Chrétiens Magazine - No 88 - 15 février 1996.

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Dimension planétaire du petit Soufanieh

Le Père Elias Zahlaoui a débarqué chez moi le 19 janvier 1996.

Il a été avec le Père Joseph Malouli, le conseiller spirituel, le protecteur ecclésiastique de l'icône, au milieu de grandes complications. A Damas, il y a plusieurs Patriarches de diverses obédiences: catholique, orthodoxe, et syriaque, la plus favorable à Soufanieh. Le Père Zahlaoui a été le propagateur polyglotte de Soufanieh dans le monde entier. On peut lui en être reconnaissant, car quand Dieu fait signe, cela suscite tant d'appréhensions et d'oppositions, de tentations et de répressions que souvent la grâce est étouffée. Nous en sommes fréquemment les témoins impuissants.

Le Père Zahlaoui avait été très absorbé par la tournée triomphale de sa chorale Choeur-Joie en Europe, du 21 août au 12 septembre, avec 105 jeunes chanteurs. Après cela, il m'a porté de bonnes nouvelles. Voici les principales. Le plus étonnant, c'est que Myrna et Nicolas, son mari, réussissent le tour de force de mener leur vie de famille dans l'envahissement perpétuel de leur maison devenue un sanctuaire. Car c'est dans leur salle de séjour (le patio central de la maison qu'on a recouvert) que la foule afflue et prie sans cesse. C'est au milieu de tout cela qu'il leur faut discrètement faire la cuisine, prendre les repas de famille avec leurs deux enfants et comme souvent les pèlerins sont des amis, on en retient quelques-uns à déjeuner, non sans des problèmes culinaires, financiers et de bon ordre que toute maîtresse de maison devinera. Tout cela se passe dans le calme, la paix et l'atmosphère spirituelle du sanctuaire où la ferveur ne diminue pas. Une ferveur œcuménique puisque des musulmans y passent.

Dans le Coran, la Vierge est honorée comme intégralement vierge, à l'heure où tant de journalistes, soutenus par des exégètes catholiques, bradent cette vérité de l'Évangile. Les musulmans aiment Marie. C'est là un ferment intérieur d'unité beaucoup plus fort que tous les dialogues de surface.

Malgré tout ce qui interfère avec son intimité, cette famille reste unie, rayonnante, lumineuse. Pour Nicolas, ce fut une aventure. C'était un habile homme qui avait bien commencé sa vie en faisant fortune.

Diplômé de haute coiffure, il avait si vite et si bien mené ses affaires, qu'au lendemain du mariage avec Myrna, il construisait un hôtel de luxe sur la côte. Il a dû renoncer à tout cela pour le service de Notre-Dame et son icône.

"Du point de vue financier, je deviens comme Job, me disait-il lors de notre rencontre à Soufanieh. Cela me conduira peut-être un jour jusqu'au fumier." Il ne voyait pas encore très bien où tout cela le menait.

Il avait trouvé, en famille, une solution pour gagner la vie des siens en s'associant avec son frère, joaillier. Mais la petite entreprise ne pouvait suffire pour deux familles. Nicolas s'en est rendu compte et pour ne pas provoquer la ruine de son frère qui l'avait accueilli, il prit l'initiative de cesser leur association et de se retirer. Quand il fit cela, il n'avait aucun travail en vue. Il restait soucieux d'une solution introuvable.

Mais le jour même, un bienfaiteur de Soufanieh vient le trouver. Il crée, dans la banlieue sud de Damas, à Douéla, quartier marginal, misérable et surpeuplé, un grand centre social conçu comme une oasis architecturale pour la solution de tant de problèmes matériels et spirituels. Il l'a confié aux Petites Sœurs de Foucauld, et demande à Nicolas d'en prendre la direction. Il en est capable. Cela répond au nouvel axe spirituel de sa vie, tout en lui donnant un salaire qui lui permettra d'élever sa famille. Ce centre bien nommé a pour nom Oasis de l'Espérance.

