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Décembre 1988

Dimanche 4 décembre

Enfin, en ce jour, a lieu le récital chanté par notre chorale Choeur-Joie, et le grand chanteur Wadi Assafi. Je considère ce récital comme une merveilleuse réalisation de Notre-Dame de Soufanieh. C'est Elle qui nous a fait rencontrer ce grand artiste. C'est Elle qui m'a permis de découvrir ses compositions religieuses, à la couleur purement arabe. Elle unifie nos coeurs et nos routes en un temps record, dont seul le Seigneur a l'habitude. C'est Elle qui nous a aidés à poursuivre notre nouvelle voie - lui, Wadih Assafi, avec une humilité et une soif étonnantes, et moi, avec écoute, prudence et ténacité, en une collaboration empreinte de respect, d'amour, de confiance et de joie.

C'est Elle qui m'a permis de réaliser un vieux rêve qui jusqu'alors s'était avéré impossible et que ce chanteur a réalisé avec une compétence et une foi rares chez un compositeur arabe, à plus forte raison chez un compositeur chrétien enchaîné aux anciennes normes de musique ecclésiale - cette musique dont personne ne peut ou ne souhaite se libérer.

Mon vieux rêve : des chants religieux et chrétiens, arabes dans leur musique et leur profondeur d'expression, comme les aime ou les souhaite tout Arabe, qu'il soit croyant ou incroyant, chrétien ou non. Des chants et une musique qui seraient des ponts entre tous les Arabes où qu'ils soient, à l'intérieur du monde arabe ou en terre d'émigration. Que de fois j'ai pu constater la capacité de tels chants à s'infiltrer dans l'ouïe, le coeur et l'esprit, en dépit de l'opposition naturelle que je rencontrais de la part d'un grand nombre, à commencer par les membres de la chorale eux-mêmes.

Ces chants et cette musique ne constituent-ils pas l'un des nombreux visages de l'Unité - celle des coeurs, de la pensée, de la prière - à laquelle la Vierge nous invite à Soufanieh ?

C'est pour moi une certitude, et c'est cette certitude qui fut un puissant aiguillon pour me faire aller de l'avant, en dépit des multiples oppositions que j'ai rencontrées personnellement ou que ces chants rencontraient - opposition qui se cristallisa de façon triste et, disons le mot, stupide, lors de ce récital. Néanmoins, celui-ci trouva de la part de ceux qui y ont assisté un accueil si chaleureux que d'aucuns pleurèrent durant toute la soirée! Ils ne me le cachèrent pas. Et pourtant, certains d'entre eux n'étaient pas les premiers venus!

Le récital était placé sous le patronage de mon évêque, Mgr François Abou-Mokh.

Mardi 6 décembre

Je rencontre à la "maison de la Vierge", le docteur Nawaf Nseir. Très ému, il m'apprend que l'huile a exsudé des mains de Myrna aujourd'hui même, pendant la prière célébrée chez sa soeur Lina. Il en a été tellement bouleversé qu'il a pleuré.