s'élèvent les monuments, les châteaux et les palais dans lesquels nous mettons notre espérance. Du jour au lendemain tout cela s'effondre et nos rêves s'évanouissent. Bientôt ce sera notre tour de disparaître de cette terre !
"Toi seul Seigneur demeures éternellement !" Seigneur, permets-moi de poursuivre ma réflexion et de m'interroger sur les mobiles qui m'ont poussé à accourir en cette veille du Vendredi Saint, 16 avril 1987, vers la maison de la mère toute sainte à Soufanieh.
Pourquoi ai-je été si pressé d'arriver ? Pourquoi ai-je bousculé les gens pour y prendre place ? Est-ce par amour du spectacle? Est-ce par curiosité ou amour de la connaissance ? Est-ce pour faire comme les habitants de ce quartier ou bien pour voir et vérifier ce que j'avais entendu ? Est-ce pour répondre à une voix intérieure qui m'a appelé et entraîné vers ces lieux où se manifeste ta puissance ? Seigneur, il m'est difficile, et même impossible, de répondre. Toi seul connais le coeur de l'homme et compte ses moindres mouvements. Toi seul peux purifier ce coeur de tout ce qui l'empêche d'entendre ta voix.
En ce jour sacré, il me semble qu'un seul chant soit parvenu à mes oreilles : "Aujourd'hui, il a été suspendu au bois..." D'ailleurs, c'était le seul chant digne de ce grand jour.
Myrna, les yeux fermés, était allongée sur son lit. Le visage livide, les muscles relâchés, plus rien ne la reliait au monde extérieur. Seuls les pères Malouli et Zahlaoui avaient saisi la gravité du moment. A genoux, ils priaient et attendaient. Le corps de la jeune femme était tout entier tendu vers les plaies. Lorsqu'on touchait ses mains ou ses pieds, elle frémissait de douleur. Les médecins eux-mêmes ne purent rien faire, pas même les examens cliniques les plus élémentaires. Quant à nous, les curieux, nous nous bousculions afin de bien voir la jeune femme. Le nombre de personnes présentes allait grandissant. L'atmosphère devenait irrespirable. Que voulions-nous voir, pauvres humains ? Oui, nous sommes pauvres, très pauvres physiquement et spirituellement. Que pouvions-nous voir ? Nul ne peut voir Celui qui a gratifié Myrna des plaies du Crucifié "si ce n'est le fils qui est descendu du ciel pour Le révéler." Lui seul s'est emparé de la jeune femme pour lui faire comprendre le mystère de la souffrance et de la Rédemption et lui révéler la vérité de l'être humain telle qu'il la conçoit.
De nombreuses questions m'assaillaient. Mon Dieu, en ce jour sacro-saint, que m'attendais-je à voir et entendre en me dirigeant vers la maison de la mère toute sainte ? Que voulais-je voir et entendre une fois dans la chambre de la jeune épouse, au milieu de la foule? Quels sentiments, sensations, images et pensées meublaient mon âme et mon imagination ? Je ne le sais pas.
Mon Dieu, qu'il est difficile à l'homme de bien se connaître! Toi seul connais les secrets du cœur humain et ses mobiles d'action! Pourquoi alors les ignorants, les stupides et les vantards prétendent-ils se connaître ?
La connaissance du corps humain n'a cessé de progresser et de réaliser de véritables exploits... Elle restera, cependant, loin de la réalité escomptée. Quant à la psychologie et à la psychiatrie, elles sont aux premiers pas de leur aventure en dépit de toutes les allégations des psychiatres.
Comment suis-je rentré chez moi en fin de soirée ? Déçu ou comblé ?
Lorsque le père Elias Zahlaoui, tout radieux, m'a parlé pour la première fois des événements de Soufanieh, je l'ai cru sur-le-champ. J'ignorais absolument tout du lieu et de ses habitants. Mais j'ai cru, sur les paroles du père, aux apparitions de la Vierge et aux prodiges qu'elle opérait grâce à l'huile sainte qui coulait de l'icône miraculeuse. Je me souviens lui avoir dit : "père, quand Dieu se met à l'œuvre, il sait comment s'y prendre ! ... "
Après avoir visité Soufanieh, fait connaissance avec les jeunes époux et leurs proches parents, prié avec les enfants de la Vierge et remercié le Seigneur pour sa grâce, j'ai dit au père: "L'assiduité à la prière quotidienne et l'intensité de cette prière sont la preuve la plus convaincante de l'authenticité des apparitions de la mère du Christ."
Aujourd'hui encore, lorsqu'on m'interroge sur Soufanieh, je redis les mêmes paroles, car j'ai la ferme assurance que personne ne peut réfuter un tel argument. De fait, la prière, et la prière communautaire en particulier, sont d'inspiration divine.
Ce jour-là, j'avais ajouté : "père, tous les signes laissent entendre et prévoir une longue présence de la mère toute sainte et de son fils bien-aimé parmi nous. Car lorsque Dieu commence quelque chose il va jusqu'au bout. C'est nous qui sommes négligents et versatiles."
Un jour, j'étais à Soufanieh avec mon épouse. Je me trouvais à quelques pas de l'icône miraculeuse. Ma femme me dit : " Regarde! ". Je m'approchai et vis l'huile à mon tour. J'en rendis grâce au Seigneur.
Un après-midi, au cours de la prière, je vis l'huile tomber abondamment jusqu'au sol, du visage de Myrna qui se trouvait à deux pas de moi, chantant avec la foule. Je vis aussi l'huile sur la porte de sa chambre, quand on l'y avait porté, en un état proche de l'évanouissement, tandis que les fidèles s'empressaient de recueillir l'huile avec du coton, en vue d'une bénédiction ou pour oindre un malade, ou pour le distribuer à qui en demanderait. Voilà ce qui se passe en pareils instants.
J'eus aussi la certitude que les plaies de Notre-Seigneur se sont manifestées sur le corps de Myrna pour la première fois (le 25 novembre 1983), dès que le père Élias Zahlaoui m'en a porté la bonne nouvelle.
Pourquoi, en dépit de cette foi bien ancrée, fus-je surpris, avec bien d'autres, comme je m'en rendis compte, que le Seigneur donnât un signe inattendu ? Est-ce parce que la foi, si forte soit-elle, laisse un espace au doute et à l'interrogation? Serait-ce parce qu'une apparition du Seigneur surprend toujours ? Est-ce parce qu'une telle surprise, quand elle a lieu, en déclenche d'autres ? Ou parce que l'homme sollicite toujours de Dieu un surplus de miséricorde ?
Ici toutes les questions et les réponses sont permises.
Pour moi, le fait indubitable est que le Seigneur est toujours présent parmi nous. Ce qui nous empêche de le voir et de le reconnaître, ce sont les affaires de ce monde qui accaparent toute notre attention et dressent de la sorte un obstacle opaque qui l'obnubile à nos yeux.
Cependant, Dieu, gloire à lui, traverse de temps en temps, ces obstacles, les faisant comme exploser de l'intérieur, pour se manifester à nous.
C'est ce qui s'est produit en ce Jeudi-Saint.
Je regrette de n'avoir pas, sur le moment, compris le sens des blessures de Son fils, manifestées à l'évidence dans le corps de Myrna. Elle dépassaient de bien loin mes capacités de lecture.
Aujourd'hui encore, bien que deux ans et demi se soient écoulés depuis cette sainte journée, et bien que je garde vivant le souvenir de ces faits dans ma mémoire et mon imagination, je me demande si je suis capable d'en avoir une compréhension meilleure.
Pour moi, cette compréhension signifie la Passion de Notre Seigneur, non comme l'a vécue Myrna, mais dans les limites de ma compréhension très limitée - une telle compréhension est sans aucun doute, une grâce de Dieu.
Faut-il cependant que celui qui la sollicite, fasse quelque chose : est-ce un simple désir? un acte de volonté ? une insistance ? une prière ? la consécration de sa vie au service du prochain ? je ne sais...
Le désir d'apaiser ma conscience me poursuit. Les questions se succèdent à une cadence hallucinante. En réalité, elles sont de simples prétextes pour cacher ma faiblesse et mon incapacité à saisir la vraie signification de l'événement... Je me dis : Qu'ai-je fait au moment ou je me suis trouvé en présence du signe que Dieu nous donnait en ce Jeudi Saint 1987 ? ... J'ai cherché, de toutes les manières, à me placer pour voir le mieux possible les plaies du Crucifié sur le corps de Myrna. Mon but fut atteint. Mais est-ce pour cela que ma connaissance serait meilleure ? Certainement pas. Dois-je me blâmer ? Je ne sais.
Étais-je à ce moment-là préoccupé par autre chose ? Par mes écrits ou mon travail au ministère ? Pas du tout. La signification des prodiges du Très-Haut et leur évidence sont cachées à notre compréhension, même lorsque nous les voyons et les touchons. Lui-même ne se révèle à ses créatures qu'au temps fixé par lui et de la manière qu'il choisit. Ses élus sont une infime minorité. Les moments de ces manifestations sont généralement très espacés. La préparation de l'âme par le jeûne et la prière est nécessaire mais pas suffisante.
Nombreux sont les contemporains du Christ qui l'ont vu au milieu d'eux et qui ont vécu un peu plus de trois ans en sa compagnie. Ils l'ont entendu et vu ses nombreux signes. Ils ont été témoins de son comportement, bénéficié de ses prodiges. Pourtant, combien ont-ils cru en lui de son vivant sur cette terre ? Un petit nombre de ceux qui le suivaient a cru en sa Résurrection. Et les autres ? Que sont-ils devenus ? L'un tenait à son commerce et craignait les pharisiens et les chefs des prêtres... Un autre cherchait à contenter les autorités romaines pour rester dans sa fonction...
Nous aussi, nous sommes préoccupés par une multitude de choses et ne reconnaissons jamais le signe au moment où le Seigneur nous l'envoie. Or il est important et urgent de le reconnaître avant qu'il ne soit trop tard.
Certains pourraient dire : "Ce sont là des attitudes humaines tout à fait naturelles et qui ont toujours existé. Nous ignorons pour le moment leurs causes. Bientôt la science nous les révélera."
"Les causes sont claires, répondent les adeptes de la science." Et pour justifier leur affirmation, ils avancent leurs nombreuses théories sur les différentes réactions chimiques. Ils enchaînent ensuite leur discours sur les atomes et les substances rares.
Je leur ai dit : "Venez, messieurs, opérez devant nous vos réactions chimiques !"
Leurs théories pourraient être bien exactes... Cependant, Celui qui a fixé un ordre à la nature, y respecte cet ordre, agit en conséquence et se manifeste parfois par son intermédiaire.
Il me semble que tous ceux qui ne connaissent de la science que ce qu'ils entendent dire par d'autres sont plus prétentieux que les vrais scientifiques. Ceux-ci disent en toute humilité: "les résultats que nous enregistrons, sont ceux dont nous avons vérifié l'exactitude par nos recherches."
Oh ! Qu'elles sont nombreuses les lois scientifiques présumées exactes et immuables qui, lors de l'apparition de nouvelles lois, tombent en désuétude ! Chaque fois que la science avance d'un pas - et elle avance aujourd'hui à une vitesse vertigineuse - les scientifiques reconnaissent et affirment que leurs découvertes actuelles font partie de la dernière manifestation de l'ordre de notre monde.
Si les choses n'étaient pas ainsi, la foi n'aurait pas été un acte pleinement et absolument libre. C'est là l'une des nombreuses significations du verset coranique : "Dieu ne change la situation d'un peuple ou d'une nation que dans la mesure où ceux-ci transforment le mal qui est en eux en bien."
Ceux qui me déconcertent et me décontenancent le plus, ce sont les théologiens. Ils pensent être les seuls détenteurs du pouvoir spirituel et de la capacité de distinguer entre le licite et l'illicite, l'innocence et le péché, Dieu et Satan. Chacun recourt à ses propres principes et à ses critères. C'est pourquoi ils sont plus revendicatifs et prétentieux que les athées et les matérialistes. Car ceux-ci se meuvent dans un espace commun à tous les hommes. Quant à ceux-là ils se meuvent dans un espace divin. Malgré cela, tous les schismes religieux, dans toutes les religions, ont été, du moins en apparence, causés par des motifs théologiques.
Et maintenant, frère, laissons tout cela aux portes de Soufanieh et retournons à la chambre que nous avons quittée. Là, la mère toute sainte nous attend, que tu le saches ou non, que tu le croies ou pas... Si tu es encore sceptique ou hésitant, prie. Dieu ne rejette jamais la prière de ses enfants.
Une fois dans la chambre, je me dis : "Sommes-nous devant un beau spectacle et de belles vues, pour que les cameramen braquent leurs lumières tantôt sur nous et tantôt sur Myrna allongée sur son lit?"
Beaucoup de personnes à Damas et dans le monde n'ont pu, pour une raison ou pour une autre, visiter ce lieu saint. N'ont-elles pas, elles aussi, le droit de voir ce que nous voyons?
"Que voyons-nous en ce moment de plus qu'elles ne verront à la vidéo ? Il est fort possible que la foi de certaines d'entre elles soit plus forte que la mienne et qu'elle les fasse participer aux souffrances du Christ qu'endure Myrna."
Au milieu de la foule et tout près de Myrna un prêtre en soutane se tenait debout du côté droit, près de la tête de la jeune femme, entre le mur et le père Malouli. Son attitude sévère et méfiante exprimait le défi. Quelqu'un de l'assistance s'avança vers lui et demande: "père, que pensez-vous de ce que vous voyez ?" Sans aucune hésitation, le prêtre répond : "Je suis un observateur." En l'entendant je me dis : dans cette chambre, nous sommes tous des observateurs. Mais la différence entre vous, père, et nous, c'est que nous attendons la miséricorde de Dieu pour nous et pour cette femme qui souffre terriblement. Quant à vous, vous semblez dire que la miséricorde du Très-Haut s'est éloignée de ce lieu.
Le révérend père ne tarda pas à quitter la chambre. Le père Joseph Malouli était agenouillé au pied du lit et priait. On l'apercevait à peine, tellement les gens le pressaient de toutes parts... tout comme ils pressaient la jeune épouse, la Vierge et son fils bien-aimé. Ensemble nous priions sans savoir ce que nous demandions.
"Cet enfant sera un signe de contradiction. Les hommes se diviseront à son sujet," avait dit le vieillard Siméon à la Vierge Marie. "Dites-moi, père, êtes-vous sûr d'être dans la vérité, et que toute cette foule qui prie soit dans l'erreur ?" Comment l'erreur se transforme-t-elle en prière ? Supposons que nous soyons vraiment dans l'erreur, n'est-il pas de votre devoir de prêtre et de pasteur de demeurer avec nous et de prier, afin que le Seigneur nous éclaire et nous guide vers la vérité ? Nous avons tous appris, père, que l'homme est faible et qu'à chaque instant de sa vie il a besoin de la miséricorde de Dieu et de sa bonté.
Partout où je me tournais, je trouvais le père Elias Zahlaoui. Il était ici, là-bas, partout. Il priait et implorait le Très-Haut. Il organisait la prière et invitait les gens à se rallier autour de la mère toute sainte. Il les exhortait à s'unir pour ne plus faire qu'un. Dans son âme et dans sa vie, il n'y a plus la moindre trace de confessionnalisme, de sectarisme et de division. Ne sommes-nous pas tous les enfants d'un même Père et les frères de son fils bien-aimé ? La plupart du temps, le père Elias Zahlaoui est, avec le père Joseph Malouli, le premier à venir à Soufanieh pour la prière. Il reste auprès de la mère toute sainte jusqu'à une heure avancée de la nuit. Tant qu'il y a une personne devant la Vierge, il demeure là pour prier avec elle. La joie et l'allégresse éclatent dans ses yeux. N'a-t-il pas été parmi les premiers enfants de Marie à entendre son appel et à accourir auprès d'elle ? A le regarder, on a l'impression qu'il nous dit: "Écoutez, prêtez attention, elle nous appelle chacun par notre nom." Il est résolu d'œuvrer pour ramener le plus grand nombre de personnes à la Vierge Marie et à son fils. Sa devise parait être : "Un seul troupeau autour de l'unique Pasteur, le Christ Jésus."
Dans cette chambre, tout près de la jeune épouse, dans un berceau, une petite fille tout de blanc vêtu dormait. On l'avait recouverte d'un voile aussi pur et immaculé que son coeur. Dans son sommeil elle souriait aux anges venus veiller sur elle et parler avec elle. Ses anges gardiens avaient dressé entre son monde innocent et le nôtre pécheur un rideau éclatant de lumière. La communication entre ces deux mondes devenait impossible. A l'exemple de sa mère, l'enfant était absente de notre univers. Notre présence même lui échappait. Combien de temps resta-t-elle dans cet état ? Est-ce trois, quatre ou cinq heures ? Je l'ignore... peut-être davantage. Durant tout ce temps, pas un cri, pas un mouvement. Elle est restée immobile et sereine. Elle tenait à demeurer en compagnie des anges, tout comme sa mère tenait à demeurer en compagnie du Crucifié.
Seigneur mon Dieu, toi qui as caché ta sagesse aux sages et aux savants pour la révéler aux petits, garde cette enfant et protège-la.
Et les médecins ? Que dire d'eux ?
Tout d'abord ils étaient quatre dans la chambre, puis deux autres se joignirent à eux. Tous étaient des croyants. Ils se tenaient dans la première rangée, les uns face à Myrna, les autres à sa gauche. Ils cherchaient à obtenir le minimum de renseignements sur le fonctionnement des différentes parties de son corps : ils tâtaient le pouls, comptaient les battements de son coeur, vérifiaient leur régularité et surveillaient la cadence de sa respiration. Mais le plus important pour eux était d'examiner les plaies, d'en mesurer la longueur, la largeur et la profondeur et d'en connaître la nature. Rien dans l'aspect extérieur de la jeune femme, et dans son comportement ne pouvait répondre à leurs questions. Myrna était allongée tout naturellement sur son lit. On l'aurait cru endormie si la position de sa tête et l'orientation de ses membres n'indiquaient son absence totale de notre monde. La seule chose qui la ramenait sur cette terre était la souffrance. Dès que quelqu'un touchait ses mains ou ses pieds tout son corps se contractait de douleur.
Soudain, deux médecins pénétrèrent dans la chambre et se frayèrent un chemin jusqu'au lit. La femme était étrangère à ce pays. Tous les deux prirent place auprès de leurs collègues. La doctoresse se pencha sur Myrna, palpa délicatement sa main et écouta attentivement son coeur. Elle découvrit ensuite la plaie du côté, l'examina et la mesura : 12 cm de longueur. La jeune épouse ne réagit pas. Depuis quelques minutes, elle était dans une extase totale... La doctoresse communiqua à son collègue les résultats de ses examens : rien d'anormal dans l'état du corps, de ses fonctions organiques et des plaies...
Après cette constatation, tous les deux s'agenouillèrent, se recueillirent et s'absorbèrent dans une longue prière.
Depuis la première visite de la Vierge à Soufanieh jusqu'à ce jour, à quatre reprises, le Seigneur a gratifié Myrna des plaies de son fils bien-aimé. A chaque fois, les paroles se taisent et le silence parle.
Étant donné leur rareté, les stigmates paraissent être une exception dans un cheminement sacré qui s'élève sur trois piliers. Le premier est l'huile sainte qui continue à couler de l'icône miraculeuse dans différentes régions de la planète. Le second est la prière fervente et permanente. Le troisième enfin ce sont les messages du Christ et de sa Mère qui se complètent, s'harmonisent et s'approfondissent. Chaque message est un signe que le Seigneur, maître du ciel et de la terre, nous accorde. Bien plus, toutes les manifestations qui s'opèrent dans la maison de la Vierge à Soufanieh, sont un don gratuit et extraordinaire que le Père des Cieux offre à tous les hommes. N'est-ce pas lui qui "fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants ?" N'attend-il pas inlassablement le fils prodigue ? Ne l'appelle-t-il pas constamment par des signes et des prodiges ? N'attend-il pas son retour pour l'étreindre et tuer le veau gras ?
Les guérisons inattendues sont rares et exceptionnelles, mais elles existent. Les examens dans les laboratoires et les témoignages de médecins spécialisés et compétents les confirment. Sans cette confirmation, les opiniâtres n'auraient jamais cru, comme cela se passe à Lourdes et dans d'autres lieux sacrés !
Oh ! Qu'ils sont nombreux les lieux sacrés où le Seigneur nous fait signe ! Qu'ils sont multiples les signes et les prodiges du Très-Haut dans un monde spacieux qui se rétrécit au jour le jour ! Ils sont opérés pour la plus grande gloire de Dieu et la sanctification de l'humanité. Mais celle-ci les refuse en chacun de nous de peur de voir et de croire !
Que dire des apparitions de la Vierge et de son fils ? Des révélations divines et des stigmates sacrés ? Ce sont également des messages que nous devons lire, comme nous lisons et méditons les messages verbaux. Nous devons les lire personnellement et communautairement, dans le présent et l'avenir, là où nous sommes et quoi que nous fassions dans la société et le monde.
Le choix que la Vierge a fait de Damas pour établir sa demeure et les nombreuses apparitions dont elle nous comble sont la preuve, qu'aujourd'hui encore, Dieu bénit et sanctifie notre capitale, comme il l'a fait dans le passé. Cette ville a été, en effet, visitée par ses prophètes. Et c'est là qu'il a converti Saint Paul, le plus grand de ses apôtres, et lui a confié sa mission.
Toutefois, je suis convaincu que ce sont les stigmates du Christ Crucifié sur le corps de Myrna, qui donne à Soufanieh toute sa signification. Effectivement, nous, les fils de cette région, quelles que soient nos confessions religieuses et notre appartenance sociale, nous sommes invités à vivre la Rédemption dans une patrie fondée sur cette même Rédemption. Que dire alors d'un siècle dans lequel le salut de l'homme, dans cette vie et pour la vie éternelle, est un acte de Rédemption ? Et si tout service offert au prochain, gratuitement et pour l'amour de Dieu, est un acte de Rédemption, que dire alors de l'homme qui offre sa vie pour le salut de ceux qu'il aime ?
Le vendredi 25 octobre 1983, deux jours avant le premier anniversaire de l'apparition de l'huile sur l'icône sainte, apparurent les plaies de Jésus crucifié sur le corps de Myrna : dans ses mains, ses pieds et son côté. Elles s'ouvrirent à 16h 30 et se fermèrent à 23h. Le père Joseph Malouli en a été le premier témoin, et il reste encore le pasteur fidèle et zélé des enfants de la mère toute sainte. Il vient en début d'après-midi prier et aider les croyants à prier la Vierge Mère et son fils bien-aimé. Il ne quitte Soufanieh qu'à une heure avancée de la nuit. Son cheminement avec les enfants de la mère toute sainte a débuté la deuxième semaine après l'apparition de l'huile sainte et se poursuit de nos jours. Les pères Malouli et Zahlaoui sont les témoins les plus fidèles et les plus sincères des signes et prodiges qu'opère le Très-Haut par sa Mère toute sainte.
Dès les premiers signes de Soufanieh, Les pères Malouli et Zahlaoui firent appel à des évêques, des prêtres et des médecins. Parmi ceux qui répondirent à leur appel se trouvaient un évêque orthodoxe et trois de ses prêtres. Cet évêque demeura une bonne heure auprès de Myrna. Il priait et contemplait les stigmates. De nombreux prêtres venant de différentes confessions se joignirent à lui. A la fin de l'extase, Myrna dit à ce prélat : "C'est ainsi que la Vierge nous veut : TOUS UNIS."