Ce n'est d'ailleurs pas la première œuvre sociale née des effusions apparemment gratuites, voire rêveuses de Soufanieh. Une religieuse salésienne avait, avec l'aide de Myrna, qui y consacrait une journée par semaine, un centre du même genre dans le village d'Al-Kraya à 130 kilomètres au sud de Damas. Le rayonnement social et spirituel de ce centre est immense, grâce au dévouement dévoré de trois religieuses salésiennes. Myrna, de plus débordée par tout ce qui naît de Soufanieh, est réduite maintenant à n'y plus faire que de très courtes visites.

Les voyages

Car elle continue à voyager, au fil de nombreuses invitations. Elle n'y court point par goût de se produire ou fascination, mais opère, avec ses conseillers, un tri sévère dont le seul critère est le service de Notre-Dame. Voici les principaux voyages de l'année 1995.

En janvier, c'est l'Égypte. Le mercredi 25, Myrna est reçue par sa Sainteté: le Patriarche copte orthodoxe Shenouda III, homme d'un grand rayonnement spirituel et œcuménique, en dialogue avec le Pape Jean-Paul II. Elle est accompagnée de son mari Nicolas, de leurs deux enfants, d'un Évêque copte catholique, Monseigneur Youhanna Colta. Durant les 45 minutes de l'audience, Myrna raconte son histoire et lui offre une reproduction agrandie de Notre-Dame de Soufanieh. Tandis qu'elle parle, ses mains se couvrent d'huile, comme il arrive souvent: comme je l'ai vu, il y a quelques années, à la Nonciature de Damas, lorsque j'ai pris le premier contact avec elle.

Après cela, ce furent cinq étapes au Liban, en mai-juin. Le dimanche 29 mai, S.E. Monseigneur Khalil Abi-Nader, évêque maronite de Beyrouth, fut bouleversé à l'issue de la messe qu' il célébrait à l'église Sainte-Thérèse, à Mansourieh, lorsque les mains de Myma, de nouveau, se couvrirent d'huile. Il en a parlé avec ferveur, il en a même témoigné par écrit sur un papier à l'entête de l'évêché de Beyrouth (protocole no: 122/95):

"Je ne connaissais pas Myrna Akhras qu'on prendrait pour la cousine de Bernadette de Lourdes, vu son innocence, sa simplicité, son humilité, sa vive conscience chrétienne et sa prière continuelle. C'est pourquoi la Vierge lui est apparue et lui a confié un message (...).

A l'église Sainte-Thérèse, où j'ai célébré la sainte messe ( ... ) je l'ai entendue parler loin de toute complication avec une foi et une piété animées de l'esprit évangélique des femmes qui entouraient le Christ comme Marthe et Marie "La Vierge lui est apparue, tantôt souriante, tantôt en larmes en lui demandant la foi, la prière, l'humilité, la pénitence, l'amour, la joie perpétuelle.

"J'ai vu subitement de mes propres yeux car elle se tenait près de moi devant l'autel - l'huile recouvrir ses deux mains. Cela n'eut lieu que pour la glorification de Jésus.

"De ma main, j'ai touché sa main. Mes deux mains se remplirent d'huile sacrée. Pendant une heure, le peuple recueillit avec foi et enthousiasme l'huile des doigts de Myrna qui semblait distribuer des bénédictions ( ... ) Je suivais des yeux ce beau spectacle. L'huile des mains de Myrna paraissait être une fleur du Ciel. "C'est bien au-delà de tout discours que Myrna annonce Jésus et l'Église, Royaume des Cieux sur la terre ( ... ) La Vierge Marie, Notre Mère est amour et tendresse.

Beyrouth, fête du Cœur de Jésus, vendredi 23 juin 1995."

Le 30 mai, ce fut une autre messe, célébrée par Monseigneur Georges Kweiter dans l'église grec-catholique du village Mié-Mié près de Sidon, suivie d'une procession au sanctuaire de la Vierge sur la place du village, et c'est là que l'huile coula de nouveau des mains de Myrna, jusqu'au sol.

Le mardi 31, au village de Maghdouché, également près de Sidon, Monseigneur Kweiter qui célébrait également la messe devant plusieurs milliers de personnes, confessa sa volonté d'ignorer Soufanieh pendant 11 ans. Ce qui l'a convaincu, c'est la permanence, la gratuité et surtout l'humilité de ce phénomène de grâce. Lorsque l'huile coula de nouveau des mains de Myrna, il fallut recourir aux soldats de l'armée libanaise pour la protéger de la ruée fervente.

Dans notre Église que dévore trop souvent le triple cancer de l'abstraction théologique, administrative, langagière et parfois liturgique, Notre-Dame parle le langage maternel des signes au grand dam des sages et des savants. Mais les pauvres s'en réjouissent et prient, heureux de retrouver la transparence divine, comme au temps de cette pauvre hémorroïsse (qu'on dirait aujourd'hui superstitieuse), soucieuse de toucher le vêtement de Jésus... qui ne lui en fit point reproche, mais la guérit. Et ainsi de suite jusqu'au dimanche 11 juin à l'église Saint-Sauveur de Beyrouth et au samedi 24 juin à Jbail.

Puis ce fut la paroisse de Haret Sakhr près de Jounieh, le samedi 12 août 1995. Du 25 août au 15 septembre 1995, Myrna se rend aux Etats-Unis (San Francisco) sur l'invitation de deux frères prêtres, les Pères Mouin et Georges Hanna. Elle avait emmené son second enfant, le petit Jean Emmanuel. Elle consacra son temps à la prière dans les églises et les maisons. Plus d'une fois, l'huile resurgit, l'humble huile d'olive de Soufanieh, sans parfum. Après beaucoup d'invitations venues de Pologne, Suisse, Canada, Allemagne, Suède et Rome, deux voyages sont maintenant décidés:

- la France fin mars,

- les États-Unis en juin 1996.

Myrna et le Père Zahlaoui nous demandent de prier pour que ces voyages réalisent les intentions de Notre-Dame.

22 novembre 1995 : 13e anniversaire

Le treizième anniversaire des manifestations de la Vierge a été bien célébré en novembre 1995. A cette occasion, les amis de Soufanieh en Australie ont fait parvenir à Damas une immense peinture de Notre-Dame de Soufanieh mesurant 6 x 5 mètres. Elle a trouvé place au-dessus de l'entrée principale de l'église catholique Notre-Dame de Damas, où eut lieu la messe d'anniversaire, puis sur la façade de la maison de la Vierge. Nombreux étaient, depuis le 22 novembre, les pèlerins libanais, jordaniens, égyptiens, irakiens, français, hollandais, américains, canadiens. Sa Sainteté le Patriarche des Syriaques orthodoxes les a reçus. Il évoqua l'impact de Soufanieh sur l'unité de l'Église.

Le samedi 25 novembre, à 17 heures, S.E. Monseigneur Isidore Battikha, vicaire patriarcal grec-catholique à Damas, et plusieurs évêques y participèrent. L'homélie évoqua l'unité de l'Église en des termes qui émurent l'assistance jusqu'aux larmes face à une effusion d'huile particulièrement abondante que Myrna distribua généreusement durant trois quarts d'heure sans prêter attention aux caméras.

La prière s'est poursuivie dans la maison de la Vierge jusqu'à 2 heures du matin le dimanche 26. Trois chorales, dont Choeur-Joie du Père Zahlaoui, étaient réunies pour aider la foule à bien célébrer Notre-Dame. La journée s'acheva par la messe à 23 heures, suivie d'un chant de Marie. Après quoi le partage du gâteau d'anniversaire se prolongea bien avant dans la nuit. On y distribua gratuitement la traduction arabe du livre du Père Zahlaoui, d'abord publié en français: Souvenez-vous de Dieu. Vient, de paraître, gratuitement également, la traduction française du livre d'Edgar Zekert: Où nous mène Soufanieh.