Là, il faut signaler avec insistance que dès les premiers instants de Soufanieh et jusqu'à ce jour, les fidèles et les visiteurs, toutes confessions religieuses confondues, ont tenu à répondre aux vœux de la mère toute sainte. Quand ils sont devant elle, ils ne forment plus qu'une seule famille. A les voir prier ensemble, d'un même coeur et d'une même âme, on les croirait tous les fils d'une même religion et d'une seule et unique confession. Car, bien que les hommes, par leurs péchés et leurs divisions, aient blessé le coeur de Jésus et transpercé l'âme de sa mère immaculée, ils restent tous égaux devant Dieu. Oui, nous sommes tous les enfants d'un même Dieu, Père et Créateur. Seules la prière et la piété nous distinguent les uns des autres et nous obtiennent les faveurs du Seigneur selon les paroles du calife 'Umar Ibn-al-Khattab.
Il était tout à fait naturel que la foule se rassemble en grand nombre, dans la chambre et dans le hall, pour prier et remercier le Seigneur pour ses merveilles. Sept médecins spécialistes s'étaient présentés car ils se sentaient concernés par les événements de Soufanieh. La jeune femme était immobile sur son lit, le corps complètement raide. Les médecins l'examinèrent à leur aise. Ils mesurèrent la longueur, la largeur et la profondeur des plaies. Puis ils se communiquèrent les résultats de leurs investigations médicales : la jeune épouse était en parfaite santé. Certes, lorsqu'elle reprit pleinement connaissance, elle était épuisée et à bout de force. Mais, dès le lendemain, elle reprit sa vivacité et son dynamisme habituels. Le Jeudi Saint, 19 avril 1984, Myrna vécut dans sa chair, pour la deuxième fois, la passion du Christ. Cette année-là, la solennité de la Résurrection était célébrée le même dimanche dans les deux Églises d'Orient et d'Occident, l'Église Orthodoxe et l'Église Catholique. On dirait que, par ce signe merveilleux, le Très-Haut voulait confirmer le vœu émis par sa mère toute sainte et son fils bien-aimé. De fait, la Vierge et son fils insistent dans tous les messages, sur la nécessité et l'urgence de l'unité des cœurs entre les baptisés. Leur insistance atteindra son paroxysme dans le message du 26 novembre 1989. L'unité des cœurs est le premier pas vers l'unité des institutions et sa garantie la plus sûre.
En ce 19 avril 1984, la foule accourut très nombreuse pour prier et remercier le Seigneur. On y trouvait également des prêtres et des médecins venus se joindre aux priants.
Myrna n'est certes pas la première personne à vivre dans son corps les plaies du Crucifié. Saint François d'Assise, Sainte Rita et bien d'autres l'ont précédée. Ce phénomène religieux, bien que rare, reste un des signes les plus frappants et les plus parlants de l'existence de Dieu. Les hommes attendent toujours quelque chose de ce genre pour fortifier leur foi et l'affermir.
Les plaies apparurent sur le corps de la jeune femme à 15h 30 et se refermèrent à 22h. La prière se poursuivit bien au-delà de cette heure. Le médecin qui examina les plaies fit remarquer que celle du coté mesurait 10 cm. Puis il ajouta : "il faudrait des points de suture pour que la plaie se referme." Immédiatement, Nicolas répondit : "celui qui l'a ouverte, la fermera".
Dans de telles circonstances, la maison de la mère toute sainte devient une seule voix qui s'élève vers le Ciel limpide, comme la lumière qui éclaire ces lieux : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre !" Le lendemain, Vendredi Saint, Myrna entra dans une longue extase qui dura une heure et demie. Durant tout ce temps, elle voyait une montagne éclairée par une lumière scintillante qui venait d'en-haut.
Pour la troisième fois les plaies du Crucifié apparurent sur le corps de la jeune épouse, pour nous exprimer ce qu'elles avaient dit la première fois, et ce qu'elles diront lorsqu'elles apparaîtront de nouveau. Elles nous redisent le message de Jésus aux habitants des villes et villages de Palestine. Elles nous répètent ce que le Crucifié nous dit, lorsque nous nous inclinons devant lui et traçons le signe de la croix sur notre front et notre poitrine. Elles nous redisent les paroles prononcées par l'Ange Gabriel lors de l'Annonciation à Marie. Elles nous rappellent les messages des apôtres, leurs écrits et ceux des saints. Enfin, elles nous expliquent quelques symboles chrétiens.
Jésus n'a pas écrit de livre, je veux dire qu'il n'a pas laissé de législation. Il nous a laissé la liberté d'établir les lois et les règlements qui correspondent aux circonstances et conjonctures historiques et sociales que nous vivons. Dans tout ce qu'il a dit, Jésus a insisté sur un seul point que nous pouvons appeler "testament", bien que ce terme ne corresponde pas à la réalité. Tout ce qu'il a dit et redit dans différentes langues et de différentes manières, n'est pas une "Règle de vie" mais "La VIE". Pour nous signifier l'importance de cette vie, il a eu recours aux paraboles et aux miracles, aux symboles et aux métaphores, il nous a donné l'exemple par son comportement et dans les moindres détails de sa vie. L'homme peut accueillir cette Vie et la vivre pleinement ou partiellement, comme il peut la rejeter.
Jésus a dit : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés... Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour la Rédemption de ceux qu'on aime. "
Et la Rédemption eut lieu !!!
Tel est le message que nous livrent les plaies imprimées très clairement et concrètement dans le corps de Myrna en ce Jeudi-Saint, 16 avril 1987.
Celui qui décide fermement d'être chrétien doit vivre dans son corps et dans son âme, là où il se trouve et selon ses possibilités, le mystère de la Rédemption. Toute action, petite ou grande, est une offrande, un service gratuit du prochain et par conséquent une participation à la croix de Jésus-Christ, que l'homme en soit conscient ou pas, qu'il le sache ou non.
Oui, tel est le message que, silencieusement et inlassablement, nous répétaient les plaies. Quant à nous, les témoins de ce message de Vie, nous étions là à prier, à nous presser les uns contre les autres, à nous bousculer, à nous plaindre de l'atmosphère qui devenait de plus en plus irrespirable, et à nous imaginer un tas de choses... Mais... étions-nous réellement attentifs à la parole de Vie?
Nous devons, de manière permanente, examiner notre conscience, reconnaître et confesser nos négligences envers le Très-Haut et implorer son pardon.
C'est un don de Dieu et une grâce infinie que de se trouver là, en cette heure et dans ce lieu béni et sanctifié par la mère toute sainte, et élevé par son fils Crucifié à la hauteur du mystère de la Rédemption.
Oh ! Qu'ils sont nombreux les prodiges et les merveilles dont le Tout-Puissant nous a gratifiés jusqu'à ce jour ! Comment les avons-nous accueillis ? Comment l'en avons-nous remercié ? Hélas, par une grossière indifférence. En effet, nous nous sommes laissé accaparer par nos "intérêts" qui sont, en réalité, l'expression de notre égoïsme borné.
La première plaie qui parut sur le corps de Myrna fut celle du front. Le sang en coula abondamment. Les cinq autres suivirent. Celle du côté était la plus grande et la plus profonde, selon la doctoresse européenne qui l'examina. Sa longueur dépassait les 12 cm. Et comme je l'ai déjà signalé, après avoir très délicatement recouvert la plaie du côté, la doctoresse s'agenouilla et pria longuement avec le médecin qui l'accompagnait.
Durant toute son extase, Myrna était allongée sur son lit, complètement immobile. Pourquoi cette immobilité ? Craignait-elle d'augmenter des souffrances déjà intenses et par moment insupportables ? Était-elle corps et âme livrée à la vision qu'elle vivait? Et enfin, s'était-elle depuis longtemps abandonnée au Seigneur et parcourait-elle jusqu'au bout la voie qu'il lui traçait ? C'est pour ces raisons et pour bien d'autres, connues d'elle seule, que la jeune épouse demeurait figée sur son lit.
Pendant que je méditais les événements dont Myrna était le centre en ce Jeudi-Saint, une parole de Jean le Baptiste s'empara de mon imagination et de mes sentiments. J'en ignore totalement les raisons. Le Précurseur a prononcé cette parole le lendemain du baptême du Christ au Jourdain. Nous la trouvons au début de l'Évangile de Saint Jean. Voyant Jésus le Nazaréen venir à lui, de loin, Jean Baptiste s'écria : "Voici l'Agneau de Dieu ! " Par la suite, l'Église a ajouté à cette affirmation l'expression "celui qui porte les péchés du monde", et en a fait l'une de ses principales prières.
Pourquoi le Précurseur a-t-il qualifié Jésus de Nazareth d'"agneau de Dieu ? " Est-ce parce qu'il le voyait déjà avancer vers la crucifixion, comme l'agneau avance vers la table du sacrifice ? Ou bien à cause de l'extraordinaire douceur de Jésus qui a dit "Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ? " Que suggère l'image de l'agneau ?
Cette image, si attirante dans sa sobriété, sa simplicité et sa gratuité, a fasciné les peintres, les musiciens et les poètes. Elle continue à les fasciner et à mettre en œuvre leurs talents d'artistes.
Cette même image a occupé mes pensées et mes sentiments, alors que je contemplais la jeune femme livrée à la volonté du Très-Haut et docile entre ses mains. Elle semblait répéter avec la Vierge Marie : "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole. "
La pudeur et la timidité sont, en général, deux qualités naturelles de toute jeune fille arabe. En cela, Myrna, telle que je l'ai connue et la connais encore à Soufanieh, est en pleine harmonie avec ses compagnes. Les apparitions, les visions, les messages et les extases n'ont fait que raffiner sa nature et transformer ces qualités. Je ne connaissais pas Myrna avant son mariage. Mais je l'ai vue, il y a deux ans et demi, fin novembre, dans la cour du patriarcat grec catholique. Nous sortions d'une messe d'ordination sacerdotale d'un diacre. Rassemblés dans la cour du patriarcat, nous attendions le nouveau prêtre pour le féliciter. Myrna tenait le bras d'une de ses amies et reposait sa tête sur son épaule. Tout, dans les traits de son visage, exprimait la coquetterie, à la manière de toute jeune fille arabe qui se promène avec ses compagnes sous les regards malicieux et aimables des jeunes gens.
Lorsqu'elle m'aperçut, Myrna s'approcha de moi et dit : "N'allez-vous pas visiter Soufanieh à l'occasion de sa fête ? " En effet, nous étions à quelques jours du cinquième anniversaire de l'apparition de l'huile sainte. Sans attendre ma réponse, la jeune femme poursuivit sa promenade puis disparut à mes regards. J'espérais la revoir au moment du repas parmi les nombreux invités, mon espoir fut vain. Alors je me suis dit : "Et pourquoi se gênerait-elle ? Le Christ ne lui a-t-il pas dit avec insistance : «vie ta vie sereine et indépendante» ? N'avait-elle pas déjà entendu ces mêmes paroles de Marie, la mère toute sainte ? N'est-il pas de son droit et de son devoir, à elle, jeune épouse, d'être élégante? De vivre en société? Certes, "il y a un temps pour chaque chose" dit le livre de l'Ecclésiaste: "Un temps pour la prière et un temps pour la vie en société, un temps pour la méditation et un temps pour les promenades et les loisirs."
Sur la parole du sage de l'Ancien Testament est venue se greffer celle du grand sage par excellence, le Christ : "Ce n'est pas celui qui dit Seigneur, Seigneur qui entrera dans le Royaume des Cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père Céleste." Cet enseignement du Christ donna une nouvelle tournure à ma réflexion et me fit dire : Le temps du puritanisme, de la retraite et de l'ascétisme, hérité du Moyen Âge, est révolu. Ce temps-là n'était pas exempt d'hypocrisie, pas chez ceux qui, de nos jours encore, veulent rester fidèles. Le fils de l'Homme participait aux festins, il buvait du vin. Il aimait les parfums et s'en glorifiait. N'a-t-il pas traité les pharisiens de "sépulcres blanchis ? " Pourquoi donc ne suivons-nous pas sa voie, à lui que nous proclamons notre Maître et notre Rédempteur ?
Myrna semble avoir été choyée par ses parents. A l'instar de toutes les jeunes filles de son âge, elle aimait les belles robes et les toilettes élégantes. Elle raffolait des promenades nocturnes avec ses compagnes dans les rues et sur les boulevards où se baladaient les jeunes gens.
Un jour, la mère toute sainte posa son regard sur elle et lui dit "tu es à moi". Effectivement, elle devint sienne... et se mit à prier, seule ou avec son mari Nicolas. Ils priaient jusqu'à une heure avancée de la nuit... et parfois jusqu'à l'aube. On aurait dit qu'ils avaient consacré leur vie au Seigneur. Tous leurs projets d'avenir s'évanouirent. La volonté de la mère toute sainte et celle de son fils bien-aimé, devinrent leur seule volonté et leur unique avenir.
L'huile qui coule des mains et du visage de Myrna, n'est-elle pas également une invitation silencieuse à plus de prières et de méditations ? Cette même huile coule, ici et là, de l'icône miraculeuse et de nombreuses autres icônes bénies par la Vierge. Elle coule particulièrement devant les étrangers venus de loin voir les prodiges du Seigneur et le glorifier pour ses merveilles.
Plus tard, le Seigneur Jésus fit faire à Myrna un pas de plus sur la voie tracée par sa Mère. Il la crucifia à deux reprises, avant de la placer devant le choix décisif : "Veux-tu être crucifiée ou glorifiée?" lui demanda-t-il. Devant son hésitation, il lui inspira la réponse, puis ajouta fermement : "Cela se fait par la crucifixion. " Après ces terribles paroles, il la crucifia une quatrième fois. Et qui sait s'il ne veut pas la crucifier de nombreuses fois encore! Car c'est la voie qu'il lui a tracée, avant sa conception dans le sein de sa mère. Elle devra donc consacrer toute sa vie à la prière et à la manifestation des merveilles de la mère toute sainte et de son fils, le fils du Très-Haut.
A vrai dire, cette vie que le Christ exige de Myrna, n'est pas quelque chose d'extraordinaire. Jésus ne fait que nous rappeler la voie qu'il avait tracée pour ses apôtres et ses disciples lorsqu'il leur disait : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il prenne sa croix et me suive." C'est pourquoi, il est du devoir de chaque chrétien de vivre à l'exemple du Christ, dans l'état de vie qui est le sien et selon ses possibilités. Cela n'est pas difficile comme on le pense de prime abord. Car les difficultés forment le lot quotidien de tout être humain.
Le Jeudi-Saint, 12 avril 1990, à 11h, Myrna priait avec les fidèles venus visiter la mère toute sainte et lui dire leur amour. Depuis deux jours, elle souffrait de terribles maux de tête et d'oppression respiratoire. Le Jeudi-saint, ces maux devinrent insupportables. Tout à coup, on vit le sang jaillir du front de la jeune femme. On l'obligea à s'étendre sur son lit. Une fois allongée, on remarqua que le sang continuait à couler et provenait de cinq plaies toutes au front. Myrna ne perdit pas connaissance, ce qui augmenta ses douleurs. Elle était épuisée. Bientôt la douleur gagna ses épaules et prit la forme de la flagellation. La jeune épouse la souffrit en union avec le Christ flagellé par les soldats. Un peu plus tard, vers 17h, le sang jaillit de ses mains et de ses pieds, et quelques minutes après, la plaie du côté s'ouvrit. Elle était identique à celle de la précédente crucifixion, et mesurait 12 cm. La jeune femme s'assoupit. Elle sommeilla environ une demi-heure, pendant ce temps, les fidèles de plus en plus nombreux, se relayaient dans la chambre, considérant comme une bénédiction, le fait de voir les mains et les pieds de celle que le Christ honorait, en la faisant participer à ses souffrances et à sa crucifixion.
Lorsque j'ai pénétré dans la chambre, elle m'a paru bien plus petite que d'habitude. On avait mis dans l'angle septentrional, un lit, assez large, pour les deux enfants. Les proches parents avaient pris le petit Jean, afin qu'il ne voie pas sa mère dans cet abîme de douleur. Quant à sa sœur Myriam, âgée de quatre ans, elle tenait à tout prix à demeurer auprès de sa mère. On aurait dit qu'elle voulait, dès cet âge, participer à ses souffrances. Elle semblait dire à Jésus: "Pourquoi fais-tu souffrir ma maman ? Est-ce que tu veux que je ne t'aime plus?"
Vers 16h 30, Myrna se leva. Elle se fraya un chemin au milieu des fidèles et se dirigea vers l'icône de la mère toute sainte. Elle participa à la prière et de sa voix douce, tendre et sereine, chanta: "Tout ce qui m'arrive, mon Dieu, est un cadeau de ton amour". Ensuite, elle entonna un cantique populaire sur une mélodie connue de Fairouz : " Tu m'apportes un salut! " D'un seul cœur et d'une seule âme, les fidèles reprenaient avec elle le refrain.
Après la prière, elle s'en alla au salon. Apparemment, elle souffrait encore. La foule se rassembla autour d'elle. Chacun cherchait à l'approcher pour en être béni. Personnellement, j'ai eu la grâce et le grand honneur de m'asseoir quelques instants à sa droite. La bénédiction reçue m'a comblé de joie. Je me suis retiré pour laisser la place à d'autres.
Dès le début de cette journée du jeudi-saint, le père Elias Zahlaoui veillait au recueillement et au bon déroulement de la prière communautaire. Celle-ci s'ouvrait par une dizaine du chapelet, suivie d'un cantique ou deux. Ensuite, le père lisait lentement un passage de l'Évangile selon saint Jean. Il continua ainsi jusqu'à l'épuisement de la méditation de la passion de Jésus-Christ, racontée par le disciple bien-aimé.
Quant au père Joseph Malouli, fidèle à son habitude, il priait auprès de Myrna qui s'était allongée sur son lit.
De nombreux médecins entouraient la jeune femme. Il y avait des français, des américains, des syriens et bien d'autres. Leur nombre et leurs différents mouvements m'échappèrent, car je m'étais éloigné pour permettre à d'autres de s'approcher de l'élue du Seigneur et de sa mère toute sainte. Ce qui est certain, c'est que tous ont constaté et examiné les plaies sur le corps de Myrna.
Parmi les fidèles, on remarquait la présence de nombreux étrangers venus de France, de Belgique, d'Allemagne, d'Amérique du Nord, du Canada et du Bourkina Fasso. Ils étaient là auprès de leurs frères du Liban, de la Jordanie et d'Égypte. Les syriens étaient également présents. Ils étaient venus d'Alep, d'al-Djazira, du Hauran et différentes autres régions. Tous, unis par une seule foi et un même baptême, participèrent assidûment aux célébrations de la semaine sainte. Ils restèrent là du Jeudi-Saint, 12 avril, au Lundi de Pâques 16 avril. Ils s'étonnaient et s'émerveillaient de tout ce qu'ils voyaient et entendaient. Car tout était nouveau pour eux : les prodiges de Soufanieh, le lavement des pieds, les funérailles du Christ, la cérémonie de l'aube de Pâques et les grandes prières et processions du Lundi de la Résurrection.
La participation de Myrna aux souffrances du Christ s'intègre dans le mystère de la Rédemption chrétienne. Jésus avait dit aux siens : "celui qui veut marcher à ma suite, qu'il prenne sa croix, chaque jour, et me suive". Cette parole s'adresse à tout homme qui veut être disciple du Christ. Certains s'en effraient, d'autres lui tournent le dos, oubliant que les peines et les soucis sont le lot quotidien de tout homme. Effectivement, chacun est redevable de nombreux services envers ses proches, ses amis et son prochain. Il est appelé à se dévouer et à se sacrifier pour les siens d'abord et pour les autres ensuite. Le sacrifice, l'abnégation et le dévouement forment une exigence inéluctable de notre vie terrestre. Ils tirent leur sens et leur valeur du regard que nous portons sur eux: ou bien nous avançons en supportant les contraintes et les difficultés de la vie pour le bien du prochain, donc gratuitement et pour l'amour de Dieu, ou bien nous calculons chaque pas que nous faisons, en le jaugeant au gain que nous pourrions en retirer, ou à la perte dont nous pourrions être les victimes.
Quel est le véritable comportement chrétien ? Ou plus exactement, quelle est la personne la plus proche de Dieu, qu'elle soit croyante - toute foi confondue - ou athée ? Le prochain c'est l'homme avec lequel nous sommes en relation, que celle-ci soit momentanée ou permanente.
Tel est l'enseignement donné par Jésus durant sa vie, telle est la vérité exprimée par lui, avant de se livrer à la mort sur la croix par amour pour nous ses frères. "Vous n'êtes pas du monde" disait-Il aux siens, "comme moi je ne suis pas du monde. Toutefois, comme mon Père m'a envoyé dans le monde, moi aussi je vous envoie dans le monde." Par cet envoi, Jésus demande aux siens, et à travers eux, à nous tous, d'être ses témoins.
C'est ce témoignage qu'il demande à Myrna de vivre au milieu des hommes. Il lui demande d'être une amie fidèle, une épouse loyale, dévouée et sincère, une maman affectueuse et aimante, une bonne éducatrice des enfants qu'il lui donnera, afin de les préparer à affronter la vie moderne et à être des témoins du Très-Haut par la prière, la méditation et le dévouement aux autres. Il lui demande aussi d'être toujours disponible… et lui fera le reste.
Myrna nous représente tous par sa
prière permanente, sa soumission absolue à la volonté
du Père, par sa vie toute orientée vers lui, par la simplicité
de son coeur, son abandon spontané et son 'oui' sans cesse renouvelé.
Un jour, les gens demandèrent à l'élue de la Vierge : "Myrna, le Jeudi-Saint, le Seigneur t'a ravie à lui ! Durant une demi-heure tu as vécu avec lui, hors de notre monde. Dis-nous ce qu'il t'a montré durant ce temps !" Myrna répondit : "Le Seigneur m'a montré ce qu'il a fait pour notre salut". Myrna ne possède pas l'art de la parole. Il va sans dire que si le Seigneur le lui avait appris, elle aurait eu de quoi dire. Elle aurait pu écrire de gros volumes sur ses visions et nous aurait fait vivre l'histoire d'une période des plus prospères de l'histoire de l'humanité. Celle-ci a atteint son apogée au cours des derniers siècles qui ont précédé Jésus-Christ et de ceux qui l'ont immédiatement suivi. Le Livre du prophète Daniel et l'Apocalypse de saint Jean en sont les meilleures expressions et les témoins les plus fidèles.
Oui, Myrna aurait pu beaucoup écrire. Mais, dans sa bonté pour elle, le Seigneur lui a épargné cette lourde tâche. Car, à l'époque, écrire était synonyme d'accomplir une mission, alors qu'aujourd'hui elle est devenue une marchandise soumise à la loi de l'offre et de la demande à la manière de toute marchandise. Et lorsque la production littéraire stagne, elle est vendue au rabais.
Le Seigneur a voulu que Myrna garde sa simplicité première et sa spontanéité naturelle. Il l'a peut-être ramenée à l'état primitif simple et candide, afin qu'elle nous rapporte les paroles de la mère toute sainte et celles de son fils bien-aimé telles qu'elles sont, sans chercher à les approfondir ou à les embellir.
Oui, le Créateur a fait de Myrna un miroir limpide et transparent, qui reflète la lumière qui se déverse sur elle et renvoie l'image qui s'imprime en elle. Elle les reflète pour tous ceux qui ont des yeux pour les voir et les accueillir.
"Qu'a fait le Seigneur pour notre salut ?" demandèrent-ils ?
La jeune femme répondit : "Ils lui ôtèrent ses vêtements et le revêtirent d'un manteau de pourpre. Ils le couronnèrent d'épines. Le sang coula de son front et de sa tête. Ils lui commandèrent de marcher. Il obéit, descendit des escaliers et avança vers une montagne. Il l'a gravie péniblement. En chemin, un paysan l'aida à porter sa croix. Au sommet de la montagne, ils le crucifièrent. Au pied de la croix, il y avait trois femmes drapées de noir. Assises à même le sol, elles penchaient la tête et fixaient tristement la terre. Un silence de mort régnait sur le Golgotha. Soudain, une voix s'éleva : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font !" Après ces paroles, le ciel se couvrit d'énormes nuages noirs, l'obscurité enveloppa la montagne. Des pluies diluviennes s'abattirent sur la terre et cachèrent ce majestueux spectacle."