Cependant, les travaux scientifiques continuent, après ceux du docteur Mansour (USA) et du docteur Loron (hôpital de la Salpêtrière à Paris). Un psychanalyste, André Pastalidès, analysa Soufanieh au cours d'un congrès international tenu à Santa Rosa en Californie. Puis le docteur Johannès Touw, moine bénédictin hollandais, en fit autant au congrès de psychologie tenu à Innsbruck, en Autriche, du 12 au 16 juillet 1995.

Après les programmes télévisés aux USA et en Syrie, la télévision française (France 2) prépare un programme pour le jour de Pâques 1996.

Ce programme a une histoire. Les 29-30 octobre, Jean-Pierre Enkiri, de France 2, prit l'initiative d'une enquête sur Soufanieh. Tandis que Myrna priait, l'image de Notre-Dame qu'elle tenait en main fut envahie de deux taches d'huile, une sur la poitrine de la Vierge, l'autre au-dessus de sa tète. La caméra filma le phénomène et c'est alors que Jean-Pierre Enkiri prit sa décision en disant au Père Zahlaoui: "J'espère faire projeter ce film à Pâques 1996."

Les confessions de Nicolas

Une fois de plus, on voit resurgir dans l'Église la parabole de la petite semence qui devient un grand arbre: non point une pastorale construite de l'extérieur qui atterrit (on n'atterrit pas) sur le terrain, mais qui pousse, de l'intérieur, comme la vie, et rayonne de manière surprenante et variée, en travaux scientifiques, conversions et guérisons. C'est bien le grain qui meurt aux prestiges et avantages de ce monde. Au temps de ses fiançailles avec Myrna, Nicolas souhaitait se passer de mariage religieux. Depuis lors, il a sacrifié sa fortune et la tranquillité de sa vie de famille à Notre-Dame.

"Si la transparence de Myrna s'impose, Nicolas, son mari, est méconnu", estime le Père Zahlaoui. "Il est une pièce maîtresse de Soufanieh, mais laissé dans l'ombre. Loin de s'en offusquer, il en est heureux et continue à se considérer "hors du jeu". Pourtant, ce qu'il a vécu est si profond qu'on l'a convaincu d'écrire ses confessions."

Le cas de conscience maintenant, c'est de savoir si on va publier ce nouveau secret du roi. Nicolas y répugne.

De la gratuité à l'œcuménisme

Car ce qui fait le rayonnement de Soufanieh, c'est précisément l'humilité, la simplicité, le souci numéro un qui préside avant tout: "C'est la priorité de la prière continuelle à la maison de la Vierge dans la gratuité la plus intransigeante (une gratuité scrupuleuse qui a inspiré les éditions entièrement gratuites de plusieurs livres sur Soufanieh).

Vassula a renoncé à tous droits d'auteur sur ses livres. A Soufanieh, l'inspiration pousse jusqu'à la gratuité totale, grâce à des dons qui surgissent spontanément. A Noël 1995, une veillée de prière réunit des catholiques de toutes confessions avec de nombreux musulmans. Quand l'huile coula, une fois de plus, des mains de Myrna jusqu'au sol, l'une des musulmanes dont un enfant est gravement malade a confié aux amis qui l'avaient conduite à Soufanieh:

"Quand j'ai vu l'huile, j'ai prié pour l'unité des chrétiens, ensuite pour la guérison de mon fils."

Même cette musulmane du peuple a compris l'importance primordiale de l'unité, qui est le testament du Christ: Qu'ils soient Un, comme Nous sommes Un. Et si les dialogues peuvent être utiles pour conclure l'unité, elle ne pourra renaître que d'un grand mouvement de prière d'inspiration profonde, concrète, populaire, humble et secrète comme celle qui rayonne à Soufanieh... et heureusement ailleurs.

René Laurentin