N'est-ce pas là des éléments de la passion puisés de l'Évangile en vue de reconstituer le tableau de la crucifixion ?
Pas du tout, c'est le tableau même de la crucifixion. Il tire sa majesté de sa nudité. Myrna a inscrit dans sa mémoire ce qu'elle a vu et entendu et elle nous l'a transmis fidèlement et sincèrement. Il lui importait peu de comprendre le tableau ou pas. Et en cela, elle est semblable aux premiers disciples et apôtres, puis aux quatre évangélistes qui se sont limités à rapporter ce qu'ils ont vu et entendu, laissant aux générations futures le soin de comprendre ce qu'eux-mêmes n'avaient pas alors compris. Éclairée par le Saint-Esprit, chaque génération essaie d'expliquer ce texte, dont l'humanité se nourrit toujours sans l'épuiser.
Il en est de même de tous ceux qui, dans l'histoire de l'humanité, ont de grandes visions.
Des centaines de tableaux ont été dessinés, des milliers d'études ont été faites, plusieurs centaines de cantiques, d'hymnes et de chants ont été composés, joués et chantés. Tous ont essayé et essaient encore d'expliciter l'Évangile. Mais ils restent tous en deçà de la profondeur de sa vérité. Effectivement, ce texte, ancien de vingt siècles, était et demeure toujours, dans sa nudité, plus beau, plus noble, plus profond et plus éloquent que tous les moyens inventés par l'humanité pour l'interpréter, l'expliquer et le mettre à la portée des hommes.
Alors je me suis dit : Jésus n'a pas écrit de livre. Il n'a demandé à personne d'en écrire. Il a vécu ce qu'il a dit, il a vécu la Rédemption dans son corps, dans son âme et dans son esprit. Il l'a vécue dans tout ce qu'il a dit et fait. Il l'a vécue jusqu'à la mort, et la mort sur la croix. Le texte écrit par les Évangélistes et repris par les ministres du Seigneur, n'a qu'un seul et unique but : "nous rappeler ce que le Christ a fait pour nous afin d'en vivre."
Ne dites pas : "Myrna n'a rien dit de nouveau. Elle a puisé ses paroles dans l'Évangile."
Certes, les paroles de la jeune femme sont un reflet de l'Évangile, car toute Rédemption, quels que soient sa nature, son acteur et sa finalité, tire sa source de la première et unique Rédemption : celle du Christ. Quant à l'élue de la Vierge, le Seigneur Très-Haut lui a accordé le privilège de vivre cette même Rédemption dans son corps et dans son âme, selon ses possibilités et dans ses limites. Le Christ ne lui a-t-il pas révélé ce grand mystère, en ce jeudi-saint 19 avril 1984 ?
On lui a demandé : "Myrna, raconte-nous ce que tu as vu et entendu ! Parle-nous de ce qui t'a été révélé durant ces sept ans de visions, d'apparitions, d'extases et de stigmates. Raconte-nous tes pérégrinations au pays du Seigneur ! Décris-nous tes périples en ces lieux lointains, secrets et inaccessibles à toutes vue et ouïe humaines! Parle-nous de l'huile qui coule en abondance de l'icône sainte et miraculeuse et de toutes les icônes que la mère toute sainte a consacrées et sanctifiées ! Parle-nous de l'huile qui coule de tes mains, de ton visage et de ton corps... devant des dizaines et des centaines de personnes venues de différentes confessions religieuses et de diverses races, devant des prêtres, des évêques et des prélats, devant des croyants et des non-croyants ! "
"Raconte-nous, Myrna, et dis-nous comment on peut voir l'Invisible et entendre l'Inaudible ? Dis-nous comment parle la Vierge et dans quelle langue s'exprime son fils très saint ? Comment est la mère toute sainte ? Comment est son fils bien-aimé ? Étaient-ils seuls ou accompagnés par des anges ? "
Oui, les hommes ont posé toutes ces questions et bien d'autres! La perplexité s'est emparée de la jeune épouse : que pourrait-elle dire ? Que sait-elle vraiment ? Par quoi pourrait-elle commencer ? La mère toute sainte n'est-elle pas son institutrice ? N'est-ce pas elle qui lui apprend ce qu'elle doit dire et la manière de le dire, par quoi commencer et par quoi finir ? En effet, dès le premier instant de la vie de Myrna, la Vierge Marie se l'est appropriée. Tout est devenu sa propriété : sa volonté, son imagination, sa mémoire et toute son existence. La Mère de Jésus en dispose selon son bon plaisir. Myrna serait-elle alors une intermédiaire entre le Ciel et la terre, entre le Père Céleste et ses enfants ? Serait-elle une médiatrice ? Pas du tout, elle est un simple écho qui renvoie ce qu'il entend et redit ce qu'on lui confie. Il se pourrait que la jeune femme oublie les paroles qui lui ont été dites et les messages qui lui ont été confiés. Parfois on pourrait se demander si elle a bien compris et retenu ce qu'elle a vu et entendu. L'a-t-elle retenu en entier ou en partie ? La question reste posée. Myrna elle-même l'ignore. Et lorsque les hommes la harcèlent de questions et la mettent dans l'embarras, la mère toute sainte accourt à son secours. Alors, toute étonnée, elle incline la tête et, fidèle à son habitude, se réfugie dans le silence et le recueillement. Elle n'ose pas répéter après la mère toute sainte ni l'imiter. Elle se contente de dire "je suis la servante de ma mère toute sainte ! J'ai confiance qu'elle m'inspirera ce que je dois dire!"
Et maintenant, demandons-nous : est-il possible que sa faible mémoire comprenne et assimile tout ce qu'elle a entendu, que sa courte imagination retienne toutes les images et couleurs qu'elle a vues, que sa raison très limitée saisisse et classe les événements qui, depuis plus de sept ans, n'ont cessé de se dérouler devant elle ? Rappelons-nous que le signe commence et s'achève sans sa volonté, on pourrait même dire à son insu. La merveille du Très-Haut s'empare tellement d'elle qu'elle annihile sa personnalité. Il n'y a plus deux réalités: Myrna et le signe, mais une seule : Myrna livrée à la grâce du Très-Haut qui, par elle et pour elle, fait des merveilles. Lorsqu'elle reprend ses sens, elle répète ce qu'elle a entendu et vu, puis revient à sa vie habituelle. Elle s'unit à la prière de la foule, prépare le repas pour les siens et s'occupe de sa petite Myriam dans cette chambre devenue la demeure de la mère toute sainte.
A Dieu seul les signes et les merveilles ! Il en dispose selon sa sainte volonté ! A lui louange et gloire !
Durant les extases et les apparitions, les pères Joseph Malouli et Elias Zahlaoui se tiennent habituellement auprès de Myrna. Ils s'organisent pour être tous les deux, ou l'un des deux, à Soufanieh. Lorsque la jeune femme revient de ses extases en compagnie de la mère toute sainte ou de son divin fils, ils notent très fidèlement tout ce qu'elle dit afin de le transmettre au monde. Car Jésus et Marie ont choisi Myrna pour nous rappeler la volonté de Dieu sur elle et sur nous pauvres pécheurs.
Jusqu'à ce jour, 15 août 1990, on compte 5 apparitions et 33 extases, dont 7 sans paroles et sous la forme d'une lumière éclatante qui brille à l'horizon. Cette lumière indique l'existence d'une présence, puis disparaît progressivement. Jésus, le Messie de Dieu, est apparu à Myrna au cours de 15 extases. Il lui apparaissait tantôt sous la forme d'une lumière éclatante à l'intérieur d'une autre plus éclatante encore, et tantôt sous l'aspect d'un homme d'une luminosité telle qu'il était impossible de distinguer ses traits. La lumière indiquait la présence d'une existence toute sainte, source de toute lumière. Dans les deux cas, une voix humaine dictait le message. Enfin, la Sainte Vierge est apparue à la jeune femme durant 14 extases. La dernière extase, jusqu'à ce jour, a eu lieu le 15 août 1990. La mère toute sainte apparaissait à l'horizon sur un lieu bien élevé ou bien elle se tenait à la hauteur de la voyante. Généralement, elle souriait et ouvrait largement les bras pour étreindre le monde. Une fois, elle est apparue assise sur une chaise. Elle serrait dans ses mains les mains de Myrna et demandait : "Veux-tu venir à moi ?" "Oui, répondit la jeune femme." Et immédiatement elle se leva et se dirigea vers sa mère toute belle. Celle-ci se pencha tendrement sur elle et lui dit: "Il suffit que tu le veuilles !"
A chaque apparition, la Vierge Mère dictait un message à sa fille. Elle portait une longue robe blanche et un châle bleu-ciel. L'image du Christ était très claire les 31 Mai 1984 et le 28 Mai 1987 en la solennité de l'Ascension, ainsi que le Vendredi Saint 16 avril 1987. Le Vendredi Saint 1984, Myrna avait vu une montagne de lumière.
Le Samedi Saint, 18 avril 1987, au cours de l'extase de onze heures du soir, Myrna vit Jésus debout, la main levée pour bénir. Il lui a semblé que cette vision symbolisait la Résurrection du Christ et son ascension au ciel, auprès du Père, d'où il ne cesse de bénir tous ceux qui ouvrent leur cœur pour accueillir sa bénédiction.
Le Samedi Saint, 14 avril 1990, Myrna priait avec les fidèles. Soudain, elle se sentit accablée par la fatigue. Aidé par quelqu'un de l'assistance, le père Joseph Malouli l'accompagna dans sa chambre. En franchissant le seuil de la chambre, l'huile se mit à couler en abondance de son visage et de ses mains. Il coula sur ses vêtements et sur le sol. Lorsqu'elle s'allongea sur son lit, elle essaya, en vain, de fermer les yeux. La douleur était telle qu'elle essaya en vain de se reposer. Cela dura une vingtaine de minutes. Une extase d'une dizaine de minutes la soulagea un peu et lui procura du repos. Dans cette extase, elle contempla une lumière resplendissante. Puis, provenant de cette lumière, une voix lui dicta le vingt-quatrième message, tout entier consacré à l'unité des chrétiens. Cette année-là, 1990, la Résurrection du Seigneur se célébrait le même dimanche dans les deux Églises sœurs, l'Église Catholique d'Occident et l'Église Orthodoxe d'Orient. Le messager céleste insistait également sur l'unité permanente entre tous les baptisés.
Dans son vingt-quatrième message du 14 avril 1990, Jésus Christ parla clairement de l'unité des chrétiens. Il insista avec force et autorité sur ce qu'il entendait par là et fit une allusion à l'avenir. Dans ses paroles on percevait un certain avertissement qui effraya la jeune épouse. De fait, lorsque le père Elias Zahlaoui l'interrogea sur ce qu'elle avait vu et entendu, elle répondit de sa voix douce et affectueuse : "Oh ! père ! quelque chose d'affligeant !" Le Père Zahlaoui demanda anxieusement : "De quoi s'agit-il ? Myrna." Après un moment de silence, Myrna dicta le vingt-quatrième message de Soufanieh. Le Christ m'a dit :
"Mes enfants,
Vous, vous apprendrez aux générations
LE MOT d'unité,
d'amour et de foi.
Je suis avec vous.
Mais toi, Ma fille,
tu n'entendras Ma voix qu'une fois
la fête (de Pâques) unifiée. "
Ce vingt-quatrième message de notre Sauveur comprend en réalité deux parties : La première se résume dans l'affirmation que l'unité, la charité et la foi sont une seule et unique vertu. La deuxième pourrait paraître bien claire pour certains, pour moi c'est une véritable énigme. Que veut dire le Christ par son message sur l'unité ? Nous laisse-t-il entendre que l'unité des églises est proche ? Ou bien, nous adresse-t-il, par l'intermédiaire de Myrna, un avertissement ? Veut-il nous dire : "Réunifiez mon Église après l'avoir divisée, sinon vous ne me verrez plus durant une longue période ?" Les deux hypothèses sont plausibles.
Le Père Elias Zahlaoui donne une troisième explication que je souhaite être la plus vraie et la plus exacte. Il voit dans ce message la volonté du Christ de mettre tout en œuvre pour hâter la réalisation de cette unité pour laquelle il a prié.
Certains pourraient demander : "Pensez-vous que toutes ces brèves descriptions pourraient nous donner une image approximative de la mère toute sainte et de son fils bien-aimé au moment de leur apparition à Myrna ?"
Beaucoup d'ingénieux photographes et peintres ont reproduit des centaines d'images de la Vierge, de son fils et des saints. Ils se sont inspirés des paroles de ceux à qui ils ont apparu. Des milliers de ces images sont répandues dans nos églises, nos chapelles, nos maisons et nos livres religieux. Pensez-vous qu'elles soient identiques à ce que l'un ou l'autre des élus de Dieu avait vu ? Pas du tout.
La vision est un état singulier et le visionnaire est incapable de la reconstituer ou de l'évoquer de manière intrinsèque. Cependant, grâce à ces visions répétées durant vingt siècles de Christianisme, les baptisés se sont imaginé, dans des circonstances et des conjonctures historiques bien déterminées, le portrait de tel ou tel saint, celui de la mère toute sainte lors de l'Annonciation, puis au pied de la croix accueillant son fils dans ses bras. La vision et le portrait correspondants sont quelque chose de général et de global à la fois. Ils sont dépendants d'une part d'un lieu précis et d'une époque particulière, et d'autre part de la personne du visionnaire.
Cette vérité s'applique à Myrna et à tous les fidèles de Soufanieh qui, grâce à elle, ont accouru vers leur mère bien-aimée et vers son fils Jésus, leur guide sur le difficile chemin de la vie.
Dans les paroles de Myrna, ils ont reconnu leur mère telle qu'ils se l'imaginaient depuis très longtemps.
Un jour, un peintre arabe chrétien reprendra l'héritage de Soufanieh et nous offrira un portrait de la mère toute sainte et de son divin fils. Ce portrait correspondra à tout ce qui s'est manifesté à travers leurs messages.
Cependant, la question posée au début de ce chapitre demeure et demeurera sans réponse : Comment peut-on voir l'invisible et entendre l'inaudible ?
Ce n'est pas Myrna qui entend ni toi !
Ce n'est pas Myrna qui voit ni moi !
C'est le Tout-Puissant qui nous exprime sa volonté, dans des circonstances historiques bien précises. Il l'exprime par la voix de son fils très saint, par l'intercession de sa mère bien-aimée, ou encore par d'autres de ses élus. A tous ses médiateurs, comme à Myrna, le Seigneur demande tout naturellement d'être transparents et fidèles. Il reste l'huile miraculeuse, cette éclatante merveille, ce prodige inexplicable, ce signe palpable et sensible de la Vierge Marie et de son fils bien-aimé à Soufanieh et dans d'autres lieux de la planète. Cette huile sainte coule, généralement, des mains de Myrna. Elle est permanente comme la prière. On dirait même qu'elles se font concurrence. Tantôt la prière précède l'huile, tantôt elle lui succède. Elle est indépendante de l'espace et du temps.
Elle a coulé dans des hôpitaux, dans des maisons particulières et dans des églises, dont l'église syrienne orthodoxe de Niha située à 150 km de Homs. Elle a coulé à Amman (Jordanie), à Beyrouth, à Zahlé, à Jourat Al-Ballout, à Màad (Liban), à Beit Sahour (Palestine occupée), en France, en Allemagne fédérale et dans plusieurs villes aux États-Unis et au Canada.
L'huile sainte n'est absolument pas tributaire de la prière. Elle coule parfois au cours d'une conversation sur la mère toute sainte. Elle a coulé de livres religieux, de la vitre de l'icône miraculeuse, du mur extérieur qui abrite la petite niche où est exposée l'icône sainte. Elle a coulé des mains de Myrna, de son cou, de sa poitrine, de ses pieds, de ses yeux, et de la médaille de la Vierge suspendue à son cou. Elle a jailli de son estomac, après trois jours de jeûne.
Pareille à toute chose qui vient du Très-Haut, cette huile n'est liée à aucun rendez-vous ni à aucune personne. Elle est indépendante du temps et de l'espace. Elle est libre comme l'Esprit dont parle le Christ dans l'Évangile de Saint Jean, il souffle quand il veut, où il veut et comme il veut, mais nous ne savons ni d'où il vient ni où il va. "Nul ne peut le reconnaître si cela ne lui a été donné d'en-haut". Jean. (3, 8)
Chacune des quatre étapes de Soufanieh renferme en elle, d'une manière ou d'une autre, les trois autres, tout en ayant ses propres caractéristiques qui la différencient des autres. En effet, chaque étape insiste sur l'un ou l'autre aspect de cette merveilleuse histoire d'amour entre la Vierge et son fils d'une part et Soufanieh d'autre part.
La première étape de ce cheminement de Dieu avec les hommes, s'étend du 27 novembre 1982 au 31 octobre 1983. La Vierge et son divin fils préparent Myrna et les fidèles à l'aventure spirituelle qui les attend. La deuxième, du premier novembre 1983 au 31 août 1985, concerne Myrna en tout premier lieu. La mère toute sainte la forme spirituellement - et même physiquement - pour recevoir les messages, s'y conformer et les transmettre fidèlement à la foule des priants et au monde, en paroles et en actes. La troisième étape, du premier septembre 1985 au 31 décembre 1987, est celle du choix décisif : le Christ ou le monde. Le Christ et sa mère enseignent à la jeune épouse la voie du salut qui n'est autre que le chemin de la croix. Quant à la quatrième étape, elle s'étend de 1985 à 1990 et parait être, jusqu'à ce jour, la confirmation et l'approfondissement des idées-forces de Soufanieh. Celles-ci constituent le pivot du cheminement de la Vierge et de son fils avec Myrna et les fidèles.
La première idée chère aux cœurs de Jésus et de Marie c'est l'unité des cœurs sur laquelle le Christ veut bâtir son Église une et sainte. Ensuite vient le rôle primordial et unique, de la mère toute sainte dans la vie du croyant qui est la vie en Dieu. Dans son message du 14-15 août 1987, Jésus dit à Myrna :
"Ma fille,
C'est Elle Ma Mère dont Je suis
né.
Qui L'honore, M'honore.
Qui La renie, Me renie.
Et qui Lui demande obtient,
parce qu'Elle est Ma Mère. "
Une autre idée clef c'est le plan fondamental de Soufanieh en tant que prélude à l'Église une et universelle. Au cours de l'extase du 26 novembre 1986, Jésus dit encore à Myrna : " Ma fille, qu'il est beau ce lieu, J'y construirai Mon Royaume et Ma Paix ".
Ce n'est pas le lieu de pierres qui intéresse Jésus, mais les cœurs qui viennent se recueillir et prier. C'est pourquoi il ajoute : " Je vous donnerai Mon cœur, pour posséder votre cœur. "
La prière permanente occupe une place primordiale dans tous les messages et dans la vie de Soufanieh.
Sur la prière viennent se greffer l'humilité, le service du prochain et l'amour de charité universelle, autrement dit la Rédemption, qui est la voie du Très-Haut. Nous sommes tous, d'une certaine manière Myrna et, comme elle, nous sommes invités à choisir entre Dieu et le monde, entre la gloire éternelle que Dieu nous réserve et la gloire passagère que le monde nous procure.
Cette division de l'histoire de Soufanieh en étapes est très approximative. Je l'ai choisie car elle m'a semblé la plus appropriée à la présentation de mes méditations sur ce merveilleux cheminement divino-humain, suscité par le Très-Haut et conduit par sa main toute puissante. Dès mes premières visites à Soufanieh, j'y ai senti cette présence du Seigneur. Aujourd'hui encore, je la sens aussi forte qu'aux premiers jours. Quotidiennement, je demande au Seigneur Tout-Puissant d'éclairer ma route et celle de tous les hommes mes frères, afin que nous continuions à cheminer avec lui vers lui.
Ma précédente méditation était principalement consacrée à la signification de la Rédemption. Je m'en étais inspiré lors de ma présence aux côtés de Myrna ce Jeudi Saint, 16 avril 1987, puisque, dans son infinie sagesse, le Très-Haut a voulu que cette jeune femme voie concrètement les différentes étapes de la Crucifixion du Christ et les vive dans sa chair, humblement et en silence. Il l'a voulu pour nous montrer que la Rédemption n'est pas un mot que nous répétons puis reléguons dans les oubliettes, mais qu'elle est la charte de toute notre vie chrétienne. Chacun de nous doit la vivre selon sa vocation et dans sa situation particulière. A tous ceux qui venaient à lui et demandaient de le suivre, Jésus disait : "Renoncez à tout ce que vous avez, puis prenez votre croix et suivez-moi".
Certes, la croix est présente, d'une manière ou d'une autre, dans la plupart des messages de la mère toute sainte et de son fils bien-aimé. Cependant, durant l'extase du mercredi 26 novembre 1986, le Christ a voulu révéler à Myrna ses diverses significations et son rôle dans la vie du chrétien. Il lui dit : " Priez pour les pécheurs. Car pour chaque parole de prières, Je verserai une goutte de Mon sang sur l'un des pécheurs ! "
Cette requête du Christ met en exergue l'un des aspects les plus importants du Christianisme, à savoir qu'être chrétien c'est être membre d'une communauté de prière, de charité et de service du prochain. Fondée sur les mérites de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a rachetés par son sang, suivent la mère toute sainte, les saints, les élus de Dieu et tous ceux qui prient et participent à cette Rédemption. Car tout être humain est invité à sauver ses frères au moins par la prière et les bonnes œuvres.
Cela me conduit à me poser une question d'une extrême importance, tout en affirmant ignorer la réponse: Dieu pardonnerait-il au pécheur parce que nous aurons beaucoup prié pour lui d'un coeur contrit et humilié ? Ou bien, exaucerait-il notre prière et faciliterait-il au pécheur la voie de la conversion ? Cette deuxième hypothèse est la plus vraisemblable, bien que les deux soient plausibles. Une précision s'impose : le chrétien dont il s'agit ici, n'est pas le baptisé qui porte le nom de chrétien. Car mainte personne de bien, de prière et de service gratuit du prochain, est plus près de Dieu, quelles que soient sa religion et ses croyances, que le chrétien qui se glorifie de ce nom alors que sa vie est en contradiction avec l'Évangile.
Une conclusion importante, me semble-t-il, ressort de ce qui vient d'être dit : de même que les fils d'une nation sont solidaires dans leur vie et leur destin, quelles que soient leurs confessions religieuses et leur appartenance doctrinale, sociale et politique, ainsi en est-il de l'humanité. Tous les hommes, quelles que soient leur race et leur religion, forment d'une manière ou d'une autre, une communauté solidaire et subsidiaire. Chacun, selon ses possibilités, assume sa responsabilité à l'égard de tous.
S'adressant à Myrna, Jésus lui dit encore : " Ma fille, que les choses de la terre ne te troublent pas. Par Mes blessures, tu gagnes l'éternité ! "
Ces paroles du Christ complètent les précédentes, les approfondissent et les expliquent. Nous y trouvons deux idées. La première nous rappelle que Jésus, le Christ de Dieu, est toujours disposé à sauver l'homme : "Par les mérites de Mes plaies, tu obtiendras la vie éternelle" nous dit-il à travers Myrna. Mais cela ne nous sera donné, et c'est la deuxième idée, qu'à condition que "les choses de ce monde ne nous troublent pas", qu'elles n'aient pas d'emprise sur nous, n'accaparent pas notre coeur et n'ébranlent pas notre confiance en Dieu. Car les séductions de ce monde et ses embûches ont toujours harcelé les saints et les élus de Dieu. Elles ne cessent de harceler Myrna et tous ceux qui veulent vivre pour le Seigneur et au service de leurs frères. Bien plus, elles jettent le trouble et le doute dans le cœur des croyants. C'est pourquoi le Christ nous demande de veiller et de nous opposer aux séductions du monde et à ses attraits. Et lorsque nous leur cédons et nous nous égarons, nous devons nous tourner vers Dieu et implorer son pardon et sa miséricorde. Car il ne refuse jamais ses dons à ceux qui les lui demandent. N'est-Il pas le Dieu Miséricordieux et Bon qui fait "lever son soleil sur les bons et sur les méchants ?"
Le troisième paragraphe du message du Christ clarifie les deux premiers et les rend plus compréhensibles. Jésus dit à la jeune femme : "Je veux renouveler ma passion. Et Je veux que tu accomplisses ta mission, car tu ne pourras entrer au ciel que si tu as accompli ta mission sur la terre." Ce troisième et dernier paragraphe révèle le contenu des deux précédents et nous rappelle avec insistance que notre vie finira et l'existence humaine s'achèvera, mais les paroles du Christ qui sont la charte de notre vie chrétienne sont éternelles.
Jésus veut donc renouveler sa passion et demande à Myrna d'accomplir fidèlement sa mission ici-bas. A vrai dire, Jésus-Christ, le Messie du Seigneur, renouvelle quotidiennement sa passion rédemptrice. Il la renouvelle en chacun de nous puisque nous avons tous à porter notre croix. Celle-ci peut être un fils, un frère, un ami ou un voisin. Elle peut être la société, ses lois injustes et ses institutions tyranniques qui engendrent constamment des mesures oppressives et aliénantes. C'est pourquoi, il est tout à fait naturel que les hommes se plaignent, injurient, maudissent et se révoltent pour exprimer leur impuissance à changer la situation et à opérer les réformes nécessaires. Après cela, ils ne peuvent plus rien faire. Certains rejettent la faute sur Dieu et lui font assumer la responsabilité de leurs misères et de leurs souffrances. Ils oublient que la société doit se conformer à des lois, comme ils oublient qu'accepter en silence l'injustice et parfois l'oppression afin de sauver sa famille, un proche ou un ami, est aussi une participation à la passion du Christ, qu'on en soit conscient ou non.
Oh ! Qu'ils sont nombreux ceux qu'une telle conduite, noble et magnanime, - pour le Seigneur naturellement et non pas pour les hommes, - a ramenés à la vérité ! Qu'ils sont nombreux ceux dont la prière a éclairé la route ! Jésus n'a-t-il pas dit : "Demandez et vous recevrez. Frappez et l'on vous ouvrira." Certes, la prière n'est pas une solution ni un début de solution. Cependant, elle doit accompagner chaque pas que nous faisons, et chaque orientation que nous choisissons, fut-elle celle de la fortune. Car le Seigneur est présent dans tout ce que nous faisons. Jésus conclut son message par ces mots : "Va en paix!"
Le Christ a dicté le message ci-dessus le 26 novembre 1986, un an exactement après celui du choix décisif, le 26 novembre 1985, et à la même occasion, à savoir l'anniversaire de la première apparition de la mère toute sainte à Soufanieh. Entre ces deux dates, le Christ et sa Mère gardèrent un silence chargé d'amour et de sollicitude, pour Myrna et tous les enfants de Soufanieh. On aurait dit qu'ils voulaient leur laisser un laps de temps assez long pour méditer ce choix radical fait par Myrna et que tout chrétien doit faire. Jésus de Nazareth a expliqué lui-même son message et nous a invités à contempler dans la méditation et la prière les deux points essentiels:
Le premier : "J'ai été crucifié par amour pour vous, et je veux que vous portiez et supportiez votre croix pour Moi, volontairement, avec amour et patience, et que vous attendiez Ma venue. "
Le deuxième : " Point de salut en dehors de la croix. Celui qui participe avec Moi à la souffrance, Je le ferai participer à la gloire. "
Arrivé à ce point de mes méditations, je voudrais faire partager aux lecteurs mon émerveillement devant la pédagogie divine. Celle-ci apparaît dans le vocabulaire qui varie d'un message à un autre. Les mots et les expressions employés sont parfois le littéraire pur et dur, et ils sont parfois à mi-chemin entre le littéraire et le dialectal, comme c'est le cas des messages de 1985 et 1986. Le Seigneur veut que sa parole soit à la portée de tous, du plus simple au plus savant. C'est pourquoi, le messager recourt parfois aux symboles, aux métaphores et aux métonymies et d'autres fois à des expressions toutes simples. A chaque communauté, il s'adresse dans son langage propre et à partir de son milieu de vie et de sa vision de l'existence. Avant de poursuivre ma route avec la mère toute sainte et son divin fils, je voudrais préciser quelque chose d'essentiel dans le Christianisme. Les deux messages de 1985 et 1986 ne signifient nullement que le chrétien doit se résigner et accepter l'injustice, les persécutions et l'oppression. La révolution, la guerre et le combat pour la libération de la patrie sont des croix. Mais dans quelles mesures peuvent-ils être des croix rédemptrices ? Comment distinguer une guerre juste d'une guerre injuste ? Le bon combat d'un révolutionnaire qui lutte pour libérer son pays ou celui qu'il mène pour déverser l'hostilité, l'inimitié et l'aversion emmagasinées durant de nombreuses années de rancœur ?
Qui peut discerner entre le bien et le mal, entre ce qui est le résultat de notre volonté de faire le bien et ce qui est le résultat de nos complexes psychiques ? L'orgueil personnel peut se glisser furtivement dans nos meilleures intentions ! Que dire des décisions collectives qui sont toujours les conséquences d'arrangements, d'accommodements ou de règlements de comptes ? Que dire de la révolution et du cerveau révolutionnaire dans lequel règne une confusion extrême ? Que dire des centaines d'innocents, victimes de la peur d'une riposte révolutionnaire ou d'une invasion étrangère? La Révolution Française de 1789 est la preuve indéniable de cette réalité humaine. Après deux siècles d'histoire de cette révolution, les intellectuels et les scientifiques n'ont toujours pas trouvé un terrain d'entente sur ses causes et ses conséquences. Il n'est pas étonnant que la nécessité de l'existence d'un être suprême, capable de juger les hommes avec équité soit, d'une certaine manière et selon certains, l'une des causes de la découverte par l'homme primitif de l'idée de Dieu.
Certes, Dieu est le seul juge, et tout particulièrement pour nous les enfants de ce siècle de progrès. Celui-ci a rendu la constitution de l'homme, spirituellement et physiologiquement, beaucoup plus complexe qu'elle ne l'a jamais été. Elle échappe de plus en plus à toutes les analyses de la science. Seul, Dieu peut scruter les cœurs et les reins. C'est pourquoi les livres religieux insistent sur le fait que le Très-Haut juge les hommes sur leurs finalités conscientes et leurs intentions évidentes.
En lisant les événements de Soufanieh, le lecteur pourrait poser une question d'ordre éthico-religieuse : pourquoi cette insistance permanente sur les plaies de Jésus, le Messie et l'Oint du Très-Haut? Dans les deux messages ci-dessus présentés, les mots croix, crucifixion, sang et plaies forment un leitmotiv. Bien plus, le mot "plaie", est la pierre angulaire d'une prière enseignée par le Christ Lui-même à Myrna, pendant l'extase du 22 juillet 1987 à Màad, au Liban "ô Père, par les mérites des blessures de ton fils bien-aimé, Sauve-nous. " Ce mot est également la pierre angulaire du message adressé par Jésus à la jeune épouse le 10 octobre 1988 à l'église saint Georges, toujours à Màad :
"Ma fille Marie,
Pourquoi crains-tu alors que Je suis
avec toi ?
Tu dois dire et d'une voix haute la
parole de vérité sur Celui qui t'a créée, pour
que Ma force se manifeste en toi. Et Moi Je te donnerai de Mes blessures
pour oublier les souffrances que les gens te causent. "
De son côté, la mère toute sainte lui dit dans son message du 4 novembre 1983 :
"Mon cœur s'est consumé sur Mon
Fils unique.
Il ne va pas se consumer sur tous Mes
enfants. "
Et dans le message de l'extase du premier Mai 1985, la Vierge ajoute :
"Mes enfants, rassemblez-vous.
Mon cœur est blessé.
Ne laissez pas Mon cœur se diviser
à cause de vos divisions. "
En méditant ces textes, certains pourraient penser que la mère toute sainte et son fils bien-aimé sont dans un état permanent d'angoisse, de tourments et de mélancolie. Autrement pourquoi tant d'insistance sur "le coeur blessé" ? Que signifie cette expression ? Pour quelles raisons le coeur est-il blessé ? Est-ce parce que ceux qui écoutent et accueillent les messages de Jésus et de Marie, sont en majorité des pauvres privés du nécessaire, dans un monde dominé par l'opulence, la nonchalance et le libertinage ? Mais ce monde riche souffre d'un vide spirituel et moral réel, dont la seule issue est, malheureusement, la drogue... Ou bien, est-ce parce que le bonheur dans cette vie terrestre est un état passager, alors que la douleur sous toutes ses formes psychiques et physiques constitue l'état le plus fréquent et le plus permanent ? Est-ce enfin parce que le spectre de la mort règne nuit et jour sur l'existence humaine, à tel point que Freud et ses disciples l'ont installée au coeur de l'amour, et que les biologistes la voient tapie au coeur de la vie ? Bien plus serait-elle l'une de ses composantes et de ses finalités ?
Laquelle de ces trois hypothèses semble la plus probable ? Les trois pourraient l'être. Il me semble qu'il serait plus exact de dire que ce qui procure la paix aux hommes dans cette vie, et leur prépare le bonheur éternel dans l'autre, c'est le service du prochain selon l'enseignement du Christ. Ce service est un aspect de la Rédemption. Ce qui fait la spécificité de la vie chrétienne et lui donne toute sa signification, c'est le service du prochain, le souci de son salut. Or, le service et le salut forment une seule et même réalité. Servir le prochain pourrait consister à donner sa vie pour le sauver. Là où nous nous dirigeons dans l'espace chrétien et quoi que nous fassions, nous nous trouvons toujours face au service et à la Rédemption. C'est pourquoi, tous ceux qui servent gratuitement leur prochain sont disciples du Christ qu'ils soient croyants ou athées. Car l'important devant Dieu et devant les hommes, ce sont les œuvres et non pas l'appartenance à telle ou telle religion. Jésus Lui-même a dit : "Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront au Royaume des Cieux, mais ceux qui feront la volonté de mon Père Céleste."
A deux reprises la mère toute sainte a exprimé sa volonté de former une nouvelle génération en Myrna et par elle. Quant à son fils, il a exprimé cette même volonté à plusieurs reprises. Cette génération sera celle de Jésus et de Marie. De qui sera-t-elle composée ? Comment sera-t-elle ?
Sans aucun doute, cette génération du fils et de la mère n'est point celle de l'homme nouveau dont on a tant parlé dans les années soixante et soixante-dix. Elle n'est point la génération qui monte aujourd'hui et que nous qualifions de "Jeune". Elle n'est pas l'élite que les nations à idéologie forment afin qu'elle incarne leurs idées et en soit le porte-étendard dans le monde. Elle n'est pas rattachée à telle ou telle catégorie de personnes, ni limitée à telle communauté, à tel pays ou à telle classe.
Cette génération sera formée tout simplement par l'ensemble de personnes qui ont élu Soufanieh comme lieu de rencontre avec le Seigneur grâce à la prière, ou tous ceux qui, loin de Damas ou du quartier de Soufanieh, prient devant l'icône miraculeuse. Elle comprend également tous les fidèles qui sont assidus à la prière et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartiennent à la Vierge, quels que soient leur race et leur pays. A tous ceux-là, la mère toute sainte a donné un modèle et une guide. Elle l'a choisie au milieu des jeunes de ce quartier populaire qu'est Soufanieh. Elle l'a choisie pour son humilité et son effacement, sa prière continue et sa patience, sa persévérance dans l'épreuve, son grand amour du prochain et sa générosité. Elle l'a choisie pour frayer à tous ses frères et sœurs un chemin - le chemin de la mère toute sainte - et pour être à l'avant-garde sur ce chemin. Telle est Myrna, la jeune épouse comblée par le Seigneur et formée par lui, pour être dans le monde à venir une figure humaine et chrétienne qui brille par ses vertus. Ce qui signifie : vivre dans le monde et pour le monde comme si elle n'était pas de ce monde. Elle est avec Dieu par son coeur, son imagination et sa pensée. Elle vit pour Dieu seul et c'est lui qui la renvoie dans ce monde pour y être son témoin et répandre sa volonté. A nous aussi, Dieu demande de marcher sur le chemin qu'Il nous a tracé, de renouveler quotidiennement notre volonté d'y marcher. Lui-même se chargera du reste.
Myrna est toute entière à son mari, à ses enfants, à sa famille et à son pays. Elle est en même temps toute entière à la mère toute sainte et à son divin fils qui l'offrent au Très-Haut.
Interrogeons-nous maintenant sur cette éducation à laquelle invitent les messages du fils et de la mère, et que les fidèles essaient de réaliser puis d'inculquer à leurs voisins. En vérité, la réponse à cette question n'apporte rien de nouveau par analogie à tout ce qui a été dit sur la spiritualité de Soufanieh et aux enseignements de l'Église agréés par toutes les confessions religieuses. Les messages de la mère toute sainte et ceux de son fils bien-aimé se caractérisent par leur conformité à l'enseignement de l'Église hérité des Apôtres. Les fidèles de Soufanieh cherchent à se conformer à cet enseignement. Je suis convaincu qu'il est impossible à un homme consciencieux et impartial, fut-il athée, de refuser d'admettre l'entité de Soufanieh, comme la définissent les messages et comme elle apparaît dans la conduite des fidèles.
Le service du prochain, l'abnégation, l'effacement devant autrui, le souci de son salut… sont des valeurs humaines de tout temps et de tout lieu. Or, si l'originalité de l'éducation de la génération que se préparent la mère et son fils Jésus ne réside pas dans le fond et l'essence de la vie humaine, ou réside-t-elle alors ? Serait-elle dans la formulation ? Celle-ci est conventionnelle et classique. Serait-elle dans le classement des différents éléments et des principales idées ? Certainement pas. Il faut la chercher dans l'insistance sur ces idées dans un contexte historique bien précis.
En tête de ces idées : l'éducation, la prière, l'évangélisation et l'unité de l'Église. L'insistance de ces idées, comme leur formulation est une sorte de classification. A mon avis, si nous prenons soin de passer de la surface des choses humaines à leur vérité profonde, nous remarquerons que toute rénovation est une sorte de classification. On classe des idées anciennes d'une manière nouvelle selon l'expression de Pascal.
L'éducation de la personne humaine, en tant qu'individu et collectivité, ou sa rééducation comme disent aujourd'hui les psychologues et les sociologues, est une nécessité de la civilisation technologique moderne. Si on laissait à cette civilisation le soin de former l'homme ou de le réformer, elle le ferait à son image et à sa ressemblance, c'est-à-dire une machine consciente au service de cette technologie. Autrement dit, la technologie programmée est, dans l'histoire de l'humanité, la première civilisation qui s'impose franchement et de manière effrontée et insolente, à l'homme, en tant que but en soi. La personne humaine sent aujourd'hui un besoin des plus urgent et vital de s'armer moralement et spirituellement de manière à pouvoir affronter la technologie moderne, échapper à son emprise fatale et la dominer.
Si l'homme en général éprouve un tel besoin, que dire alors du christianisme qui, avec tous ceux qui croient en un Dieu unique et créateur, œuvre à rendre l'homme à son essence et à sa finalité suprême : Dieu ?
Si je prends pour point de départ de ma réflexion cette jeune femme de Soufanieh que le Seigneur a comblée de grâces et de charismes singuliers, notamment les apparitions et les messages, les extases et les stigmates, je pourrai dire sans aucune hésitation que la nouvelle éducation chrétienne se différencie de toutes celles qui l'ont précédée par un point fondamental et essentiel. Dans les siècles précédents, le christianisme demandait aux fidèles de se retirer au maximum du monde pour vivre avec Dieu et pour Dieu. Aujourd'hui il leur demande de vivre dans le monde et en Dieu, ou de vivre avec Dieu et pour lui dans le monde.
Cela est impossible, direz-vous !
Certes, mais ce qui est impossible à l'homme est possible à Dieu, le Tout-Puissant et le maître de l'impossible. Sa puissance se manifeste dans ses créatures.
Myrna est épouse, elle est mère de deux enfants, maîtresse de maison et l'une des nombreuses jeunes femmes de son quartier. En même temps, elle se consacre au service du Très-Haut et du prochain. Elle est indifférente aux choses de ce monde. Elle jeûne et prie beaucoup plus que quiconque des habitants de Soufanieh. Lorsqu'on la rencontre, on est frappé par la chasteté de son âme, son humilité et son effacement.
C'est là le premier pas sur une longue route. Poursuivons cette route avec l'élue de la Vierge, Sa Mère toute sainte, et avec son divin Rédempteur. Ouvrons les messages et méditons-les. La Mère toute sainte et son fils bien-aimé, invitent instamment les chrétiens à la prière sous toutes ses formes. Cette prière est un élément essentiel de toutes les religions, une activité habituelle et quotidienne chez tous ceux qui croient en un Dieu unique et très bon. Quant à nous chrétiens, nous savons, grâce aux Évangiles, que Notre Seigneur Jésus-Christ a passé la plus grande partie de sa vie à prier. A son exemple, les saints et les élus de Dieu, de tout temps et de tout lieu, consacrent des nuits entières et une partie de leurs journées à la prière. Cependant, la nature de la prière et son rôle dans la vie des fidèles restent vagues et obscurs pour la majorité des gens. Rares sont les priants pour qui la vraie prière signifie la vie en Dieu, avec Dieu et pour Dieu. Pour beaucoup elle se ramène à l'effort quotidien et personnel d'avancer sur la route qui conduit au Très-Haut.
Le jeûne est une tentative de créer les conditions favorables à la prière. Les bonnes mœurs et les vertus morales, bien qu'elles soient humainement parlant un but en soi et l'une des finalités de la vie spirituelle, représentent dans le processus de la vie religieuse la condition sine qua non de toute vie spirituelle. Le jeûne, les vertus morales, la bonne conduite et les autres moyens auxquels nous avons recours dans la vie religieuse et spirituelle, nous maintiennent dans le monde. La prière nous en retire à la manière du Christ et de ses disciples. Nous sommes dans le monde comme si nous n'en étions pas. Alors se crée en nous et autour de nous un espace spirituel qui devient limpide, serein, vaste et profond, où le Seigneur vient nous rencontrer et dialoguer avec nous. Chaque fois que par la prière nous faisons un pas vers Dieu, il en fait plusieurs vers nous. Il nous attend toujours, prend les devants, se hâte à notre rencontre, du seul fait que nous nous tournons vers lui et l'appelons. C'est pourquoi, je suis presque tenté de dire qu'à elle seule la prière constitue la totalité de l'éducation chrétienne, bien plus la totalité de la vie religieuse. L'évangélisation et l'action en vue de l'unité des Églises sont en réalité une prière. Celle-ci rapproche les cœurs et rend notre action œcuménique plus crédible. En nous voyant vivre et agir, les hommes croiront que nous travaillons non pas dans un but terrestre ou un intérêt matériel, mais pour la gloire de Dieu et l'instauration de son Royaume : "Voyez comme ils sont habités par Dieu" diront-ils. "Voyez comme le zèle du Royaume les anime !"
Une telle action préparée dans la prière et animée par elle, forme le coeur de l'évangélisation. La prière permanente recrée l'homme, elle le remodèle dans ses pensées, son imagination, son affectivité et sa volonté. Grâce à elle, la personne porte un regard nouveau sur la vie, sur elle-même, sur ses relations avec ses semblables et avec les choses. Elle transforme sa vision sur l'existence. Rien d'étonnant à cela, car la vie en Dieu qui est le coeur de la prière, son essence et sa finalité, devient l'espace spirituel et vital du fidèle. Cet espace sera bien différent de son monde habituel par la vérité, la clarté, la magnanimité et le service du prochain. Devant Dieu et avec lui, il lui devient impossible de mentir ou de prétendre faire ce dont il est incapable. A la lumière du Très-Haut, il se reconnaît tel qu'il est, accepte ses limites, les offre à Dieu qui bénit toujours l'œuvre de ceux qui lui sont fidèles.
En général, les gens croient que la fidélité de la personne à sa profession, à sa fonction, à son art ou à toute autre action, est une sorte de prière. Ils ont raison car toute la vie est une prière, mais cela ne remplace pas la prière proprement dite. Celle-ci consiste à se présenter devant Dieu, à lui confesser nos péchés et nos fautes, à implorer son pardon, sa miséricorde et la grâce de poursuivre sa route. Elle consiste également à le remercier pour tous ses bienfaits et à glorifier son nom, à demander sa bénédiction et sa grâce pour nous, pour les nôtres et pour tous les hommes. Au fil des jours, le Seigneur nous exaucera et nous élèvera au niveau de la prière parfaite qui nous fera vivre en lui, pour lui et avec lui.
La prière est changement et conversion. Elle est travail et action. Toute action est susceptible de se répandre par le bon exemple, l'imitation ou la contagion. La prière est encore une annonce de la Bonne Nouvelle. Elle est une évangélisation et une mission. Il est impossible de séparer ces deux aspects d'une seule et même réalité, bien que l'évangélisation ait ses propres voies et ses multiples méthodes qui la différencient de la prière.
Un jour je lisais les messages de Soufanieh et méditais sur l'évangélisation, ses significations et ses moyens. Soudain, une question me traversa l'esprit : peut-on imaginer Myrna missionnaire et annonciatrice de la Bonne Nouvelle ? Certes ! Le Christ le lui a expressément et impérativement demandé : " Va et annonce dans le monde entier ". Mais n'est-ce pas là un paradoxe ? Myrna est une jeune femme douce et timide. Durant la prière communautaire à Soufanieh, elle se tient au dernier rang des fidèles. Silencieuse et émotive, elle comprend les choses et les gens grâce à son affectivité et sa sensibilité, bien plus que par sa raison. Elle ignore totalement l'art de parler. Comment pourrait-elle, à la manière des missionnaires, convaincre les incroyants de la véracité de sa foi ? A ma connaissance, Myrna n'a quitté Damas qu'une seule fois, en compagnie de son mari, lors de leur voyage de noces en Italie. Comment pourrait-elle parcourir le monde pour proclamer les messages de Soufanieh ? Pourtant, Jésus le lui demande très clairement "Va et annonce dans le monde entier !" Jésus demanderait-il l'impossible ? Pas du tout. N'a-t-il pas dit à ses disciples et apôtres qui, dans leur grande majorité, étaient des gens simples, ignorants et analphabètes : "Lorsqu'on vous traduira devant les tribunaux et dans les synagogues, ne vous effrayez pas et ne vous inquiétez pas de ce que vous direz. L'Esprit Saint que je vous enverrai d'auprès du Père vous inspirera ce que vous devrez dire."
Le paradoxe de Soufanieh éclate dans la mission qui lui est confiée. A première vue, cet événement paraissait un mouvement de prière bien local, dans un quartier damascain de peu d'importance. Et la voilà qui prend l'allure d'un mouvement d'évangélisation. La mère toute sainte elle-même a dit dans son message du 18 décembre 1982, ce message dans lequel elle insistait sur le lien très étroit entre la foi, le salut et l'évangélisation : " Repentez-vous, et ayez foi, et souvenez-vous de Moi dans votre joie! Annoncez mon Fils, l'Emmanuel ! Qui L'annonce est sauvé, et qui ne L'annonce pas, sa foi est vaine. " Avant de remonter vers son Père, le Christ avait envoyé les siens annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Depuis la fin de l'époque apostolique, on ne l'avait plus entendu adresser une pareille demande à des baptisés. C'est la première fois, à ma connaissance, que la mère toute sainte et son divin fils demandent aux hommes de prêcher, d'annoncer la Bonne Nouvelle, d'évangéliser les nations. Qu'est-ce que l'évangélisation ? Qu'est-ce que la proclamation de la Bonne Nouvelle? Que signifient ces mots devenus détestables, pour ne pas dire exécrables, pour nous arabes, à cause de leur lien avec la colonisation ? Quelles sont leurs méthodes dans ce siècle d'information généralisée ? Quels sont leurs moyens en ces temps qui paraissent avoir définitivement aboli toute proclamation à caractère religieux, pour la remplacer par l'annonce "idéologique" ?
L'évangélisation ou la proclamation d'une bonne nouvelle signifie généralement l'invitation à embrasser une cause bien précise et à lui rallier des partisans. Elle signifie également la propagande nécessaire pour diffuser au maximum les différents aspects de cette cause.
Cette propagande est une caractéristique des collectivités humaines : les écoles, particulièrement celles à caractère didactique, les associations religieuses et politiques, l'information sous toutes ses formes, les missions et les délégations, les guerres elles-mêmes et bien d'autres mouvements, assemblées et groupements... sont tous propagandistes, en ce sens qu'ils ont des idées à propager ou une cause à défendre.
Nous vivons dans un siècle de propagande généralisée, organisée et dirigée par les nations et les institutions politiques. Des sommes fabuleuses sont affectées à cette propagande. Les moyens techniques les plus performants sont également à son service. Aujourd'hui, la propagande idéologique et sa culture avancent à grands pas sur une voie royale, pour répandre et asseoir les pouvoirs et l'ascendant des nations à idéologie et faire aboutir leurs projets politiques et économiques. Il est tout à fait naturel que la grande majorité des religions, y compris le christianisme, essaie de tirer le maximum de profit des mass-médias modernes, pour propager leurs diverses doctrines religieuses.
La propagation religieuse est devenue pour les grandes religions révélées une nécessité inéluctable. Car, d'une part, la voix tonitruante de la propagande idéologique risque d'étouffer la leur, et d'autre part l'espace vital de la civilisation technologique demeure, dans le meilleur des cas, neutre, muet et athée. En effet, pas de place pour Dieu ni pour une quelconque force métaphysique dans ce monde moderne.
Si nous poursuivons la prospection de cet espace 'civilisationnel', technique et programmé, nous remarquerons qu'il exclut la parole, divine ou naturelle, pour lui substituer un ensemble de symboles utilisés mécaniquement par les ordinateurs et les machines les plus sophistiquées. Tel est le monde terrestre annoncé par Nietzsche et contre lequel Jésus met en garde Myrna : "Ma fille, que les choses de la terre ne te troublent pas. " (Message du 26 novembre 1986)
Ce monde terrestre se caractérise selon Nietzsche par la chute du ciel et la mort de Dieu. (Cf. Ainsi parlait Zarathoustra). Or, la mort de Dieu requiert la mort de l'homme et la suppose.
A vrai dire, le monde de la machine sophistiquée et automatisée, n'est ni contre Dieu ni avec lui. Il n'y a en son sein aucune place ni pour une foi religieuse, ni pour une force surnaturelle, ni pour l'homme lui-même. C'est un monde fermé sur lui-même et se suffisant à lui-même. En cas de panne, cette machine est capable de déceler les points de dérèglement et de les réparer. Le cerveau électronique n'est-il pas apte à corriger la majeure partie de ses propres erreurs ?
Quelle est la place de l'homme dans ce monde technologiquement sophistiqué et puissant ? L'homme est pareil au magicien apprenti dont parle la légende. Après avoir réussi à faire sortir le géant de son flacon, il fut dévoré par lui car il se trouva impuissant à le ramener dans sa prison. Il est encore semblable au ver à soie qui tisse son cocon pour en faire sa tombe. L'homme est l'esclave de la machine devenue un but en soi. Il n'est d'aucune manière son maître. On pourrait même dire qu'il est le sanctuaire de l'idole qu'il a fabriquée.
Le monde technologique fascine nos contemporains en général et captive les jeunes en particulier. Ceux-ci s'y adonnent avidement pour des raisons qu'il n'est pas opportun de détailler ici. En retour, la machine les engloutit. Elle affaiblit leur affectivité humaine, leur intuition et leur esprit d'improvisation. C'est pourquoi l'éducation scolaire et parascolaire, dans les pays industrialisés, s'acharne à sauver l'homme. Les éducateurs veulent à tout prix le sauver afin qu'il continue à dominer la science, la technique et par conséquent son monde. Quant à la propagande religieuse, elle est diamétralement opposée à ce qu'elle était dans le passé. Son but est le même que celui de l'éducation religieuse. Toutes les deux visent à ramener le monde d'aujourd'hui à Dieu et l'homme moderne à lui-même. Elles visent à créer un espace favorable à la manifestation du Très-Haut ou de ses saints. Dans cet espace, l'homme pourra, avec l'aide de Dieu, retrouver son humanité perdue. Soufanieh est l'un de ces espaces prometteurs. C'est pourquoi la Vierge Marie insiste sur le lien entre l'évangélisation et le salut éternel: " Qui L'annonce est sauvé ". Cette évangélisation est un devoir qui incombe à tout chrétien. L'apôtre Paul disait déjà au premier siècle du Christianisme: "Malheur à moi si je n'évangélise pas !" La finalité de cette évangélisation ayant changé, les méthodes, les moyens et les voies devront suivre.
Comme nous l'avons déjà souligné, l'évangélisation vise aujourd'hui à rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu. Car l'homme ne se retrouvera lui-même que s'il retrouve Dieu et s'il retrouve les grandes idées qui règlent son existence. Loin d'être étrangères à sa foi en Dieu, ces grandes idées en sont les éléments constitutifs. La place d'honneur revient à la charité et à la miséricorde, puis viennent le respect de l'autre et l'égalité entre tous les hommes, la paix et la justice, la liberté et la libération de toutes les idoles parmi lesquelles les diverses idéologies, la consommation à outrance, les plaisirs sexuels et bien d'autres.
Vues sous cet angle, l'évangélisation et la propagande religieuse ne laissent plus aucune place à la rivalité entre les religions, ni au recours à la violence qui était bien souvent le moyen de substituer une religion à une autre sous prétexte d'une vérité supérieure. Car contrairement à la guerre de libération, la violence n'est pas légitime. C'est pourquoi elle est préjudiciable aussi bien à ceux qui y recourent qu'à ceux qui en sont les victimes.
Jusqu'alors, l'évangélisation prenait la forme d'une lutte intestine entre deux dieux. Celle-ci s'était rapidement transformée en une guerre armée sans répit. Car, logiquement, la guerre de la vérité contre le mensonge doit être totale et absolue, sinon elle ne mérite pas le nom de guerre.
Quant au Dieu unique, Créateur du ciel et de la terre, Tout-Puissant et miséricordieux, il nous invite à une nouvelle conduite à l'égard des incroyants. Celle-ci est bien différente de celle suivie par nos frères des siècles passés. Auparavant, l'évangélisation était rattachée à une langue, à une culture, à une nation, à une politique et à une idéologie. Tout ce qui, d'une manière ou d'une autre, s'écartait de cette voie devait être rejeté.
Cette vision de l'évangélisation serait-elle en voie de disparition ? Tout porte à le croire. Sa disparition ramènera l'homme à une attitude de respect à l'égard des autres. Ce respect procède de la conception d'un Dieu unique et miséricordieux, qui demande aux siens d'être bon et d'aimer : "Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent."
Durant des siècles, les religions ont oscillé entre deux lignes de conduite : tantôt elles se rappelaient la parole de Dieu qui transcende tout temps et tout espace, invitaient les fidèles à se convertir au Très-Haut, à pardonner à leurs semblables et à les traiter avec indulgence, tantôt, elles lisaient cette même parole divine à la lumière des coutumes de la communauté, et sous l'influence de ses rancœurs, ses haines, ses instincts et sa volonté d'oppression, volonté inhérente à chaque individu et chaque collectivité. Animées de tels sentiments, les religions s'engageaient dans des guerres meurtrières, au cours desquelles le fort assujettissait le faible. Mais la plupart du temps, ces deux lignes de conduite coexistaient au point que la foi finissait par perdre toute signification religieuse, pour devenir une politique humaine hostile et agressive.
De nos jours, l'humanité prend de plus en plus conscience du danger qui la menace. En effet, si les groupes politiques ou économiques, religieux ou culturels, continuent à s'ignorer et à fomenter des émeutes, des révolutions et des guerres en vue de récolter des bénéfices commerciaux, financiers ou politiques, ils s'achemineront vers leur autodestruction et la destruction du progrès. Cette destruction est inéluctable, étant donné l'irréversible développement des engins de guerre de plus en plus puissants et meurtriers.
La condition de la foi en un Dieu unique dans notre civilisation technologique, programmée et très complexe, nous aide à comprendre trois aspects du mouvement de Soufanieh ainsi que ses messages. A première vue, ces aspects nous apparaissent, comme à beaucoup, étranges et insolites.
Le premier c'est l'appel clair, formel et impératif à l'évangélisation. C'est la première fois depuis très longtemps dans l'histoire des apparitions, - les apparitions de la Vierge Marie, de son fils ou des saints, - qu'a lieu une telle insistance sur l'évangélisation. On dirait que les prémices d'un retour aux temps apostoliques, se dessinent à l'horizon, retour aux temps de l'envoi des apôtres et des disciples en mission, lorsque Jésus leur a dit : "Allez dans le monde entier, et de toutes les nations faites des disciples."
Le deuxième aspect c'est le fait que cet appel à l'évangélisation s'adresse d'une part à une jeune épouse timide et qui ignore les principes les plus élémentaires de sa religion, et d'autre part à une communauté chrétienne qui s'est ralliée à la jeune épouse pour prier. Cette communauté est également dépourvue de tout moyen d'évangélisation.
Le troisième et dernier aspect apparaît dans les paroles mêmes de l'envoi. On dirait que celui-ci tombe dans le vide. A la fin du choix décisif du 26 novembre 1985, Jésus dit à Myrna: " Va à la terre où la corruption s'est généralisée ". Que dit-il ensuite? Une phrase toute simple : " Sois dans la paix de Dieu ! " Lorsque nous lisons ces expressions, nous nous demandons s'il est vraiment possible que cette jeune femme qui ne connaît du monde que son quartier de Soufanieh, s'en aille de par le monde pour prêcher ? Par quels moyens? Que dira-t-elle à des gens qui la dépassent en science et en expérience?
Si la perversion s'est répandue dans le monde, comment une jeune épouse dépourvue de tout moyen pourrait-elle la combattre ? Regardons les États-Unis d'Amérique : en dépit de leurs réserves, de leurs richesses et de leurs effectifs humains, ils sont toujours impuissants à combattre l'un des nombreux aspects de cette perversion, à savoir la drogue, qui ravage leur pays et engloutit leurs enfants.
Le Tout-Puissant pourrait faire un miracle, me suis-je dit, et enrayer cette perversion générale. Mais que pourrait-il faire face à une tempête impétueuse, si les hommes refusent de se tendre la main et de vivre en paix ?
Pourtant, le monde est venu à Soufanieh et continue d'y venir! Soufanieh est allée vers le monde et elle continue à y aller avec Myrna ! Ceux qui endurent annuellement les fatigues du voyage sont très nombreux. On y trouve des arabes et des étrangers. Ils viennent des quatre coins du monde. Certains arrivent en spectateurs et repartent chez eux convertis. D'autres viennent pour prier et rentrent chez eux avec des icônes de la Vierge Marie et des morceaux de coton imbibés d'huile sainte qu'ils ont vu couler de l'icône miraculeuse ou du corps de Myrna. Certains viennent étudier ces événements et d'autres par dévotion et piété. Les uns rentrent chez eux avec des articles et des photos, et les autres avec un film pour la télévision ou la vidéo. Tous demandent à rencontrer Myrna et à lui parler. Et Myrna les accueille. Elle leur parle, les écoute et souvent leur dit : "Moi, je ne suis rien !" Puis elle pointe son doigt vers l'une des icônes suspendues au mur dans le hall. Lorsque les visiteurs persistent à la questionner, elle demande aux Pères Malouli et Zahlaoui de répondre à sa place. Il lui arrive parfois de raconter tout simplement et très brièvement son histoire avec la Vierge. La plupart du temps, c'est le Seigneur lui-même qui se charge de répondre. Il oriente tout simplement la jeune femme vers la mère toute sainte. Immédiatement l'huile sainte se met à couler des mains et du visage de Myrna. La prière prend alors le relais des interrogations.
Soufanieh est encore au début du chemin.
Je ne crois pas que Myrna se soit un jour posé des questions à caractère doctrinal ou théologique comme celles que je me pose en ce moment : "Qu'est-ce que l'évangélisation ? Qu'est-ce qu'un évangélisateur ? Comment évangélise-t-il ? OÙ ? Qui est-ce qui subvient à ses besoins au cours de ses voyages d'évangélisation ? ..."
Lorsqu'une question embarrassante se présente à Myrna et la plonge dans la perplexité et le doute, elle se tourne vers l'icône miraculeuse de sa Mère toute sainte et se met à prier. Lorsque la paix de Dieu revient et prend possession de son coeur, elle vaque à ses occupations habituelles, forte de la présence de sa mère. La Vierge Marie l'a assurée, ainsi que tous ceux qui prient avec elle de sa présence maternelle et : "Ne crains pas, tout cela arrive pour que le nom de Dieu soit glorifié ".
Dans son message du 24 mars 1983, Marie a dit à la jeune femme et à tous les fidèles présents à Soufanieh : "Ne craignez pas, je suis avec vous !" Puis, dans son message du 28 octobre 1983, la mère de Jésus la tranquillise, en affirmant: " Ne crains pas, en toi J'éduquerai Ma génération. "
Jésus suit l'exemple de sa mère et rassure la jeune femme dans son message du 31 Mai 1984 : " Que les fatigues entreprises pour Moi ne te brisent pas. Réjouis-toi plutôt. "
Dans tous ses messages, le Christ prodigue ses encouragements à l'élue de sa mère. Dans celui du 7 septembre 1988, il lui dit : " Va et annonce... et où que tu sois, Je serai avec toi. " Obéissant à l'ordre du Christ, Myrna se met en route sans hésitation ni crainte. Accompagnée de son mari, elle va partout où on la demande. Elle a déjà été en Égypte, dans différentes régions de la Syrie et du monde arabe, dans les pays d'Europe et d'Amérique. Son prochain voyage est prévu, si Dieu veut, en Allemagne et en France.
"Le Seigneur est mon défenseur, qui pourrais-je craindre ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ?"
Quelle est la bonne nouvelle que prêche Myrna ? "La prière: Priez. Priez. Priez. La vie dans la paix de Dieu." Pendant l'extase de Màad, au Liban, le 10 octobre 1988, le bon et doux Jésus lui adresse ces paroles douces et affectueuses : "Pourquoi crains-tu alors que je suis avec toi ? Tu dois dire et d'une voix haute la parole de vérité sur Celui qui t'a créée, pour que Ma force se manifeste en toi."
Jésus va plus loin encore et lui dit dans son message du 26 novembre 1988, pendant l'extase survenue à l'occasion du sixième anniversaire de Soufanieh :
"Quant à toi Ma fille, Je vais
te quitter.
Ne crains pas si tu tardes à
entendre Ma voix,
mais plutôt sois forte,
et que ta langue soit un glaive qui
parle en Mon nom.
Sois sûre que Je suis avec toi
et avec vous tous. "
Que pourrait dire cette jeune femme à la voix basse et aux arguments faibles ? Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. Le Tout-Puissant a combattu les arguments des sages et rabaissé leur orgueil. Il les a renversés de leur trône, pour y placer l'enfance et son innocence. Celle-ci est un don gratuit de lui.
Est-ce à dire que le Seigneur abhorre la poésie et la littérature, la science et la philosophie, la logique et la rhétorique ? Pas du tout... car il ne s'agit pas de genres littéraires... ni de l'âge de celui qui proclame. Il s'agit essentiellement d'un choix décisif à faire: Dieu ou le monde.
Lorsque nous faisons taire le monde et le mettons à la porte de notre cœur, Dieu nous parle.
Celui qui suit de près, partiellement ou totalement, le cheminement de Soufanieh, à Damas ou dans des régions lointaines, remarque que là où se trouve Myrna, là s'élève la prière vers le Seigneur. Car dès que les gens apprennent l'arrivée de Myrna, ils accourent. Généralement, l'huile sainte accompagne la prière et manifeste les merveilles que le Très-Haut accomplit pour la jeune épouse et par elle.
Par la prière, Myrna évangélise tous ceux que le Seigneur lui envoie et réalise ainsi la mission que le Christ lui a confiée le 26 novembre 1986 : "et dis à mes enfants qu'ils viennent à Moi à toute heure, et non seulement quand Je renouvelle la fête de Ma Mère."
La mission de Myrna ne se limite pas à la prière. Jésus lui-même la lui rappelle. Il la lui résume en deux mots: "Ne déteste personne... Aime tout le monde comme tu m'as aimé." Cette mission, Jésus l'a confiée à la jeune épouse, à tous les fidèles en prière à Soufanieh, et à tous les hommes de bonne volonté. Il l'a rappelée le 26 novembre 1987: "Ne déteste personne pour que ton cœur ne s'aveugle pas sur ton amour pour Moi. Aime tout le monde comme tu M'as aimé, surtout ceux qui t'ont haïe et qui ont dit du mal de toi, car par cette voie tu obtiendras la gloire. " Le 18 août 1989, dans le message de Los Angeles, Marie insiste : "Ne t'inquiète pas de ce qui se dit de toi, mais sois toujours en paix parce que la créature Me regarde à travers toi. " Tel est le message de l'amour universel. Grâce à cet amour et à la prière, on pourra redire avec le prophète Samuel : "Parle Seigneur, ton serviteur écoute." Grâce à l'amour et à la prière, on entrera en dialogue avec le Très-Haut, avec nous-mêmes et avec les hommes.
Trois problèmes retiennent l'attention et invitent à la méditation.
D'abord, la mère toute sainte et son divin fils évitent de porter tout jugement. Cette ligne de conduite apparaît de manière éclatante dès le premier message. Si le jugement est impossible, le messager céleste en adoucit le contenu. Ainsi, dans son premier message, la Vierge proclame :
"Annoncez Mon Fils, l'Emmanuel.
Qui L'annonce est sauvé, et
qui ne L'annonce pas, sa foi est vaine. "
Quel sera le sort de celui qui ne L'annonce pas ? La Vierge Marie ne parle ni de châtiment ni de damnation. Elle dit simplement: "Sa foi est vaine." Cette indulgence et cette clémence caractérisent le premier message et donnent le ton des messages suivants qui font de l'évangélisation, le devoir fondamental du baptisé. Si nous nous rappelons qu'évangéliser veut dire vivre dans la paix intérieure, la prière, le service du prochain... donc avoir une bonne conduite et donner le bon exemple, nous comprendrons combien il est facile au pécheur orgueilleux et arrogant de se repentir, puis d'évangéliser afin d'être sauvé.
Nous trouvons un autre exemple de cette indulgence dans une expression chère à la Mère toute sainte et à son fils bien-aimé : "L'Église est le royaume des cieux sur la terre", répètent-ils. Elle est le royaume de Dieu. Et puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu, il ne doit y avoir qu'une seule Église. Quel est donc le sort de celui qui la divise ou de celui qui se réjouit de ses divisions ? Quel est le sort de celui qui est hostile et malveillant envers une institution qui incarne Dieu et le représente sur la terre ? N'est-ce pas la damnation éternelle ? Logiquement oui ! Mais la logique de Dieu est différente de celle des hommes. Pour Dieu, c'est la miséricorde et l'indulgence qui prévalent, car Dieu est miséricorde. C'est pourquoi la Vierge et son fils disent simplement : "Celui qui divise l'Église ou se réjouit de ses divisions a commis une faute". Nous savons que la faute est moins grave que le péché.
Dans son message du 24 mars 1983, la Vierge emploie une expression sévère et dure: "Qui l'a divisé a péché et qui se réjouit de sa division a péché. " Mais la seule expression vraiment dure dans sa forme et dans son fond se trouve dans les premiers messages de Soufanieh et plus précisément dans celui du 21 février 1983. Elle concerne l'homme orgueilleux et corrompu qui se révolte et devient agressif lorsqu'on lui fait remarquer un dérèglement dans sa conduite, tandis que l'homme humble, doux et clément se réjouit de toute observation qui lui est faite. Cependant, ce même message s'achève sur une note de bonté : "N'insultez pas les orgueilleux qui sont dénués d'humilité !" La conception humaine dans les messages de Soufanieh reflète celle des Évangiles. Tout au long de sa vie publique, Jésus a dérouté ses ennemis par sa bonté. Il a rarement condamné quelqu'un, et il l'a fait à cause de la mauvaise volonté de ses adversaires. Chaque fois qu'il rencontrait un pécheur, il lui pardonnait ses fautes et lui rendait sa dignité de fils de Dieu. Ne préférait-il pas la fréquentation des publicains et des pécheurs, à celle des scribes et des pharisiens ? Ne participait-Il pas de bon cœur à leurs festins ?
La mission de Soufanieh, telle qu'elle s'exprime et s'exerce jusqu'à ce jour, est la mission même de Jésus-Christ, à savoir la Charité Universelle : "Elle a beaucoup aimé, c'est pourquoi ses nombreux péchés lui sont pardonnés."
Le deuxième problème est la place minime accordée aux dogmes religieux. Ils sont généralement un sujet de dissension et de controverse entre théologiens et exégètes. C'est pourquoi la Vierge et son fils n'en parlent que s'ils ont un impact réel sur la vie sociale, politique et économique des hommes. Telle était la règle de conduite de Jésus tout au long de sa vie publique et de sa prédication. Il faisait allusion aux dogmes, puis s'attardait aux fruits de la foi et aux composantes de la vie du croyant : le repentir, l'indulgence, le respect d'autrui et son service, l'amour de charité, la prière et la joie.
Dans tous les messages du Christ et de sa mère, je n'ai trouvé que trois dogmes clairement exprimés et qui font l'unanimité des différentes confessions religieuses.
Le mystère de la Sainte Trinité est le premier de ces dogmes. Dans le message du 21 février 1983, la mère toute sainte demande aux fidèles réunis pour la prière, de répéter inlassablement cette invocation : "Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, le Saint-Esprit est ma vie, c'est pour cela, je ne crains rien." Jésus confirme cette déclaration dans son message du 7 septembre 1985 : "Réjouissez-vous de la joie du Ciel, car la fille du Père et la Mère de Dieu, et l'Épouse de l'Esprit est née. Exultez de l'exultation de la terre, car votre salut est réalisé."
La divinité du Christ, est le deuxième dogme. Jésus lui-même le proclame dans son premier message du 31 Mai 1984 : "Ma fille, Je suis le Commencement et la Fin. Je suis la Vérité, la Liberté et la Paix. Je vous donne Ma paix. Que ta paix ne repose pas sur la langue des gens, que ce soit en bien ou en mal, et pense du mal de toi-même. Car celui qui ne cherche pas l'approbation des gens, et qui ne craint pas leur désapprobation, jouit de la paix véritable. " Ce message est en même temps une prière. Il est tout entier polarisé sur la divinité du Seigneur Jésus, le fils de Marie. Il le confirme à nouveau le 7 septembre 1985 : "Je suis le Créateur". Puis dans celui du 26 novembre 1986 : "Vos péchés vous sont remis." La rémission des péchés est un trait fondamental des Évangiles. Elle en fait un seul et unique Évangile, l'Évangile de la paix et de l'amour. Cette caractéristique essentielle de la Bonne Nouvelle prêchée par le fils de Dieu nous porte à croire que la force de Jésus, Messie de Dieu, réside dans son humilité. N'a-t-il pas dit à son apôtre Paul : "Ma force éclate dans la faiblesse!" ?
La douceur du fils de Marie cache une force divine et éternelle, qui atteint son sommet lorsqu'il remet les péchés : "Tes péchés te sont remis... lève-toi, prends ton grabat et marche." Elle éclate aussi dans sa manière d'enseigner : "On vous a dit... mais moi Je vous dis..." Sa parenté et ses auditeurs l'ont bien compris : "Il parle avec puissance et autorité... et non à la manière des pharisiens" disaient-ils.
Humilité et puissance, douceur et force, indulgence et autorité se succèdent harmonieusement dans les messages de Soufanieh. Écoutons Jésus s'entretenir avec Myrna: " Unis Mon cœur à ton cœur tendre ! " Sur cette intimité vient se greffer l'autorité du Maître qui parle sur un ton impératif et catégorique : " Va et annonce ". Lorsqu'il s'adresse aux fidèles rassemblés pour la prière, il leur dit avec assurance : "Je veux... Je demande... Faites ceci... Agissez de la sorte… "
Dans le message du "choix décisif" du 26 novembre 1985, il affirme sa mission de Rédempteur et de Sauveur : " J'ai été crucifié par amour pour vous. "
L'Église est le troisième dogme mentionné dans les messages à Myrna et aux fidèles de Soufanieh : " L'Église est le Royaume des Cieux sur la terre. " Elle est l'incarnation de Dieu pour tous les hommes de ce monde : "Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous." Cette Église doit être Une parce que le Dieu qu'elle représente est Un. Cette Église dont parlent les messagers célestes n'est pas l'institution sociale avec laquelle nous sommes en relation de manière plus ou moins consciente, et que nous ramenons au niveau de la nation, de l'école et du parti. Elle n'est pas non plus l'édifice dans lequel nous nous rendons pour la prière communautaire. Bien que l'institution et l'édifice fassent partie de ses impératifs, l'Église reste essentiellement une communauté de fidèles qui croient en un seul Dieu. Nous sommes membres de cette communauté et en constituons les pierres vivantes.
Il est tout à fait naturel que chaque religion pose des conditions à ceux qui veulent en faire partie. Prenons un exemple : le chrétien est un baptisé qui croit au Père, au fils et au Saint-Esprit. Cependant, toutes les religions se rencontrent dans la foi au même Dieu, au même Créateur qui nous a tous tirés du néant. Ce Dieu Créateur nous demande de l'adorer afin de devenir ses enfants. La manière de l'adorer importe peu, l'essentiel c'est la filiation divine à laquelle nous sommes tous destinés. C'est pourquoi, je n'exclus personne, même pas l'athée, de l'Église ou plus exactement de cette filiation divine. Grâce à ses bonnes œuvres, l'athée pourrait être plus près de Dieu que des centaines et des milliers de personnes qui se contentent du nom de croyants. Seul, le méchant obstiné qui persiste dans le mal, refuse sciemment de se repentir et de revenir au Seigneur, est exclu de cette filiation divine. Mais il m'est impossible et même formellement interdit de classer les hommes. Et s'il m'arrive de le faire, je deviens moi-même cet homme de mauvaise foi qui s'exclut de la famille de Dieu. Car seul Dieu, l'omniscient et l'omnipotent, scrute les cœurs et les reins, distingue les bons des méchants, sépare le bon grain de l'ivraie.
Cette marque de la foi, noble, magnanime et universelle selon les uns, humaine selon les autres, est la caractéristique des messages de Soufanieh. La Vierge et son fils donnent la priorité à l'unité des cœurs et non à l'institution ecclésiale. Ils désirent fortifier le lien affectif et raisonnable qui unit les hommes, les rend frères les uns des autres et en fait des familles de Dieu. Les messagers célestes ne rejettent pas l'institution ecclésiale, ses dogmes et ses doctrines, mais ils ne parlent que de l'essentiel et de ce qui est admis par les différents groupes et par les confessions religieuses.
Il n'y a aucun doute à ce que l'unité, qu'elle soit d'ordre religieux, culturel, politique, économique ou social, ne prend corps et n'atteint sa stature finale et parfaite que dans l'institution. Et si l'unité des hommes se fait un jour, elle s'exprimera d'abord par l'unification de leurs institutions. De même, l'institution ne prend forme, ne s'affermit et ne dure qu'en s'appuyant sur l'unité des cœurs. Il est clair que la crédibilité de Soufanieh ou de l'une de ses principales finalité, réside dans l'existence d'un noyau de prière susceptible de se répandre et de se développer, d'essaimer, de jeter des ponts entre les croyants et d'unifier leurs cœurs.
Quant à l'unité escomptée des rencontres officielles entre des personnalités renommées, des colloques entre des spécialistes, des discussions et des débats, ou plutôt des joutes entre les théologiens, cette unité - là il nous faudra l'attendre bien longtemps pour ne pas dire qu'elle est du domaine de l'illusion ! Pour comprendre dans quelle impasse nous sommes, il suffit de nous rappeler les causes des scissions et des dissidences politico-économiques, ainsi que les effroyables dimensions qu'elles ont revêtues. En tête de ces causes figurent les malentendus et les équivoques qui ont dominé des colloques culturels et linguistiques. Ensuite viennent les complexes socio-psychiques et la recherche effrénée des fonctions et des rades. Cette recherche était souvent camouflée par une humilité réelle ou artificielle, ou les deux à la fois ! Rappelons-nous enfin que ces controverses sont, hélas, toujours d'actualité et que nous attisons quotidiennement leur feu par nos discours et notre rhétorique... au point que nous commençons à désespérer de l'unité entre les chrétiens.
Par son Incarnation, sa vie et sa prédication, le Christ nous a enseigné que la voie du Seigneur Très-Haut passe par le peuple, elle prend sa source en lui et en lui trouve sa finalité. C'est pourquoi lorsque le peuple avance, ses dignitaires le suivent.
A son tour, la mère toute sainte adopte ce même chemin. Dans son message du 24 mars 1983, elle s'adresse à la foule en prière: "Ne vous divisez pas comme le sont les grands ! Vous, vous apprendrez aux générations, le MOT d'unité, d'amour et de foi". L'appel à l'unité de l'Église est précédé par une certaine éducation à l'unité des cœurs de tous les fidèles rassemblés pour prier. Dans son message du 14 août 1985, en la veille de son Assomption, la Vierge dit à ses enfants : "Bonne fête. Voici Ma fête, quand Je vous vois tous réunis ensemble. Votre prière est Ma fête. Votre foi est Ma fête. L'union de vos cœurs est ma fête. " Dans son message du 26 novembre 1986, le Christ confirme l'enseignement de sa mère: "Je vous donnerai mon cœur, pour posséder votre cœur. " Deux ans plus tard, dans le message du 14 août 1988, à Los Angeles, Jésus explique clairement que l'unité de l'Église se fera grâce à l'union des cœurs : " Vous êtes mon Église et votre cœur m'appartient ". Le 7 septembre de la même année, il insiste sur le rôle irremplaçable des fidèles dans le processus de l'unité. Ceux-ci doivent prier et œuvrer de leur mieux pour hâter l'unité entre les frères séparés c'est-à-dire l'union de leurs cœurs. Écoutons-Le exprimer sa volonté à la jeune femme : " Dis à mes enfants, que c'est d'eux que Je veux l'unité ". Deux mois plus tard, dans son message du 26 novembre 1988, Jésus révèle à Myrna le lieu privilégié, permanent et inébranlable de cette unité. L'homme n'est pas ce lieu, le Christ non plus... C'est le Christ présent en chacun de nous. Cet enseignement nous montre clairement le chemin de nos divisions et de nos ruptures, de nos digressions et de nos péchés. La source de tout cela se trouve dans le don total de nous-mêmes au monde, et l'oubli de la présence divine en nous. Les conséquences d'un tel oubli font dire au Christ : "Priez pour ceux qui ont oublié les promesses qu'ils M'ont faite, car ils diront : "Pourquoi n'ai-je pas senti Ta présence Seigneur alors que Tu étais avec moi ?" Le Mouvement de Soufanieh est donc un processus de prière, d'amour universel... et d'unification des cœurs de tous les fidèles. Ce processus, dynamique et très ouvert, a atteint son apogée dans le message du 26 novembre 1989, message tout entier consacré à l'unité et à la paix. La Mère toute sainte dit : "Mes enfants, Jésus a dit à Pierre : "Tu es la pierre et sur elle je bâtirai Mon Église. Et moi je dis maintenant : Vous êtes le cœur dans lequel Jésus bâtira son UNICITÉ. Je veux que vous consacriez vos prières pour la paix, dès maintenant et jusqu'à la commémoration de la Résurrection. "
L'orbite autour de laquelle gravite le Mouvement de Soufanieh et des messages qui lui tracent son itinéraire ne réside pas dans les dogmes religieux, mais dans le fondement sur lequel ceux-ci sont établis et sans lequel ils ne pourraient exister... Je veux dire le coeur humain choisi par Dieu pour être sa demeure, le coeur qui s'ouvre à Dieu et accueille avec amour sa présence éternelle en lui. C'est pourquoi, toute l'aventure divino-humaine de Soufanieh tourne autour des différentes vérités chrétiennes exprimées par l'acte de foi. Elle tourne également sur les composantes du coeur humain croyant et aimant. Dans leurs messages, le fils et la mère insistent sur six de ces composantes.
En tête vient le repentir symbolisé par le retour du fils Prodigue à la maison du Père. Luc (15,11-32). C'est le retour à Dieu de l'homme pécheur et nous sommes tous des pécheurs.
"Repentez-vous" dit la Vierge immaculée dans son premier message. Le fruit du repentir est la prière, et toute prière est une invocation de Dieu, une reconnaissance de sa présence. Les premières paroles de la mère de Jésus à ses enfants étaient un rappel de cette présence de Dieu en nous et une invitation à l'intimité avec lui : " Mes enfants, Souvenez-vous de Dieu, car Dieu est avec nous. " Tous les messages de Soufanieh insistent, d'une manière ou d'une autre, sur la nécessité de la prière. Celle-ci est l'alpha et l'oméga des rencontres du fils et de sa Mère avec les fidèles : " Priez, priez, priez ! " Répète le messager céleste le 24 juin 1987 à Màad. Jésus Lui-même avait expliqué à Myrna l'efficacité de la prière dans son message du 26 novembre 1986 : "Car pour chaque parole de prière, Je verserai une goutte de Mon sang sur l'un des pécheurs."
Nous vivons aujourd'hui dans un monde troublé, désemparé, anxieux, versatile et saturé de problèmes. Les hommes en sont la proie quotidienne. C'est pourquoi la prière est la seule voie vers la paix intérieure, la sérénité de l'âme et la rencontre avec l'Hôte divin. C'est dans la prière que s'opère la réconciliation des hommes entre eux et avec Dieu. C'est de là que naîtra la paix qui étreindra l'humanité, englobera les états, les peuples et les nations.
Le troisième point important de la vie du croyant c'est la foi. La véritable foi est une expression de la vie avec Dieu, une aspiration permanente à vivre avec lui et en lui. Dès son premier message, la mère toute sainte dit : "Repentez-vous et croyez, et souvenez-vous de Moi dans votre joie". Si Marie demande à ses enfants de penser à elle dans leur joie, c'est parce qu'en général ils ne se tournent vers elle et vers le Seigneur que dans leur malheur et leur détresse. De son côté, Jésus fait écho à sa mère et exhorte les fidèles à la foi : "Priez avec foi" leur répète-t-il inlassablement, car l'acte de foi est un acte d'existence.
De la prière et de la foi naît la paix, ce quatrième élément indispensable à toute vie d'enfants de Dieu. Que signifie cette paix sur laquelle reviennent constamment Jésus et sa mère ? La réponse nous est donnée par le Christ lui-même dans l'une de ses expressions privilégiées, devenue sa salutation favorite. Dans l'Évangile selon saint Jean, s'adressant à ses apôtres, le Seigneur Jésus leur dit : "Je vous donne ma paix". Vingt siècles plus tard, dans son message du 14 août 1988 à Los Angeles, il dit aux fidèles de Soufanieh réunis pour la prière : "Mes enfants, Je vous ai donné Ma paix". En cette paix, il y a un surplus sur l'équilibre intérieur, et même sur l'abandon à Dieu et à sa Volonté. Son seul équivalent est la "quiétude" dont parle le Coran et que le Très-Haut accorde à ceux qui sont près de lui. Les messagers célestes de Soufanieh rappellent aux fidèles une dimension fondamentale de cette quiétude : tout être humain est appelé à vivre cette sérénité intérieure. Nous sommes tous donc en route vers cette quiétude, cet autre nom de la paix, qui constitue l'un des sommets de la vie spirituelle, à laquelle le Seigneur élève ses élus et qu'il leur accorde gratuitement.
L'amour vient couronner ces vertus et les porter à leur achèvement : "Aimez-vous les uns les autres" répète Jésus aux fidèles en prière, dans son message du 28 Mai 1987. Quelques mois plus tard, il rappelle à Myrna ce même devoir : "Ne déteste personne pour que ton cœur ne s'aveugle pas sur ton amour pour Moi. Aime tout le monde comme tu M'as aimé, surtout ceux qui t'ont haïe et qui ont dit du mal de toi, car par cette voie tu obtiendras la Gloire. " Ouvrir notre coeur aux autres, les servir, être constamment prêts à le faire : telles sont les preuves de l'amour que nous leur portons. En nous demandant davantage, le Seigneur veut transformer notre amour en Rédemption. A vrai dire, tout service est une parcelle de la Rédemption, dont la fécondité dépend de la qualité de notre amour. Grâce à cet amour, le prochain devient un ambassadeur de Dieu pour nous et nous pour lui. Il s'incarne en nous et nous en lui. Or, s'incarner en l'autre et se consumer en lui par amour, c'est s'incarner en Dieu et se consumer en lui.
L'amour est, comme la paix, un don gratuit de Dieu, qui nous demande de marcher sur la voie que son fils nous a tracée, de faire tout ce qui dépend de nous pour ne pas la quitter, et enfin de nous abandonner à lui avec confiance et amour... et lui se chargera du reste.
Ainsi, l'amour deviendra la voie de salut pour chacun de nous et pour tous nos frères humains, comme le Christ l'a affirmé à Myrna.
Enfin l'unité : l'unité de la nation, des personnes, des cœurs. l'unité de l'Église, des croyants, des hommes. Cette unité n'est pas uniquement une croyance ou un dogme, elle est avant tout une vie, un service, un don et un amour de l'individu et de la communauté. Ainsi comprise et vécue, l'unité constituera un élément vivant et vivifiant de l'acte de foi, une caractéristique de l'être humain naturellement disposé à croire. En réalisant cette unité, nous accomplirons la volonté de Dieu en nous et nous comprendrons, partiellement, comment nous, les croyants, nous, les fils d'Adam, sommes un dans le Dieu Unique.
Le troisième problème qui retient l'attention dans l'histoire de Soufanieh, c'est le choix de Myrna et celui de Soufanieh, celle-ci comme nom et celle-là comme première de cordée. Ce choix est une décision divine qui nous dépasse infiniment, et que la mère toute sainte a incarnée et rendue visible par l'huile jaillie de son icône, pour la première fois, le 27 novembre 1982. A l'appel de leur mère du ciel, les fidèles accoururent. Ils se rassemblèrent pour prier. Très vite leur prière devint quotidienne. Touchée par la ferveur de ses enfants, la mère de Jésus les combla de ses bienfaits. Trois semaines après le jaillissement de l'huile, commencèrent les apparitions suivies des extases puis vinrent les guérisons et les messages. Le 18 décembre 1982, la mère toute sainte dicte son premier message à Myrna : "Je vous ai donné de l'huile plus que vous n'en avez demandé, et Je vous donnerai quelque chose de bien plus fort que l'huile. " Que veut dire la Vierge par ce " plus fort "? Est-ce un accroissement du nombre de ses visites aux demeures des croyants, comme elle le laisse entendre dans le même message ? Ou bien la promesse de la visite de l'Emmanuel, son fils, que les fidèles doivent annoncer ? Ou enfin la promesse d'un plus grand nombre de messages et de rencontres entre Dieu et ses créatures?
A l'occasion du quatrième anniversaire de la visite de la Vierge à ses enfants, Jésus confirme le choix de sa mère : "Qu'il est beau ce lieu. J'y construirai Mon Royaume et Ma Paix. " Dans ce message comme dans les autres, Jésus fait écho à sa Mère pour proclamer que Soufanieh n'est pas une Église, mais un mouvement de conversion, de prière, de paix et d'unification des cœurs. Celle-ci se fera dans la prière et par elle. C'est un mouvement de retour vers Dieu.
Qu'est-ce que Soufanieh ? Qu'y a-t-il de beau en elle ? Est-ce cette maison familiale? Le site ? Le quartier ? Rien de tout cela. Car le Royaume de Dieu n'est pas dans un lieu, il est dans les cœurs. Les cœurs revenus à Dieu sont en tout lieu et en tout temps. Ils sont beaux parce qu'ils sont tous entiers à leur Créateur et Père.
Pourquoi ce mouvement porte-t-il le nom de Soufanieh ? La réponse est simple : le quartier de Soufanieh fut son berceau et continue de l'être. De là l'aventure se répand dans le monde et donne naissance à de nouvelles communautés de prière. Là où les fidèles se rassemblent pour prier, le Seigneur manifeste sa présence. Il leur donne un signe de l'efficacité de leur prière, en faisant couler l'huile sainte de l'image de sa mère immaculée.
Après le choix du quartier, le Seigneur a fixé son regard sur Myrna. Il l'a prise du milieu des siens pour donner naissance, dans sa chambre et dans son coeur, à ce mouvement de prière. Cette jeune épouse habite dans une maison ordinaire et un quartier archaïque qui ont acquis beauté, grandeur et renommée, grâce à la prière permanente qui s'élève vers le Ciel et rapproche les cœurs des fidèles du coeur de Dieu.
Après avoir confirmé le choix de Soufanieh comme lieu de rencontre entre sa Mère et ses enfants, Jésus va confirmer celui que sa Mère toute sainte a fait de Myrna. Dans son message du 4 Novembre 1983, la Vierge ordonnait à la jeune femme : "Descends et dis-leur que tu es Ma fille avant d'être la leur. " Faisant écho à sa mère, Jésus commence son premier message, le 31 Mai 1984, par appeler Myrna : "Ma fille". Il l'appela ainsi avant de lui faire voir son visage. Il voulait prouver par là qu'elle était "sienne".
Dans ce message, le Seigneur Jésus enseigne à sa fille la prière qui deviendra un jour le point focal de la spiritualité de Soufanieh. Seize mois plus tard, la jeune femme reçoit le message du choix décisif, avant d'entendre le Christ confirmer à nouveau le choix de ce quartier et le sien propre. Il lui dit le 7 septembre 1987: "Marie, n'est-ce pas toi que J'ai choisie ? " Le 26 novembre 1987, cette nouvelle confirmation est suivie d'une reconnaissance de certaines de ses qualités, notamment : son calme, son coeur sensible, délicat, plein d'amour et de tendresse. Ces qualités chères au coeur "doux et humble" du Seigneur, ne sont point les raisons de son choix. Elles en sont la conséquence et le perfectionnement. Quant au choix lui-même, il relève d'une décision divine qui dépasse toutes les raisons et toutes les justifications.
Toutefois, le lecteur reste interloqué devant l'attitude du Christ. Après le choix décisif qu'a fait la jeune femme et qui a défini clairement sa situation, Jésus lui dit : "J'ai constaté que tu es incapable de supporter quoi que ce soit pour Moi. Je te donnerai une chance pour choisir. Et sois sûre que si tu Me perds, tu perdras les prières de tous ceux qui t'entourent, et sache que le portement de la Croix est inévitable. " Pourquoi ces remarques et ces précisions ? Myrna aurait-elle hésité ? Aurait-elle eu peur et reculé ? Ou bien, le Christ veut-il l'affermir dans la voie qu'il lui a choisie et qui sera une voie de souffrances et d'épreuves ?
Dieu seul connaît l'évolution spirituelle de cette jeune femme, au cours des deux années écoulées entre le choix décisif et le message du 26 novembre 1987, autrement dit entre l'avertissement que Jésus adresse à Myrna et ce 26 novembre, date du cinquième anniversaire de la première visite de Marie à ses enfants de Damas. A cette occasion, Jésus dit : "J'apprécie que tu M'aies choisi, mais pas seulement en paroles." Dans mes nombreuses lectures et méditations des messages de Soufanieh, j'ai remarqué que Myrna comprit durant les six premières années que la mission à laquelle Jésus l'appelait, dépassait ses forces et tout ce qu'elle avait imaginé. Elle le comprit dans la prière, le jeûne et l'ascèse, dans ses dialogues avec la mère toute sainte et avec Jésus le Messie du Très-Haut, avec les fidèles venus prier, avec la foule des gens et avec elle-même. Elle le comprit par les paroles et les actes de Jésus et de sa mère. Elle comprit que le chemin qu'elle devait parcourir n'était rien d'autre que le chemin de la croix. Cela l'effraya d'autant plus que Jésus la laissait dans le monde et lui demandait de vivre pleinement sa vie d'épouse, de mère et de jeune sœur. Certains gestes furtifs de ses fidèles amies lui rappelaient tout ce à quoi elle devrait renoncer. Ce renoncement sera beaucoup plus grand que celui qu'elle a connu jusque-là. N'a-t-elle pas déjà expérimenté, dans sa propre chair, les terribles souffrances de la crucifixion, lors de l'apparition des plaies du Crucifié dans son corps ? En dépit de tous ces privilèges, Myrna reste avant tout un être de chair et d'os ! Elle ne refuse pas ce que Jésus lui demande... mais elle a peur ! Et c'est naturel ! Jésus lui-même n'a t-il pas frémi à l'approche de sa mort sur la croix ? N'a-t-il pas crié vers le Ciel : "Père, que ce calice passe loin de moi." Myrna répète également avec Jésus : "Père, que Ta volonté soit faite, et non la mienne."
Cette soumission à la volonté divine ne met pas fin à sa peur. Celle-ci ne la quittera point. Car, lorsque le Seigneur éprouve sa créature, celle-ci ploie sous le fardeau. Des peuples entiers en ont fait l'expérience et continuent à la faire. Que dire alors lorsqu'il s'agit d'une personne choisie et destinée à une mission d'évangélisation et de salut ?
Malgré sa peur, la jeune épouse répète inlassablement et avec une conviction de plus en plus grande : "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole". Jésus lui répond par le message du 26 novembre 1987 : "J'apprécie que tu M'aies choisi, mais pas seulement en paroles. " Jésus ne marchande pas. Il veut tout ou rien. Telle est la signification de ses paroles. "Je veux, Ma fille, que tu t'appliques à la prière et que tu te méprises" dit-il à la jeune épouse dans l'un de ses messages - "Renonce à toi-même". Le Samedi Saint, 18 avril 1987, deux jours après l'apparition, pour la troisième fois, des plaies du Crucifié sur le corps de Myrna, le Christ dit aux fidèles en prière : "Je vous ai donné un signe pour ma glorification. Poursuivez votre chemin. Je suis avec vous. Sinon..." Ces dernières paroles déconcertèrent la foule, bien qu'elles ne soient pas nouvelles dans la bouche du Christ. N'a-t-il pas dit depuis deux mille ans : "Je suis venu allumer un feu sur la terre ?" Puis : "Celui qui aime un père ou une mère... une sœur ou un frère... plus que moi, n'est pas digne de moi". Dans les situations tragiques et face aux choix décisifs, il déclarait : "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi". Aux paroles de Jésus, Myrna répond le 26 novembre 1987 : "me voici". Sa disponibilité permet au Christ de poursuivre son éducation et son entraînement : "Persévère dans ta vie d'épouse, de mère et de sœur". Puis il ajoute : "Ne t'inquiète pas des difficultés et des douleurs qui vont t'arriver ; Je veux plutôt que tu sois plus forte qu'elles". Jésus ne se contente pas de ces paroles d'encouragement, il va plus loin et révèle à la jeune femme l'autre aspect du choix : "Autrement, tu perdras Mon cœur". Puis il ajoute : "Va et annonce". Myrna ne doit pas juger son action à ses résultats. Ceux-ci sont aux mains du Seigneur. Il se pourrait que cet arbre ne donne ses fruits qu'après des années, des générations et même des siècles. Et de peur que Myrna n'ait pas saisi son enseignement, Jésus reprend clairement le 26 novembre 1988: "Ne dites pas 'qu'est-ce que je fais', parce que ceci est Mon œuvre. " Il ne dit pas autre chose aux fidèles de Soufanieh et à tous les baptisés : Avancez ! A chaque pas que vous faites, je vous inspirerai le suivant. Prêchez ! Annoncez la Bonne Nouvelle ! Ne vous préoccupez pas des résultats. C'est mon affaire ! Puis il ajoute: "Myrna et vous tous ici présents, sachez que vous êtes encore au début du chemin. Vous n'avez rencontré que quelques difficultés faciles à aplanir. Le plus dur viendra." Et toi, ma fille, écoute-moi: "Je t'ai demandé d'être forte, et de vaincre les difficultés et sache que tu n'en as éprouvé que peu. "
Les messages de la troisième étape de Soufanieh révèlent son orientation et sa finalité, il s'agit d'aplanir la route vers les horizons lointains et de faire les choix décisifs. Jésus et sa mère toute sainte exercent Myrna, les priants et les fidèles à cheminer sur cette voie jusque-là inconnue. C'est pourquoi leurs messages ont un caractère didactique qui cherche à raffermir les pas des croyants. Lorsque Myrna, par exemple, s'éloignait de son quartier, la crainte s'emparait d'elle. On aurait dit que le Très-Haut l'avait jetée dans les lieux arides et l'avait abandonnée à elle-même, tout en lui demandant de témoigner de son nom très saint. Et voici Jésus qui s'empresse vers elle pour la tranquilliser : " Ma fille Marie, pourquoi crains-tu alors que Je suis avec toi ? Tu dois dire et d'une voix haute la parole de vérité sur Celui qui t'a créée, pour que Ma force se manifeste en toi. " A la fin du message de Màad, le 10 octobre 1988, Jésus ajoute cette expression qui révèle clairement la volonté du Père: " Ne choisis pas ta route, parce que c'est Moi qui te l'ai déjà tracé ". La mère toute sainte va plus loin. Le 18 août 1989, dans le message de Los Angeles, elle transmet à Myrna et aux fidèles en prière la bénédiction du Seigneur Tout-Puissant : "Ne crains pas, Ma fille. Tout cela arrive pour que le nom de Dieu soit glorifié. Réjouis-toi plutôt, parce que Dieu t'a permis de venir à Moi pour que Je te dise : Ne t'inquiète pas de ce qui se dit de toi, mais sois toujours en paix, parce que la créature Me regarde à travers toi. Dis à tous de multiplier la prière parce qu'ils ont besoin de la prière pour plaire au Père. Que la bénédiction de Dieu descende sur toi et sur tous ceux qui ont collaboré avec toi par amour pour Lui. "
Myrna priait beaucoup, dès le début, jusqu'à une heure avancée de la nuit, parfois jusqu'à l'aube selon le témoignage des prêtres et de quelques fidèles qui priaient avec elle. Or, plus elle priait, plus la mère toute sainte lui demandait d'intensifier sa prière. De son côté, Jésus insistait davantage encore que sa mère, sur la nécessité de la prière qui crée en l'homme et autour de lui, un espace spirituel où il vit avec Dieu qui pardonne ses péchés. La prière nous éloigne du monde. Toutefois, Jésus demande à Myrna de vivre sa vie habituelle, sa vie d'épouse, de mère, de sœur et de jeune femme.
Qu'y a-t-il dans le monde ? La croix... Chacun de nous a sa croix qu'il doit porter, chaque jour, de bon coeur, avec amour et joie. Dans tous les messages, il apparaît clairement que la croix de Myrna était et sera lourde. De fait, Jésus lui dit le 7 septembre 1988 : " Je t'ai dit de surmonter toutes les difficultés, et sache que tu n'en as éprouvé que peu. " La vie d'ici-bas est une vie de prière et de souffrances. Où donc est la joie à laquelle le Christ invite les vrais croyants ? Où donc est cette joie promise par Jésus dans son Évangile et dans ses messages ? Elle est là : elle émane de la prière comme de sa source, elle émane de la croix que nous portons avec le Christ et par amour pour lui.
Quelle est la place des dogmes et des doctrines que les théologiens rédigent avec tant de soin et de minutie ? Quelle est leur place dans la vie du croyant ? Les messages célestes de Soufanieh se contentent d'en signaler les plus fondamentaux et les plus simples. Ils semblent dire aux théologiens : "Laissez cette jeune communauté vivre spontanément sa vie spirituelle. Laissez-la jouir de la présence de ma mère toute sainte. Ne l'engagez pas dans vos controverses byzantines, causes des divisions et des discordes au sein des peuples et des nations. Les dogmes et les doctrines puisent leur substance dans la prière. En elle le fidèle vit sa foi en la Sainte Trinité, en la divinité du Christ et en l'unité de l'Église."
Les messages de Soufanieh respectent les prières habituelles que connaissent les croyants et n'en rajoutent que trois petites strophes très simples, l'une dictée par la Vierge Immaculée, les deux autres par son fils bien-aimé.
S'adressant à Myrna et aux fidèles, la mère de Jésus leur dit: " Je vous fais une demande, un mot que vous graverez dans votre mémoire, que vous répéterez toujours. Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, le Saint-Esprit est ma vie, c'est pourquoi je ne crains rien. " Bien que ces paroles soient substantiellement semblables à celles de Jésus, elles nous placent dans un espace spirituel très humain si l'on peut s'exprimer ainsi. Tandis que la prière et l'enseignement du Christ nous transportent dans un espace spirituel et divin. Dans cet espace, la personne, ayant vaincu la crainte, porte sa croix et avance courageusement vers le Seigneur. Elle lui demande la consolation, le réconfort et la joie. Et le Seigneur Dieu, dans sa bonté, ne tarde pas à l'exaucer.
La Vierge pleure puis sourit. Elle conseille, oriente et encourage. Elle prend une décision et l'impose mais elle le fait toujours avec douceur. Elle est tendre, compatissante et aimante comme une maman. En même temps, elle est forte de la force même de son divin fils.
A son tour, Jésus enseigne à Myrna une prière. Celle-ci deviendra le point focal et constituera l'entité de la spiritualité de Soufanieh. En entendant cette prière, la jeune épouse me dit spontanément : "Ces paroles sont dures ! Elles sont sévères ! " Connaissant bien Myrna, ayant pleinement confiance en elle, respectant sa sensibilité et reconnaissant sa sagesse et sa pondération, je l'ai interrogée sur ce jugement : "Qu'est-ce qui est dur et sévère?" Après quelques instants de silence, je lui dis : "Myrna, ce jugement ne s'applique pas aux messages de Jésus qui sont en pleine harmonie avec la prière et remontent à la même période. Qu'est-ce qui est donc dur et sévère ? Est-ce l'espace spirituel et divin que le Christ demande à l'homme de traverser sans hésitation ni crainte, bien qu'il soit étranger à sa nature humaine et incompatible avec ses penchants? C'est la voie de la croix qui a effrayé Jésus Lui-même. L'apôtre Paul a même demandé un supplément de force avant de s'y engager. Jésus lui a répondu : "Ma grâce te suffit. C'est dans la faiblesse qu'éclate ma force". Qu'est-ce qui est donc "dur et sévère" ? Est-ce l'accent affirmatif de Jésus qui ne discute ni ne marchande, mais affirme et atteste, car il est sûr de lui-même et de ce qu'il dit ? Est-ce le fait de mettre Myrna - et avec elle chacun de nous - devant la croix, ce lieu de rencontre de l'espace divin avec l'espace humain, ce lieu où s'accomplit le passage de l'humain au divin ? "
Jésus rappelle à la jeune femme comme à chacun de nous, la nécessité d'accepter notre croix, de la porter de bon coeur et avec amour, même si elle doit nous conduire à la mort. Mais le plus dur et le plus difficile à accepter est la gratuité de la croix.
La situation de Myrna redouble encore cette dureté. A la suite de sa mère Marie, Jésus la met à l'avant-garde et lui demande avec insistance de faire le premier pas : "renoncer à elle-même afin d'en extirper les racines de l'égoïsme et de l'égocentrisme". Il lui demande de prier, de servir et d'annoncer la Bonne Nouvelle. Mais que signifie cette annonce au regard d'une jeune femme qui ignore l'expression elle-même ? Cela importe peu. Le Christ le lui demande, elle doit obéir. D'ailleurs, n'y avait-il pas beaucoup de choses que Myrna ignorait et qu'elle a apprises en un temps record ? Jésus est son Maître. Lui-même conduit ses pas vers l'avenir qu'il lui a préparé. Il l'a avertie cependant qu'il pourrait la laisser un jour et s'absenter... et il s'absentera inéluctablement. C'est alors que les attaques du monde redoubleront d'intensité et les forces du mal s'acharneront contre elle... Toutefois, elle à la certitude et nous avec elle, qu'il est toujours avec nous. Chaque fois que nous implorons sa miséricorde il nous secourt. Il ne déçoit jamais celui qui recourt à lui avec confiance. Il nous demande parfois quelque chose qui paraît au-delà de nos forces. Ne disons pas : "Nous sommes incapables, nous sommes faibles, nous ne sommes rien, nous ne valons rien, nous sommes néant..." Mais rappelons-nous qu'il est l'origine de toute force et de toute existence. Rappelons-nous aussi que faire sérieusement un effort, dont humainement nous sommes incapables, c'est la condition pour vivre sur la terre, dans la paix du Ciel.
Une requête ardue ! Des paroles dures ! Une réponse difficile et parfois impossible... Certes oui... Mais ne nous faut-il pas reconnaître que la croix est le lot de tout être humain ? Personnellement, je serais tenté de dire qu'elle est sa situation naturelle et habituelle sur terre.
Souvenons-nous que la machine domine l'homme et le soumet à toutes ses exigences, bien qu'il soit son propriétaire et son maître. La diffusion de cette machine à grande échelle, a suscité chez nos contemporains des complexes, des craintes, des haines, des rancœurs et des passions inconnus jusque-là et que les méthodes scientifiques, aussi perfectionnées soient-elles, sont impuissantes à contrôler et à maîtriser. Les fruits sont là et bien amers : des milliers de personnes meurent quotidiennement de faim et de soif, de froid ou de maladie, par l'épée ou par l'excessive opulence. Aussi n'est-il guère étonnant que les mots : croix et crucifixion, souffrance et douleur, passion et plaies reviennent souvent dans les messages de Jésus.
Dans la deuxième prière qu'il enseigne aux fidèles le 22 juillet 1987, le Christ leur demande d'adresser leur supplication à son Père Céleste par les mérites de sa passion : " ô Père, par les mérites des plaies de Ton fils Jésus, Sauve-nous ". Car seules les plaies de Dieu sont assez spacieuses pour étreindre les plaies de l'humanité. La première prière enseignée par Jésus à Myrna le 31 mai 1984 résume bien cette vérité. En effet, seul le fils de Dieu, qui est au-dessus de toutes les créatures du ciel et de la terre, au-dessus de toute gloire et de toute louange, lui seul le Bon, le Très-Haut et le Tout-Puissant (première partie), lui seul peut rassembler l'humanité et la délier des liens du péché (deuxième partie). Sans lui, l'homme n'est que néant (troisième partie).
J'ai déjà dit que cette prière sera dans l'avenir comme je m'y attends le point focal de la spiritualité de Soufanieh. Le Christ, Sauveur des hommes de toutes les confessions et de tous les rites, sera l'Alpha et l'Oméga de cette spiritualité.
Dans tous ses messages, Jésus demande aux hommes de regarder leur situation tragique en face, au lieu de la camoufler par de grands discours. Il leur demande de vivre leur présent tel qu'il est, au lieu de chercher à le fuir en regrettant un passé révolu, ou en se projetant dans un avenir incertain. Le salut commence par une remise en question franche et courageuse, un examen de conscience très sérieux et une prière filiale et confiante. Dans cette prière l'homme demande au Christ le repos et la sérénité : "Bien-aimé Jésus, accorde-moi de me reposer en Toi !" A la lumière de ce qui vient d'être dit, disons avec l'élue de la Vierge la prière que le Sauveur lui a enseignée:
Bien-aimé Jésus,
accorde-moi de me reposer en Toi,
par-dessus toute chose,
par-dessus toute créature,
par-dessus tous Tes anges,
par-dessus tout éloge,
par-dessus toute joie et exultation,
par-dessus toute gloire et dignité,
par-dessus toute l'armée
céleste.
car Toi seul es le Très-Haut,
Toi seul es Puissant et Bon par-dessus
tout.
Viens à moi et console-moi
et délie mes chaînes,
et accorde-moi la liberté,
Car sans Toi ma joie est incomplète,
sans Toi ma table est vide.
A l'appel de l'homme humble et confiant, le Christ Jésus répond : "Me voici venu, car tu M'as invité. "
Un jour, les gens virent la Vierge, les enfants furent les premiers à l'apercevoir, Elle avançait vers eux et les appelait : la mère, notre Mère ! la mère, notre Mère ! Un bond et les voici dans ses bras. Elle les étreignait un à un. Des larmes de bonheur coulaient de ses yeux souriants et lui arrosaient les joues. Les enfants caressaient ses cheveux et, de leurs petits doigts, effleuraient sa robe bleue. Ils cachaient leurs visages dans son voile blanc et posaient leur petite tête sur ses épaules. De leur front ils jouaient sur les paumes de ses mains toujours ouvertes. Ils couraient, dansaient, applaudissaient et chantaient. Les anges chantaient avec eux l'hymne d'allégresse éternelle et de la paix perpétuelle !
Le monde est en fête ! La terre célèbre ses noces ! L'univers exulte de joie ! Il ne ressent plus sa lourdeur habituelle. Il est léger et éthéré. Le monde vit des heures de gaieté divine jusque-là inconnue dans sa longue histoire. On ne distingue plus les anges des enfants, le ciel de la terre, l'espoir de la réalité. C'est l'unité parfaite et harmonieuse. D'un seul coeur et d'une seule voix, toute la création glorifie Dieu et chante sa grande miséricorde. On dirait que tout a disparu de l'existence, à l'exception des enfants et des anges.
Certains prétendent avoir vu avec la Vierge Mère un bel adolescent au sourire radieux. De ses yeux jaillissait une source d'amour infini. Il semblait bénir. D'autres affirment n'avoir vu qu'un jet de lumière inonder le ciel et la terre. Un troisième groupe assure avoir fortement senti une présence divine envelopper la Vierge Marie et rejaillir sur les hommes comme pour les attirer vers le Ciel.
"Comment avez-vous su que cette présence était divine ?" leur avons-nous demandé.
"C'est le Très-Haut lui-même, ont-ils répondu, qui nous l'a fait sentir. C'est lui l'Omniscient et l'Omniprésent qui nous prend par la main et guide nos pas là où nous sommes sûrs de le trouver."
Un quatrième groupe déclare : Là où se tenait la Vierge, le ciel s'ornait d'un nombre infini de couleurs que l'imagination humaine ne peut décrire car elle les ignore. Au milieu de ces couleurs, un jeu de visions divines nous éblouissait de ses beautés. Quand elles étaient là, nous régalions nos yeux de leur splendeur. Quand elles disparaissaient, nous aspirions de tout notre être à leur réapparition. Nous ignorons si ces visions avaient lieu à droite de la Vierge ou à gauche, au-dessus de sa tête, près d'elle ou dans son coeur.
Finalement, nous nous adressâmes aux enfants : "Qui était avec la Vierge ?" Ils répondirent spontanément et avec assurance : "Notre grand frère ! Il nous prenait l'un après l'autre dans ses bras et nous lançait avec amour dans ceux de notre maman du Ciel."
Un monde de visions ! ... Certes. Mais nous l'avons pris, ce jour-là, pour la réalité. C'était notre réalité. Nous la cherchions depuis longtemps. Et voilà que le Très-Haut nous la donnait gratuitement. C'était un don qui nous invitait à nous tourner vers le Ciel, ce Ciel qui attend l'homme et l'attendra jusqu'à la fin des temps. Avec ce don, le Seigneur nous offrait la paix et la joie éternelles. Il nous indiquait en même temps l'unique voie qui y conduit, à savoir la prière et le service.
Tel fut le jour de la Vierge à Damas : un jour qui s'est détaché du temps, afin d'insuffler la vie dans le temps. Ce jour-là, le lieu se transforma en un espace spirituel, duquel tous les espaces puisaient leur spiritualité et leur finalité. Les enfants acquirent la sagesse des vieillards, et les vieillards retrouvèrent la jovialité et la facilité des enfants. Ce fut un jour de pardon général et de don total : tout ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi. il n'y a plus de tien et de mien. L'homme a perdu son poids et sa lourdeur. Il est devenu tout transparent. Regardez-le, on dirait qu'il vole ! Effectivement, les hommes ont laissé de côté leurs voitures et tous leurs biens, car ils entravaient leur bonheur. D'ailleurs, que pourraient-ils faire de l'argent, du diamant et de l'or ? Ils ont passé leur vie à les chercher... et maintenant ils le regrettent. Car le plus important c'est l'Homme! C'est lui la perle précieuse ! Lorsqu'il veut s'élever vers le ciel, il cherche à s'alléger.
En ce jour de la Vierge Mère, le monde a vécu des heures d'allégresse divine qui lui était jusque-là inconnue.
Les gens ont dit : "Est-ce un rêve ? Mais comment les rêves se transforment-ils en réalité ? Est-ce nos désirs et nos aspirations ? Mais comment se sont-ils réalisés ? Est-ce notre imagination et nos visions ? Mais les visions sont moins enrichissantes que la vérité et la réalité."
Le 24 mars 1983, la Vierge toute sainte nous est apparue. Elle était toute souriante ! Elle nous a dit au commencement de son message, qui allait être le plus long et le plus riche de tous : " Mes enfants, Ma mission est terminée ".
Comment, mère, vous nous quittez déjà ? Cette soirée n'est-elle pas le premier anniversaire de votre venue chez nous ?
Mes chers enfants, les fins sont dans les commencements. Qui dit commencement dit également fin. Il se pourrait que la fin de quelque chose soit le commencement d'une autre chose plus profonde, plus belle et plus enrichissante.
N'ayant pas saisi la signification de ses paroles nous lui demandâmes : Mère, quand nous visiterez-vous de nouveau ? Allez-vous nous laisser longtemps orphelins ? Vos enfants, mère, sont pourchassés et dispersés dans un monde qui ignore la pitié et la miséricorde. Ai-je un jour abandonné l'un de vous ? Déroutés et interloqués par les réponses percutantes de la Vierge, pressés de parler avant même de chercher à les comprendre, nous nous écriâmes: mère, nous protestons contre votre départ, nous le refusons, nous vous supplions de rester avec nous, nous implorons votre bonté, ayez pitié de nos larmes, voyez-nous à vos pieds très purs ! Mère, nous n'avons jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à vous ait été abandonné, regardez-nous ! Ne nous quittez pas !
Mes enfants, ne me mettez pas dans l'embarras ! Telle est la volonté de celui qui, du néant, nous a tous créés, vous et moi. Rien ne lui est impossible.
Nous fûmes plus déroutés encore. Nous nous interrogions toujours sur sa précédente réponse à propos des "commencements et des fins". Trois mois s'étaient à peine écoulés depuis l'apparition de l'huile miraculeuse pour la première fois. Celle-ci préfigurait la présence de la mère toute sainte parmi nous. Effectivement, la Vierge est apparue à Myrna et à nous tous représentés par la jeune femme. Tout à la joie d'avoir la mère de Jésus avec nous, nous nous disions : "La mère toute sainte nous suffit ! Nous sommes au comble du bonheur !" Et la voilà qui nous surprend par ces mots :
"Cette nuit, l'Ange M'a dit : 'Vous êtes bénie entre les femmes' et je n'ai pu lui dire que : 'Voici la servante du Seigneur!' Moi Je ne mérite pas de vous dire : 'vos péchés sont pardonnés' mais Mon Dieu l'a dit." Immédiatement après ces paroles la Vierge Marie ajoute : "Je suis contente. "
Il est bien difficile de saisir la relation entre ces différents points d'un même message: la fin de la mission de la mère toute sainte, son rappel de l'Annonciation, son affirmation qu'elle ne peut pas remettre les péchés et la joie qu'elle ressent d'être avec nous.
Pouvons-nous comprendre cette relation en relisant l'ensemble des messages ? Certainement, car une complémentarité frappante existe entre eux tous. C'est pourquoi, il est impossible de les comprendre sans les replacer dans le contexte du mouvement de Soufanieh. Ils sont les maillons d'une grande chaîne, chacun clarifie celui qui l'a précédé et prépare le suivant.
En proclamant la fin de sa mission, la mère toute sainte annonce le début d'une nouvelle étape du cheminement de Soufanieh. Elle sera conduite, en alternance avec la Vierge mère, par son fils Jésus, le Saint de Dieu, à partir du 31 mai 1984. Puis les plaies du Crucifié apparaissent sur le corps de la jeune épouse. Les messages de Jésus alternent avec ceux de sa mère immaculée et reprennent ceux de la première étape : la prière communautaire et permanente, l'unité de l'Église et l'urgence d'œuvrer à sa réalisation, l'évangélisation, la mission pédagogique et éducative de Soufanieh: "Vous, vous apprendrez aux générations le MOT d'unité, d'amour et de foi" avait dit la Vierge immaculée à ses enfants le 24 mars 1983.
L'enseignement de la mère et de son bien-aimé fils, forme la mission de Soufanieh et son message au monde d'aujourd'hui. Il constitue le premier noyau de la spiritualité de Soufanieh ou de l'amour spirituel que l'homme moderne peut vivre au coeur d'une civilisation technologique sophistiquée et programmée. En somme, Soufanieh est un mouvement spirituel. Les paroles du Christ aux fidèles en prière le 26 novembre 1986, en sont la confirmation : "Vos péchés vous sont pardonnés parce que vous me regardez !", autrement dit parce que vous me considérez réellement comme votre Maître et votre Sauveur.
Nous pouvons résumer la mission de Soufanieh et le message qu'elle annonce par ces mots : le retour de l'homme d'aujourd'hui à Dieu, ou en termes chrétiens et évangéliques : le retour des fils à leur père céleste. Telle a été et telle sera jusqu'à la fin du monde, la mission de toute religion révélée et de toute foi sincère en un Dieu unique et créateur. Ce retour à Dieu est-il semblable à ceux du passé, proches ou lointains ? Le moins qu'on puisse dire est que ce retour au père du ciel est beaucoup plus difficile aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été. Car notre époque ne laisse aucune place à Dieu. C'est un espace sourd qui écarte tout ce qui est spirituel, espace de l'homme robot, où le spirituel disparaît. C'est le signe du monde. Ensuite il arrache l'homme à Dieu et se l'attache fermement afin de le renvoyer à l'ensemble de ses besoins et de ses intérêts, qui deviennent sa principale préoccupation. Il cherche à les satisfaire par tous les moyens légitimes ou illégitimes. Tandis que la finalité ultime de tout vrai croyant, quelle que soit sa religion, c'est la réconciliation des fils avec leur père céleste, la préparation de l'espace spirituel propice à la rencontre entre l'homme et Dieu.
Tout croyant sincère expérimente dans la prière les bienfaits de cet espace spirituel où il peut rencontrer son créateur et père. Il sait que plus cet espace s'étend, s'enracine et s'approfondit, plus il arrache l'homme au monde, le lui fait oublier pour le jeter dans les bras de Dieu.
Qu'est-ce que prier ? C'est t'offrir toi-même, ta vie, ton histoire, ton avenir et toute ton existence au Très-Haut et Très-Miséricordieux. C'est lui faire confiance comme un nourrisson dans les bras de ses parents. Quant à la foi, elle consiste à s'abandonner totalement à Dieu et à compter pleinement sur lui. Cette confiance, illimitée et inconditionnelle, et cet abandon filial ont leur source dans son amour infini pour chacun de nous.
La prière est l'un des nombreux moyens de la mission de Soufanieh. C'est son moyen d'évangélisation et sa finalité ultime. Elle est un acte purement gratuit, le sacrifice du coeur humble que le Seigneur ne rejette pas. C'est une préparation à la Rédemption. Son seul but est de satisfaire Dieu et d'obtenir sa miséricorde et sa bénédiction. De fait, par la prière et dans la prière, les fidèles deviennent un, ils ne forment plus qu'un seul coeur animé par l'amour du Très-Haut et par l'amour qu'ils ont les uns pour les autres. Car l'humanité, telle que le Christ la veut, sera un jour un seul coeur qui s'offre au Seigneur en holocauste pur et agréable, un coeur qui avance vers lui, une Église unie dans laquelle le nom de Dieu sera loué et glorifié. Oui, telle est l'Église voulue par le Christ. Quant aux institutions, cultes, rites, dogmes, traditions et bâtiments, tout cela viendra par la suite pour incarner l'Église des cœurs et la manifester visiblement au monde. Qu'en avons-nous fait, pauvres humains ? D'une manière vraiment regrettable et navrante, nous avons donné la priorité aux accessoires, à cet ensemble de moyens humains sur la réalité spirituelle. Oubliant l'essentiel, nous nous sommes divisés, puis déclarés une guerre sans merci. Chaque partie, chaque confession a voulu et veut encore assurer sa survie et sa suprématie, à la manière des fils de ce siècle qui se combattent et s'entre-tuent pour préserver leurs intérêts.
La prière, la foi ou la confiance absolue en Dieu, l'unité des cœurs qui caractérise essentiellement l'Église, le respect des autres, la disponibilité à les servir, l'amour et la Rédemption, telles sont les quatre dimensions de la mission de Soufanieh et de l'évangélisation qui lui est confiée. Chacune de ces dimensions est à la fois un moyen et une finalité.
Sont-ce là des concepts, des idées et des significations aussi vieux que le Christianisme, bien plus anciens aussi que la foi en un Dieu unique ? Je répondrai avec Pascal: "Le nouveau : ce sont des idées anciennes exprimées d'une manière nouvelle."
Une question s'impose à nous : quelle est la valeur de nos descriptions élogieuses et de nos conflits idéologiques à propos d'idées et de concepts ayant Dieu pour objet ? Pourraient-ils être justes et exacts ? Jamais, car, à l'exemple du Très-Haut, ils devancent nos idées et nos significations et les dépassent infiniment.
Que devons-nous faire alors lorsque nous voulons les exprimer concrètement et les rendre tangibles ?
Nous devons leur assurer les conditions propices qui garantiront leur vie, leur développement, leur diffusion, leur fertilité et leur efficacité.
En réalité, dès sa naissance, le mouvement de Soufanieh a dépassé les confessions, les rites et les doctrines religieuses et idéologiques. Cette grande famille de prière est fermement décidée à poursuivre ce chemin de réconciliation et d'ouverture à tous. Car le Très-Haut qui a fait de Marie, sa mère toute sainte, la première patronne et la maîtresse permanente de Soufanieh, en a fait aussi la mère de tous les hommes. Pour réussir sa mission, le mouvement doit prouver sa compétence d'abord dans son premier milieu de vie qui est l'un des plus vieux quartiers de la ville arabe chrétienne. Il doit la prouver également en cette fin de XXème siècle technologiquement très avancé.
Notre mission à nous qui fréquentons régulièrement la maison de la mère toute sainte pour prier, c'est de former un espace spirituel vital ouvert à tous. Nous le construirons par la prière communautaire et permanente, le respect mutuel, l'unité des cœurs et le service gratuit. Dans cet espace, nous vivrons en harmonie entre nous d'abord. Puis tout homme de bonne volonté, croyant ou athée, pourra se joindre à nous. Grâce à notre accueil, il se sentira à l'aise. Progressivement, il se connaîtra, puis connaîtra son humanité et enfinil cheminera vers Dieu qui attend constamment le retour du fils prodigue.
Quelle sera l'image de la vie spirituelle dans un monde arabe populaire qui s'efforce de concilier et d'harmoniser deux styles de vie, l'un individuel et communautaire, religieux et civil, l'autre foncièrement imposé par la civilisation technologique qui envahit notre pays ? Il est prématuré et difficile de répondre. Cela est sans importance. Il est urgent pour nous de commencer cette vie spirituelle afin que la mission de Soufanieh ne se transforme pas en un ensemble de concepts vides de toute signification, telle une cage thoracique dénuée de vie. La vie spirituelle est l'âme de notre mission comme de toute mission. Mais une vie spirituelle sans mission se transformerait vite en un ensemble d'élans, d'émotions et d'impressions, qui naissent et se développent lentement pour disparaître rapidement.
La vie spirituelle se forme progressivement dans un combat lent et permanent que le priant mène en soi-même d'abord, contre ses habitudes, sa culture et ses complexes, ensuite contre les traditions de sa communauté, ses valeurs, ses coutumes, sa manière traditionnelle et figée de comprendre le Christianisme. Il faudra enfin lutter contre la civilisation technologique qui a envahi les pays pauvres par ses machines et ses sociétés de consommation. Pratiquement, les fidèles doivent en premier lieu, s'adonner à la prière avec assiduité et persévérance. Ils doivent s'exercer en permanence au respect d'autrui, à son accueil et son aide... Puis faire confiance à Dieu pour tout le reste.
"Ne dites pas : 'Qu'est-ce que je fais', parce que ceci est Mon œuvre. Vous devez jeûner et prier, car c'est par la prière que vous ferez face à Ma vérité et que vous affrontez tous les coups. " dit le Christ dans son message du 26 novembre 1988.
Dans la mesure où les racines de la vie spirituelle se raffermissent et s'approfondissent dans ce milieu arabe, populaire et chrétien, celui-ci deviendra apte à se répandre dans le monde et à dépasser toutes les différences confessionnelles et sociales.
Qui de nous aurait pu imaginer que Soufanieh se transporterait aussi rapidement d'un quartier damascain complètement ignoré à Los Angeles ? De fait, six ans après sa naissance à Damas, voici ce mouvement de prière bien florissant aux États-Unis, comme à Beit Sahour en Palestine occupée, à Màad au Liban, à Khabab et à Al-Hassaké en Syrie et au Caire en Egypte. Le Seigneur exauce la prière de ses fidèles enfants. Par sa grâce, l'huile sainte coule des mains de Myrna ou de l'icône miraculeuse ou des deux à la fois.
Le prélude à la spiritualité de Soufanieh est la victoire sur la peur. La Vierge et son fils le répètent inlassablement à Myrna et aux fidèles : " Ma fille, ne crains pas, je suis avec toi ! Mes enfants, ne craignez rien, je suis avec vous ! Pourquoi as-tu peur, ma fille ? Ne suis-je pas avec toi ? "
La peur est l'une des marques caractéristiques de l'existence humaine. Pour l'homme d'aujourd'hui, cette peur est devenue une obsession et son ennemi le plus redoutable. Jamais les hommes n'ont connu une telle angoisse. De quoi et de qui ont-ils peur ? De la mort, répondent les psychanalystes qui considèrent la mort comme un élément de l'amour corporel. Cet amour conduirait, selon eux, directement à la mort et celle-ci au néant absolu.
"Tu pries ! Donc tu es rétrograde !"
Tel est le jugement à ton égard de la communauté progressiste à laquelle tu appartiens. Un tel jugement te classe au rang des morts, aux yeux de ta communauté et à tes propres yeux. Et si tu essayais de te révolter contre ses coutumes et ses traditions, tu en serais définitivement exclu.
Tu pourrais craindre pour toi-même ou pour ton avenir, si tu perdais l'opération commerciale de laquelle tu faisais dépendre ton existence, ou si tu échouais à un examen duquel tu faisais dépendre ton avenir.
La peur pourrait devenir une maladie si l'on se préoccupait exagérément des microbes qui nous cernent de toute part. Je suis convaincu qu'une telle obsession nous déclenchera un jour des maladies telle que la perte de toute immunité.
La hantise de la pauvreté pourrait devenir aussi angoissante que la psychose de la mort. Le sentiment du vide intérieur qui commence avec l'adolescence et que développe un éventuel échec dans la vie, est aussi une source intarissable de peur.
Certains mettent tout leur espoir dans la fortune, les fonctions sociales, les titres, les grades et les diplômes. Ils pensent que ces moyens leur garantiront la domination sur eux-mêmes et sur la société. Mais s'ils viennent à échouer dans l'un ou l'autre domaine, la crainte et l'angoisse s'emparent d'eux et établissent leur demeure chez eux.
Parmi les autres sources de peur, citons les sentiments et les complexes d'infériorité, le sentiment et l'impression que tous les yeux sont braqués sur nous, que tout le monde nous montre du doigt et ricane de notre échec. Dans le message du 14 août 1988, le Christ dit: "C'est en Dieu seul que vous devez mettre votre fierté". L'enseignement de notre corps et celui du Christ sont diamétralement opposés. Pour le corps il y a un lien très fort entre la mort et le plaisir physique. Bien plus, chaque pas que nous faisons sur le chemin de cette vie terrestre est un pas vers la tombe. Pour le Christ, la félicité éternelle et la joie d'ici-bas sont tributaires de la croix. Celle-ci n'est rien d'autre que don de soi-même et Rédemption, en un mot AMOUR.
"Celui qui croit en moi, même s'il venait à mourir, vivra" déclare le Christ.
La vie spirituelle de Soufanieh contient en germe les signes avant-coureurs d'une parfaite règle de vie, dont les lignes fondamentales se déterminent progressivement. Car la vie spirituelle est l'existence humaine, la vie elle-même. Cette vie commence par la vénération de la Vierge Marie : "C'est Elle Ma Mère dont Je suis né" dit le Christ dans le message du 14-15 août 1987.
La vie spirituelle se poursuit en compagnie de la mère toute sainte. Cependant, l'essence de cette vie est la croix de Jésus, le Messie de Dieu, le Fils qui a incarné l'amour infini du Père pour l'homme. Chaque service gratuit offert au prochain est une participation à la croix du fils de Dieu qui commence par le renoncement à soi et l'effacement devant l'autre, comme l'enseigne Jésus lui-même à Myrna le 26 novembre 1987 : "Je veux que tu joignes Mon Cœur à ton Cœur délicat pour que nos cœurs s'unissent. Ce faisant, tu sauves des âmes souffrantes. Ne déteste personne pour que ton cœur ne s'aveugle pas sur ton amour pour Moi. Aime tout le monde comme tu M'as aimé, surtout ceux qui t'ont haïe et qui ont dit du mal de toi car par cette voie tu obtiendras la gloire. "
Nous l'avions déjà entendu dire : "Mésestime-toi, renonce à toi-même".
La perfection de la vie spirituelle réside dans la consécration plénière à la prière et au service du prochain ; la famille, la patrie, les pauvres et les nécessiteux qui sont toujours parmi nous, les handicapés physiques, mentaux ou spirituels. Le Christ lui-même nous a donné l'exemple du service. Il a passé sa vie terrestre à servir les hommes ses frères et à soulager leurs misères. Il continue à les aimer et à répondre à leur appel. Que demande-t-il de nous en retour? Un peu de notre temps : "Je vous ai donné tout mon temps, donnez-moi un peu du vôtre !" Toutefois, si Jésus ne nous demande qu'une partie de notre temps, il nous demande tout notre coeur. Il déclare même que ce coeur lui appartient : " Votre coeur est à moi ! "
Nous lisons dans l'Évangile : "Celui qui n'est pas contre moi est avec moi." Nous serons pour lui et avec lui tant que nous ne le rejetons pas officiellement ou ne choisissons pas un autre dieu : l'argent, la fortune, la renommée ou tout autre chose terrestre. Celui qui s'est incarné par amour pour nous, demande à être l'ultime finalité de notre vie et de toutes nos actions.
Dans son message du 26 novembre 1988, le Christ demande à la foule en prière : "Est-ce que tout ce que vous faites, vous le faites par amour pour Moi ?" Par cette interrogation le Christ veut mettre les siens en garde contre la tentation de donner la priorité aux résultats. C'est pourquoi, il poursuit son message précédent par cet impératif : "Ne dites pas qu'est-ce que je fais ? C'est mon affaire".
Par le coeur tout entier consacré au Christ, par l'action tout entière au service du prochain, nous réaliserons la prière que Jésus nous a enseignée dans son premier message et que j'ai rappelée précédemment. En réalisant cette prière du Seigneur Jésus, nous accomplirons notre libération de ce monde que nous devons servir et nous jouirons du repos en Jésus et de la paix qu'il a promise : "Bien-aimé Jésus, accorde-moi de me reposer en Toi".
Comme Myrna, tout homme se trouve un jour devant le choix décisif de sa vie : "Dieu ou le monde ? Le corps en tant que moyen ou comme but en soi ? La croix ou les idoles ? Choisit-il Dieu en paroles et intellectuellement, puis le monde et ses idoles par son coeur et tout son être ?"
Pourquoi l'homme est-il toujours exposé à tomber ? Pourquoi tombe-t-il avant de choisir ? Pourquoi, une fois revenu à lui-même, trouve-t-il que le monde l'a déjà attiré à lui? Qu'il le tient en laisse et l'empêche d'agir ?
Pourquoi se trouve-t-il la propriété privée du monde ? Pourquoi ne s'appartient-il plus et n'appartient-il plus à son Créateur? Peut-il encore se soustraire à ce monde ??? Non ! Car il va à la recherche d'excuses pour justifier son choix : Je devais satisfaire les besoins de mes enfants... servir ma patrie ... mon honneur et celui des miens étaient en danger... nous étions menacés par la famine et la mort... et puis, je n'ai nui à personne !
Mais... un jour ces prétendues excuses tomberont. La vérité éclatera. Le mensonge, le gain illicite et l'agression contre autrui apparaîtront pour ce qu'ils sont.
Trois complexes complémentaires rongent l'existence humaine de l'intérieur, la détruisent lentement et pourraient empêcher sa croissance. Ce sont les complexes de la peur, de la pauvreté et de la chair. Oh ! Que de dons, de talents et de génies politiques, littéraires, artistiques, industriels, intellectuels et commerciaux, n'ont-ils pas été abîmés et parfois paralysés ! Oh ! qu'elles sont nombreuses les grandes âmes que cette trilogie a avilies et éloignées de Dieu !
Par quels moyens les hommes luttent-ils contre les dangers de ces complexes ? Ou plutôt, par quels moyens cherchent-ils à s'y complaire ? Arrêtons-nous aux plus répandus : la vanité, la prétention, le mensonge, la course aux fortunes fabuleuses. Pour y parvenir, tout est permis : le mensonge, le pillage, le cambriolage, le brigandage, la rapine, le vol, la domination d'autrui, l'attaque à sa fortune, à son honneur, à sa vie...
Un jour viendra où l'homme se souviendra de certaines vérités, devenues inhérentes à sa nature : ne tue pas, ne mens pas... celui qui regarde la femme d'un autre pour la désirer a commis l'adultère... Alors tous les voiles tomberont, l'homme se trouvera face à lui-même, face à sa vérité. Du résultat de ce face à face dépendra son avenir éternel : ou il prendra la fuite ou il empruntera la voie que les hommes ont jusque-là empruntée et qu'ils empruntent encore...
Le monde enfante le péché. Le Père attend le retour du fils prodigue. Il guette ses pas. Il lui fraie les voies du retour à la maison paternelle où il a préparé le veau gras.
Et maintenant, après ma longue expérience à Soufanieh, j'ai la ferme assurance que ce mouvement de prière et de retour à Dieu est l'une de ces voies. Elle est même la plus récente et la plus actuelle, étant donnée la rapidité avec laquelle la mère toute sainte et son fils bien-aimé exaucent les demandes et les requêtes des fidèles. On dirait même qu'ils se font concurrence pour répondre à leurs appels.
La mission de Soufanieh et les jalons de sa spiritualité commencent à se définir. Depuis sept ans et quelques mois, les croyants accourent vers la maison de la Vierge Marie pour prier. Les apparitions, les extases et les messages se succèdent. L'huile sainte coule en permanence. Les prodiges et les signes attirent de grandes foules. Les conversions et les retours à Dieu se multiplient... Et quel est l'homme qui n'a pas besoin de l'aide de son Seigneur pour revenir à lui ?
Le peuple prie, rend grâce, remercie, demande, implore et chante la gloire du Père Céleste... il obéit à ses ordres, essaie d'y conformer sa vie et attend sa miséricorde.
Ce peuple, je le connais et je l'aime ! N'est-ce pas en son sein que mes parents sont nés, ont vécu puis rejoint la maison du Père Éternel ? Ma mère, fille de ce brave peuple, m'a porté neuf mois dans ses entrailles et neuf ans dans ses bras et dans son coeur avant de quitter cette terre ! Mon père, ce bon et brave fils de ce peuple, a pris longuement soin de moi. Et lorsqu'il désespéra de mon retour au bercail, il se tourna vers le Père de tous et ne cessa de l'implorer jusqu'à la dernière minute de sa vie. Il le priait et le suppliait de ne pas me laisser orphelin.
Moi aussi, ne suis-je pas de ce peuple ? N'est-ce pas lui qui m'a guidé jusqu'à ce jour? N'est-ce pas lui qui continue à me guider bien qu'à un moment donné je pensais être de ses guides ? C'est lui qui m'a éduqué ! C'est lui qui m'a modelé et a fait de moi ce que je suis une image authentique semblable à la sienne et conforme à l'originale en dépit de sa modernité. Certes, ce peuple dont je suis est un peuple réduit à l'impuissance et qui rumine son passé. Toutefois, c'est un peuple croyant ! Sa foi est son existence, sa confiance absolue en Dieu, son abandon à sa sainte volonté et sa patience dans les épreuves. Cette foi l'a gardé vivant malgré les intempéries, elle l'a préservé de l'anéantissement et de la dispersion.
L'heure de sa délivrance aurait-elle sonné ? C'est probable, nombreux sont les signes qui nous l'annoncent. Soufanieh et ses signes n'en sont pas les moindres.
Dans le passé, ce peuple interrogeait avec anxiété : Où est la mère toute sainte ? Nous voulons lui porter nos fleurs et nos plantes aromatiques... Nous voulons lui présenter nos cœurs épuisés afin qu'elle les offre au Très-Haut en sacrifice vivant et agréable ? Peut-être nous exaucera-t-elle et portera-t-elle au Père Céleste les supplications de nos cœurs brisés ? Elle intercédera pour nous, pour tous les hommes et répandra sur nous la miséricorde divine.
Aujourd'hui, la mère toute sainte vient elle-même à nous. Elle nous apporte les fleurs du ciel et ses plantes aromatiques. Elle nous offre en même temps le réconfort et la miséricorde.
Aujourd'hui, en ces temps qui sont les derniers, le Père Céleste a prêté l'oreille aux gémissements de nos cœurs. Il a envoyé la mère immaculée inaugurer pour nous et pour l'humanité, des temps nouveaux et sceller avec nous, en Son nom, une alliance nouvelle. Grâce à lui, nous connaîtrons la paix et nous jouirons des biens de la création. La bénédiction du Ciel s'étendra sur l'humanité et l'étreindra. Jésus, le fils bien-aimé du Père, est venu aussi avec sa mère. Ensemble ils nous tracent le chemin vers le Père Céleste et nous entraînent. Ils nous prodiguent leur enseignement et nous prennent par la main pour nous aider à traverser la voie ardue et escarpée de cette vie. Avec eux nous arriverons en sûreté à bon port.
Prends pitié de nous Seigneur,
prends pitié de nous,
car nous avons péché
contre Toi.
Exauce-nous, ô Dieu Saint, exauce-nous.
Prends pitié de l'opprimé
et de l'oppresseur, de l'administrateur et des sujets, du citoyen, de la
patrie et du gouverneur.
Prends pitié du pauvre et du
riche, de l'enfant, du nourrisson et du vieillard, du malade et du bien-portant.
Prends pitié de celui qui t'a
oublié et de celui qui pense à toi, de celui qui ne prie
jamais et de celui qui prie tous les jours.
Prends pitié de l'athée
et du croyant, des morts et des vivants.
Prends pitié des habitants de
la terre et des citoyens du ciel.
Le jour de la Vierge mère à
Damas n'est-il pas un jour d'intercession, de pardon mutuel et de réconciliation
pour tous ?
Pour les ouvriers de la première
heure, pour ceux qui ont traîné en chemin et sont arrivés
à la dernière heure.
Pour ceux qui sont arrivés et
ceux qui ne sont pas arrivés.
Pour ceux qui ont jeûné
et prié et ceux qui n'ont jamais jeûné ni prié...
Ne sommes-nous pas tous les enfants
de Dieu et les frères de Jésus qui nous a rachetés
par son sang divin?
N'attendons-nous tous, chacun à
notre manière, sa clémence et sa miséricorde ?
Par sa mort sur la croix et sa Résurrection, le Christ fils du Très-Haut, a vaincu la mort. Et voici le Père Céleste qui répond à l'intercession de Marie. Il ouvre les portes à tous ses enfants, morts ou vivants. A chacun, il offre le baiser de la réconciliation, et il tue le veau gras.
Le miracle de la mère toute sainte : Elle a fait descendre le Ciel sur la terre !
Le miracle de Jésus son fils bien-aimé : Par son sang, il a fait disparaître les différences entre les hommes.
Le miracle du Très-Haut : il est
le Créateur et le Père de tous les hommes, son amour les
étreint tous au jour de la mère toute sainte, au jour de
Soufanieh de Damas !
Damas le 15 août 1990, en la solennité de l'Assomption
Plusieurs personnes ont collaboré à la préparation de ce livre: pagination, édition, mise-en-page, traitement de texte, composition etc…
Comme ils ont voulu garder l'anonymat, on citera seulement leurs initiales : RFB, SBH, RHH, GFB, MM, CT, NM, RPK, PEZ.
Que Dieu les récompense pour
le merveilleux travail qu'ils ont accomplit pour Sa Sainte Mère.
Merci.
Association Notre-Dame de Soufanieh de Montréal
2. Le récit de ses stigmates est à lire dans ses détails dans les mémoires du Père Elias Zahlaoui en français, Soufanieh. Le texte de ce livre en français est disponible aux éditions de l'O.E.I.L., F. X. de Guibert, France. (1991)
3. 3La
lecture attentive des messages de ces deux ans ou Jésus seul parle,
est du plus haut intérêt pour comprendre Soufanieh. On les
trouve dans le livre du Père Élias Zahlaoui: Souvenez-vous
de Dieu, aux éditions de l'O.E.I.L. France, Éditeur F.X.
de Guibert.